Comment travaillez-vous vos morceaux ?

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Youpjoseph
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par Youpjoseph »

Il y a des morceaux qui sont totalement introuvable quand même.

Rebikov par exemple (hormis deux trois petites pièces, y a rien, ni sur internet, ni à la fnac).

sinon, son exercice ne doit pas être mauvais, mais très couteux en temps.



Dans une interview de Lipatti, lui dit procéder ainsi:

- Lire et chanter le morceau, deux semaine avant de le travailler
- Il le travaille ensuite pendant un mois.
- Il le laisse décanter quelques mois pour ensuite le reprendre et fignoler tous les détails.

C'est un peu le même principe, regarder et imaginer le morceau avant de le travailler. Sauf que lui s'attaque directement à la partition.
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jean-séb
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par jean-séb »

Youpjoseph a écrit :Il y a des morceaux qui sont totalement introuvable quand même.
Rebikov par exemple (hormis deux trois petites pièces, y a rien, ni sur internet, ni à la fnac).
sinon, son exercice ne doit pas être mauvais, mais très couteux en temps.
Je n'ai pas compris de quel morceau de Rebikov tu parles.
Youpjoseph
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par Youpjoseph »

jean-séb a écrit :
Youpjoseph a écrit :Il y a des morceaux qui sont totalement introuvable quand même.
Rebikov par exemple (hormis deux trois petites pièces, y a rien, ni sur internet, ni à la fnac).
sinon, son exercice ne doit pas être mauvais, mais très couteux en temps.
Je n'ai pas compris de quel morceau de Rebikov tu parles.

Chanson du coeur, Slavishe marche, 3 études, 3 ballades , conseils inutiles, danse du soir...

J'ai plein de partitions de lui sur le PC, que je n'ai jamais su écouter.
Sauf deux trois (valse mélancolique par exemple), mais seulement jouée par des amateurs, jamais par un pro.

à l'écoute hein, les partitions sont trouvables, vu que je les ai sur le pc.
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twane
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par twane »

youpjoseph a écrit :Dans une interview de Lipatti, lui dit procéder ainsi:

- Lire et chanter le morceau, deux semaine avant de le travailler
- Il le travaille ensuite pendant un mois.
- Il le laisse décanter quelques mois pour ensuite le reprendre et fignoler tous les détails.

C'est un peu le même principe, regarder et imaginer le morceau avant de le travailler. Sauf que lui s'attaque directement à la partition.
C'est pour ça qu'il faut faire beaucoup de solfège chanté pour entendre les partitions avant de les jouer. Par contre entendre l'accompagnement en même temps que la mélodie ça reste encore assez mystérieux pour moi, on ne peux pas chanter non plus un accord mais bon je conçois qu'on puisse intérieurement entendre un accord, enfin tu peux toujours chanter la fondamentale mais si c'est un accord septième il faut bien l'avoir dans la tête c'est sur, et sans clavier c'est pas facile.
Will you bite the hand that feeds you? Will you stay down on your knees?
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worov
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par worov »

Pour Leimer, cela fait un moment que je l'ai lu, j'ai dû le mélanger avec un autre (plus récent sans doute, qui lui avait une grande discothèque à sa disposition) qui conseillait l'écoute des disques en parallèle. Va falloir que je retrouve qui c'est. Désolé pour la confusion.
Il se trouve que ta méthode de travail peut être très bénéfique sur des morceaux courts et simples, car elle aide à développer ton oreille et ta mémoire, et je ne doute pas que ça t'a aidé à faire des progrès à un moment de ta vie de pianiste. Mais il arrive (rapidement) un moment où il faut pouvoir travailler directement sur partition. Pas tellement parce que tu "dois" savoir travailler un morceau que tu n'as jamais entendu (ce qui est l'argument de certains profs d'un certain âge qui ne savent pas qu'internet a remplacé le minitel et qu'on peut "tout" écouter si l'on cherche un peu), mais plus pour une question d'efficacité, tout simplement.
Je pense qu'il faut savoir faire les deux. Un bon musicien doit savoir faire les deux. (Attention : je ne dis pas que suis un bon musicien). Pour la question de l'efficacité, c'est relatif. Ce qui est efficace pour certains ne l'est pas pour d'autres. Il faut essayer. C'est ainsi que j'ai toujours pensé. Je teste une méthode : si ça marche, je continue à utiliser cette méthode. Si ça marche pas, j'essaie autre chose.
Dans une interview de Lipatti, lui dit procéder ainsi:

- Lire et chanter le morceau, deux semaine avant de le travailler
- Il le travaille ensuite pendant un mois.
- Il le laisse décanter quelques mois pour ensuite le reprendre et fignoler tous les détails.

C'est un peu le même principe, regarder et imaginer le morceau avant de le travailler. Sauf que lui s'attaque directement à la partition.
Je pense que Lipatti n'avait pas besoin d'avoir entendu le morceau à l'avance. Il lisait la partition et il entendait directement la musique, car il avait une oreille bien meilleure que moi. Pour moi, le disque est une aide, mais si jamais un jour mon oreille devient suffisamment bonne pour que je puisse me passer du disque dans cette phase du plan de travail, je m'en passerai.

Néanmoins, quand je travaille un morceau, je continuerai à écouter les disques pour une raison très importante : ils peuvent toujours être une source d'idées pour l'interprétation comme je l'ai dit plus haut.
Il y a des morceaux qui sont totalement introuvable quand même.

Rebikov par exemple (hormis deux trois petites pièces, y a rien, ni sur internet, ni à la fnac).
Cherche à la discothèque municipale éventuellement, sur des magasins en ligne sur des sites russes. Moi aussi, j'ai trouvé peu de choses sur lui, à part quelques vidéos dans youtube. C'est dommage parce que j'aime bien certaines choses de lui. Il a fait des pièces pour enfants qui, en plus d'être faciles à jouer, sont assez sympas musicalement. Je recommande "Les étrennes de Noël" et "Silhouettes".
Modifié en dernier par worov le dim. 29 janv., 2012 18:11, modifié 1 fois.
Youpjoseph
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par Youpjoseph »

Néanmoins, quand je travaille un morceau, je continuerai à écouter les disques pour une raison très importante : ils peuvent toujours être une source d'idées pour l'interprétation comme je l'ai dit plus haut.
J'ai, jamais dit le contraire, je fais pareil.
D'ailleurs même si j'ai le temps, plutôt que d’écouter seulement la pièce que je joue, j'essaye d'en écouter des autres du même compositeur.

Je pense que Lipatti n'avait pas besoin d'avoir entendu le morceau à l'avance. Il lisait la partition et il entendait directement la musique, car il avait une oreille bien meilleure que moi. Pour moi, le disque est une aide, mais si jamais un jour mon oreille devient suffisamment bonne pour que je puisse me passer du disque dans cette phase du plan de travail, je m'en passerai.
C'est plus une question d'imagination que d'oreille. Ou plutôt d'oreille interne.
Ce n'est qu'en essayant qu'on y arrive (Schumann conseillait de lire et d'imaginer les partitions sans piano aussi, dans ses conseils aux jeunes pianistes, il me semble en tout cas).

Mais cela dit, je reproche pas ta méthode, retranscrire tout pour tous les morceaux, ça doit être utile, mais c'est chronophage. L'idée est bonne, mais c'est pas une idée que j'appliquerai pour tous les morceaux, plutôt pour un ou deux de temps en temps.
Et de préférence pour des petites pièces faciles au départ. (j'vais p'tet essayer, étant extrêmement mauvais en dictée, ça me fera travailler)
Cherche à la discothèque municipale éventuellement, sur des magasins en ligne sur des sites russes. Moi aussi, j'ai trouvé peu de choses sur lui, à part quelques vidéos dans youtube. C'est dommage parce que j'aime bien certaines choses de lui. Il a fait des pièces pour enfants qui, en plus d'être faciles à jouer, sont assez sympas musicalement. Je recommande "Les étrennes de Noël" et "Silhouettes".
A la médiathèque, je crois qu'il y a rien, mais faudra que je re-vérifie. (à la discothèque, je doute fortement que le DJ l'aie dans ses platines :mrgreen: )
Sur des sites russes, faudra que je fasse mes p'tites recherches. Mais les payements par internet ça n'a jamais été mon dada.
Bref, c'est triste.
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worov
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par worov »

J'ai, jamais dit le contraire, je fais pareil.
D'ailleurs même si j'ai le temps, plutôt que d’écouter seulement la pièce que je joue, j'essaye d'en écouter des autres du même compositeur.
Je n'ai pas dit que tu ne le faisais pas. J'expliquais ma méthode de travail.
A la médiathèque, je crois qu'il y a rien, mais faudra que je re-vérifie. (à la discothèque, je doute fortement que le DJ l'aie dans ses platines :mrgreen: )
Sur des sites russes, faudra que je fasse mes p'tites recherches. Mais les payements par internet ça n'a jamais été mon dada.
Bref, c'est triste.
Oui, pardon, je voulais dire médiathèque. Il y aurait éventuellement ces disques :

http://www.amazon.com/Russian-Piano-Mus ... 890&sr=8-1
http://www.amazon.com/Anatoly-Sheludjak ... 890&sr=8-3
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worov
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par worov »

Donc, je continue la description de ma méthode.


Le premier mouvement de la sonate pathétique présente plusieurs difficultés techniques, qui, si on les a jamais rencontrées auparavant dans d'autres morceaux, peuvent assez rebutantes :

- le trémolo (mesures 11 à 48)
- le croisement de mains (mesures 51 à 88)
- les accords brisées en mouvements ascendant et descendant (mesures 89 à 112)

Même si je reconnais, comme l'a dit JPS1827, que, par rapport à d'autres sonates de Beethoven, ce n'est sûrement pas l'une des plus difficiles.

Si je maîtrise déjà chacune de ces difficultés que j'ai mentionné, je commence directement le travail sur le morceau.

Si je ne maîtrise pas chacune de ces différentes techniques, je ne pourrais maîtriser le morceau. Donc, il faut que je les maîtrise. Pour ce faire, dans ma vie pianistique, j'ai utilisé deux solutions.

1. Je peux ces difficultés travailler dans le morceau de Beethoven lui-même. Pour maîtriser le trémolo, je travaille le passage autant de fois qu'il le faut, jusqu'à que j'ai trouvé le bon mouvement.

Pendant quelques années, j'ai utilisé cette méthode. Mais c'est assez rébarbatif, répétitif. Le morceau se transforme en exercice technique. Je n'étais pas très satisfait de cette méthode. Ça marchait pas des masses. C'est un peu démoralisant : je peux rester pendant très longtemps sur ce premier mouvement si j'ai pas la bonne technique pour le jouer.

Donc, j'ai réfléchi et j'ai fini par trouver la seconde solution (qui est celle que je pratique aujourd'hui).

2. Je peux travailler chacune de ces techniques séparément dans d'autres morceaux, qui sont techniquement plus simples.

Par exemple, pour m'entrainer à travailler la technique du trémolo, je choisis un morceau qui serait facile à apprendre dont la difficulté technique majeure serait le trémolo. Le morceau doit présenter la même technique mais à un moindre niveau de difficulté pour que cela soit facile pour l'apprendre.

Des morceaux qui contiennent des trémolos :

"Ours", extrait des Étrennes de Noël de Vladimir Rebikov. Youpjospeh mentione Rebikov, je le recommande puisque j'aime bien ce qu'il fait. Pièce très courte (elle tient sur une page) et très simple. Techniquement, la seule difficulté est le trémolo dans la main gauche (comme dans le premier mouvement de Beethoven). Très sympa à travailler et très belle musique. Je ne connais pas d'enregistrement mis à part les vidéos faites par des amateurs dans Youtube.

"Nuages gris" de Franz Liszt. Bien que ce soit du Liszt, c'est abordable. C'est pas virtuose, c'est assez sombre, assez morbide, c'est le Liszt de la fin. Et c'est assez court (ça tient en deux pages).

Il serait plus simple d'apprendre le tremolo dans ces deux morceaux que dans la pathétique. Ce sont des morceaux à la fois plus simples et plus courts.


Idem pour le croisement de mains et les accords brisés.

Des morceaux pour travailler le croisement de mains :

Scarlatti : pleins de sonates ont des croisements de mains. Parmi les pas trop dures, il y a la K95, qui me vient à l'esprit. Les sonates de Scarlatti permettront de travailler les trilles également.

J.S. Bach : la gigue de la 1ere partita (BWV 825) : il y a un croisement de main continu pendant tout le morceau. Ça a l'air dur, mais en fait, c'est plus simple qu'il n'en a l'air.

Pour les accords brisés :

Alkan : "les Cloches", extraits des Esquisses, opus 63 no 4. Hamelin l'a enregistré.

Schumann : "Elfe : So rasch wie möglich", extrait de Albumblätter, opus 124. Morceau rarement. Denes Varjon l'a enregistré pour Naxos. Absolument magnifique comme morceau.

Schumann : "Stucklein : Nicht schnell, mit Innigkeit", extrait de Bunte Blätter, opus 99. Richter l'a enregistré. Une petite merveille méconnue.

Donc, si je travaille ces morceaux, non seulement je travaille les difficultés techniques que je rencontre dans la pathétique, mais en plus, j'agrandis mon répertoire. Ce sont des morceaux absolument magnifiques que je prends beaucoup de plaisir à jouer encore aujourd'hui.

Enfin, quand on travaille une sonate de Beethoven, la meilleure préparation possible (sur l'aspect musical, j'entends) est d'avoir travaillé auparavant d'autres sonates de Beethoven. Des sonates plus simples en difficulté par rapport à la pathétique :

Opus 49 no2
Opus 49 no 1
Opus 79 : celle-ci contient des croisements de main dans le premier mouvement. Il y a également de la polyrythmie dans le troisième mouvement (tout comme dans le Rondo de la pathétique).

Avoir travaillé des morceaux du même compositeur au préalable permet de faciliter le travail sur la musicalité je pense. Si on a déjà joué des œuvres du compositeur, on est dans un territoire familier.

Bien sûr, quand je travaille un morceau d'un compositeur, si je peux j'écoute d'autres morceaux du même compositeur pour mieux saisir son univers, son esthétique. Donc, j'écoute les autres sonates pour piano (si c'est pas déjà fait), quatuors à cordes, les concertos, les symphonies pour m'imprégner de son style musical.

Ceci est en revanche plus difficile quand le compositeur est obscur. Comme par exemple, Rebikov. Difficile de trouver des CD pour ce répertoire obscur. Donc, là il faut faire appel à son sens musical, à son imagination.

Donc, après travaillé ces morceaux (l'idéal serait de les avoir tous joués, mais cela demande du temps), je devrais être prêt techniquement et musicalement pour me lancer dans la pathétique.

Bien entendu, comme l'ont déjà souligné quelques membres, c'est une méthode qui demande beaucoup de temps. Elle serait difficile à appliquer pour un morceau qu'on doit préparer pour un concours dans un temps limité. Ça marche très bien pour moi, car j'ai tout mon temps, je ne passe pas de concours, je n'ai pas de concert à préparer. Donc, je peux passer autant de temps que je veux sur un même morceau. Cela peut ne pas marcher pour d'autres personnes.

Je continuerai dans mon prochain message.
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worov
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par worov »

Jean-Luc, merci pour tes commentaires.

Tu as en partie raison quand tu parles de la dictée musicale. Dans les parties rapides, ça peut être difficile, mais on s’y habitue. Si tu ne l’as jamais fait, commence avec un morceau lent. C’est préférable.

Concernant la mémoire qui flanche en public, je ne peux pas me prononcer sur ce sujet, je ne me produis que très rarement en public et les rares fois où cela est arrivé, je n’ai pas eu de trou de mémoire. J'utilisais déjà cette méthode à l'époque. Si tu perds tes moyens en public, cela peut aussi être dû au trac. Également le fait que tu joues sur un instrument dont tu n’es pas familier, cela n'arrange pas les choses bien sûr.


(Certains pianistes transportent leur piano quand ils se produisent en concert : Horowitz, Rubinstein, Zimerman, Schiff. On comprend pourquoi maintenant : c’est pour éviter les trous de mémoire. Ne parlons même pas de Gould qui a arrêté de jouer en concert.)
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JPS1827
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par JPS1827 »

Jean-Luc a écrit :Dans la phase où tu retranscris après avoir vu et analysé la partition, ça ne te t'affranchira pas des trous de mémoire malheureusement (je parle des trous de mémoire qui surviennent en public). J'ai encore une très bonne mémoire, je n'ai quasiment jamais de trous de mémoire chez moi. Mais en public, dans un environnement différent, avec un piano qui sonne différement, un clavier différent du mien, et pour peu que je n'aie jamais eu de répétition dans ces conditions, le trou de mémoire peut survenir car je me laisse surprendre par une sonorité inattendue ou autre. Cela me déconcentre, et boum. D'où l'importance des répétitions dans "les" conditions de la prestation publique. Ce n'est pas toujours possible bien sûr
J'ai exactement les mêmes problèmes. En fait, j'utilise principalement quatre méthodes pas totalement efficaces pour essayer de régler ce problème de déstabilisation par des conditions de jeu différentes associées au trac:
- j'ai remarqué que pouvoir répéter suffisamment longtemps sur l'instrument qu'on va jouer limite les "surprises sonores" et les occasions de déstabilisation, comme tu sembles l'avoir aussi remarqué
- chez moi, je m'entraîne à toutes sortes de surprises, à faire une fausse note à un endroit donné et à me rattraper, à arrêter de jouer la main gauche une demi-mesure et à me rattraper, à taper un cluster à la plce d'un accord puis à continuer comme si de rien n'était, à jouer en marquant un temps d'arrêt entre chaque mesure, la liste de tout ce que j'ai pu inventer est sans fin etc. je m'invente toutes les embûches possibles en essayant de me mettre la pression (sinon, comme toi je n'ai jamais de trou de mémoire chez moi)
- en discutant avec des pianistes, j'apprends que les uns n'acceptent pas de jouer sans avoir pu répéter longtemps sur l'instrument. Pour d'autres, le fait que le son ne soit pas exactement ce qu'ils attendent ne les gêne pas outre mesure, ils ne sont pas très exigeants sur le son qui va sortir (ça rejoint un peu l'époque où ado, personne n'(avait de trou de mémoire à la classe car rien ne nous déstabilisait, étant donné que nos exigences en matière de son étaient bien moindres) ou bien ils sont capables de s'adapter instantanément à n'importe quelle acoustique (le fait d'avoir dû à maintes reprises jouer sur des casseroles dans une acoustique improbable est un élément d'expérience important). J'essaie de m'habituer à "faire avec", mais j'ai du mal.
- enfin la méthode la plus efficace, et dont il ne faut pas se faire un monde, est de mettre la partition. Richter avait fini par le faire, Tharaud le fait, il n'y a pas de raison de se maltraiter soi-même en se stressant autant à jouer par cœur, d'autant que le public se rappelle surtout ce qu'il a entendu (trois semaines après mon dernier concert, où j'avais joué avec les partitions, un auditeur m'a dit : "comment avez-vous fait pour jouer tout cela par cœur", il n'a jamais voulu me croire quand je lui ai dit que j'avais mis la partition sur le piano).

Une autre chose qui peut t'intéresser. Je travaille habituellement pour essayer d'obtenir un certain confort de jeu, pour avoir l'impression de jouer avec facilité. Il y a encore quelques années, je me demandais toujours avant de jouer si "ça allait marcher", et si je ne me sentais pas "confortable" lors du premier contact avec le piano au début d'un concert, je pensais aussitôt que j'allais souffrir pendant tout le concert. Désormais j'ai renoncé à la recherche du confort à tout prix, j'accepte plus de ne pas avoir l'impression de jouer avec une technique parfaite, et paradoxalement cela réussit mieux, je suis plus en prise, n'attendant plus rien du piano et/ou de la salle, et donc moins déstabilisé. Le chemin est encore long cependant …
bertrand
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par bertrand »

Bonjour

Pour en revenir a la séance d échauffement, en début de seance, Andras Shiff a une position très nette.
Dans ce merveilleux documentaire de la BBC : The greats composers consacré cette fois-ci à Bach, il explique entre autres que tous les matins (il cite aussi Mozart, Chopin, Beethoven et Shumann pour la pratique quotidienne du cbt ) il joue quelques préludes et fugues du CBT non seulement par passion (qu il décrit superbement) mais aussi pour s'échauffer au lieu de stupides exercices (je le cite).


Ce documentaire est en 8 parties
Voici le lien de la partie 4 ou Andras shiff intervient à la 5 mn 32s
http://www.youtube.com/watch?v=c-5HrkzyIpU
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bach_addict
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par bach_addict »

bertrand a écrit : Pour en revenir a la séance d échauffement, en début de seance, Andras Shiff a une position très nette.
Dans ce merveilleux documentaire de la BBC : The greats composers consacré cette fois-ci à Bach, il explique entre autres que tous les matins (il cite aussi Mozart, Chopin, Beethoven et Shumann pour la pratique quotidienne du cbt ) il joue quelques préludes et fugues du CBT non seulement par passion (qu il décrit superbement) mais aussi pour s'échauffer au lieu de stupides exercices (je le cite).
et bien le jour où j'aurai le niveau pour m'asseoir le matin au piano et ressortir, de mémoire, des préludes et fugues à 3,4 ou 5 voix du CBT, j'envisagerai certainement une autre manière de me chauffer les doigts que de faire des "stupides" exercices. Et en attendant que ce jour arrive...

c'est marrant de prendre systématiquement comme référence le mode de travail des pros alors qu'on est amateur. Un pro a des milliers d'heures d'instruments à son actif et il n'a plus les mêmes besoins que 99.9% des pianistes.
Mais bon, y a déjà eu un débat sans fin sur le sujet, et à chaque fois on va nous ressortir un documentaire sur Alfred Tartempion, CNSMP, qui a enregistré une intégrale Beethoven et Liszt, et qui nous explique qu'il ne fait jamais d'exercices, et qu'il se contente de jouer la Campanella le matin pour s'échauffer. Ok on a compris merci :wink:
« L'inconvénient du piano, c'est que chaque bonne note est située entre deux mauvaises. » A.Schnabel
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worov
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par worov »

Alors sur le sujet de l'échauffement, je vais encore dire quelque chose qui va peut-être surprendre certains : je ne m'échauffe pas. Quand j'arrive devant mon piano, je ne joue pas de gammes, pas d'exercices, je commence par les morceaux directement. Si je joue un prélude ou une fugue du "Clavier" de Bach, ce n'est pas dans le but de m'échauffer, je le joue parce que ça fait partie de mon répertoire que je travaille en ce moment.
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bach_addict
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par bach_addict »

worov a écrit :je vais encore dire quelque chose qui va peut-être surprendre certains : je ne m'échauffe pas. Quand j'arrive devant mon piano, je ne joue pas de gammes, pas d'exercices, je commence par les morceaux directement.
Ca ne me surprend pas vu ce que tu as écrit jusqu'ici.
Le problème avec ça c'est qu'un jour on se fait une tendinite parce qu'on a attaqué à froid une trentaine de fois de suite un morceau trop technique pour son niveau (exemple un certain impromptu de Schubert qui est facile à déchiffrer mais radical pour des mains non entraînées...).
Et la tolérance aux efforts physiques brutaux (type étirement) diminue avec l'âge. De mon expérience perso, je sais qu'un étirement brusque à froid toléré à 20 ans ne l'est plus nécessairement à 25 ou 30 ans. Et j'imagine que ça ne va pas en s'arrangeant...
En tous cas, avant je ne m'échauffait pas et je me faisais souvent mal. Depuis 6 mois que je pratique systematiquement un échauffement, plus jamais mal, et pourtant je joue 2 fois plus qu'avant...
« L'inconvénient du piano, c'est que chaque bonne note est située entre deux mauvaises. » A.Schnabel
bertrand
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par bertrand »

Bach Addict

J avais mis ce lien afin d étoffer le debat sans avoir émis d avis sur la question et me faisait une joie de participer à ce forum que je parcours depuis quelques années.

Puisque vous avez pris le soin de me repondre, je me permets de faire quelques observations. Je vous trouve très agressif dans certaines de vos interventions avec des reponses souvent péremptoires et sans nuances . Personne ne vous reproche de faire systematiquement réference à votre professeur (si excellente soit-elle) ou a certains livres bien que cela peut faire sourire surtout quand vous donnez votre avis avec cette delicatesse toute particulière de l amateur éclairé voir très sur de lui.
Pourquoi intervenez-vous de cette maniere si meprisante ? Si cela avait ete Bergamotte ou Nash, auriez-vous repondu comme cela ?
Vous êtes un ancien de ce forum . Je m attends donc à des reponses ironiques et expeditives. vous aurez donc le dernier mot.
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BM607
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par BM607 »

De mémoire Chopin (le professeur) recommandait à ses élèves (vous et moi, quoique moi je n'ai jamais pris de cours avec lui) de jouer le CBT plutôt que des exercices.

Il faudrait que je retrouve les citations, j'ai un peu la flemme.

Pour lui-même, à son niveau, il faisait ce qu'il faisait (peut-être les Goldberg une main attachée dans le dos ?).

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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par nox »

BM607 a écrit :De mémoire Chopin (le professeur) recommandait à ses élèves (vous et moi, quoique moi je n'ai jamais pris de cours avec lui) de jouer le CBT plutôt que des exercices.
Je ne sais pas si c'est exactement "plutôt que des exercices". Je crois que c'était juste :
"Jouez Bach tous les jours et vous serez sûrs de progresser" (mais à confirmer)
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Oupsi
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par Oupsi »

C'est un débat sans fin.

J'aurais tendance à dire que deux choses se superposent: le désir de rationaliser le travail, pour des amateurs qui n'ont pas beaucoup de temps à consacrer à leur instrument, et la croyance que cette rationalité fait progresser.
Je m'explique: l'échauffement, c'est assez subjectif. On peut s'échauffer avec ce qu'on veut, ce qui compte c'est qu'à ce moment l'attention du pianiste est en mode "échauffement" et qu'il va donc, d'une part, éviter des étirements de fou avant de ressentir le confort musculaire qui autorise ces étirements, et d'autre part, se concentrer davantage sur cette préparation, jusqu'à ressentir que ça y est, il peut passer à un travail plus global.
La rationalisation du travail, c'est autre chose, si on a le caractère et l'ambition pour ça, on peut tout rationnaliser de manière très rigoureuse et approfondie, l'échauffement, le déchiffrage, la lecture, la technique, la mémoire, l'interprétation, absolument tout.
Un pianiste peut rationnaliser à outrance, voire couper les cheveux en quatre, et y trouver son compte parce que ça fait partie de son caractère, du plaisir qu'il a à faire de la musique, et parce que la musique, dans son infinie bonté et richesse, offre des horizons intéressants pour cette approche là aussi, qui a fait ses preuves en termes d'efficacité lorsqu'elle est pratiquée avec conviction.
D'autres pianistes fonctionnent davantage (et parfois tout aussi efficacement) à l'instinct, ou à la sensation, et découvrent des choses de manière inattendue en travaillant, en explorant et en expérimentant, et petit à petit se forgent une sorte de méthode subjective et empirique, qui se superpose à celle que l'on apprend avec un prof.

Mais, dans tous les cas, ce qui nous fait progresser, ce sont les heures au piano.
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JPS1827
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Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par JPS1827 »

Bravo pour ces remarques, Oupsi, qui rejoignent parfaitement ce que je ressens devant l'instrument.
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bach_addict
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Enregistré le : lun. 27 déc., 2010 18:46

Re: Comment travaillez-vous vos morceaux ?

Message par bach_addict »

bertrand a écrit :Bach Addict(...)Je vous trouve très agressif dans certaines de vos interventions avec des reponses souvent péremptoires et sans nuances
je suis bien d'accord avec vous et je suis bien pire en vrai, ceux qui me connaissent ici vous le confirmeront :mrgreen:
« L'inconvénient du piano, c'est que chaque bonne note est située entre deux mauvaises. » A.Schnabel
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