Caralire a écrit :Pour revenir à la masterclass, je me suis posée une question en lisant ton compte-rendu Okay : faut-il maîtriser la théorie des tonalités pour comprendre ce que dit Rena Shereshevskaya?
Elle donnait parfois des éléments théoriques, en nommant des accords ou des degrés, mais le fait de ne rien y connaître n'a en rien limité la compréhension de son message.
arg a écrit :@Okay: je reviens à "horizontalité-verticalité": est -ce que penser davantage de richesse en verticalité revient à entrer mieux dans l'espace de la composition ? et par là à appréhender autrement l'univers construit par le compositeur ? ou est-ce encore autre chose ?
Entrer et appréhender autrement l'univers et composition, oui il y a de ça. Mais comme elle le disait, elle est très consciente que son analyse n'affirme pas que les compositeurs pensaient à ces éléments là précisément, même si "Chopin réfléchissait beaucoup". Un peu lorsqu'on commente des poèmes sous toutes leurs coutures en cours de français au lycée, et que les auteurs seraient sûrement surpris de tout ce qu'on trouve à raconter sur leurs vers. Cependant, son prisme d'analyse est le langage musical (ce qu'elle appelle le "dictionnaire du musicien"), si bien que tout ce qu'elle relève n'est que conséquence et décodage de l'utilisation de ce langage.
Autrement dit, lorsqu'on écrit dans notre langue maternelle, on utilise plein de procédés stylistiques et rhétoriques de manière bien involontaire puisqu'on a intégré l'usage de notre langue. Cela n'empêche pas qu'il serait possible de nommer et analyser plein de choses dans n'importe quel texte utilisant les codes de la langue en question.
Par exemple, en lisant un poème, on sera peut-être sensible de manière inconsciente que la sonorité de telle rime renforce le sujet ou l'émotion des vers, ou bien qu'une allitération en "l" permet d'évoquer un univers aquatique plus efficacement. Le fait d'avoir conscience de ce procédé changerait certainement notre lecture à haute voix, nous ne pourrions plus passer sur les syllabes avec des "l" avec un ton indifférent. En musique c'est pareil, sauf qu'on recours à l'observation de l'harmonie, du contrepoint, des accents... je commence même à me dire que mon regard sur Bach va s'en trouver considérablement enrichi, et paradoxalement, d'une dimension émotionnelle supplémentaire.