Impossible que je sois le seul...

[Christoph]

Dans le sens "conservatoire", une analyse c'est un truc qui n'a rien à voir avec l'exécution. Mais pour cette unique partition du XVIIIe qui révèle les Grundbässen de la fugue en si mineur WTC I, il s'agit d'un miroir de la pensée de Bach révélée par un contemporain. Et pour Bach et ses contemporains, il n'y a pas d'un côté la composition et de l'autre ce qu'on appelle aujourd'hui l'interprétation. Pour Bach, composer et jouer c'est la même chose. Son activité cérébrale devant une feuille de papier est exactement la même que devant le clavier.

Cette source unique (l'analyse de la fugue en si mineur présentée dans le traité *Die wahren Grundsätzen zum Gebrauch der Harmonie” nous révèle ce qui est censé — selon "l’analyse" qui s’y trouve validée Kirnberger — être la pensée harmonique de Bach lors du processus de composition et d'exécution.
Cette source m'intéresse au plus haut point car elle correspond exactement (à quelques exceptions près) à ce que je pense pendant l'exécution de mémoire de cette fugue en si mineur. Concretement : mes *Grundbässen* coïncident exactement avec celles de "Kirnberger" et à chaque moment je comprends et ressens le poids harmonique de chaque note (= ce que j’appelle l’identité harmonique de chaque note) exactement comme Kirnberger les définit.


Maintenant, pourquoi les stars des claviers ne disent rien de leur conscience harmonique pendant leurs cours ou après ? On le sait, on ne parle pendant les "Master Class" que du "comment".

Mon explication: du vivant de Bach il n'y avait qu'un langage tonal basé sur un *upgrade* de ce que Kirnberger nomme dans son “Kunst der reinen Satzes” les *alte Tonarten” (tonalités anciennes) que l'on nomme aujourd'hui modes. Aujourd'hui, un interprète doit "tout" jouer pour vivre mais comme il est impossible d'étudier et de comprendre tous les systèmes musicaux, il faut faire avec le plus petit commun dénominateur à tous les systèmes : les "hauteurs de notes et les intervalles" et c'est logiquement ce qui est enseigné en conservatoire. Evidemment, aucun interprète va vous dire : *mon activité cérébrale se limite à percevoir des hauteurs de sons et des intervalles*. Mieux vaut ne parler que du comment de manière si précise qu’il ne reste plus une seule seconde pour parler de l’identité harmonique de certaines notes parfois très compliquées à trouver…

Le hic, et nous en revenons à notre fameuse source attribuée à Kirnberger : aucune note dans la mentalité tonale du clavier Bien Tempéré, n'est pensée en dehors d'une attraction de Grundbässen vers la Grundbass finale et toutes les notes sans exceptions sont incluses dans ces Grundbässen. Je le dis autrement : penser des hauteurs de notes et des intervalles sans avoir conscience de leur identité harmonique (c'est à dire : chaque note est soit une tierce harmonique, une quinte harmonique, une septième harmonique, une neuvième harmonique ou bien une note étrangère à l'harmonie fondamentale) cela n'a strictement rien à voir avec musique de Bach !
(à ceux qui sont tentés de me dire "Ah, pour toi c'est l'harmonie qui vient en premier!" Je réponds : "Si je fais apparaître un verre rempli de vin de dessous la table et vous le montre, qu'est ce que vous voyez en premier ?". Évidemment, les deux en même temps, mais vous conviendrez que c'est le vin qui est dans le verre...et pas l'inverse.)

Ladite "analyse" de la fugue en si mineur CBT I, nous révèle une conscience harmonique que Kirnberger affirme être celle de J. S. Bach. Le nom de celui qui a trouvé les solutions de cette fugue mérite d'être connu de tous car même si cet élève affirme ne faire que transcrire dans cette analyse la pensée de Kirnberger, c’est quand même lui qui l’a écrite !

[Christoph]

...
Définition magistrale de la tonailté par un auteur français très connu mais apparemment "banni" des conservatoires : inconnue par les 2 IA consultées (Meta AI et Gemini)

Jean-Jacques Rousseau ? Jean-Philippe Rameau ?
Non, ce n'est ni l'un ni l'autre, mais c'est un nom plus une définition qu'il faut proposer !

Tiens, une version anglaise de cette analyse du CBT.

Riemann est précisément celui qui méprise l'analyse attribuée à Kirnberger. L'analyse de Riemann est purement théorique, c'est à dire qc qui ne décrit
pas l'activité cébrale pendant l'exécution. L'analyse attribuée à Kirnberger, elle, ne contient aucun texte, c'est la partition originale de Bach avec
sous les portées de la main gauche et de la main droite, deux portées pour une basse continue réalisée et deux portées contenant les Grundbässen qui sont des "containers" des notes utilisées dans les voix de la polyphonie. l'analyse de Kirnberger décrit la conscience harmonique de Bach pendant la composition et l'exécution de la fugue. Dans la mentalié de l'époque, on peut la nommer "Solutions harmoniques de la fugue".
Le traité contenant l'analyse attribuée à Kirnberger est "Die wahren Grundsätze zum Gebrauch der Harmonie..." librement downlodable.