Aurele27 a écrit : ↑jeu. 13 janv., 2022 7:33
Super de reprendre le classique !
Mais comme tu as beaucoup de temps actuellement, et que tu peux faire plusieurs heures de piano par jour, pourquoi ne pas simplement scinder en deux par jour ?
D’ailleurs, dans les faits j’ai l’impression que c’est un peu ce que tu fais, non ?
Merci Aurèle pour ton message.
Oui, c'est un peu ce que je fais, mais c'est seulement parfois. En tous cas, je vais me tenir à un jour sur deux, et ensuite voir si je peux scinder en deux par jour.
Danaus a écrit : ↑mer. 12 janv., 2022 8:52
Je serais intéressé par votre retour sur ce nouvel emploi du temps. Comme tout ceux qui pratiquent jazz et classique je suis un peu à court de temps et je n'ai jamais essayé cette répartition. Merci d'avance...
De mon côté, il faut savoir que je suis depuis quelque temps en retraite, et donc que je n'ai plus aucune contrainte de temps et peut disposer à loisir de nombreuses heures pour travailler le piano.
Au tout début, cela a été comme une frénésie... Je pouvais y passer presque toute la journée. Mais depuis je me suis discipliné, et je passe pas mal de temps en balade. Je prends le temps de marcher, et c'est bien plus constructif (pas mal d'idées me viennent d'ailleurs en marchant).
Je me suis aperçu que travailler de nombreuses heures était pour moi contre productif, spécialement en ce qui concerne le classique. En effet, si je peux passer plusieurs heures à jouer en improvisant, et là aucune fatigue (au contraire, c'est comme si je gagnais à chaque fois plus d'énergie), il n'en va pas de même quand je n'improvise pas.
Du coup, j'avais tendance à travailler un peu, mais très vite aussi à vouloir retourner à l'improvisation.
C'est pour cela que je me suis fixé jazz et classique, un jour sur deux.
En effet, pour moi, travailler la musique classique fait appel à une tournure d'esprit bien différente. Il y a une partie du travail jazz qui rejoint bien sûr le classique - la recherche d'une précision - mais j'ai beaucoup plus de facilité en jazz. Sûrement parce qu'au départ, j'ai tout appris à l'oreille. Tout cela me paraît bien plus naturel. Autant je déchiffre très aisément la présentation "mélodie grille" du jazz, autant je suis un piètre déchiffreur pour les partitions classiques.
Du coup, je compartimente. Le jour où j'endosse l'habit "classique", je passe moins de temps au piano (quand je dis moins, cela peut-être deux heures tout de même). Je n'organise pas le travail de la même façon que pour le jazz (où là, cela peut m'arriver de jouer quatre heures, voire plus).
La première chose que je me dis c'est : "j'ai toute ma vie (enfin ce qu'il en reste) pour arriver à jouer ce morceau". Donc, n'est pas pressé. Je commence par passer un temps infini sur le travail des MS. Je m'applique à jouer la MG comme si le morceau était uniquement un morceau écrit pour la MG. Pareil ensuite pour la MD.
Lorsque je passe aux mains ensemble, je découpe le travail. Sans d'abord jouer, je repère ce qui me semble vraiment difficile. Cela peut-être un passage d'une mesure ici, d'une autre là. Et je ne travaille que cela. Ensuite,je travaille le passage de la mesure d'avant à cette mesure-là, puis aussi la mesure qui suit.
Seulement alors, je commence par le début, jouant très lent, mais en m'appliquant à mettre en place tout de suite toutes les nuances (le fait d'avoir énormément travaillé les MS est une aide car je sais ce que je dois entendre). Si je n'entends pas alors le bon résultat pendant que je joue les deux mains, je travaille jusqu'à y arriver. Je me pose aussi plein de questions alors pour comprendre pourquoi cela ne marche pas, où est le problème (doigté ? problème qui vient de MG ? de la MD ? Des deux ? rythme non compris ? etc. ). Pour certains passages, je sais aussi que le jeu lent n'est pas forcément adapté pour vraiment comprendre : à ce moment-là, je travaille le passage à la bonne vitesse (en tous cas à une vitesse soutenue pour mieux sentir le geste).
Je ne passe pas d'un mouvement à un autre, avant que celui que j'ai travaillé soit nickel (et cela peut prendre un temps certain). Puis, lorsque je commence un nouveau mouvement (par exemple dans la sonate Beethoven), je refais exactement le même travail. En recommençant le nouveau mouvement à un tempo très lent. En oubliant la pulsation du premier mouvement (l'ensemble de la conduite se travaillera après, une fois les 3 mouvements mis en place).
Pour la toccata, j'ai coupé : d'abord travail de toute la première partie (celle avant la fugue), et pareil, travaillé d'abord les passages qui sont difficiles. Pour la fugue, j'y vais petit bout par petit bout, mélangeant les voix. Jouant une, chantant l'autre... J'y vais par partie. N'avançant pas tant que cela ne fonctionne pas, du moins lent.
L'objectif avec le classique est pour moi d'arriver à une meilleure précision sur chaque note, une meilleure façon d'organiser la conduite, de prévoir aussi l'échelle dynamique que je peux atteindre entre le son le plus piano, et le plus forte. Cela me sert ensuite pour le jazz, qui fait appel aussi pour moi à bien d'autres choses.
Et au final, si tout va bien, mon objectif est de retrouver alors, quand je joue du "classique", les mêmes sensations de liberté que j’aie lorsque j'improvise. Et cela peut vous paraître fou, je pourrais rester une vie à travailler sur le même morceau sans me lasser (nb : je travaille d'ailleurs toujours au moins une fois par semaine la Gavotte de Rameau et je suis encore loin de ce que je voudrais...)
Danaus, je ne sais pas si cela répond beaucoup à votre question ? Et si ce que je raconte est vraiment intéressant... J'ai un peu l'impression d'enfoncer des portes ouvertes dans mon message ? Chacun à sa façon propre de fonctionner aussi.
En tous cas, si vous avez peu de temps pour travailler, ne travailler que ce qu'on ne joue pas très bien dans la partition... Du moins toujours commencer le travail par cela, lorsqu'on a toute son énergie disponible. Et ne jamais lâcher tant qu'on n'est pas arrivé à régler chaque problème.