Re: Fil de Spianissimo (Scriabine - Poème Opus 32 n°1)

[Martipilami]

Martipilami m'a donné envie de me replonger dans ce nocturne (merci ), j'ai tout d'abord eu envie de le jouer, puis de le réenregistrer au final.
Il y a 2 ou 3 petites pétouilles qui me dérangent un peu mais je suis globalement satisfait de cet enregistrement, qui correspond à ma vision de la pièce. Comme pour l'étude de Scriabine, je ne suis pas trop revenu sur Chopin depuis que je suis passé au quart de queue...et je me rends compte que je vais pouvoir améliorer l'expressivité de certaines pièces, comme ce nocturne.
N'héistez pas à me faire un retour pour celles et ceux qui prendront le temps d'écouter.

Ravie de t’avoir donné envie de reprendre ce nocturne que je trouve très beau sous tes doigts. Bravo. J’ai juste trouvé que parfois ta MG était trop présente, c’est le ressenti que j’ai eu et je me permets de t’en faire part, même si je ne me sens pas très légitime à donner mon avis, vu mon niveau.

[Aurele27]

J’ai aussi passé un très bon moment à t’écouter sPiani.
C’est beau, ça chante, ça coule de source, bravo et merci à Martine de t’avoir donné envie de le reprendre. C’est vrai qu’on se fait vraiment plaisir sur un piano à queue.

[Spianissimo]

Chouette Spiani de t'être replongé dans ce nocturne et bravo
PM est un bon moteur d'émulation, surtout quand deux personnes (ou plus) travaillent le même morceau en même temps.
Comme retour, même si je sais que chacun donne un peu la conduite qu'il veut, je trouve qu'il y a parfois trop de flottements dans ta pulsation de MG. Dans "Chopin vu par ses élèves" Wilhem Von Lenz, un élève de Chopin, rapporte que Chopin aimait bien dire (phrase que tu connais sûrement) : "La main gauche, c'est le maître de chapelle, elle ne doit ni céder, ni fléchir. C'est une horloge. Faites de la droite ce que vous voulez et pouvez."
En fait, cette phrase, on y fait souvent allusion pour expliquer ce qu'est le tempo rubato. Et tous les élèves de Chopin ont rapporté que son jeu se caractérisait par une stabilité rythmique parfaite de la main gauche, tandis que le cantabile au-dessus pouvait dessiner des volutes, et s'empresser quelque peu ou ralentir. La MG fixe le tempo sur lequel se placera la MD, qui elle a une liberté énorme de se placer sur l'espace comme elle le veut.

La difficulté bien sûr que tu connais, c'est comment aussi faire sonner cette MG avec ses temps forts et temps faibles. Et là, le geste est essentiel.

Merci de ton retour Christof, j'ai bien conscience de tout ça et c'est ce que j'ai essayé de faire.... mais il y a parfois un monde entre ce que l'on à l'intention de faire.....ce qu'on croit faire....et ce qu'on fait réellement...

[Spianissimo]

Ravie de t’avoir donné envie de reprendre ce nocturne que je trouve très beau sous tes doigts. Bravo. J’ai juste trouvé que parfois ta MG était trop présente, c’est le ressenti que j’ai eu et je me permets de t’en faire part, même si je ne me sens pas très légitime à donner mon avis, vu mon niveau.

Merci beaucoup de ton retour Martipilami, tout le monde est légitime pour donner son avis et son ressenti, il n'est pas question de niveau technique pour avoir la légitimité pour commenter, bien au contraire, et puis, il y a des avis techniques et des avis de mélomanes (qui sont tout aussi importants).
Je t'avoue que j'ai pourtant bien essayé de faire attention à l'alléger au max cette main gauche.
A la réécoute, je ne sais pas si je peux faire mieux à ce niveau-là. En revanche, il me semble que je pourrais sans doute faire mieux sur la gestion de la pédale qui pêche parfois à quelques endroits...

[Spianissimo]

J’ai aussi passé un très bon moment à t’écouter sPiani.
C’est beau, ça chante, ça coule de source, bravo et merci à Martine de t’avoir donné envie de le reprendre. C’est vrai qu’on se fait vraiment plaisir sur un piano à queue.

Merci de ton écoute et retour Aurèle ! Oui, le quart de queue ouvre d'autres dimensions, et du coup, ça me donnerais envie de refaire tout ce que j'ai pu enregistrer sur un droit, mais je ferai ça au fur et à mesure...

[fritz]

Une belle interprétation, peut-être en plus des conseils de Christophe essayer d'alléger un peu la pédale également, tu n'es pas aidé par l'acoustique de la pièce ceci dit mais on y gagnerait un peu en clarté. Peut-être subjectif ceci dit, plus ça va moins j'essaye d'en mettre

[quazart]

C'est une belle version, bien chantée, mais il y a quelques pétouilles :
La pédale qui noie un peu le discours et la main gauche un peu (vraiment peu) trop présente, ça a été dit.
La ligne de chant est à mon goût trop alanguie - mais c'est une question de goût uniquement !
Sur le temps fort tu as tendance à légèrement désynchroniser la main droite qui est souvent un tout petit peu en retard. C'est vraiment très léger comme décalage mais ça contribue à la sensation d'alanguissement.

[wincher01]

Sur le temps fort tu as tendance à légèrement désynchroniser la main droite qui est souvent un tout petit peu en retard. C'est vraiment très léger comme décalage mais ça contribue à la sensation d'alanguissement.

N'est-ce pas inévitable s'il essaie de faire du rubato comme Christof l'a décrit ? J'ai remarqué cela aussi mais j'imagine que c'est volontaire car quasi systématique dans la vidéo de Spiani (que je remercie pour avoir posté cette douce musique)

[fritz]

Cortot le faisait quasi systématiquement ça, je trouve que ça peut fonctionner mais c'est compliqué de le faire bien (comprendre pas trop souvent et de façon à ne pas donner l'impression d'une hésitation)

[quazart]

N'est-ce pas inévitable s'il essaie de faire du rubato comme Christof l'a décrit ? J'ai remarqué cela aussi mais j'imagine que c'est volontaire car quasi systématique dans la vidéo de Spiani (que je remercie pour avoir posté cette douce musique)

Il n'y a bien sûr pas de règle écrite... mais décaler une main sur un temps fort crée un déséquilibre. A mes oreilles, ça donne (quand c'est appuyé) un effet maniéré que je trouve désagréable, et pas du tout dans l'esthétique de Chopin.
Dans le jeu de Spiani c'est trop peu marqué pour être gênant !

[quazart]

Cortot le faisait quasi systématiquement ça, je trouve que ça peut fonctionner mais c'est compliqué de le faire bien (comprendre pas trop souvent et de façon à ne pas donner l'impression d'une hésitation)

Cortot c'est un peu : "faites ce que je dis et pas ce que je fais"...

[fritz]

C'est peut-être blasphème mais je n'aime pas du tout Cortot en tout cas dans Chopin, c'est très ampoulé comme style

[Marcel Patulacci]

Très beau Nocturne Spianissimo !!!

Tout en douceur, bien dans l'ambiance de ce morceau.

Juste un ou deux détails, notamment le rythme des notes répétées MD vers 2'00 qui m'a un peu interrogé, mais je n'ai pas la partition sous les yeux.

J'ai remarqué aussi que tu as les mains qui sautillent un peu ! Cela dit, ça n'affecte pas ton jeu qui reste très bien dosé

[Spianissimo]

Merci Fritz, Quazart, Wincher et Marcel pour votre passage et vos commentaires.
Je n'aime pas trop le jeu de Cortot non plus, bof, vous savez, je suis assez intuitif comme garçon, à savoir que mon jeu ne résulte ni d'un calcul, ni d'une volonté, ni même d'un vrai apprentissage....puisque j'ai appris en très grande partie seul.... il résulte plutôt d'un ressenti émotionnel que j'essaie de traduite en intentions et en musique, en faisant avec mes moyens techniques et défauts. Si je suis old fashion ou suranné dans mon jeu sur ce nocturne, j'assume, en tout cas, à 2 ou 3 exceptions près ou mon manque de maîtrise parle plus que mes intentions, ça correspond en gros et sur la majeure partie à ce que je veux exprimer à la réécoute. Ceci dit, je retiens vos remarques et y penserai lorsque j'y reviendrai. Il faut dire que je préfère jouer Chopin maladroitement en essayant de transmettre des émotions plutôt que de le jouer droit et sans aucune émotion, l'idéal étant bien entendu de combiner les 2 Je crois en fait que je ne sais pas jouer Chopin dans le texte tout en traduisant la puissance émotionnelle contenue dans cette musique, c'est sans doute la différence entre un vrai artiste et le petit artisan que je suis, et puis, j'ai du mal à me détacher de pathos, mon fidèle compagnon à 4 pattes me suit presque partout dans Chopin j'ai essayé de couper sa laisse mais il me suit partout....impossible de m'en débarrasser...

[quazart]

Il n'y a rien de blasphématoire à dire qu'on n'aime un artiste ou son jeu !!
Son jeu ampoulé et emphatique ne me plait pas trop non plus, sauf dans les Etudes qui sont vraiment belles.
Pour ma part, je n'aime pas trop Horowitz sauf dans les oeuvres clinquantes qui lui vont bien... j'en ai pas mal d'autres.. (sur demande )
L'homme Cortot était infâme, son oeuvre de pédagogue par contre est impressionnante, même si elle obsolète. Après tout, Liszt lui même n'a pas vraiment fait école, alors...

[fritz]

L'homme Cortot était infâme

Ah oui ? Du genre à commenter les petites filles qui font du poney ?

[Ninoff]

« Je n'aime pas trop le jeu de Cortot non plus, bof, vous savez, je suis assez intuitif comme garçon, à savoir que mon jeu ne résulte ni d'un calcul, ni d'une volonté, ni même d'un vrai apprentissage....puisque j'ai appris en très grande partie seul.... i »

Bonsoir Spianissimo,
C’est plutôt remarquable d’arriver seul à ce niveau.
Tes intentions sont très bonnes, et résulte une qualité émotionnelle indéniable.
Pour les petits défauts, il y en a peu, je verrais juste à être + précis avec la pedale et peut-être un peu moins et comme Quazart rétablir les petits décalages entre les 2 mains.
Mais j’imagine que tu l’a joué et enregistré presque instantanément.
Je suis toujours épaté par les gens comme toi autodidacte, et capable de jouer aussi bien.
Tu es un vrai musicien, bien plus doué que nous autres , depuis l’aube de notre jeunesse accompagnés par de nombreux professeurs.
Merci du partage de ta passion

[elenajalan]

Un Nocturne personnel comme toujours dans tes interprétations, cristallin et qui raconte beaucoup de choses. Difficile de jouer un Nocturne si célèbre. Mais quand il émane de l'être musical profond, il est sans cesse renouvelé, toujours aussi "neuf". En cela, la musique dit quelque chose, au-delà du beau.
Pas mal, le petit toutou Pathos ! Moi qui adore les figures d'analogie, celle-ci m'a bien amusée.
Quant à Cortot, je ne le connaissais pas plus que cela (ignare que je suis, je vois bien que tout le monde cite ses éditions avec ferveur et sans doute avait-il ce talent de musicien) mais quand je vois son lien avec la politique de Vichy, tout de suite, ça me débecte et je n'ai plus envie d'approfondir davantage quoi que ce soit le concernant, aussi "artiste" fût-il. Il est des choses qui entachent tout le reste.... Quant à l'allusion au G.D. (cf le héros de Reiser pour les plus raffinés d'entre nous ) sur le coup, là non plus pour une fois je n'ai pas trop envie de rire, désolée, fallait que je le dise Allez, musique !

[quazart]

L'homme Cortot était infâme

Ah oui ? Du genre à commenter les petites filles qui font du poney ?

Ca, je ne sais pas...
Pour situer le caractère du bonhomme, il a lâché un jour à Vlado Perlemuter qu'il a eu dans sa classe, "peut-être que dans trente ans vous jouerez cela convenablement" au sujet de la Fantaisie de Schumann. Classe le mec. Par la suite il l'a beaucoup mieux considéré, mais pas au point de lui venir en aide pendant la guerre lorsque Perlemuter a dû se réfugier en Suisse pour échapper aux lois antisémites. Idem pour d'autres de ses élèves juifs.
Il est allé tout seul comme un grand à Vichy, pour servir la musique sans doute, et la propagande pétainiste, sans états d'âme. Bouffi d'orgueil, soucieux de gloire et d'honneurs... bref.

Dans ses éditions de travail, ce grand spécialiste de Chopin a glissé quelques incongruités destinées uniquement à l'effet, que personne à ma connaissance n'utilise (coupure de la moitié de la mazurka centrale dans la Polonaise op44, modification des basses dans les codas de l'étude 25/11 et du finale de la sonate op 58, il y en a peut-être d'autres...)
Dans l'édition des préludes op28, lui qui soutient qu'il ne faut pas donner de sous-titres aux oeuvres de Chopin en affuble un à chaque prélude, une vraie collection de perles mais c'est juste pour stimuler l'interprète

[axolotl]

Ah oui ? Du genre à commenter les petites filles qui font du poney ?

Ca, je ne sais pas...
Pour situer le caractère du bonhomme, il a lâché un jour à Vlado Perlemuter qu'il a eu dans sa classe, "peut-être que dans trente ans vous jouerez cela convenablement" au sujet de la Fantaisie de Schumann. Classe le mec. Par la suite il l'a beaucoup mieux considéré, mais pas au point de lui venir en aide pendant la guerre lorsque Perlemuter a dû se réfugier en Suisse pour échapper aux lois antisémites. Idem pour d'autres de ses élèves juifs.
Il est allé tout seul comme un grand à Vichy, pour servir la musique sans doute, et la propagande pétainiste, sans états d'âme. Bouffi d'orgueil, soucieux de gloire et d'honneurs... bref.

Il dira en 1943 : « la révolution du Maréchal ne sera pas lettre morte pour la musique française. »

L'invitation de Furtwängler et les concerts en Allemagne n'avaient aucun contenu politique explicite mais Cortot, comme Furtwängler, est « totalement inconscient» de l'immense portée symbolique de l'événement : Cortot devient ainsi le premier musicien français à jouer en Allemagne depuis l'armistice et pour tous ceux, officiels nazis ou collaborationnistes français, qui souhaitent une forte collaboration entre les deux pays, ces tournées sont du pain bénit. Le fait que les officiels allemands étaient prêts à tout pour l'envoyer jouer en Allemagne est prouvé par le fait que Cortot réussit à obtenir d'Otto Abetz, l'ambassadeur de l'Allemagne à Paris, en échange de ses concerts, la libération de trente musiciens d'orchestre et même l'« aryanisation d'honneur » de musiciens juifs français. (Wikipedia)

J'ai appris un truc: lorsqu'on était juif durant cette période, on pouvait être “aryanisé” de façon officielle et réglementaire ainsi de cette façon... pour Vichy et les Allemands, on n'était plus du tout juif.
On était passé de l'autre côté de la ligne de démarcation.