Nous jouons sur un instrument qui change de notre instrument de travail quand on donne une performance (sauf un concert privé chez nous). Les pianistes qui jouent music de chambre m'ont confirmé que leur confrères et consoeurs travaillent très peu en comparaison avec le pianiste. Un pianiste peut jouer des heures et des heures par jour (sans limite ?). On utilise nos 2 mains et 2 pieds au même temps, des fois tous nos doigts...
Vos messages anticipent le travail qui nous attend à la rentrée.
Modifié en dernier par Lee le lun. 17 août, 2015 19:10, modifié 1 fois.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Oui j'avoue que s'il n'était pas si lourd il serait déjà passé par la fenêtre!
Mais non il reste là, figé, à faire le pied de grue, insolent, narquois même; Il est raide, anti-ergonomique. Quand on joue, il ne bouge pas d'un poil. Heureusement qu'il a un beau son. C'est ce qui le sauve...
Oui marie France, c'est sûr qu'une clarinette ça passe plus facilement par la fenêtre!!!
Et Lee, oui c'est difficile. Pour moi, le jour où je sens que je vais "me battre" je prends de la distance, un bon livre et je reviens plus tard. Il n'est pas rancunier!
[quote="Marie-france Quand on joue, il ne bouge pas d'un poil...[/quote]
Quoique je me demande.... le mien a une facheuse habitude, le clavier doit sans doute se décaler car j'appuie trop souvent sur une touche autre que celle prévue... je ne vois pas d'autre explication
pianojar a écrit :
Quoique je me demande.... le mien a une facheuse habitude, le clavier doit sans doute se décaler car j'appuie trop souvent sur une touche autre que celle prévue... je ne vois pas d'autre explication
Pire que ca, on peut meme questionner si c'était destiné ou non à être joué (je suis convaincu que oui, mais je ne développerai pas dans ce post, je ne souhaite pas détourner le fil de Lee). Alors pourquoi pas utiliser un instrument du "futur". Je suis beaucoup moins gêné à jouer l'Art de la Fugue au piano que la musique plus "stylisée".
Je trouve en général qu'il est très difficile de jouer au piano ce qui n'est pas prévu pour le piano (le lien entre l'idée musicale et les moyens du piano est à créer), et dans une moindre mesure, ce qui n'a pas été composé par des grands pianistes (le lien entre la technique et le son n'est pas vraiment organique).
Pas de soucis, ce fil est fait pour s'exprimer comme on veut...si tu argumentes que Bach n'est pas fait pour être joué sauf théoretiquement sur papier par des matheux, ça me ferait pas mal, je t'assure.
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Oui tu veux dire pour l'Art de la Fugue, mais tu voulais aussi dire que quelques Bach ne conviennent pas pour piano. Mais ça ne me regarde plus, j'ai brisé les chaînes de Bach, je sympathise simplement avec ton calvaire.
J'ajoute une autre difficulté, l'independence des mains. Et les morceaux écrits par les compositeurs gauchers sont-ils encore plus un défi ? Bizarre, en cherchant sur Internet, il y a des questions sur si Beethoven et Mozart étaient gauchers...
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Nous jouons sur un instrument qui change de notre instrument de travail quand on donne une performance (sauf un concert privé chez nous). Les pianistes qui jouent music de chambre m'ont confirmé que leur confrères et consoeurs travaillent très peu en comparaison avec le pianiste. Un pianiste peut jouer des heures et des heures par jour (sans limite ?). On utilise nos 2 mains et 2 pieds au même temps, des fois tous nos doigts...
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Cela peut être très inconfortable de jouer sur un autre instrument, mais cela peut être aussi l'inverse si le piano de la maison est de qualité inférieure.
Nos partenaires travaillent peut-être un peu moins leurs instruments, mais selon répertoire je ne suis pas certaine que cela soit toujours le cas. Chaque instrument a ses difficultés. Par exemple, pour produire un seul son il faut se servir des 2 mains et contrôler le son du début à la fin avec son archet ou sa colonne d'air. Et il ne faut pas oublier la justesse.
En ce qui concerne le temps passé, il me semble que c'est moins fatiguant de jouer du piano.
Lee a écrit :T Les pianistes qui jouent music de chambre m'ont confirmé que leur confrères et consoeurs travaillent très peu en comparaison avec le pianiste.
Ah bon ? Mais à quoi est-ce dû ?
La question que je me pose, c'est de savoir si le piano devient moins difficile au fil des années, quand on gagne en expérience, en technique, en assurance.... Mais quand je lis les réponses, j'ai l'impression que non ! Ce qui me pèse le plus au piano, c'est d'oublier peu à peu les morceaux appris. Je trouve ça terriblement frustrant, c'est le point qui me décourage le plus : à quoi bon y avoir passé tant d'heures si c'est pour oublier ? Ca me désole à chaque fois de constater qu'il suffit que je passe quelques semaines sans toucher à un de mes morceaux favoris pour que tout parte en coucougnettes..... J'essaie de les entretenir (les morceaux, pas les coucougnettes), mais c'est bien sûr impossible de tous les garder, surtout à mon niveau....
A côté de ça, j'ai passé quelques jours loin de mon piano cette semaine, et quand je suis rentrée hier soir, je me suis ruée sur le clavier... j'avais physiquement besoin de le sentir sous mes doigts, une vraie piaddict.... Dans ces moments là, je suis toute au bonheur de le retrouver, j'oublie toutes les misères subies... (bon cela dit mon pauvre piano doit subir tout autant, et je ne suis pas sûre de lui avoir manqué !!)
Mona a écrit :Lee: Les pianistes qui jouent music de chambre m'ont confirmé que leur confrères et consoeurs travaillent très peu en comparaison avec le pianiste.
Mona:
Ah bon ? Mais à quoi est-ce dû ?
Si j'ai bien compris, une fois qu'on maitrise bien un autre instrument avec un certain niveau - clarinette, violon, flute, violoncelle etc. - on a bien moins de travail pour le même morceau de chambre que le pianiste. On m'a raconté des stages ou sessions de musique de chambre, les autres musiciens prenaient apéro ou trainaient à table, faisaient des sorties mais le pianiste a refusé, trop de boulot ! J'ai cru bien ses opinions des pianistes pour un simple raison : mathématiquement chaque autre instrument a une petite fraction des notes à apprendre que le pianiste...
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Le piano c'est dur parce que :
- Déchiffrer des choses compliquées, ça prend du temps pour assimiler ; Déchiffrer des choses faciles, ça fait qu'on a du mal à retenir par coeur
- Jouer en concours ou en concert ce n'est même plus une question de piano ou quoique ce soit, mais une question de mental à 90% (on peut jouer n'importe quoi chez soi dans n'importe quel état, mais arrivé au concours on se pose 3000 questions métaphysiques)
- Il y a trop de choses à faire : mettre des doigtés, la pédale, travailler main gauche, main droite, l'assimiler, puis mains ensemble et l'assimiler (bien tenir les notes, faire les bons doigtés). Détecter les phrasés, la tension, travailler le rythme, augmenter le métronome etc.
Et puis il y a la frustration où parfois on a l'impression que ça n'avancera jamais
Ce que je trouve intéressant c'est pourquoi on fait du piano, alors que c'est si difficile! Je veux dire on pourrait être juste mélomanes, ou jouer un instrument un peu plus facile, mais non, l'attrait c'est le piano et se multiples difficultés. J'ai eu plusieurs phases dans ma vie, c.a.d. que j'ai toujours fait passionnément quelque chose en plus de ma vie professionnelle, à une période c'était écrire, à une autre c'était le théâtre, bref, maintenant que j'atteins la cinquantaine je vois bien que ce qui me passionne le plus, ce pour quoi j'ai arrêté le reste d'ailleurs, s'avère aussi ce qui m'est le plus difficile, et je suis pourtant absolument persuadée d'en faire jusqu'à la fin de mes jours ou tant que mes mains me le permettront, au risque de ne jamais arriver à le faire "très bien", alors que d'autres choses réussissent un peu mieux dans ma vie. Mais voilà c'est un besoin, de surpassement, d'expression, de transformation, je ne sais pas très bien, un rêve quoi!
Je pense aussi qu'aujourd'hui j'ai envie et besoin de comprendre et de mieux connaître les raisons qui me rendent le piano si difficile (ce "mental" dont tu parles MelleVinet).
Ce forum est témoin des grands progrès réalisés par certains, souvent accompagnés d'une prise de conscience, d'un changement profond, c.a.d de choses pas forcément "faciles", il ne suffit pas juste de faire sa petite heure de piano, il faut un peu se secouer, se remettre en cause, mieux se connaître pour mieux s'oublier dans la musique, je crois que c'est encore plus difficile que les questions techniques, qui sont elles-mêmes assez costaudes au piano! (pas fait le tour et loin de là)
Il y a sans doute beaucoup de circonstances pour lesquelles je fais aujourd'hui du piano: j'en ai fait étant petit, j'aime la musique (notamment de piano, même si je préfère le son d'autres instruments, comme la voix par exemple), j'ai des dispositions naturelles pour cet instrument (avec notamment de grandes mains)...
Après, je trouve également cet instrument difficile et effectivement, j'aurais pu me mettre à un autre instrument plus facile ou faire tout autre chose (ce que je ferais du reste peut-être un jour, je n'en sais rien).
Mais ce que je peux dire en tout cas, c'est que j'éprouve aujourd'hui un certain plaisir à devenir toujours un peu moins frustré suite au temps que je passe à travailler mon instrument et à progresser. Ce n'est pas comme d'autres activités qui ne demandent aucun effort, mais ce faisant, qui ne mettent pas à l'épreuve notre frustration, et donc notre plaisir à le devenir toujours un peu moins. Là, avec le piano, c'est quasiment toujours le cas en y repensant. Bien sûr, je ne jouerai jamais comme je souhaiterais jouer, les résultats que je produirai seront tous très imparfaits. Mais j'arrive néanmoins à progresser petit à petit, ne serait-ce que par l'apprentissage de nouveaux morceaux (ce qui pallie à une sorte de boulimie interne). Et donc il y a comme un plaisir à être toujours un peu moins frustré, sans que cette frustration ne disparaisse totalement: c'est un plaisir d'une durée infinie à un niveau d'amateur. Et puis parfois, c'est aussi parce que les choses sont difficiles, complexes qu'elles présentent un intérêt, qu'on a envie d'y passer du temps. Je ne sais pas si c'est très clair, mais ce sont mes impressions du jour.