valeriejouechopin a écrit :Ma théorie, c'est que l'on "pense" trop : on a peut-être un abord trop rationnel de la musique. Il faudrait plus la "sentir" et vivre l'instant. Les trés (trop) râres fois où j'y parviens, tout devient évident.... c'est sûrement ma formation scientifique trop terre à terre qui me nuit...le fait de l'avoir compris est dèjà beaucoup! Aprés, il faut laisser le temps au temps...
Je suis comme toi, de formation scientifique: maths, puis stats, puis finance de marchés, la totale quoi...
. Ajoute à cela des compétitions d'Echecs dès l'age de 12 ans....Déformation de l'approche du piano garantie...
Le piano, et je l'ai décidé, est pour moi une activité sans aucune compétition (c'est peut etre la seule...) ou but mesurable. De toute façon, à l'age ou je commence, je ne peux pas rivaliser (mais aux Echecs, si...
).
Mais, car il y a un "mais", j'écoute du classique aussi depuis l'age de 10/12 ans et j'adore la musique en générale, Beethoven est mon génie (mais il y en a d'autres...).
Tu dis qu'il faut "arreter" de penser. Après 10 ans de yoga, on peut l'envisager...
En attendant, il faut faire chanter le piano. Et, comme dans tout art, il y a des REGLES. J'avais beau me "relacher", me "detendre", jouer "au fond du clavier" comme le décrit Deschaussées dans son livre, je progressais niveau "execution", mais question "son": rien, niet, nada, c'est moche.
Ma sarabande de Haendel, commencée en décembre, connue "par coeur", n'arrivait pas à la cheville du jeu d'une gamine de 12 (10?) ans:
http://www.youtube.com/watch?v=Kcr498u46Yc
En tout cas, même si ma prof passée notait mes progrès dessus, ça n'allait pas pour moi, je n'étais pas satisfait. Limite frustré...
Et c'est alors que j'ai compris qu'il me manquait "quelque chose". Et que si je ne m'en occupais pas, j'allais continuer quelques années avec des lacunes (voire à vie...
).
Donc j'ai changé de prof.
Décision prise en 15j, pour une prof russe, de l'école russe, et avec un accent russe
.
Et en 45 mn (sur un cours d'une heure qui a duré en fait 1h15), elle m'a tripoté mains, poignets, coudes, épaules...Et moi qui croyait étre "détendu" et ne "pensant" à rien.
Bien sur, la première partie du cours, elle a ecouté patiemment les 3 morceaux que je lui a joué, vu que c'était le premier cours. Mais son opinion était déjà faite je pense.
Vu qu'ensuite j'ai eu droit à un "bon, le texte ça va, mais maintenant on va travailler..."
Jouer avec le poids du bras, voire de l'épaule, garder le poignet souple n'est absolument pas une évidence naturelle, la vie quotidienne entraine des réactions de crispations, ne serait ce que du fait qu'on "attrape" des objets continuellement (exactement le contraire au piano...).
Allez, on laisse tomber sur la touche, on vise biensur, et à la dernière seconde, fraction de seconde, et hop, un petit mouvement de la main pour jouer la note, le reflex fatal bien ancré...
Niet! On recommence, pas la main etc..etc...pendant 45 mn. Vanné comme après deux heures de piscine.
Ensuite elle m'explique que c'est exagéré, mais c'est pour apprendre, ensuite cela devient imperceptible.
Imperceptible? Oui, sauf pour le son...Qui lui n'est plus du tout le même...
C'est ainsi que ma nouvelle prof, avec son 1m55, ses 45 kg et ses mains d'enfant, me fait quelques accords et note isolées sur son Zimmermann que je n'arrive pas à faire sortir malgré ma corpulence double et mes deux mains en même temps.
Toute la "théorie" que j'avais ingurgitée et que je pensais savoir et bien non...
"Je sais ce qu'il faut faire"...
Curieusement, vanné je ne touche pas au piano en rentrant de ce premier cours, mais le lendemain, je joue la sarabande, le thème, et pour la premiere fois, j'aime le son que j'entends, même si parfois ça retombe platement. C'est une sensation euphorique...(pour un débutant).
Donc je veux bien arreter de "penser" comme tu le suggères, "vivre" et "sentir" la musique, oui tu as raison, mais d'abord j'apprends à faire chanter le piano.