Avec le temps ensoleillé et la température clémente,
les rennes du père Noël vont-ils pouvoir déplacer leur traîneau, sur un sol sans neige,
et en conséquence le père Noël va-t-il pouvoir m’amener un piano ?
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Ce midi un peu de temps libre, pas vraiment prévu comme souvent (une réunion courte est une bonne réunion, proverbe des milieux d’affaires), et comme je n’ai plus de courses de Noël en attente je profite du temps doux et ensoleillé pour faire un saut chez PIANOS MAGNE.
Car, aux dernières nouvelles et si j’en crois la rumeur de ce post (rumeur que j’entretiens soigneusement), j’hésite entre 2 modèles, (avec un challenger, le STEINGRAEBER 205, au cas où), à savoir :
- soit je reste raisonnable et un grand quart en la personne du YAMAHA S4 m’irait bien, beau modèle malgré tout et plaisant à mes mains et mes oreilles,
- soit je laisse parler la passion et le plus beau petit demi-queue dont je puisse rêver sera alors à moi, à savoir le BOSENDORFER 200.
Je pencherais plutôt en ce moment vers la première solution, n’étant pas trop impulsif compulsif et donc pas le genre à me jeter sur le premier piano qui passe (voire même plutôt le genre à attendre plusieurs années d’être sûr de mon choix), et plutôt raisonnable habituellement.
J’arrive dans la boutique, peu de monde en magasin, madame MAGNE toujours aux avant-postes, elle me laisse aller car elle sait bien que ce n’est plus la peine de me faire la description de ce qu’elle sait que je veux.
Je remarque en parcourant rapidement les pianos des promos en cours : par exemple le BOSENDORFER 200 est à 52600 € au lieu de 65800, le MASON et HAMLIN A de 1m74 à 36200 € au lieu de 48300 €. Ca laisse rêveur tout de même !
Pour mes tests, j’ai en tête aujourd’hui sur le BOSENDORFER 200 de vérifier plus particulièrement :
- d’une part certaines caractéristiques précises, à savoir la facilité de la pédale forte, la qualité de son avec la pédale una corda, l’égalité des registres, la réactivité et l’égalité du clavier,
- d’autre part de me remettre le son dans les oreilles, de juger de la qualité absolue, de voir la longueur de son et sa richesse.
A titre de comparaison quant à la longueur des cordes, à côté du 200 se trouve un 170 et un 225. Je vais donc pouvoir juger de la dispersion et de la puissance des basses, en relatif.
Je débute donc mes tests.
Premiers sentiments, le piano a pris un peu de flou dans son accord, la saison se prête mal à une bonne stabilité ! Donc des notes un peu perturbées et moins parfaites que la fois précédente, il faut que j’en tienne compte (parfois le flou dans les tensions de cordes se rappellera à moi car trop présent, tant pis).
Concernant l’égalité des registres : j’ai trouvé curieusement un petit « trou » entre les aigus et les médiums, un accord plaqué y sonne plus éteint que sur les deux registres adjacents. Bizarre, alors que tous les autres registres sont assez égaux ! Mais bon, ça doit pouvoir se régler à coups d’aiguilles.
Au sujet de la pédale forte, celle-ci est très précise et très agréable, le dosage est vraiment facile, à donner envie d’en mettre partout ! La quatrième Gnossienne de SATIE par exemple, qui fait facilement de la bouillie avec une pédale mal posée, devient l’enchantement qu’elle ne devrait jamais dû cesser d’être, et le milieu du second mouvement de l’APPASSIONATA devient un régal de richesses d’accords et de résonances.
Sa collègue de gauche, la pédale una corda, est très efficace et sans grosse coloration, jouer sans elle pp et avec elle mp sur le même milieu d’APPASSIONATA donnent en final des sons de tessitures très proches, rien à redire. Du très bon que tout cela.
La précision de jeu du clavier dans tous les registres est vraiment remarquable, rien à voir avec les modèles d’il y a quelques années dont le toucher était lourd et peu agréable à mes yeux (mes mains), comme me le confirmera Mme MAGNE, les nuances sont vraiment accessibles et parfaitement graduées si le pianiste le demande, on sent le son prendre naissance au bout de ses doigts, le jeu en est presque facile, du grand art (le piano, pas le pianiste). Le prélude de la seconde suite anglaise retrouve ses nuances, les phrases se détachent enfin, les articulations retrouvent leur jeunesse. Les trilles et autres ornements sont agréables à passer, pas de lourdeur, une musique qui suit les doigts.
Le son quant à lui est vraiment magnifique (c’est vrai sur les 3 modèles), riche, coloré, chaud, le plus beau son pour moi. Reconnaissable, malgré les quelques différences entre les différents modèles, comme du son BOSENDORFER. Même les extrêmes aigus ne sont pas agressifs, ils chantent. Les basses sont profondes, amples, prenantes, les médiums sont pures merveilles.
De la longueur, de la chair, du contenu encore bien après l’attaque, du grand son.
Mais à un moment ce qui m’a effrayé c’est la puissance de ces instruments : vais-je pouvoir suffisamment étouffer le son dans ma pièce pour ne pas finir comme BEETHOVEN ? (non pas au sens de son génie, au sens de sa surdité !!). Un peu effrayant tout de même.
Par comparaison du 200 avec les autres modèles de la gamme le son du 170 est plus chaud, plus coloré, très beau également mais un poil moins à mon goût.
Le 200 à de bonnes basses, bien meilleures que le 170, mais le 225 écrase vraiment la concurrence de ce point de vue, de la tête et des épaules, on se sent plus proche d’un piano de concert que d’un piano de travail ou de musique de chambre, superbe (mais il faut avoir un salon d’au moins 100 m² je pense).
Le fils de Mme MAGNE était en train d’harmoniser un MASON ET HAMLIN B, s’interrompant pour prendre un café et me voyant songeur et en train de prendre plein de notes sur un papier, s’arrête et me précise les particularités de chacun des 3 modèles en terme de caractéristiques propres du son, il me joue quelques passages pas trop envahissants, ce que j’apprécie (j’ai horreur de ceux qui font de l’esbrouffe avec des avalanches de notes, j’ai les oreilles qui saturent vite dans ce cas), c’est vraiment un son de première qualité, riche, chaud, chantant, harmonieux, les accords, les arpèges, les voix, les médiums, les basses, les aigus, tout passe.
Par comparaison, quelques notes sur d’autres pianos :
- le son du STEINGRAEBER 205 est vraiment magnifique également, moins chaud, plus net et plus clair, non pas au sens de métallique mais au sens de précis et pur, moins « sucré ». Il n’est vraiment pas loin quand même, c’est un très bel instrument.
- Le KAWAI SK2 est beau est clair, chantant, mais une gamme en dessous, nettement, je dirais qu’il a un bon rapport qualité-prix…et un prix bien plus abordable.
- Les SCHIMMEL et SAUTER, après cela, me paraissent se situer entre mauvais et quelconque, dur pour eux ! J’aurais dû faire la séance dans l’ordre contraire, c’eut été plus charitable. Mais quel jugement apporte-t-on à sa RENAULT quand on descend d’une PORSCHE ?
Le BOSENDORFER 200 est vraiment à mes sens le petit demi le plus beau qui soit, c’est confirmé.
Bon, pile ou face ?
En attendant, je vais continuer ma pièce d’accueil de l’instrument, pour le cas où je me déciderais un jour (peu probable, mais ne sait-on jamais…) ; j’ai finalement trouvé la source de mes ennuis d’humidité (la solution que j’avais mise en place avait en principe réglé le problème, maintenant je l’ai doublement réglé) ; pour ceux que ça intéresse (je doute qu’il y en ait, mais au cas où) c’était un oubli du constructeur de jointoyer une partie du trou entourant une canalisation de sortie d’eaux usées (en retirant le mortier autour, par l’intérieur de la maison, j’ai brusquement trouvé au milieu du mur … de la terre !! Elle s’était immiscée par le trou béant, pompait allègrement l’eau extérieure et l’envoyait dans les parpaings, qui l’absorbaient joyeusement !). Bref, je suis assez content d’être (je pense) parvenu à régler complètement le problème.
Je passe à l’habillage acoustique maintenant, ça vient mais des questions à trancher (vais-je coller sur les murs un composé bitume - poudre minérale pour amortir le son et neutraliser les vibrations potentielles dans les basses ? Quel type de revêtement de surface vais-je poser sur les murs de doublement acoustique pour amoindrir les réflexions d’aigus ? Pour le sol un plancher flottant bois verni avec un morceau de moquette ou un tapis sous le piano est-elle une bonne solution? Vais-je devoir flocker le plafond ?)
Et ce, avant d’aborder les problèmes de régulation de température et humidité (le déshumidificateur est déjà acheté ; vais-je mettre un humidificateur également ? Quel type ? Vais-je mettre ou pas une aération mécanique ?…)
Joyeux Noël à toutes et à tous, et bonnes fêtes de fin d’année.
BM
