On étudie bien de nombreux textes littéraires via leurs traductions, la logique ne voudrait-elle pas que l'on étudie ces derniers en version originale, justement pour apprécier et comprendre toutes les subtilités de l'œuvre qui ne peuvent pas, ou mal, être restituées une fois traduites ?
J'estime que c'est un peu pareil. Puisque tu parlais tout à l'heure de la seconde étude opus 10, je te rejoins tout à fait sur le fait qu'il ne faille pas abuser : les notes de la main droite, aussi enquiquinantes qu'elles puissent être à travailler, doivent être exécutées par la main droite.
Maintenant, je suis quelqu'un qui aime assez souvent prendre les choses au pied de la lettre (parfois c'est bien, parfois pas

), aussi je me dis que dans l'
Étude pour les degrés chromatiques de
Debussy (je sais je sais, on est sur
Chopin, mais c'est pour te montrer comment je raisonne parfois

), on nous parle juste d'une étude « pour les degrés chromatiques »... on ne nous précise pas pour quelle main, et on ne nous spécifie pas que c'est une « étude pour les doigtés » (je sais, je pousse un peu trop, mais je fais exprès

), autrement dit, tant que le texte et le style de l'auteur sont respectés... je vois pas trop où est le problème.
Dans une certaine mesure, je trouve que se conformer strictement et exclusivement aux doigtés, et ce même dans une étude, c'est être réducteur, et c'est faire en sorte que certaines œuvres puissent être jouées par certains et pas par d'autres, or, dans ce cas, ce n'est pas une question de moyens techniques au sens propre, mais plus une question de moyens « pratiques » (euh... peut-être pas très clair ce que je dis là). Je trouve par conséquent cela assez stupide. Si quelqu'un ne peut jouer une œuvre car il n'a pas le niveau, c'est une chose, si quelqu'un devait se voir refuser une œuvre (étude plus précisément) pour la simple et mauvaise raison qu'il ne respecte pas un doigté (dont l'origine peut être douteuse, car à en juger de la préface de mon édition [
Henle], y a tellement de sources qu'il n'est pas évident de faire un choix qui soit conforme à l'original(e) à 100%), ou qu'il se permet d'arpéger un simple accord, je trouve que c'est s'enfoncer un peu plus dans cette idée populaire et en partie fausse que la musique classique est destinée à une élite, et que dans cette même élite, il faille en distinguer une autre.
Édit : Ceci étant, bien entendu qu'après chacun voit midi à sa porte, là-dessus, on est entièrement d'accord. L'auteur du topic fera son choix de toute façon, personne ne lui impose rien.
