Jean-Luc a écrit :
Un ritenuto même suivi d'un accelerando n'est pas du rubato. Il suffit d'écouter pour comprendre.
Le rubato est lié à l'écriture, comme c'est souvent le cas chez Chopin, ou est une volonté du compositeur, comme c'est le cas chez Debussy par exemple.
Chez Chopin c'est, en quelques sortes, pour imiter la voix avec ses inflexions. Chez Debussy (Clair de Lune) c'est pour donner une atmosphère (ethérée par exemple). Déjà ce n'est pas la même chose.
Dans la musique plus ancienne, comme chez Bach, le style d'écriture ne se prête pas au rubato. On peut ralentir ou accélérer, mais ce n'est pas du rubato. De même pour Mozart, je n'entends jamais de rubato dans sa musique; j'ai pourtant de bonnes interprétations : Pires, Schiff, Zacharias...
Comme je le disais hier, le rubato est une nuance qu'il faut ressentir, et généralement si on a une culture musicale suffisamment solide (ce qui est ton cas, je n'en doute pas), il sera toujours utilisé à bon escient et sans faute de style. Le rubato s'applique aussi si sur la partition il y a marqué "senza rigore"
Le rubato est une forme volontaire d'un manque de rigueur, d'un sentiment de liberté, ce qui ne peut pas exister chez Bach. Ca ne veut pas dire que l'on doit jouer Bach mécanniquement, mais les nuances sont plutôt des respirations.
Pff, c'est compliqué à expliquer finalement. Si j'ai le temps, je posterai des exemples.
Mais déjà, pour moi, le rubato est étroitement lié à l'écriture. Bach n'écrit pas comme Chopin, qui n'écrit pas comme Mendelsohn, qui n'écrit pas comme Debussy.
Seul le rubato de Liszt se rapproche le plus de celui de Chopin, et encore, ce n'est pas sytématique.
Ah

merci c'est deja un peu plus concret et ca va pouvoir relancer un peu le débat.
Ce qui ressort de tout cela, c'est que le rubato est avant tout affaire de ressenti et d'écriture.
J'ai bien entendu convenu tres tot que le rubato est différent pour chaque compositeur, que le rubato de Chopin est particulier, et bien différent de celui de Debussy.
J'ai dit moi meme qu'il existait plusieurs buts à l'éxecution d'un rubato, et j'ai il me semble cité les 2 meme que toi entre autres.
Partant de la, pourquoi Bach n'aurait-il pas son propre rubato, certes bien différent, mais bien réel (apres tout, Bach cherche souvent à imiter le chant de la voix humaine, comme Chopin !).
Apres tout, comme je l'ai dit, le rubato existait apparemment deja à cette époque, et je ne vois pas pourquoi Bach serait mystérieusement passé à travers cette notion.
Son style d'écriture est certes particulier, mais de la à en exclure le rubato.
En fait, je conçois que c'est tres difficile à expliquer, mais la ou je ne vous suis plus c'est quand vous dites "l'écriture de Bach ne s'y prête pas".
Je pense le contraire, et je suis persuadé de pouvoir fournir une interprétation qui tient la route, en utilisant ce que j'ai en tete en parlant de rubato (qui n'est peut etre apres tout pas du tout ce que vous imaginez).
Je pense par exemple aux chorals pour orgue (super transcription de Busoni du Choral "viens maintenant, sauveur des païens) ou à l'adagio de la toccata adagio et fugue en ut majeur (encore une belle transcription de Busoni).
Je ne les ai pas trouvés sur youtube malheureusement, j'essayerai d'enregistrer ma version à l'occaz
je propose l'extrait suivant en attendant :
http://www.youtube.com/watch?v=qCDlhLE-uZk
Je trouve que quand meme sur les ornements, on ne peut pas dire qu'il s'agit d'accélérer et de ralentir !
Et je ressens bien ici une sorte de rubato.
C'est encore plus flagrant pour les chorals, ou on a véritablement une voix chantant sur un accompagnement.