RACHMANINOV: Concerto pour piano n ° 2 en ut mineur, op. 18

[paulchavand@gmail.com]

Bonjour à tous. Ce Concerto m'a saisi lorsque j'étais adolescent. Je ne suis qu'un amateur, avec une formation très artisanale par des cours de piano modestes, puis j'ai continué seul, par passion pure du piano classique. Je pensais mourir avant d'avoir pu le jouer, j'en éprouvait une terrible frustration. J'ai acheté la partition à 20 ans. Au début je n'y reconnaissais rien. A 30 ans j'avais pas mal parcouru les passages les moins difficiles. J'y revenais régulièrement, je ne pouvais pas me résigner à l'abandonner. J'ai pu jouer à peu près correctement la moitié du premier mouvement, puis un ami chef d'orchestre amateur a accepté de le monter avec moi pour 5 ans plus tard, en l'an 2000. J'avais 42 ans, nous étions en 1995. Fin 2000, je l'ai donné 3 fois en concert, avec 55 musiciens et 250 personnes. Pas de quoi s'enorgueillir, c'était juste acceptable, et si j'ai pu écouter 3 fois l'enregistrement depuis, c'est tout. Pendant les 20 ans qui ont suivi je l'ai complètement abandonné, pour me mettre au Rach 3. Nous sommes en 2022, j'y suis encore, mais cette fois uniquement pour en profiter moi-même. Je suis serein. J'ai enfin repris le deuxième, je change beaucoup la technique et je pense que je découvre maintenant la technique de Rachmaninov qui, curieusement, rend facile. Mon premier message : CE N'EST PAS IMPOSSIBLE. Rachmaninov n'est pas un monstre mais un pianiste exceptionnellement intelligent. À chaque trait sa technique innovante, c'est prodigieux. Je vais sans doute m'employer à décrire dans ce forum comment j'ai résolu nombre de passages apparemment si difficiles. Merci de m'avoir lu.

[Oukee]

Bonjour à tous. Ce Concerto m'a saisi lorsque j'étais adolescent. Je ne suis qu'un amateur, avec une formation très artisanale par des cours de piano modestes, puis j'ai continué seul, par passion pure du piano classique. Je pensais mourir avant d'avoir pu le jouer, j'en éprouvait une terrible frustration. J'ai acheté la partition à 20 ans. Au début je n'y reconnaissais rien. A 30 ans j'avais pas mal parcouru les passages les moins difficiles. J'y revenais régulièrement, je ne pouvais pas me résigner à l'abandonner. J'ai pu jouer à peu près correctement la moitié du premier mouvement, puis un ami chef d'orchestre amateur a accepté de le monter avec moi pour 5 ans plus tard, en l'an 2000. J'avais 42 ans, nous étions en 1995. Fin 2000, je l'ai donné 3 fois en concert, avec 55 musiciens et 250 personnes. Pas de quoi s'enorgueillir, c'était juste acceptable, et si j'ai pu écouter 3 fois l'enregistrement depuis, c'est tout. Pendant les 20 ans qui ont suivi je l'ai complètement abandonné, pour me mettre au Rach 3. Nous sommes en 2022, j'y suis encore, mais cette fois uniquement pour en profiter moi-même. Je suis serein. J'ai enfin repris le deuxième, je change beaucoup la technique et je pense que je découvre maintenant la technique de Rachmaninov qui, curieusement, rend facile. Mon premier message : CE N'EST PAS IMPOSSIBLE. Rachmaninov n'est pas un monstre mais un pianiste exceptionnellement intelligent. À chaque trait sa technique innovante, c'est prodigieux. Je vais sans doute m'employer à décrire dans ce forum comment j'ai résolu nombre de passages apparemment si difficiles. Merci de m'avoir lu.

Merci pour votre témoignage, et bienvenu sur le forum.
Votre post donne l’impression que vous n’avez travaillé « que » ces concertos de Rachmaninov depuis 30 ans. Pouvez nous en dire plus sur les œuvres que vous avez explorées en parallèle ?

[paulchavand@gmail.com]

Bien vu, c'est mon auteur fétiche. Disons une proximité d'âme. Bien sûr que plus jeune j'ai joué du Chopin, un peu de Lizt, du Schumann, Debussy, Bartok. Le grand classique, Bach, Beethoven, et autres, me sont trop difficiles : des doigts, des doigts... et de l'indépendance des chants. Les romantiques me motivent beaucoup.plus. J'ai effleuré le concerto en sol de Ravel : sublime. Mais, à 68 ans, j'ai décidé de réserver mes efforts à l'œuvre du grand Serge (préludes également), celui qui m'apporte le plus de satisfaction. Je n'y peux rien... Merci de votre question !

[Pnce]

Intéressant l'interprétation de ce concerto

Tu as réussi en plus ce qui est selon moi le passage le plus dur, le début...pouvoir jouer la basse progressivement sans le faire trop fort trop vite et ne plus pouvoir jouer cette basse encore plus forte
Rubinstein n'y arrive pas...

[Christof]

Bonjour à tous. Ce Concerto m'a saisi lorsque j'étais adolescent. Je ne suis qu'un amateur, avec une formation très artisanale par des cours de piano modestes, puis j'ai continué seul, par passion pure du piano classique. J

(...)
Mon premier message : CE N'EST PAS IMPOSSIBLE. Rachmaninov n'est pas un monstre mais un pianiste exceptionnellement intelligent. À chaque trait sa technique innovante, c'est prodigieux. Je vais sans doute m'employer à décrire dans ce forum comment j'ai résolu nombre de passages apparemment si difficiles. Merci de m'avoir lu.

Bonjour Paul
Je trouve votre message très inspirant, le piano, la musique comme une école de patience. Cette quête aussi, cette détermination magnifique, une aventure qui nous accompagne une vie durant. Un peu comme une belle histoire d'amour. Vouloir rejoindre un idéal. Ne jamais laisser tomber, réfléchir, se modifier au cours du temps. Résoudre petit à petit les difficultés. Aller à l'essentiel.

Oui, racontez-nous.

NB : avez-vous correspondu avec vmishka (Sergei Aoûtka) qui avait initié ce fil ? Une même quête.

Existe-t-il un enregistrement de votre concert ?

[Oukee]

Bien vu, c'est mon auteur fétiche. Disons une proximité d'âme. Bien sûr que plus jeune j'ai joué du Chopin, un peu de Lizt, du Schumann, Debussy, Bartok. Le grand classique, Bach, Beethoven, et autres, me sont trop difficiles : des doigts, des doigts... et de l'indépendance des chants. Les romantiques me motivent beaucoup.plus. J'ai effleuré le concerto en sol de Ravel : sublime. Mais, à 68 ans, j'ai décidé de réserver mes efforts à l'œuvre du grand Serge (préludes également), celui qui m'apporte le plus de satisfaction. Je n'y peux rien... Merci de votre question !

C'est intéressant, parce que souvent c'est le contraire que l'on observe : des concertistes qui jouent Rachmaninov en début de carrière (le 2ième concerto typiquement) parce que c'est vendeur, et n'y reviennent que très peu plus tard (les exigences techniques du n°3 n'y sont probablement pas pour rien).
Les Rach 2 & 3 sont loin d'être mes concertos préférés, mais vos idées sur la manière de travailler le pianisme spécifique de ce compositeur seront très intéressantes à partager.

[Chtilli]

Je suis ébahi quand je lis que vous avez passé 5, 10 ou 20 ans à préparer un seul concerto, je me doutais que la quantité de travail était colossale mais à un tel point, certainement pas, quelle abnégation et quel dévouement absolus qui me confortent dans l'idée que si je tente un jour de mettre les mains dans ces œuvres, ce sera seulement par minuscules bribes... (j'ai un jour lu un article relatant l'histoire d'un Anglais ayant carrément quitté son travail pour apprendre le Rach 3 dans sa cave )

[Pnce]

Le rach3, je l'ai bossé 5H par jour pendant prêt de 5 ans et je suis arrivé qu'à 11 pages

[Chtilli]

, mais comment font les pros ?

[Oukee]

, mais comment font les pros ?

On peut dire la même chose de tous les « grands » concertos du répertoire (Brahms 2, Liszt 1 et 2, Bartok 2, Chopin 2, Dvorak….) et j’en oublie.

[fritz]

(j'ai un jour lu un article relatant l'histoire d'un Anglais ayant carrément quitté son travail pour apprendre le Rach 3 dans sa cave )

Il a fini par laisser tomber pour rendre la justice déguisé en chauve-souris. Sa copine chat était pas mal du tout d'ailleurs

[Chtilli]

On peut dire la même chose de tous les « grands » concertos du répertoire (Brahms 2, Liszt 1 et 2, Bartok 2, Chopin 2, Dvorak….) et j’en oublie.

Et que dire des compositeurs...

[anuradha]

Mais quand même 9 ans pour un morceau, cela me paraît beaucoup.

[Oukee]

On peut dire la même chose de tous les « grands » concertos du répertoire (Brahms 2, Liszt 1 et 2, Bartok 2, Chopin 2, Dvorak….) et j’en oublie.

Et que dire des compositeurs...

Les compositeurs sont dans une ligue à part (encore que certains ne pouvaient pas vraiment jouer leurs concertos, l’exemple célèbre étant Ravel).
Mais un pianiste capable de jouer un des concertos de Liszt est d’attaque pour un concerto de Rachmaninov.

[Ninoff]

Bonjour à tous. Ce Concerto m'a saisi lorsque j'étais adolescent. Je ne suis qu'un amateur, avec une formation très artisanale par des cours de piano modestes, puis j'ai continué seul, par passion pure du piano classique. Je pensais mourir avant d'avoir pu le jouer, j'en éprouvait une terrible frustration. J'ai acheté la partition à 20 ans. Au début je n'y reconnaissais rien. A 30 ans j'avais pas mal parcouru les passages les moins difficiles. J'y revenais régulièrement, je ne pouvais pas me résigner à l'abandonner. J'ai pu jouer à peu près correctement la moitié du premier mouvement, puis un ami chef d'orchestre amateur a accepté de le monter avec moi pour 5 ans plus tard, en l'an 2000. J'avais 42 ans, nous étions en 1995. Fin 2000, je l'ai donné 3 fois en concert, avec 55 musiciens et 250 personnes. Pas de quoi s'enorgueillir, c'était juste acceptable, et si j'ai pu écouter 3 fois l'enregistrement depuis, c'est tout. Pendant les 20 ans qui ont suivi je l'ai complètement abandonné, pour me mettre au Rach 3. Nous sommes en 2022, j'y suis encore, mais cette fois uniquement pour en profiter moi-même. Je suis serein. J'ai enfin repris le deuxième, je change beaucoup la technique et je pense que je découvre maintenant la technique de Rachmaninov qui, curieusement, rend facile. Mon premier message : CE N'EST PAS IMPOSSIBLE. Rachmaninov n'est pas un monstre mais un pianiste exceptionnellement intelligent. À chaque trait sa technique innovante, c'est prodigieux. Je vais sans doute m'employer à décrire dans ce forum comment j'ai résolu nombre de passages apparemment si difficiles. Merci de m'avoir lu.

Bonjour Paul,

Nous avons eu tous deux la même passion pour ce concerto qui m’a suivi longtemps.
De mon côté je l’avais préparé jeune pour un concours et avait mis 6 mois en travail assez intensif.
Puis je l’ai toujours revu au cours de ma vie, je le connais si bien que je crois que je pourrais écrire de mémoire la partie piano…
Et c’est resté de loin mon œuvre fétiche…
Content que nous ayons la même passion

[paulchavand@gmail.com]

Merci beaucoup de ton témoignage ! Moi aussi je suis réjoui par un pianiste comme toi !

Hier, j'ai encore fait une découverte qui m'a vraiment surpris : presque par hasard, j'ai joué en doigtés 2-4 ou 2-3 plus 5 la progression en 2 pour 3 de la fin du premier mouvement, à la main gauche. Je ne l'avais jamais bien jouée car je tombais en confusion à la fin... Eh bien j'ai vu que c'est infiniment plus facile et percutant que le doigté "classique" en 1-3 ou 1-2 plus 5. Je suis sûrement naïf, mais quel plaisir quand on trouve ! Vingt-deux ans plus tard !!

Très bonne continuation !

[paulchavand@gmail.com]

Bonsoir à tous.

Merci pour vos messages qui font vraiment plaisir : partager des merveilles, n'est-ce pas le mieux qu'on puisse faire ?

Je dois dissiper quelques incompréhensions du fait que j'ai donné très peu de détails !

Déjà j'ai eu différents métiers très prenants, voyages compris, sans discontinuer. J'ai une femme et 3 enfants, qui étaient jeunes à l'époque. Nous étions en appartements assez sonores. Bref je ne travaillais qu'une demi heure par jour en moyenne, avec des vacances loin de mon Yamaha P2J. En fin de montage du Rach2, j'étais obligé de jouer au sous-sol sur un numérique, sur lequel - je l'ai compris bien plus tard - je me suis esquinté le toucher.

Et surtout, je n'ai pas bénéficié des astuces classiques de la technique d'un professionnel. Donc j'ai sur-travaillé dans le mauvais sens... horrible !

Ce qui m'a sauvé, c'est le Rach3, grâce à un travail lent, continu et serein, depuis ma retraite, sur mon piano à queue Samick très correct. Je ne m'escagace plus sur un passage tant que je n'ai pas trouvé la meilleure technique. C'est mon second message : un compositeur tel que Rachmaninov, débordé d'imagination pour créer des merveilles de musique en exploitant à la fois son corps et un grand piano, produit une technique très particulière, qu'on pourrait qualifier de magique tant le résultat est facile !

Mon message est donc : rien n'est vraiment difficile, sinon qu'explorer avec beaucoup de patience les solutions, surtout quand le tempo est très rapide. Et cela peut prendre des années, tout au moins pour moi.

C'est pour cela que partager ses astuces et découvertes peut devenir de l'Or.

Allez, on y croit !

P.S. je n'ai qu'une vidéo du dernier concert (à Dijon), que j'ai beaucoup de mal à regarder, et que ne dois pas diffuser tant j'étais loin d'avoir atteint ma vision de cette œuvre. Peut-être le jouerai-je une autre fois, et beaucoup mieux je pense.

[Chtilli]

Hé bien bravo, et c'est peu dire , voir une passion vécue aussi pleinement, c'est beau, il n'y a pas d'autre mot

[Aurele27]

Moi j’aimerais beaucoup que vous partagiez l’enregistrement que vous avez du concert, car cela serait plus facile de cerner ce que vous essayez de passer comme message par les mots.
Rien de tel que la musique !

J’avoue que quand j’entends que toute difficulté est franchissable même si ça doit prendre des années, ce me fait un peu réagir. Certes ce concerto est magnifique mais même avec un très bon niveau je sais que probablement jamais je ne pourrai le jouer et quand j’entends qu’on peut passer des années sur un seul morceau sans jamais en sortir alors que le répertoire du piano regorge de pépites, ça me laisse dans un état d’incompréhension.
Mais comme je l’ai déjà dit sur d’autres fils un peu similaires, chacun voit midi à sa porte. Et puis vous avez eu l’occasion de concerts, ce qui n’est pas rien, et je suis sûre que tout le monde meurt d’envie d’entendre votre interprétation en concert, afin de mieux cerner les messages que vous tentez de passer.

[Oukee]

Personnellement, j’aurai du mal à concentrer aussi longtemps toute mon attention et mes efforts sur un morceau particulier, car la littérature pour notre instrument est incroyablement riche, et la liste des pièces que je rêve de jouer est longue (et s’allonge au fil du temps ).
Mais votre persévérance force le respect.
Ce qui est intéressant, c’est que ces concertos de Rachmaninov sont à ma connaissance les seuls du répertoire à susciter des sentiments comme celui que vous exprimez (une passion hors-normes). Je n’ai jamais entendu par exemple quelqu’un parler du 4ieme concerto de Beethoven comme vous le faites du Rachc2.