Lucas Debargue
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Re: Lucas Debargue
En ce qui concerne les 4 concerts prévus en région parisienne, j'irais sûr à Beauvais (Moussorgsky + Compositions de Debargue) ainsi qu'au TCE ou il rejouera Medtner et la sonate de Liszt
Compiègne (il rejoue Gaspard + Medtenr + Scarlatti) et Gaveau ou il jouera le 2ème concerto de Beethoven je ne sais pas trop
Compiègne (il rejoue Gaspard + Medtenr + Scarlatti) et Gaveau ou il jouera le 2ème concerto de Beethoven je ne sais pas trop
Re: Lucas Debargue
...Gaveau, je suis jamais allée, je me suis dit que ça ferait l'occasion, je fais une recherche, j'ouvre leur page...
Je ne savais pas qu'ils s'impliquent à la politique, je ne pense pas pouvoir acheter ce billet maintenant...

“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Re: Lucas Debargue
?
je ne vois rien de politique? je suis tombée sur le visage de Jordi Savall et des annonces d'autres concerts? tu as trouvé l'info où?
edit ah ça y est j'ai trouvé c'était sur wiki, salle louée pour un meeting de Sarkozy en 2007.
je ne vois rien de politique? je suis tombée sur le visage de Jordi Savall et des annonces d'autres concerts? tu as trouvé l'info où?
edit ah ça y est j'ai trouvé c'était sur wiki, salle louée pour un meeting de Sarkozy en 2007.
Re: Lucas Debargue
Je viens d'essayer sans le mot clé Beethoven. Curieusement, c'était ma recherche avec Debargue, Gaveau ET Beethoven qui me fait tomber sur cette page :
http://www.sallegaveau.com/la-saison/agenda/2/la-saison
http://www.sallegaveau.com/la-saison/agenda/2/la-saison
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Re: Lucas Debargue
ah je vois. très très dissonant en effet, parce que là ce n'est pas une location, ça fait partie de la programmation.
Re: Lucas Debargue
Je me positionne aussi pour le récital au TCE (aller-retour dans la journée...
) ; j'aurais néanmoins préféré entendre les Tableaux. J'ai grand espoir qu'il vienne au festival de Colmar, il en était question il me semble et ça ne s'est pas fait cette année, Spivakov qui dirige le festival connaît bien sa prof. Après malheureusement on n'a pas de vraie salle de concert.

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Re: Lucas Debargue
En s'y prenant un peu plus à l'avance quel a dernière fois on arrivera peut-être à se croiser !
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Re: Lucas Debargue
Article des Echos sur la Roque :
http://www.lesechos.fr/week-end/culture ... 018286.php#
http://www.lesechos.fr/week-end/culture ... 018286.php#
Re: Lucas Debargue
La critique d'un journaliste que j'ai croisé au concert, avisée et pertinente, rendant bien compte de cette soirée :
http://parlonspiano.com/pianonews/804/l ... 6M2yvl97cs
http://parlonspiano.com/pianonews/804/l ... 6M2yvl97cs
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Re: Lucas Debargue
Merci Okay. Excellente critique en effet, lue plus tôt aujourd'hui--heureusement, car le lien ne fonctionne plus... Je pense que l'article a changé d'adresse mais à cette heure-ci, pas moyen d'y accéder.
J'aime bien Bertrand Boissard. C'est un grand admirateur de Lucas D mais sans complaisance (lire par exemple sa critique du CD dans Diapason, avec laquelle je suis bien d'accord).
J'aime bien Bertrand Boissard. C'est un grand admirateur de Lucas D mais sans complaisance (lire par exemple sa critique du CD dans Diapason, avec laquelle je suis bien d'accord).
Re: Lucas Debargue
Chère Virgule, cette critique elle est où? pourrais tu donner des coordonnées? en cherchant sur le site Diapason je n'arrive pas à trouver grand choseVirgule a écrit : (lire par exemple sa critique du CD dans Diapason, avec laquelle je suis bien d'accord).
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Re: Lucas Debargue
Bonjour Pochette,
Malheureusement, cet article (comme toutes les critiques de Diapason) n'est pas disponible en ligne. Il est paru dans le N°646 (mai 2016 p.110) de la revue, que j'achète tous les mois en version papier. En France on doit pouvoir la trouver dans les bibliothèques, mais en Russie j'imagine que c'est plus difficile.
Je ne vais pas recopier l'article ici, pour d'évidentes raisons de droits d'auteur, mais en voici un extrait: "Reflet d’un concert auquel nous avions assisté, salle Cortot, son premier disque ne le présente pas au mieux de sa forme. Sans doute victime d’une pression excessive, il ne s’y libérait pleinement qu’à l’arrivée des bis […]. Il s’abandonnait alors, et la Mélodie de Grieg, interprétée de manière particulièrement intense, nous renversait." Boissard souligne par exemple la beauté du Gaspard de la nuit du CD, tout en ajoutant que "pour avoir assisté à trois de ses concerts et vu toutes les vidéos possibles, je peux certifier qu’il a fait beaucoup mieux avant et depuis, particulièrement dans le dernier volet, qu’il sait envoyer avec une fougue et une folie dévastatrices." Malgré ses réserves, il ajoute que "[t]ransparaît principalement au disque une sonorité splendide, parlante, évocatrice. Celle d’un très grand." Bref, il est un peu déçu par le CD (je l'ai été aussi) mais ne laisse aucun doute sur son admiration pour l'artiste et sur sa conviction qu'"il appartient à la famille aujourd’hui assez restreinte des interprètes visionnaires."
Malheureusement, cet article (comme toutes les critiques de Diapason) n'est pas disponible en ligne. Il est paru dans le N°646 (mai 2016 p.110) de la revue, que j'achète tous les mois en version papier. En France on doit pouvoir la trouver dans les bibliothèques, mais en Russie j'imagine que c'est plus difficile.
Je ne vais pas recopier l'article ici, pour d'évidentes raisons de droits d'auteur, mais en voici un extrait: "Reflet d’un concert auquel nous avions assisté, salle Cortot, son premier disque ne le présente pas au mieux de sa forme. Sans doute victime d’une pression excessive, il ne s’y libérait pleinement qu’à l’arrivée des bis […]. Il s’abandonnait alors, et la Mélodie de Grieg, interprétée de manière particulièrement intense, nous renversait." Boissard souligne par exemple la beauté du Gaspard de la nuit du CD, tout en ajoutant que "pour avoir assisté à trois de ses concerts et vu toutes les vidéos possibles, je peux certifier qu’il a fait beaucoup mieux avant et depuis, particulièrement dans le dernier volet, qu’il sait envoyer avec une fougue et une folie dévastatrices." Malgré ses réserves, il ajoute que "[t]ransparaît principalement au disque une sonorité splendide, parlante, évocatrice. Celle d’un très grand." Bref, il est un peu déçu par le CD (je l'ai été aussi) mais ne laisse aucun doute sur son admiration pour l'artiste et sur sa conviction qu'"il appartient à la famille aujourd’hui assez restreinte des interprètes visionnaires."
Re: Lucas Debargue
Je n'avais pas lu la critique de Diapason, et là encore je ne suis pas tellement d'accord.
Il y a dans cet article certaines confusions : ce disque n'est pas le reflet du concert de la salle Cortot. C'est un live tellement retravaillé que ce n'est plus un live. Quand il parle de la méforme de l'artiste... c'était au concert où effectivement il faut bien le dire il y a eu pas mal de soucis. Le Cd par contre est impeccable, superbe... un poil aseptisé effectivement. Il ne faut pas l'écouter comme un live !
Certes il y a dans ce concept de live un hic... mais on peut bien pardonner cela à un jeune artiste débutant. Nul doute qu'un jour Debargue nous sortira un Gaspard vraiment avec ses tripes, soyons patients avec les artistes ! S'il avait tout dit à 25 ans ce serait bien triste !
Par ailleurs Classica a organisé une confrontation des versions de Gaspard et a retenu celle de Debargue...
Bref... je vais quand même prendre un billet pour Karlsruhe... je pense à ces artistes que je vénère et que j'aurais tant aimé voir, dans n'importe quoi : Egorov, Samson François. Je ne vais pas passer à côté des vivants ! Quoique certains passages des concertos de Liszt me donnent vraiment des envies de meurtre
Il y a dans cet article certaines confusions : ce disque n'est pas le reflet du concert de la salle Cortot. C'est un live tellement retravaillé que ce n'est plus un live. Quand il parle de la méforme de l'artiste... c'était au concert où effectivement il faut bien le dire il y a eu pas mal de soucis. Le Cd par contre est impeccable, superbe... un poil aseptisé effectivement. Il ne faut pas l'écouter comme un live !
Certes il y a dans ce concept de live un hic... mais on peut bien pardonner cela à un jeune artiste débutant. Nul doute qu'un jour Debargue nous sortira un Gaspard vraiment avec ses tripes, soyons patients avec les artistes ! S'il avait tout dit à 25 ans ce serait bien triste !
Par ailleurs Classica a organisé une confrontation des versions de Gaspard et a retenu celle de Debargue...
Bref... je vais quand même prendre un billet pour Karlsruhe... je pense à ces artistes que je vénère et que j'aurais tant aimé voir, dans n'importe quoi : Egorov, Samson François. Je ne vais pas passer à côté des vivants ! Quoique certains passages des concertos de Liszt me donnent vraiment des envies de meurtre

Re: Lucas Debargue
Là on est 8 mois à l'avancepianojar a écrit :En s'y prenant un peu plus à l'avance quel a dernière fois on arrivera peut-être à se croiser !

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Re: Lucas Debargue
Tu as lu la critique au complet Katy ou seulement les quelques lignes que j'ai citées ? Parce que mes citations sont loin de refléter l'article complet. J'ai bien eu l'impression que Boissard critiquait le disque (bien conscient qu'il y avait eu des reprises les jours suivants). Pour ma part, je suis assez d'accord avec lui dans l'ensemble et je parle du cd puisque je n'étais pas à Cortot bien évidemment. Quant à l'écoute en aveugle de Classica… D'abord, la confrontation porte seulement sur le Gaspard, alors que la critique de Boissard porte du tout le cd; ensuite, sans vouloir vexer personne, je reste assez dubitative de la valeur des écoutes dites 'en aveugle'. Si ces grands critiques ne savent pas reconnaître les pianistes qu'ils ont écoutés combien de fois… (et je ne parle pas des écoutes en aveugle des cds de chant ou d'opéraskaty a écrit :Je n'avais pas lu la critique de Diapason, et là encore je ne suis pas tellement d'accord.
Il y a dans cet article certaines confusions : ce disque n'est pas le reflet du concert de la salle Cortot. C'est un live tellement retravaillé que ce n'est plus un live. Quand il parle de la méforme de l'artiste... c'était au concert où effectivement il faut bien le dire il y a eu pas mal de soucis. Le Cd par contre est impeccable, superbe... un poil aseptisé effectivement. Il ne faut pas l'écouter comme un live !
[…] Par ailleurs Classica a organisé une confrontation des versions de Gaspard et a retenu celle de Debargue...
Bref... je vais quand même prendre un billet pour Karlsruhe... je pense à ces artistes que je vénère et que j'aurais tant aimé voir, dans n'importe quoi : Egorov, Samson François. Je ne vais pas passer à côté des vivants ! Quoique certains passages des concertos de Liszt me donnent vraiment des envies de meurtre

Nous sommes toutes les deux très admiratives de Lucas D c'est évident


Re: Lucas Debargue
Non je n'ai lu que tes citations j'avoue ! Il a mis quoi comme évaluation ? L'article sur la Roque était bien fait donc ça semble quand même être un journaliste sérieux.
Pour moi aussi le concert de Karlsruhe est un peu une folie... Il en a bien de la chance ce pianiste qu'on se coupe en 4 pour lui ! En fait je n'ai pas de voiture... donc je dois rester sur place
Après dans ce genre de cas, pour rentabiliser, je combine avec du tourisme et des musées...
Pour moi aussi le concert de Karlsruhe est un peu une folie... Il en a bien de la chance ce pianiste qu'on se coupe en 4 pour lui ! En fait je n'ai pas de voiture... donc je dois rester sur place

Re: Lucas Debargue
Merci beaucoup! En papier en Russie je ne crois pas que ce soit possible... mais on va se débrouiller.Virgule a écrit :Bonjour Pochette,
Malheureusement, cet article (comme toutes les critiques de Diapason) n'est pas disponible en ligne. Il est paru dans le N°646 (mai 2016 p.110) de la revue, que j'achète tous les mois en version papier. En France on doit pouvoir la trouver dans les bibliothèques, mais en Russie j'imagine que c'est plus difficile.
Quant à la critique de Bertrand Boissard, bon il est intelligent et sympa et il semble être très disposé envers Lucas D. mais quand je lis le passage sur l'élan général dans Liszt coupé d'une manière dommageable, je me sens totalement desorientée. Un artiste joue-t-il pour faire concorder sa musique avec des attentes de quelqu'un?
"Sans doute victime d’une pression excessive, il ne s’y libérait pleinement qu’à l’arrivée des bis […]" - en lisant ça on a l'impression que LD a raté tout le programme annoncé mais je me souviens très bien que j'ai eu beaucoup de choses à admirer ce soir-là, la Ballade entière, le milieu lyrique de Mefisto qui était juste cinématografique mais le son, surtout le son, с'était ce que je ne pourrais pas oublier; je n'ai jamais entendu de son de piano d'une telle beauté. Si doux, si intime et si long mais sans un brin de matière grasse, comme desséché un peu ou même poudré. De poudre d'une fleur brulée


Je vous demande pardon pour ce discours un peu trop passionné mais c'est un reflet de mes reflexions de tous les jours. Non seulement sur Mr.Boissard que j'estime profondément et qui est intelligent et sympa etc. et dont les textes sont d'ailleurs si beaux en termes de littérature qu'il n'est pas facile de les traduire...
Re: Lucas Debargue
Je vous lis tous depuis l’ouverture l’année dernière de ce forum et ayant eu la chance d’assister au concert de Nancy je veux bien amener mon gravier à l’édifice. De ce que je lis je ne rivaliserai pas plus sur l’étendue du répertoire que sur la profondeur de connaissance de la musique que vous maîtrisez mais pour vous donner une indication du nombre de pianistes que j’ai pu voir en concerts, Arrau et Horsowski sont pour moi des souvenirs marquants. Je ne vais pas me lancer dans une analyse technique de ce que j’ai entendu et vu, j’en serai bien incapable mais après une semaine de décantation, et sans aucun doute, ce concert va rester pour moi un moment musical privilégié. Au jeu du j’aime, j’aime pas, je confesse que, pour moi non plus, ça n’est pas la sonate de Liszt que j’ai préférée, j’ai trouvé ça un peu analytique et même si cette interprétation donnait un sens à la musique (cf. : il fait du neuf avec du vieux) je suis resté un peu extérieur. Pas plus que la valse de Chopin un peu sèche à mon goût, j’ai eu le bonheur de voir cette année et presque par hasard Seong-Jin Cho (vainqueur du concours Chopin) dont j’ai préféré l’interprétation de cette même pièce. La jeune génération va vraiment nous combler. Allons au fait, le Gaspard était une splendeur, Le Gibet, lancinant et imperturbable, Scarbo qui m’a rappelé les Gnomenreigen par Arrau justement mais surtout Ondine, qui se matérialisait littéralement devant nous. Et puis et puis, une demi-surprise pour moi : lors des premières vidéos où je l’avais écouté jouer, j’avais cru voir un futur grand interprète plutôt tourné vers le répertoire romantique, en entendant ses interviews, c’est plutôt son intelligence d’analyse au service de l’interprétation qui était frappante, et là, son Bach, assez époustouflant à mon goût, me fait rêver de l’entendre, par exemple, dans les suites Anglaises et Françaises, il serait, je n’en doute pas, au sommet par exemple dans l’ouverture BWV831.
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Re: Lucas Debargue
Il a mis 4 diapasons. Je pense en effet que Bertrand Boissard fait son travail sérieusement et ce qui ne gâte rien, il écrit bien. Je ne partage pas toujours son point de vue sur les cds (ceux que j'ai pu écouter) mais j'aime toujours le lire. Dans le cas du cd de Lucas par exemple, il n'est pas emballé par la ballade de Chopin et comme lui je trouve qu'elle n'avance pas. Mais c'est une question de point de vue et ça ne m'empêche pas de l'écouter. J'ai lu d'autres commentaires de personnes qui au contraire adorent sa ballade, et à force de l'écouter je l'apprécie davantage et j'en viendrai peut-être à comprendre sa vision. Le problème c'est quand on en a une version vénérée dans l'oreille depuis des années…katy a écrit :Non je n'ai lu que tes citations j'avoue ! Il a mis quoi comme évaluation ? L'article sur la Roque était bien fait donc ça semble quand même être un journaliste sérieux.
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Re: Lucas Debargue
Chère Pochette, mais c'est au contraire un grand plaisir de lire ce discours passionné et super intéressant !pochette a écrit :Merci beaucoup! En papier en Russie je ne crois pas que ce soit possible... mais on va se débrouiller.
[…]
Je vous demande pardon pour ce discours un peu trop passionné mais c'est un reflet de mes reflexions de tous les jours. Non seulement sur Mr.Boissard que j'estime profondément et qui est intelligent et sympa etc. et dont les textes sont d'ailleurs si beaux en termes de littérature qu'il n'est pas facile de les traduire...


Bon, je te rappelle, comme à Katy plus haut, que je n'ai cité que quelques lignes du texte de M. Boissard. Il y souligne aussi «l’ambiguïté sensuelle» de la partie centrale de Méphisto, tout comme sa fin «brillante» et il trouve aussi le Gaspard très beau («début d’Ondine d’une couleur idéale, Gibet luminescent, Scarbo d’une intelligence de détails aiguë») mais insiste «qu'il a fait beaucoup mieux avant et depuis», en particulier dans Scarbo, «qu’il sait envoyer avec une fougue et une folie dévastatrices». Je ne suis pas d'accord avec tout: il écrit par exemple que les sonates de Scarlatti «s’apparentent à des songes intérieurs» - pour les lentes peut-être, mais Lucas a expliqué que ce sont des danses (toute la musique baroque profane est musique de danse à mon avis, même celle de Bach). Mais pour la ballade, Boissard trouve qu'elle n'avance pas, c'est une question de goût, de point de vue. Et il insiste comme toi sur sa sonorité, dont il écrit que c'est celle d'un très grand, ainsi que sur sa technique, égratignant au passage «certains esprits chagrins mus par l’envie»

Je pense d'ailleurs que Bertrand Boissard a comme moi évalué le disque de Lucas en fonction de ses attentes très élevées basées sur ce qu'il avait entendu avant (et après, car il avait entendu le concert à la Fondation Vuitton avant d'écrire sa critique), beaucoup plus que comme un disque parmi d'autres du même type. S'il avait dû évaluer ce cd sans jamais avoir entendu Lucas, il aurait peut-être eu un autre point de vue, qui sait. Quant à la note de 4 diapasons, elle est sensée refléter une opinion «relative» sur la base d'une comparaison avec les versions déjà disponibles sur le marché des mêmes oeuvres jouées par d'autres. Mais dans l'article on comprend très bien que son évaluation est basée sur une comparaison avec ce que Lucas avait déjà démontré pouvoir faire, que la relative déception de M. Boissard est précisément due à cette comparaison.
Tu poses d'intéressantes questions sur ce qui justifie que quelqu'un publie des critiques de disques ou de concerts. Au départ, les journaux et revues emploient des journalistes critiques parce que les producteurs espèrent que ça va inciter les lecteurs à acheter les disques ou les billets de concerts, opéras, théâtre, etc. et je suis certaine que ça joue. Il m'est arrivé d'acheter des disques d'artistes que je ne connaissais pas parce qu'ils avaient reçu un Diapason d'or et ça m'a fait découvrir des choses merveilleuses. Par contre, évidemment qu'un critique est un humain comme un autre avec ses propres goûts et ses propres attentes et il faut en tenir compte. Depuis 25 ans que je lis les revues françaises comme Diapason et Classica, j'ai appris à me fier à certains critiques et pas à d'autres, parce que j'ai appris à connaître ceux dont les goûts recoupent les miens. Quant à savoir ce qui constitue la formation qui justifierait qu'on prétende critiquer une interprétation musicale, personnellement je dirais ceci: d'abord il faut avoir écouté et continuer d'écouter beaucoup, beaucoup, beaucoup de musique (c'est mon cas); ensuite il faut savoir bien écrire et savoir écrire sur la musique, avoir le vocabulaire pour communiquer sa perception et sa compréhension d'une interprétation (ce qui n'est pas mon cas
