Gershwin' a écrit : ven. 23 avr., 2021 11:42
J'ai écouté, tout en faisant autre chose je l'avoue, mais c'est une méthode que j'utilise souvent lorsque je cherche à découvrir de nouvelles choses. Si mon oreille n'est pas titillée c'est que ce que j'écoutais n'avait rien de particulier pour moi. Là, j'ai été titillé entre 3min30 et 4min

Il y a quelque chose d'intéressant! Et j'aime cette façon d'improviser, de façon libre!
Je n'ai pas regardé la vidéo de Jean-Michel Pilc par contre... Tu as cherché à utiliser tel ou tel mode? Des contraintes particulières? J'ai cru comprendre l'idée de variation autour du thème mais si tu peux m'en dire un peu plus sur la façon dont tu abordé le sujet et l'aspect plus technique...
Merci pour ton écoute Gershwin.
Ce n'est pas vraiment simple pour moi de répondre à tes questions.
Pour ce qui est d'aborder le sujet, j'ai écouté la vidéo de Jean-Michel Pilc qui disait, en gros, qu'au lieu de partir dans tous les sens avec les improvisations, se contraindre à faire le plus de variations possible autour de motifs simples.
Pour le château dans le ciel, du coup, je me suis juste concentré sur le motif de notes du début, essayant de ne pas sortir de cette idée, laisser venir ce qui venait en jouant. Ne pas justement analyser en jouant, mais juste être ouvert à toutes les idées qui viennent, tout en restant derrière ce motif de notes (c'est cela la contrainte).
Pour ce qui est de savoir si j'ai cherché à utiliser tel ou tel mode.. ce n'est pas comme cela que cela a fonctionné chez moi. Je serais incapable de te dire, au moment où je joue, ce que je suis en train de faire.. Parce que si je faisais cela, ce ne serait alors plus de la musique, mais des recettes. En fait, j'entends ce qui vient et je réagis en direct. J'essaie aussi pendant que je joue de sentir quelle est la juste durée où je peux répéter ou pas certaines choses, avant que l'on ne s'ennuie, et alors je casse, je pars dans d'autres tonalités (mais c'est pareil, je ne suis pas en train de me dire, bon, là, j'étais dans telle tonalité, je vais maintenant aller dans un cycle de quinte ou des choses comme cela). Non, les choses viennent en fonction de l'instant, ce que je viens d'entendre. Ou d'autres "climats".
Alors, si je dois parler de ce que j'ai joué entre 3'30 et 4', 00 cela ne peut être que rétrospectif, en réécoutant ce que j'ai joué. Je suis alors dans une tonalité de Eb - 7 (mais pendant que je jouais, je ne me suis jamais dit : tiens, je suis en Eb-7, du coup je peux jouer telle gamme ou telle gamme. Je ne pense pas à cela pendant que je joue. Je me concentre simplement sur ce que j'entends, et si soudain j'ai envie d'entendre une note particulière, ou une ambiance particulière de l'accord, je peux la changer directement, sans réfléchir. Bon, quand j'écoute, je suis effectivement dans un mode dorien, mais cela aurait pu en être un autre, cela aurait été en fonction de ce que j'entendais, de ce qui s'est proposé. Donc au début, je suis dans cette ambiance de Eb-7 que j'installe un peu et à un moment j'ai envie de casser cela et on va vert un E maj 7 9 (mais cela aurait pu en être un autre), et je "recasse" ensuite en jouant une espèce de si maj 7 qui arrive sur un sib-7 . Alors on pourrait analyser à plaisir, mais dans ma tête cela ne se passe pas comme ça. Je ne peux pas dire en jouant : tiens, là, je suis en train de faire tel ou tel accord, et je vais jouer telle ou telle gamme. Là, je ne peux te le dire qu'après coup, en réécoutant. Ce n'était pas programmé.
Bien sûr, j'ai pas mal d'années de pratique, de nombreux thèmes, de différents styles de musique, de différentes écritures. Mais là, quand je joue, je n'y pense pas. Je prends ce qui vient en essayant d'être le plus possible au coeur de la musique que je suis en train de construire. Elle se construit en déroulant une pelote, mais qui tourne toujours autour des notes du thème.
Et c'est cela qui est très intéressant dans l'approche de Pilc ici, parce qu'on se disperse moins, avec finalement quelques notes pour nous inspirer. Et la contrainte est ici de trouver sans cesse des idées.
N'hésite pas à poser d'autres questions. Je ne sais finalement si ce que je dis est très éclairant...