Après un au revoir en forme de crève-coeur (mais pas un adieu, en tout cas la revoyure est possible en live à l'occasion d'un stage, un jour lointain) à mon professeur Nicolas B., j'ai donc rencontré mon nouveau professeur, Roger D.S. il y a 15 jours et aujourd'hui. Super contact, et quel plaisir d'échanger autrement que par caméras interposées, jouer sur un piano différent, à 25 mn de chez moi, dans une charmante ville, avec qqn de si passionné, si pédagogue et tellement investi lui aussi ! On peut dire que dans ma malchance avec ces fichus problèmes de connexion, que peu de gens connaissent à l'heure actuelle, j'aurai eu dans ma vie pianistique la chance de suivre d'excellents maîtres, musiciens et pédagogues.
Le 1er cours a duré 1h30 et celui d'aujourd'hui 2h40 !
Mon prof refuse une rallonge financière (malgré un prix horaire digne d'un prof de français en cours particuliers
(ce que je demande les rares fois où l'on me sollicite pour préparer au bac ou au brevet)), il me propose même d'excellents cafés et cappucinos (peut-être parce qu'il est d'origine italienne ?), mais que demande le peuple ?
Bref, la semaine passée : on a mis les mains dans le cambouis, ma BETE NOIRE : ce que j'ignore, ignare que je suis : l'harmonie ! Les tonalités bidule truc relative machin chose, degrés chiffres romains kèskèkça... et autres obscures termes qui font peur et me donnaient des souvenirs de mes cours de physique en TC et qui donnaient des envies de TS, c'est à dire de sauter par la fenêtre tout en ayant des boutons dès que la prof parlait de physique, d'électricité et d'informatique.......
Mais je le sais, comprendre l'harmonie est la base, et je n'avais pas les bases, pas la ref donc, comme disent les moins de 20 ans...
Ca m'a donné chaud, mais il a été patient. Il m'a dit de revenir en cours quand je me sentirais prête (pas au bout de 15 j parce qu'en fait j'ai été malade mercredi dernier, et je gardais toute mon énergie pour aller bosser aphone à faire cours en langue des signes
) : "Ne reviens que quand tu auras compris, m'a t-il dit. Prends le temps qu'il te faut. Sinon, cela ne sera pas profitable". Dans ma tête je pensais : "Heu, on se revoit dans fort fort longtemps alors....?" Heureusement il avait noté les bases sur mon calepin, et grâce à qqs cours sur YT et à la roue du cycle des quintes, ce qui, je le craignais, allait devoir rentrer aux forceps a commencé à prendre sens. Le rideau de la musique a commencé à se soulever très légèrement.
Pour m'entraîner à trouver les tonalités j'ai pris les Préludes de Chopin qui se suivent dans un ordre logique du coup
et ai fouiné dedans pour comprendre les accords, etc...
J'ai compris pourquoi c'était si important de connaître l'harmonie pour lire une partition...
Aujourd'hui, nous avons travaillé les 24 gammes en boucle en partant de Do M puis La m, Fa M... jusqu'à retomber sur Do M. En mettant les doigtés. Là aussi des choses se sont débloquées et une énorme logique m'est apparue.
Je sais que ceux qui ont des bases de conservatoire et me liraient ici pourraient avoir un regard très amusé voire gentiment moqueur, je comprends, mais pour celle qui joue du piano comme moi, comme on se raccroche aux branches pour ne pas tomber, ce travail nouveau me paraît de plus en plus fondamental. Il m'a fait transposer "Au clair de la lune"
dans différentes tonalités. Après mon cerveau saturait.
Il m'a conseillé pour l'Invention 8 de Bach, de ne pas presser ou plutôt de ne pas fuir comme en avant, comme je le fais en le jouant trop vite, en insécurité et sans respirer.
Pour le Scriabine Prélude pour la m.g., d'exagérer le pathos à certains endroits et de prendre davantage le temps aussi, mais il a bien aimé.
Je jouerai ces deux morceaux avec le Prélude 9 de Chopin bientôt en live avec une vingtaine de pianistes dans l'auditoire.....gloups....
Il me reste donc une semaine pour mettre ces conseils en pratique. Mais ralentir, ce devrait être faisable, non ?...
Quels compositeurs mon prof aime-t-il (la question qui tue pour nous pianistes amateurs qui rencontrons un nouveau professeur) ?
Beethoven (pas moi, enfin, pas trop, enfin, un peu, ça dépend)
Rach (ahhhhh ! Cool, mais bon pas bcp de Rach pour moi, à mon niveau)
Scriabine (re-cool)
Mais pas Chopin ni Liszt j'ai bien l'impression...argh !!!
Que me faire jouer ? Il m'a dit la 1ère fois que jouer Mozart, Beethoven ou Haydn allait me faire du bien pour l'égalité, la digitalité, etc...
Haydn, chouette, Beethoven, why not ? Mozart, pitié noon !
Aujourd'hui il m'a demandé ce que j'avais envie de travailler. Je lui ai demandé plutôt de m'imposer une pièce (et si c'est Mozart, j'essaierai Mozart !) Sinon je ne progresserai pas... Si on prend un prof c'est aussi pour suivre ses recommandations
aveuglément (une fois la confiance établie, ce qui est fait).
Il est d'accord avec cette idée, et m'a proposé le Haydn (celui de Lestat # ce qui a été dit par Carla ici
), la dernière fois il m'avait dit qu'il serait trop dur mais finalement c'est lui qui me l'a re-proposé aujourd'hui.
Depuis que je l'ai découvert (dans "Entretien avec...") et surtout récemment par Brendel, je suis extatique ! Il m'a même donné le 1er mouvement.
Je lui ai demandé (avant de savoir que son choix porterait sur Haydn) si je pouvais choisir en parallèle un morceau "plaisir, de rêve, qui me donne envie", et il a dit OK. Soyons fous, j'avais apporté ma partition de Rach : "Elégie" et le fameux Prélude en do#m... Mes précédents profs m'avaient dit qu'on travaillerait la 1ère et si trop dure, on la mettrait de côté, j'avais donc déchifrotté.... Quant au 2ème, j'en rêvais depuis 30 ans depuis que mon cousin l'avait joué au Conservatoire de région de Dijon où il a été élève... Roger m'a dit que pour l'Elégie, c'était un peu tôt pour plusieurs raisons qu'il m'a montrées. Mais que le Prélude n'était finalement pas difficile (!) Ce n'est pas une boutade, je comprends ce qu'il veut dire. Enfin, si le but recherché n'est pas de le jouer comme Kissin !
Donc je suis repartie avec du travail bien motivant pour la prochaine fois. Je pense que tous les 15 jours c'est pas mal. Voilà. Long débrief, mais qui pourra être lu par quiconque aime les histoires de nouveaux profs / élèves.
Et pour moi, après la profonde tristesse d'avoir dû renoncer notamment à Boris autrefois et à Nicolas récemment, en particulier, le sourire est là.
La joie intérieure !
Rien de plus chouette que ce type de lien !
Et c'est bien pour une prof comme moi de redevenir élève aussi ! D'ailleurs l'élève qui est venu ensuite était lui-même un prof de physique (CQFD !), la boucle est bouclée, do Majeur !
On a discuté tous les trois, c'était vraiment sympathique, cet aprèm !
Cerise sur le gâteau : mon prof réserve chque mercredi à la même heure : si je suis prête (que j'ai avancé) je viens, sinon, pas grave. Incroyable !
Et surtout, il me demande de ne pas hésiter à lui poser des questions sur W...p si j'ai le moindre doute (ce que j'ai fait ce soir, car dans le Rach ma partition Henlé indiquait un accord ré mi ré avec deux # inscrits avant les ré or, à la clé, il y a 4 # Il m'a répondu que c'était une erreur d'édition, que c'était un rappe inutile.
Bon on a bu bcp de café donc ça, plus l'envie de bosser le piano, c'est dur de dormir et demain j'ai une grosse journée de cours....
Pas mes compositeurs préférés (mais j'aime bien ce dernier que je n'ai jamais joué). De toute façon on rediscutera de tout ça, avant tout, c'est lui le prof et je veux progresser, donc je jouerai ce qu'il sera intéressant de jouer pour progresser. Et je n'ai pas d'aversion pour Beethoven et Haydn. Même si j'ai pas bcp aimé joué le Beethoven que Laurent m'avait donné. D'ailleurs une fois cela fait, je n'avais pas eu envie de l'enregistrer alors que j'avais fait un énorme travail (aux forceps !) dessus ! Je l'ai vite oublié ! Et ce n'est pas ma fille qui m'en aurait voulu, il suffisait que je joue les premières notes pour qu'elle sorte de sa chambre en hurlant : Noooooonnnnnn ! 
