Au départ, ce piano a séduit unanimement les membres du forum, pour son velouté et sa palette de couleurs. En ce qui me concerne, écouter votre piano fut même une révélation: c'est l'une des rares fois où j'ai ressenti une émotion à l'écoute d'un Bösendorfer.
Si je devais comparer mon expérience des Bösendorfer et Steinway, je dirai ceci:
-la démarche du pianiste sur Bösendorfer passe par l'apprivoisement des couleurs propres à l'instrument, le recours au jeu en "son naturel"; il est difficile de fabriquer son propre son mais on peut apprendre à utiliser celui que le piano offre;
-la démarche du pianiste sur Steinway est toute autre; ici on fabrique sa sonorité, on vient avec sa propre palette de couleurs, et le piano offre tout ce qu'il faut pour les exprimer (et même plus encore).
A mon sens, les marteaux de votre piano avaient une "mollesse positive" qui manque à bien des Bösendorfer!
Aussi, après le passage de votre accordeur, le son est plus "conforme" à l'image que l'on se fait d'un Bösendorfer, assez métallique, attaque franche, et ce son très ouvert et constant. C'est un peu l'empreinte de la marque que l'on a rendu à votre piano.
Cela me semble par ailleurs fort bien réalisé, et votre technicien est un orfèvre! (Pour l'Una Corda, rien de grave mais c'est délicat: il faut vérifier les jours de marteaux, et piquer autrement certaines notes)
Intervenir à ce point en profondeur sur l'harmonisation d'un instrument change forcément des choses sur le caractère du piano. C'est d'ailleurs sur un coup de coeur que vous aviez choisi ce piano, et sans doute pour sa richesse expressive (étant donné votre jeu raffiné). Aussi est-il important que l'instrument soit le prolongement de la pensée et du ressenti musical
En tous cas, si ce piano était le mien, je crois que séquestrerais mon accordeur jusqu'à ce que je retrouve cette couleur "nocturne" et ce moelleux qu'il avait au départ (tout en conservant un peu de la diction qu'il a retrouvée)!
Non, je ne suis pas à ce point casse-pieds, mais pas loin tout de même...
