Je n’ai lu Chang qu’assez superficiellement, en fait. En revanche j’ai lu énormément de sujets sur les méthodes de travail (practicing methods) ainsi que sur des aspects techniques assez généraux dans les forums anglophones, notamment
http://www.pianoforum.net et en particulier les développements de Bernhard, que certains connaissent ici, mais aussi quelques autres.
Il est bien évident qu’au départ, je me suis posé la question de la validité de tous ces grands discours mais il se trouve que des professionnels qui postent aussi sur ces forums confirment souvent, sans aller dans le détail, que ces « méthodes » sont les meilleures, ce qui ne veut pas dire que les autres méthodes soient absolument inopérantes.
Ce qui est essentiellement reproché aux méthodes « traditionnelles », c’est de véhiculer beaucoup d’idées reçues qui, en définitive, font gaspiller un temps précieux, dans le genre « il faut faire au moins 1 h d’exercices par jour, sans Hanon, point de salut ».
yannis a écrit :egtegt a écrit :Par exemple, pour ce qui est de la vitesse, je pense vraiment qu'il est bien de travailler lentement puis d'accélérer, à condition d'avoir quelqu'un pour corriger les gestes qu'on fait.
C'est aussi la question que je me posais sur Chang, en relisant les archives : il dit que le geste du jeu rapide est très différent du geste du jeu lent, et donc il ne faut <b>surtout pas</b> aller progressivement du lent au rapide (en se servant par exemple d'un métronome). Il y a une logique à celà, mais on pourrait tout aussi bien aussi argumenter qu'en passant progressivement du lent au rapide, le geste change et la main s'accomode au jeu rapide. Pourquoi ce ne serait pas le cas ?
Quitte à jouer à l'avocat du diable, pourquoi notre main ne serait-elle pas capable de minimiser ses gestes et élans pour arriver à un geste rapide optimal ? Pourquoi (selon Chang) elle serait bête au point de garder exactement le même geste lent alors que l'on joue rapidement ?
Voici une analogie qui vaut ce qu’elle vaut : je dois rejoindre ce guichet de banque qui se trouve à 100 m, comment vais-je procéder ? En marchant, bien évidemment ! Maintenant, supposons que le guichet ferme dans 11 secondes. Vais-je juste accélérer le mouvement de marche ? Bien sûr que non, je vais devoir courir très vite, avec des mouvements très différents de la marche. En l’occurrence pour parcourir à pied 100 m en moins de 11 secondes, il faut non seulement courir mais il faut en plus le faire avec une excellente technique de foulée qui n’a plus grand-chose à voir avec les mouvements de la marche ordinaire.
Avec le piano, la différence par rapport à la marche/course, c’est que jouer du piano implique plus encore de complexité. Ainsi un enfant trouvera assez « naturellement » les gestes de la course ordinaire une fois qu’il aura suffisamment maîtrisé la marche (encore qu’il soit probable que cette acquisition des mouvements se fasse en partie par imitation), en revanche, compter sur une adaptation de la main par elle-même au piano me paraît bien plus aléatoire.