
Pour répondre à ceux qui pensent que le mieux est de laisser venir le désir de faire, c'est oublié que nous sommes tous imprégnés par notre environnement. Un enfant dont les parents sont musiciens professionnels et dont la maison est constamment remplie de musiciens de toutes sortes aura certainement plus de facilités à désirer faire de la musique qu'un autre enfant né au sommet des Alpes et dont les parents sont profs de ski l'hiver et guide de montagne l'été.
Pour ma part , j'ai essayé du mieux que j'ai pu de mettre en évidence les nombreuses compétences de chacun de mes enfants sans que mes goûts propres interfèrent. Ils ont tous pratiqué un instrument de musique : violoncelle pour l'aînée, piano pour la deuxième, trompette pour le 3ème et violoncelle et piano pour la dernière. J'ai raconté dans d'autres posts sur ce forum la joyeuse cacophonie des 3 premiers et la petite dernière qui courrait à 4 pattes de l'un à l'autre en chantant à tue tête un extrait d'une symphonie de Dvorak que jouait son frère à la trompette. A cette époque je les accompagnais au piano mais mon instrument principal était le chant lyrique. Dans la petite ville où nous habitions, le théâtre municipal,dans les années 90 avait une programmation extraordinaire : je me souviens que l'Orchestre de Lille dirigé par Casadessu et celui de Lyon venaient chaque année, et nous avons pu entendre tous les grands opéras de Mozart mais aussi de magnifiques spectacles pour enfants ou des spectacles de cirques, de variétés.....merci Jack Lang !!!
Pour revenir au choix des instruments de mes enfants : j'ai écouté avec mes petits , lors des journées portes ouvertes , les instruments possibles enseignés dans cette école et c'est comme cela que l'aînée c'est mise au violoncelle. Elle aurait voulu commencer le piano en même temps mais nous n'avions pas les moyens financiers pour accéder à son désir. Elle a eu une prof exigeante et enthousiaste pendant 13 ans et les deux dernières années , elle faisait partie de l'orchestre symphonique de la Communauté Urbaine. Elle a abandonné définitivement son instrument alors qu'elle était vraiment douée, pour sa prépa scientifique et ses etudes. Elle adorre cuisiner et jardiner ....
La deuxième, dispraxique, tenait absolument à faire du piano alors qu'elle avait du mal à coordonner ses mouvements.... Trop petite pour entrer à l'école de musique, elle a pris des cours privés, ce qui lui a permis de lire en clé de sol et fa au bout de 2 ans et de jouer des petits morceaux aux deux mains. Rentrée à l'école de musique pour sa 3è me année de piano, au bout de 2 séances, le prof m'a dit qu'elle n'y arriverait pas à cause de son problème de coordination des gestes. J'étais tout à fait d'accord avec lui. Mais ma deuxième fille ne voulait pas lâcher le morceau alors j'ai expliqué au prof qu'il pouvait lui enseigner le piano à titre thérapeutique!
Par chance il est parti en retraite et il a été remplacé par un tout jeune prof issu du CNSM de Lyon, Wilhem Latchoumia. Un bonheur pour sa classe d'élèves à qui il enseignait (en plus des cours classiques) sous forme d'atelier ' la musique contemporaine : Stockausen, John Cage, et tant d'autres . Aussi incroyable que cela puisse paraître, ses élèves n'auraient une séance pour rien au monde. Ma deuxième fille a fait aussi du dessin à l'école d'Art Plastiques pendant 10 ans avec une prof passionnante. Elle a finalement abandonné le piano ( avec raison car elle travaillait à peine 1h par semaine) pour l'équitation.
Elle est passionnée d'escalade et vit évidemment dans les Alpes. Elle m'a raconté que son problème de coordination des gestes était un frein dans sa maîtrise des gestes nécessaires pour l'escalade mais comme elle avait réussi à surmonter son handicap au piano, elle savait qu'elle y arriverait.
Le 3ème est tombé littéralement amoureux du prof de trompette à 6 ans et il a donc pris des cours de trompette de l'âge de 6 ans à 18 ans et il faisait partie de l'harmonie municipale dès ses 8 ans. Passionné de Ping Pong aussi ! Avec des compétitions de toutes sortes ......
Puis il a tout abandonné pour sa classe prépa et ses études et n'a jamais repris. Il est aussi passionné de montagne...
Enfin la dernière(15 ans d'écart avec l'aînée) a commencé le violoncelle à 6 ans parce que sa meilleure copine d'école en faisait... Puis, à 7 ans , elle a débuté le piano avec une de mes amie pianiste qui voulait bien lui donner des cours à sa demande et qui lui a appris à jouer du piano en 18 mois (premier petit prélude Bach) mais au bout de 18 mois , après un changement de prof , elle ne voulait plus travailler parce que le prof était trop sévère. Donc elle a poursuivi le violoncelle parce que la prof était peu exigeante ....Donc violoncelle seul jusqu'à 12 ans avec changement de prof à 10 ans (ouf) et orchestre à corde(Nan j'irai pas c'est nul , j'ai pas envie, je préfère lire... et puis après la première séance: ah le chef d'orchestre est génial et finalement les cours c'est nul, je préfère faire que de l'orchestre ....) lors d'un stage de piano que j'ai organisé chez moi (j'avais repris le piano passionnément depuis 3 ans après 20 ans d'arrêt), ma dernière fille voulait absolument reprendre le piano avec cette prof...pfffff.... je n'avais pas du tout envie moi ! Enfin tranquille avec mon instrument que je n'avais pas envie de partager ! Et les loisirs alors ? la lecture ? La paresse nécessaire ? lui ai-je dit ? .....
Donc j'ai fixé des conditions: essai pendant 1 trimestre et travail sans que j'intervienne. Bon la coquine a respecté les consignes... elle est rentrée dans un CRR et à valider une fin de second cycle en piano à 16 ans et un CEM à 17 ans. En violoncelle , elle a validé une fin de second cycle à 15 ans et un CEM à 17 ans et elle poursuit en cycle professionnel avec passion avec des études de psychologie en parallèle.
Je vous envie d'avoir des enfants sans passion, sans désir ! c'est fatiguant d'avoir des enfants qui veulent explorer des mondes différents et volontairement.....Contrairement à vous, je ne me suis pas battue pour qu'ils se passionnent pour quoique ce soit, mais j'ai suivi leur choix, je les ai accompagnés , encouragés, obligés parfois à poursuivre (le coté pénible du rôle de parent). Pour la dernière je me suis "tapé" les accompagnement de musique baroque et classique que je déteste (les Vivaldis, Bach, Haydn et autres compositeurs pénibles en accompagnement de violoncelle) mais j'ai travaillé aussi avec bonheur Rachmaninof, Sibélius, Fauré, Bloch , Bortkiewich , Mendelssohn... Elgar !