Aïe... Je ne pensais pas que cet article susciterait autant de réactions... passionnées !
Quand j'écrivais «plutôt bien écrit», je voulais surtout dire «intéressant», au sens où l'auteur parle de musique et se mouille, alors que pour l'instant, les critiques lues dans la presse restent très superficielles, au point où on aurait pu les écrire sans avoir été au concert (ce qui, si vous vous souvenez, était à mon avis le cas pour l'unique critique professionnelle publiée pour le concert de Lucas à Toronto). Maintenant, pour ce qui est du fond, à part l'erreur d'identification du Bach (mais ce genre d'erreur est la règle plus que l'exception dans la presse...), c'est beaucoup une question de point de vue.
Katy, j'ai eu exactement la même réaction que toi face au commentaire sur le manque de charisme de Lucas. Pour moi (et pour beaucoup d'autres je crois), il a au contraire beaucoup de charisme sur scène--lorsqu'il est au piano. Mais il y avait aussi eu lors du Tchaikovsky beaucoup de commentaires sur son air bête ou peu souriant lorsqu'il saluait. Il y en a que ça dérange, c'est leur droit. Moi j'aime beaucoup quand il sourit, ça veut dire qu'il est content, mais j'ai aussi très bien compris à Toronto qu'il reste prisonnier des émotions de la musique pour un bout de temps après la fin de sa prestation. C'est d'abord cette émotion qu'on lit sur son visage--ensuite, quand il revient saluer, ça dépend s'il est content de lui. À Toronto il avait souri. Au Tchaik il n'était pas souvent content.
En ce qui concerne les pp et ppp à peine audibles, n'oublie pas que tu n'étais pas au même concert. À La Roque il était en plein air, il a pu avoir à tenir compte de l'acoustique. À Toronto non plus, il n'a pas joué de pianissimos à peine audibles, en particulier sur la pédale du Gibet, ce qui m'avait déçue, mais c'était là encore peut-être une question d'acoustique, ou de piano (ou même un choix de Lucas d'essayer autre chose). L'auteur commente ce qu'il a entendu ce soir-là à La Roque dans le Liszt, pas la capacité de Lucas à jouer ppp en général.
Okay, je te trouve très dur... Mauvais amateurisme, ouch ! Si moi j'avais été à ce concert puis écrit un compte-rendu (on ne peut plus amateur, forcément), je parie que tu aurais aussi écrit avoir l'impression que toi et moi n'étions pas au même concert

. Bon, l'auteur, lui, n'est pas vraiment un amateur, puisqu'il donne des conférences et organise des concerts (
http://www.marseille-autrement.fr/sorti ... nes-au-bar ). Ses erreurs factuelles sont donc effectivement choquantes, mais on en trouve même chez les professionnels aguerris, par exemple à l'occasion chez Christophe Huss dans Le Devoir, qui a pourtant une formation de musicien. Abrial, lui, n'a très probablement pas, et de loin, ton niveau de connaissances musicales

, et je parierais qu'il n'est pas un grand fan de Prokofiev (ni de Bach peut-être ?). Il serait en bonne compagnie sur PM... Mais malgré tes doléances, il a quand même été très positif sur le Gaspard; le fait qu'il n'ait pas particulièrement souligné la réussite selon toi exceptionnelle du Scarbo peut juste vouloir dire que Gaspard n'est pas l'oeuvre qui l'a le plus intéressé dans ce concert. Ce dont il voulait sutout parler, c'était la sonate de Liszt, qui l'a visiblement beaucoup impressionné. Sans compter que dans l'ensemble il se montre très enthousiaste vis-à-vis Lucas. C'est cela surtout que j'avais choisi de retenir de cet article

.
Moi, je lui suis reconnaissante de s'être donné le mal d'écrire un compte-rendu nettement plus étoffé que ce que j'ai trouvé dans les journaux à date. Peut-être lira-t-on éventuellement quelque chose de vraiment professionnel dans Diapason ou Classica, mais en attendant...
Cela dit, merci à vous deux pour vos commentaires, que j'apprécie toujours énormément.