Oui, superbes portraits. Il pourrait croquer le passant à la place du Tertre. Privilège réservé à quelques élus.
J'ai fait l'expérience du piano de gare et je peux vous dire qu'à Marseille, l'an dernier, y étant restée coincée 5h pour mon train, j'ai fait une super rencontre avec un autre amateur venu pianoter (car n'ayant pas de piano dans son appart), il jouait du jazz, je trouvais ça super, et lui avait aimé mon Nocturne 37.1 de Chopin, on est restés presque 3h, et c'est top parce qu'on a découvert qu'on avait eu la même appréhension de malade avant de jouer (à l'aller j'avais lorgné sur le piano mais n'avais pas osé essayer de jouer malgré mes 2h à tuer, et je me serais mise des baffes pour être si stressée). Et puis on a vu des jeunes qui nous regardaient, on a senti qu'ils n'osaient pas non plus, et on les a encouragés, bref, c'était sympa de s'entraider et de se booster entre timides... Jusqu'à ce que quelques SDF viennent avec des bières prendre position... L'un d'eux s'est installé sur la banquette et a joué et chanté (en postillonnant énormément "Aïcha"), au début j'ai trouvé ça touchant, humainement poignant de voir que seule la musique restait chez cet homme qui avait tout perdu sans doute, mais quand ils se sont mis à taper sur les touches, crier sur les gens, et prendre le haut du piano pour un comptoir de bistrot, bof. Mon "nouvel ami" m'a dit qu'ils revenaient tout le temps, que c'était pas possible de jouer tranquille, en fait c'était devenu l'un de leurs coins. Il y a peu, je suis retournée dans cette gare. Idem. Même chanson, mêmes personnes imbibées d'alcool, et piano avec des touches fracassées. Les gens un peu pris en otage : dommage car il y a des bancs en bois en demi cercle, ça pourrait être convivial. Mais je me suis assise sur ma valise, car les murs sentaient la pisse. Bref, je suis partie, personne n'osant jouer, car le piano était devenu inaccessible. Une petite fille avait l'air effrayée par ce spectacle. C'est clair. Du coup je peux dire que les pianos de Lyon Part Dieu à côté c'est du caviar !
Mais je garde un souvenir inoubliable de ce piano à Marseille la 1ère fois qui m'a sortie de mon trac.
A Part Dieu un couple est resté tout le temps que j'ai joué la Polonaise 26.2, et m'a remerciée. Le plus beau cadeau. Et une petite fille et sa soeur m'avaient regardée tout le long du Clair de Lune, et m'avaient fait un compliment, peu importait l'imperfection de la prestation, ce qui comptait c'était un peu de musique dans ce monde tjs en mouvement. Et surtout, les regards, les sourires échangés. C'est ça le plus beau je trouve.
Et oui, je trouve ça plus facile de jouer quand il y a des inconnus qui circulent que dans une salle silencieuse avec des gens qui s'y connaissent.