
Blague à part, je pense que passer des années sur du classique et de ne s'attaquer que longtemps après à d'autres styles (genre "on va jouer du contemporain parce que maintenant tu es grand et que c'est obligatoire à l'examen") concourt au fait qu'on base l'enseignement des musiciens presque exclusivement sur de la musique ancienne (pièces en grande majorité ayant plus d'un siècle) et qu'on n'ouvre pas les goûts (en deux mots, bien sûr) sur d'autres choses.
Je note au passage que malgré toutes les pages de cette discussion, il semble encore que pour toi la musique contemporaine = Boulez and co. S'il s'agit de s'attaquer aux sonates pour piano de Boulez, il vaut mieux attendre quelques années, en effet.

Le répertoire contemporain n'est en général pas ou peu abordé durant les premières années... Par les professeurs qui y sont un peu allergiques. Les autres essaient assez vite d'y emmener l'élève.
Un point de vue intéressant sur les questions de musique contemporaine:
"S'il a été souvent prouvé que nul n'est prophète en son pays, n'est-il pas d'expérience aussi que les hommes de l'avenir, ceux qui le pressentent et le rapprochent par leurs œuvres, ne sont pas reconnus prophètes par leurs temps?... À vrai dire, pourrait-il en être autrement? Sans nous en prendre à ces sphères où le raisonnement devrait, jusqu'à un certain point, servir de garant à l'expérience, nous oserons affirmer que, dans le domaine des arts, tout génie innovateur, tout auteur qui délaisse l'idéal, le type, les formes dont se nourrissaient et s'enchantaient les esprits de son temps, pour évoquer un idéal nouveau, créer de nouveaux types et des formes inconnues, blessera sa génération contemporaine. Ce n'est que la génération suivante qui comprendra sa pensée, son sentiment. Les jeunes artistes groupés autour de cet inventeur auront beau protester contre les retardataires, dont la coutume invariable est d'assommer les vivants avec les morts, dans l'art musical bien plus encore que dans d'autres arts, il est quelquefois réservé au temps seul de révéler toute la beauté et tout le mérite des inspirations et des formes nouvelles."
Ca reste particulièrement d'actualité, malgré que ce soit F. Liszt qui l'ait écrit. Comme quoi le sujet est récurent et que les innovateurs ont, par nature, toujours choqué une partie du public.