Avez-vous déjà joué dans une gare ?

[mieuvotar]

Mais s'agit-il vraiment d'un piano mis à disposition du public, genre Play me, I'm yours ?
Ou d'un "stand" où seul un pianiste bien déterminé a accès pour jouer, que ce soit à titre publicitaire (pour telle ou telle enseigne ou sponsor) ou à titre d'animation organisé par l'aéroport ?
La photo et l'aménagement de l'endroit (avec la barrière notamment) laisse penser qu'on est dans le second cas.

[Spianissimo]

Si tu franchis la lanière verte, tu vois apparaître un point rouge sur toi, si tu ouvres le clavier, 3 points rouges....si tu joues, ils tirent !!!
Je pense que ce n'est pas un "play me, I'm yours"... ou alors, un "play me I'm yours" "encadré" car j'imagine pas des gamins ne connaissant rien au piano venir taper dessus...en même temps, je ne sais pas si les asiatiques se permettent d'aller jouer sans savoir vraiment...
Cela dit, même s'il n'est pas accessible à tous, c'est effectivement tout de même révélateur de l'attention qu'on porte au piano dans les pays asiatiques.

[Okay]

J'ai pensé comme vous oui, c'est du moins ce que la housse suggère ... c'est sûrement totalement dédié à des animations programmées....

[Presto]

C'est ça la mondialisation ! on a des Yam dans nos gares et on leur refile nos Stein pour les leurs, c'est un juste retour des choses

[Okay]

Sans compter le Beschtein à l'hôtel .... jamais vu ça en Europe encore

[Presto]

et dans les chambres ? rien
LAMENTABLE

[Okay]

Faut se contenter du radio réveil...

[mdpiano]

Pour répondre à la question, oui jai joué plein de fois dans les gares! Dès que je suis dans une gare avec piano, je trouve toujours le moment de m'y installer.. petit à petit le trac est passé, je suis maintenant très à l'aise même si je me trope. et j'arrive à jouer par cœur une bonne partie de mon répertoire (le vrai, c'est-à-dire les morceaux travaillés à fond avec ma prof et deux trois morceaux travaillés à fond en autonomie). J'aimerais tellement un piano dans la gare de ma ville!

J'aimerais tellement jouer sur celui de Séoul (photo)!!!

Je n'ai pas encore eu l'occasion de jouer dans un aéroport vu que je n'ai pas les finances pour prendre l'avion. Mais en Islande il y a 4 ans, j'ai eu l'occasion de jouer (pianoter plutôt car j'étais en fin de 1ere année de piano) dans un hôtel. je ne connais pas la marque. Le toucher était léger pour un piano droit mais le son était très beau. je regrette de n'avoir pas réussi à jouer mon morceau... A l'époque je n'arrivais pas à jouer par cœur, je bloquais, je jouais la première mesure en boucle sans pouvoir avancer...

[jean-séb]

En partant pour Beuvray de la Gare de Lyon, et en revenant par la Gare de Lyon, j'ai pu observer que le piano du Hall 2 était bien occupé. À l'aller, c'était d'abord un homme assez âgé, qui avait son cahier de partitions et qui devait probablement s'entraîner pour un programme genre piano bar, très bien joué. Peut-être n'a-t-il pas de piano chez lui, ou craint-il ses voisins ? Ensuite, un jeune avait pris sa place pour une musique plus dans l'air du temps, aux harmonies simples. Le brouhaha de la gare couvrait en partie la musique. Pas d’attroupement autour du musicien, chacun semblait vaquer à ses occupations ou fermait les yeux en attendant le train, ou s'efforçait de lire. Au retour, la banquette était occupée par un pianiste-chanteur aux cheveux « afro » ébouriffés, qui s'époumonait en même temps qu'il jouait ; sa voix dépassait du bruit ambiant ; un grand cercle s'était formé pour voir le spectacle.
Il est bien rare de voir ce piano de la Gare de Lyon inoccupé et sa position très en vue, au voisinage d'un petit carré de fauteuils confortables où les voyageurs viennent se reposer, me tétaniserait si jamais j'avais l'occasion d'y mettre les doigts. Mais je n'ai eu ni l'envie, ni l'occasion.
Je continue de m'interroger sur ces pianos. Combien de temps résistent-ils, sont-ils bien perçus globalement ? J'avais lu des articles sur les boutiquiers alentour, dans certaines gares, qui n'en pouvaient plus d'entendre tout le temps le piano.
Le Dieu des Chemins de fer, qui préside aux rencontres inopinées, m'a fait échanger sur ce point en gare TGV du Creusot (pas de piano, là-bas) avec une choriste de la troupe de Doubidoudoum et elle m'a envoyé un article d'Anne Queffelec sur le sujet. Le voici :

Anne Queffelec
Etudes, Janvier 2016, PP 107-109.


« Pourquoi les gestes des musiciens sont si beaux ? »

La première fois que j’ai vu un piano dans une gare, c’était à Montparnasse, il y a quelques années…. Je n’en ai pas cru mes yeux tant ce meuble si familier me semblait incongru en pareil décor, défi lancé à la foule des voyageurs, au beau milieu de leurs pas perdus. Et jamais je n’aurais imaginé que cette idée de poète inconscient rencontrerait un tel succès, que cet aîné courageux aurait des frères claviers multipliés par dizaines dans la France entière. QU’il serait épargné par les casseurs et les tagueurs, que son tabouret ne serait pas lacéré. Qu’à tout moment des mains malhabiles ou expertes, Feuilles mortes, jazz furibond, Lettre à Elise …., auraient plaisir et curiosité à le faire sonner et même parfois chanter. Qu’il serait considéré et respecté comme un ami et non plus comme symbole de classe sociale privilégiée, sorti du salon bourgeois. Rien ne le protège, exposé, ouvert, gratuit, ce piano d’utilité publique a de vraies cordes, il ne s’agit pas d’un ersatz numérique. Il est rarissime qu’il soit silencieux… A tout moment, on le sollicite, comme s’il remplissait un rôle, répondait à un besoin, source pour assoiffés. Rien à voir avec les fonds sonores implacablement assénés dans boutiques et restaurants en mal d’animation, où le divertissement pascalien bat son plein ou son vide. Ni avec les pianos-bars, généralement ignorés, subis, vaguement dérangeants.

A le voir se multiplier, mon regard sur lui a changé. D’incongru, il est passé à nécessaire, riche de sens, d’un sens réjouissant. Souvent, j’ai devancé largement l’heure de départ de mon train pour avoir une chance de jouer moi aussi. Quel étonnement nouveau de sentir peu à peu un auditoire qui se forme, dresse l’oreille !. Quelques nomades voyageurs s’arrêtent, se parlent, sourient. Un lien se tisse, si simple tout à coup… sympathie au sens étymologique du mot, on se reconnaît comme semblables. Ce moment de partage, brève rencontre, échappe au virtuel. On ne sait pas le nom de celui qui joue. Anonyme mais singulier, il essaie en tant que lui-même, seul et unique face au clavier.
Depuis le 13 novembre, je sais que je vais l’aimer encore davantage, ce vaillant, touchant, humble meuble-serviteur qui ne s’appuie sur aucun mur, lourd mais qui semble si petit et vulnérable au milieu des vastes halls envahis ou déserts, bateau amarré sans espoir d’envol. Car il m’apparaît subitement comme une arme. Arme de destruction non pas massive mais individuelle du formatage généralisé et de la frénésie consumériste. Arme de résistance, quiconque joue d’un instrument résiste. Arme de paix, qui plaide en faveur d’autres valeurs, signifie aspiration à une autre dimension, à la préservation du trésor du for intérieur. Lui aussi, le voilà qui se met à illustrer la devise de la France « Liberté » tous sont libres de le jouer, « Egalité » qu’ils ânonnent ou maîtrisent, « Fraternité » qu’ils peuvent vivre dans le hasard des vies qui se croisent, et enfin …. « Beauté », ce droit de l’homme-là, je l’ajoute ; comment a-t-on pu l’oublier ? Sans doute considérait-on qu’il allait de soi.

Il m’a été donné à plusieurs reprises, de jouer dans différentes prisons. Ici, ce n’est pas le mot de « voyage » qui vient à l’esprit quand on pénètre dans ces maisons dites d’arrêt, bien nommées, contraires des gares, où on ne s’attarde pas. Mais on entre aussi dans un autre monde, parallèle, enfermé, concentré de solitudes et de détresses. L’irruption soudaine de la musique, de son mystère, de sa beauté, provoque en ces lieux forcément laides, voire sordides, des émotions en profondeur tant chez les détenus que chez les musiciens plus habitués à l’écoute d’une salle de concerts. Lors d’une visite à la prison de Nantes, après que nous ayons joué un trio de Mozart, quel saisissement de voir un détenu se lever devant ses compagnons de misère, et oser cette question : « Pourquoi les gestes des musiciens sont si beaux ? » et un autre, enchaîner : « Est-ce que, quand vous jouez, vous mettez vos convictions et tout ce à quoi vous croyez dans la vie ? »..
J’ai retrouvé encore cette sensation d’ouverture d’une brèche libératrice en hôpital gériatrique, jouant des chorals de Bach pour des malades d’Alzheimer, victimes de l’effroyable naufrage, descente aux enfers, perte de tous repères quand le voyageur a perdu sa boussole sans espoir de retour. Dans cette nuit, la musique parfois allume des feux non de détresse mais de joie, réussissant à ranimer les mémoires, donnant à ces exilés de leur propre vie le bonheur fugace de reconnaître un chemin familier au passage d’un thème, que certains pouvaient même fredonner tout à coup. Des bribes d’enfance, d’anciennes amours resurgissaient, en un éclair de résurrection. Et les visages transfigurés disaient le tressaillement de retrouvailles.

Pourquoi vibrons-nous si intensément et intimement devant le beau ? Où nous emmène-t-il sinon au plus haut, au plus profond de nous-mêmes vers ces « terrae incognitae » que nous n’en finirons pas de découvrir, ces merveilles que nous portons à notre insu, soudain révélées. N’est-on pas tout à coup roi et reine de soi-même à l’écoute d’un quatuor de Schubert, ou saisi par un poème, un paysage, la lumière de Vermeer ou George de La Tour ? La beauté n’est pas luxe superflu, mais nécessité vitale. Elle nous enchante et nous réenchante. Elle donne des forces. « L’art rend visible l’invisible » disait Merleau-Ponty. Et l’invisible musique a, selon moi, les clés suprêmes pour qui sait l’écouter et entendre son silence. Au milieu du « bruit et de la fureur », puissions-nous chérir et sauvegarder ce silence, qui dit tellement plus que les mots.

[Athos]

J'ai joué trois notes une fois, en gare de Lyon Part-Dieu...
Piano tout pourri, surement pas bien propre, lingette obligatoire après le jeu !

Il y en a un en gare TGV à Saint-ex. Possible que je m'y arrête, puisque j'ai l'occasion de passer là bas de temps en temps.
Peut -être pourrai m'entrainer à jouer en "public", anonymement...puisque ça me pose quelques pb.

Si la dame, n'est pas là of course ! :

http://www.dailymotion.com/video/x5bb31 ... upery_news

[scaramouche75]

La belle humanité d'Anne Queffelec.
Merci Jean-Seb pour ce partage d'un très beau texte.

[Athos]

Je suis allé tester un piano de gare, en à peu près bon état et avec peu de monde autour. (chic ! )

Le clavier est sympa, par contre ce qui m' étonné c'est le peu de puissance du piano.
Je me suis demandé si c'est parce qu'il était rincé, ou si l'endroit expliquait celà.

En fait il donne sur le vide (étage en dessous à 8m), avec 20 m de plafond.
(magnifique gare TGV Lyon Saint-Exupéry)
La taille du lieu explique peut-être celà....

[comte de foix]

Je passe peu dans des gares mais à chaque fois que j'ai de l'avance j'essaye de jouer un petit peu, en général au moins quelques personnes s'arrêtent et apprécient et ça fait passer un bon moment. Quand j'habitais à Cachan j'avais assez souvent l'occasion de passer à Montparnasse ou la gare d'Austerlitz et de jouer régulièrement en public m'avait aidé à moins stresser. Maintenant que je le fais peu l'appréhension est revenue.

Il y a un chouette Kawai quart ou demi queue à l'aéroport de Toulouse, là je n'ai pas pu résister! Ca me donne l'occasion de jouer sur piano acoustique aussi même si je pense en acheter un bientôt.

Mon modeste répertoire est à 95% du ragtime (dans différents styles) et ça plait bien en général! En tout cas j'apprécie toujours de pouvoir jouer, écouter et discuter.

[Okay]

Vu tout à l'heure à London Saint Pancras (le jour d'activation du Brexit) ça fait plaisir de voir qu'on s'occupe des pianos.
Bon ok, nous on a un quart de queue à la Gare du Nord, mais dans un état désormais assez dissuasif... envoyez nous vos accordeurs ferroviaires !

IMG_4075.JPG

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[Pluton]

https://www.youtube.com/watch?v=D9BOTXFCpQA

Michel

[Presto]

edit : j'ai retrouvé des nouvelles d'Ayham Ahmed le pianiste de Yarmouk :

Vu en librairie : http://www.editionsladecouverte.fr/cata ... 96538.html

[Spianissimo]

edit : j'ai retrouvé des nouvelles d'Ayham Ahmed le pianiste de Yarmouk :

Vu en librairie : http://www.editionsladecouverte.fr/cata ... 96538.html

C'est devenu un symbole, il faut dire que son geste et son histoire sont très fort, Il a même eu un reportage au JT de France 2...

[Christof]

Il y a aussi maintenant des pianos disponibles dans certains Monoprix.
Par exemple celui du 133 rue de Belleville, dans le 19ème à Paris (Métro Jourdain), avec un piano Rameau situé au premier étage, et qui est pas mal du tout.

[Numa]

Il y en a un au Monoprix Marseille Prado aussi, mais je l'ai jamais essayé encore, je sais pas ce qu'il vaut...

[Nick Borderline]

Il y a aussi maintenant des pianos disponibles dans certains Monoprix.

Parfaite ta musique dans ce cadre Christof.

En effet, c’est intéressant comme initiative de la part de Monoprix. En plus les pianos sont pour l’instant moins massacrés que ceux des gares. J’ai joué sur celui sur les Champs Elysées à la station Franklin Roosevelt. Et aussi un beau Kawai noir tout neuf, à la station Pyramides. Il était près des caisses mais comme ils sonnait très fort, ça m’étonnerait qu’il le laisse à cet endroit.