Re: Fil de Spianissimo (Manuel Maria Ponce - Intermezzo)

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Oukee
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Oukee »

Spianissimo a écrit : sam. 20 avr., 2024 18:33 Voici un morceau que j'avais travaillé il y a 6 ans maintenant, j'avais proposé ici à l'époque une vidéo à un tempo un peu poussif....
J'avais ensuite continué à la travailler, je pense que j'ai passé au final pas loin de 12 mois sur cette étude de Liszt.
En commençant, je ne pensais pas arriver à l'enregistrer et je l'avais pris vraiment comme une étude sur les trémolos et sur les gammes chromatiques en me disant que ça ne pouvait pas faire de mal, mais j'étais absolument fasciné par quelques versions entendues ici ou là....notamment Cziffra, Berezovsky, Trifonov ou Lugansky....
Bref, je me suis pris au jeu et j'ai continué à la bosser jusqu'à me dire que le rêve était peut-être finalement assessible.
En fait il y a plusieurs phases dans l'apprentissage de ce morceau :
1) tu regardes la partition et non, ça va décidément pas être possible...
2) tu prends ton baton de pélerin et tu essayes, après tout, pourquoi ne pas essayer ?
3) Après le difficile travail sur partition et le déchiffrage effectué, tu te dis que c'est peut-être accessible ?
4) Ensuite, tu rames pour le jouer sans fautes.
5) Ensuite, tu rames beaucoup pour accélerer le tempo...
6) Ensuite, tu rames pour l'emmener au bout car je n'étais vraiment pas loin de la tendinite et de l'épuisement, j'ai donc stoppé le travail à moment donné et me suis lancé un défi sur un week-end : tenter un enregistrement a peu près au tempo, ça a donné 2 sessions d'enregistrement de 3/4 heures chacune....au bout desquelles j'étais particulièrement dégoûté de ne pas être parvenu à jouer une version sans erreur et qui soit potable et éventuellement diffusable.
En réécoutant l'autre jour ces quelques heures d'enregistrements qui végétaient sur mon disque dur, j'ai constaté qu'en faisant un montage des meilleures séquences, je pouvais en proposer une version complète. C'est donc ce que je propose ici, sachant, qu'il m'est quasi impossible de la jouer à cette vitesse en live et/ou sans faire de fautes. Bref, pour un type comme moi qui n'a jamais mis les pieds dans un conservatoire, c'est malgré tout une belle victoire...
C’est une version convaincante, et le montage est une option qui ne me gêne pas pour un enregistrement.
Dans ce morceau, une fois que l’on commence à connaître le texte, la grosse difficulté pour moi est de différencier et varier la sonorité des trémolos (malgré les sauts) pour donner l’impression de paysage balayé par la tempête.
Tu dis que tu y as passé un an, mais tu ne faisais pas que ce morceau ? La durée ne paraît pas excessive, en fait c’est lorsque la lassitude ou la blessure menace qu’il faut s’arrêter, ce que tu as su faire.
(Si tu retravailles le morceau un jour : attention, tu joues 2x trop vite les triolets de croche re-do-si du thème à la fin).
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quazart
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par quazart »

fritz a écrit : sam. 20 avr., 2024 20:21 Tu m'as scotché là, bravo =D>

Bon c'est Liszt donc sans surprise je ne l'écouterais pas en boucle mais ça a l'air coton ! Pas compris le titre par contre, à part les quelques montées MG vers la fin ça ne m'évoque pas du tout la neige
C'est le nom d'un vent d'hiver violent qui soulève la neige.

PS: d'ailleurs Spiani l'indique dans ses vidéos
Modifié en dernier par quazart le dim. 21 avr., 2024 15:33, modifié 1 fois.
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Spianissimo »

Vincent Capucin a écrit : sam. 20 avr., 2024 18:50 Je confirme Spianissimo que c'est une belle victoire =D> =D> =D> Mais ce n'est pas terminé, tu peux améliorer cette étude difficile ! Elle fait partie des pièces qui peuvent se travailler toute une vie car tellement jolie !! Par contre ôte moi d'un doute, tu n'as jamais mis les pieds dans un conservatoire mais tu as quand même bénéficié des conseils d'un (ou plusieurs) professeur(s) ?
Encore bravo pour cette belle endurance et persévérance [-o< [-o< [-o<
Tu viens de prouver que ces vertus sont les clés de la félicité pianistique (et de la vie ?... :lol: )
Merci Vincent, oui, je sais que le travail n'est pas terminé et j'aurai à coeur de le reprendre un jour sur mon C1, pour voir si je peux y apporter des améliorations, là, c'est joué sur un droit....
Pour les cours que j'ai eu dans ma vie :
- cours privés de 5 à 13 ans avec 1 piano à disposition 1 jour/semaine pour travailler....(et je préférais de loin aller jouer dehors avec mes copains)
- cours privés en 2008 pendant 1 an.
- cours privés en 2020 et 2021 pendant 2 ans
....et c'est tout.
Mais je suis d'accord avec toi, la persévérance est une des clé, surtout quand on est seul, c'est un peu tout ce qu'on a....le forum peut aussi aider en terme de motivation, d'échanges, de conseils, de culture sur le répertoire etc....ce forum m'a beaucoup apporté depuis que je le fréquente et je n'aurai peut-être pas tenté des morceaux complexes comme des ballades et études de Chopin ou cette étude de Liszt sans l'aide et les conseils reçus ici.
Oukee a écrit : dim. 21 avr., 2024 0:39 C’est une version convaincante, et le montage est une option qui ne me gêne pas pour un enregistrement.
Dans ce morceau, une fois que l’on commence à connaître le texte, la grosse difficulté pour moi est de différencier et varier la sonorité des trémolos (malgré les sauts) pour donner l’impression de paysage balayé par la tempête.
Tu dis que tu y as passé un an, mais tu ne faisais pas que ce morceau ? La durée ne paraît pas excessive, en fait c’est lorsque la lassitude ou la blessure menace qu’il faut s’arrêter, ce que tu as su faire.
(Si tu retravailles le morceau un jour : attention, tu joues 2x trop vite les triolets de croche re-do-si du thème à la fin).
Merci Oukee, non, je n'ai pas fait que ce morceau, bosser un seul morceau sur une année, ce n'est pas possible pour moi.
Différencier les trémolos, je crois que je n'en suis pas là encore, mais tu as tout à fait raison, les grands pianistes peuvent se le permettre.....pour ma part, je me contente d'éssayer d'arriver à les jouer à la vitesse pour l'instant. Pour les triolets de croches j'essaierai d'y faire attention lorsque je le reprendrai.

Merci Chtili et Fritz également pour votre écoute et retours. Pour le titre, toute réclamation doit être demandée à Liszt lui-même... :mrgreen: De mon côté, je trouve que ça évoque assez bien les rafales de vent dans les montagnes.
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par quazart »

Ben dis donc !! de mémoire, sacré progrès depuis la précédente publication !!!
C'est vraiment impressionnant :D =D> =D>

Que ce soit un montage me gêne d'autant moins que c'est annoncé comme tel et que j'y au parfois recours moi-même. Ajouté au fait que les enregistrements professionnels sont eux-même triturés.........
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Ninoff »

Oui un sacré challenge que cette étude.
Liszt n’est jamais facile à apprivoiser..
j’imagine le travail endurant..
Bravo mon ami 🙏🙏
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Spianissimo »

quazart a écrit : dim. 21 avr., 2024 15:39 Ben dis donc !! de mémoire, sacré progrès depuis la précédente publication !!!
C'est vraiment impressionnant :D =D> =D>

Que ce soit un montage me gêne d'autant moins que c'est annoncé comme tel et que j'y au parfois recours moi-même. Ajouté au fait que les enregistrements professionnels sont eux-même triturés.........
Merci Quazart, j'ai d'ailleurs supprimé l'autre enregistrement sur le fil Liszt, merci d'y rajouter celui-ci à l'occasion, avec ou sans la partition, à ta guise !
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Spianissimo »

Ninoff a écrit : dim. 21 avr., 2024 17:04 Oui un sacré challenge que cette étude.
Liszt n’est jamais facile à apprivoiser..
j’imagine le travail endurant..
Bravo mon ami 🙏🙏
Merci beaucoup Ninoff, oui, là, on peut dire que ça relève de l'endurance....
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par quazart »

Spianissimo a écrit : dim. 21 avr., 2024 22:41 Merci Quazart, j'ai d'ailleurs supprimé l'autre enregistrement sur le fil Liszt, merci d'y rajouter celui-ci à l'occasion, avec ou sans la partition, à ta guise !
Ma guise n'arrivant pas à se décider j'ai mis les deux !!
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par André Quesne »

Merci Spiani pour ce chasse-neige! :D
Le temps, l'endurance et la patience finissent toujours par payer. C'est que du bon pour moi face à ce morceau qui n'est pas facile. Je pense qu'il faut des doigts d'acier pour en arriver là et bonjour les tendinites.
Bravo et encore merci pour ce partage ! =D>
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Pillg »

Hello,

Très sympa à écouter cette étude... Je n'ai jamais joué aucune de ces études... et franchement t'entendre pourrait bien me donner des idees :lol: . Même si celle ci n'est pas ma préférée, je les aime toutes.
En tout cas, franchement bravo c'est très réussi, tant pour la performance que pour le montage.
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par mh_piano »

C'est une bonne idée de ressortir ces enregistrements et d'en faire un montage satisfaisant, et c'est très intéressant de partager ton expérience pour en arriver là et le long processus d'approche et de perfectionnement que tu décris si bien.
Bravo de t'être attaqué à ce morceau de bravoure et pour ta persévérance. Le résultat est en effet remarquable compte tenu de ton parcours majoritairement autodidacte.
Je partage complètement ta méthode consistant à travailler sur une longue période un morceau très difficile, tout en apprenant en même temps des pièces plus abordables qui procurent une satisfaction plus immédiate. Mais je n'ai pas, loin de là, ta capacité et vitesse d'apprentissage... Et je n'imagine pas travailler cette étude un jour.
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Pillg »

fritz a écrit : sam. 20 avr., 2024 20:21 Pas compris le titre par contre, à part les quelques montées MG vers la fin ça ne m'évoque pas du tout la neige
Alros... bonne question dont je ne connaissais pas la réponse. donc j'ai un peu cherché.
Je pense qu'on se doutait bien que, puisque ca date de l'époque de Liszt, il ne s'agit ni des machines qui enlevent la neige des routes, ni de la technique du skieur débutant.... :lol:

il est en effet question des vents en montagne qui soulevent la neige poudreuse et forment avec les rafales des petits nuages de neige. c'est aussi appelé poudreries ou blizard.
Pour le coup, je trouve que ca colle bien avec la musique quand on me parle de vents glacés, de rafales de vent etc...
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Spianissimo »

André Quesne a écrit : lun. 22 avr., 2024 1:08 Merci Spiani pour ce chasse-neige! :D
Le temps, l'endurance et la patience finissent toujours par payer. C'est que du bon pour moi face à ce morceau qui n'est pas facile. Je pense qu'il faut des doigts d'acier pour en arriver là et bonjour les tendinites.
Bravo et encore merci pour ce partage ! =D>
mh_piano a écrit : lun. 22 avr., 2024 10:47 C'est une bonne idée de ressortir ces enregistrements et d'en faire un montage satisfaisant, et c'est très intéressant de partager ton expérience pour en arriver là et le long processus d'approche et de perfectionnement que tu décris si bien.
Bravo de t'être attaqué à ce morceau de bravoure et pour ta persévérance. Le résultat est en effet remarquable compte tenu de ton parcours majoritairement autodidacte.
Je partage complètement ta méthode consistant à travailler sur une longue période un morceau très difficile, tout en apprenant en même temps des pièces plus abordables qui procurent une satisfaction plus immédiate. Mais je n'ai pas, loin de là, ta capacité et vitesse d'apprentissage... Et je n'imagine pas travailler cette étude un jour.
Pillg a écrit : lun. 22 avr., 2024 7:51 Hello,
Très sympa à écouter cette étude... Je n'ai jamais joué aucune de ces études... et franchement t'entendre pourrait bien me donner des idees :lol: . Même si celle ci n'est pas ma préférée, je les aime toutes.
En tout cas, franchement bravo c'est très réussi, tant pour la performance que pour le montage.
Merci de vos retours Mh, Pillg et André.
Mh, tu dis que tu n'as pas l'intention de t'attaquer à cette étude, mais tout est une question d'envie au départ. Si cette oeuvre te touche moyennement, il est effectivement inutile de se lancer dedans...sauf si tu as envie et/ou besoin de travailler tes tremolos et tes gammes chromatiques... :mrgreen: Pour ma part, cette oeuvre de Liszt me fait vibrer...j'adore cette musique, ses effets et je trouve que Liszt a atteint ici un degré d'expressivité de l'instrument qui est tout simplement inouï. Je dirais que c'est la première condition pour s'attaquer à cette étude : l'envie.
Le reste est de la technique et du travail, et on est toujours agréablement surpris de ce qu'on peut obtenir lorsqu'on s'en donne les moyens, même si le résultat est toujours très largement perfectible.
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celime
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par celime »

Fameux morceau de bravoure dont la mise en place n'est surement pas une sinécure. Bravo !
Le résultat est bien là: Tempêtes, bourrasques, montées chromatiques fulgurantes, sauts d'octaves à l'aveugle... une pièce épique totalement hors de ma portée.

Très virtuose ! Un grand bravo !

p.s.: La dernière aquarelle est jolie et ne manque pas de virtuosité non plus.
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Re: Fil de Spianissimo (Liszt - Chasse Neige - Etude n°12)

Message par Spianissimo »

celime a écrit : lun. 22 avr., 2024 12:54 Fameux morceau de bravoure dont la mise en place n'est surement pas une sinécure. Bravo !
Le résultat est bien là: Tempêtes, bourrasques, montées chromatiques fulgurantes, sauts d'octaves à l'aveugle... une pièce épique totalement hors de ma portée.

Très virtuose ! Un grand bravo !

p.s.: La dernière aquarelle est jolie et ne manque pas de virtuosité non plus.
Merci de ton passage Celime, oui, étude typique de Liszt à son meilleur.
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Re: Fil de Spianissimo (Leo Ornstein - Doumka de la Suite Russe SO58)

Message par Spianissimo »

Leo Ornstein (1893 - 2002) est un compositeur américain d'origine ukrainienne.

Ornstein a été reconnu très tôt comme un prodige du piano ; en 1902, le célèbre pianiste polonais Josef Hofmann, de passage à Kremenchuk, assiste à un récital du garçon alors âgé de neuf ans. Impressionné, Hofmann lui donne une lettre de recommandation pour le conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il y est auditionné et accepté alors qu’il n’a que neuf ans. Là, il étudie la composition avec Alexandre Glazounov et le piano avec Anna Yesipova. À l'âge de onze ans, Ornstein gagne sa vie en accompagnant des chanteurs d'opéra en répétition.

La famille décide d’émigrer aux États-Unis. Le 24 février 1906, quatre-vingt-seize ans avant sa mort, Ornstein débarque à New York. La famille s’y installe et le jeune garçon est inscrit à l'Institute of Musical Art, l’institution qui devint plus tard la Juilliard School, où il étudie le piano avec Bertha Feiring Tapper. En 1911, il fait des débuts publics bien accueillis à New York avec des œuvres de Bach, Beethoven, Chopin et Schumann. Deux ans plus tard il enregistre des œuvres de Chopin, Grieg et Poldini.

Tout en entamant une prometteuse carrière de concertiste, Ornstein commence à composer des œuvres avant-gardistes. Lui-même était perturbé par la plus ancienne de ces compositions : « Au début, je doutais vraiment de ma santé mentale ». Lors d’un récital donné en mars 1914 à Londres, il joue, après trois préludes de Bach arrangés par Busoni, plusieurs pièces de Schönberg, et, pour la première fois, quelques-unes de ses propres compositions. Le concert provoque une grande agitation. Un journal décrit le travail d'Ornstein comme « la somme de Schönberg et de Scriabine au carré ». Dans un autre on lit : « Nous n'avons jamais souffert d'une hideur aussi insupportable, exprimée par de la prétendue “musique”. »

Le concert suivant provoque une quasi-émeute : « Lors de mon deuxième concert consacré à mes propres compositions, j'aurais pu jouer n’importe quoi, je n’entendais pas le piano moi-même. La foule sifflait et hurlait, et jetait des objets sur la scène. » Cependant, le Musical Standard parla de lui comme « l’un des compositeurs les plus remarquables de l’époque ... doté de ce germe de réalisme et d’humanité révélateur du génie. » Dès l’année suivante, il devient une des vedettes de la scène musicale américaine avec ses interprétations d’œuvres d’avant-garde de Schönberg, de Scriabine, de Bartók, de Debussy, de Kodály, de Ravel et de Stravinsky (dont nombre des premières américaines de ce dernier), ainsi que de ses propres compositions, en général encore plus radicales. Il joue devant des salles combles, avec souvent plus de deux mille spectateurs.

Avec ses pièces pour piano seul comme Wild Men's Dance (Danse Sauvage) et Impressions of the Thames Ornstein a été le pionnier de l'utilisation de ces groupes de sons voisins formant des grappes sonores, les clusters. Pour le musicologue Gordon Rumson, Wild Men Dance est « une œuvre véhémente, au rythme indiscipliné, composée de groupes d'accords denses (...) et d'accents brutaux. Des rythmes complexes et de gigantesques accords fracassants parcourent toute la gamme du piano. Une composition réservée à un grand virtuose capable de l'imprégner d'une énergie brûlante et féroce. »

Sa sonate pour violon et piano composée en 1915 va encore plus loin : « Je dirais que la sonate a amené la musique à l'extrême pointe. (...) Au-delà se trouve un chaos complet. »

En 1918, Ornstein, dont le compositeur suisse Ernest Bloch déclara qu’il était « l'unique compositeur américain qui affiche des signes positifs de génie » était suffisamment connu pour qu'une biographie complète de lui fût publiée.

Cependant, même à l'apogée de sa notoriété ultra-moderniste, il compose également plusieurs œuvres lyriques et tonales, telles que la Première sonate pour violoncelle et piano, « écrite en moins d'une semaine sous l’effet d’une pulsion à laquelle il était impossible de résister » a déclaré Ornstein plus tard.

Ornstein, épuisé, abandonne sa carrière de concertiste au début des années 1920, au moment où le modernisme européen apparaît sur la scène musicale américaine. Ornstein reste en marge avec des compositions plus expressives qui, au contraire, reprennent le chemin de la tonalité, avec des mélodies souvent inspirées de la musique populaire juive d’Europe orientale, souvent juxtaposés à des passages atonaux.

Ceux qu'il avait inspirés le rejetaient maintenant, avec autant de véhémence que les critiques qu'il avait choqués une décennie plus tôt. Lorsque la tête d’affiche du modernisme radical qu’il fut tout au long des années 1910 abandonna ce style pour une musique plus expressive, les ultramodernes réagirent comme des amoureux abandonnés.

Ayant abandonné la scène de concert, Ornstein signe un contrat d'exclusivité avec le fabricant de pianos mécaniques Ampico et enregistre plus de deux douzaines de rouleaux pour pianos pneumatiques, principalement du répertoire classique. Deux rouleaux contenaient de ses propres compositions, mais Ornstein n'a jamais enregistré, sous quelque forme que ce soit, une seule de ses œuvres futuristes qui l'avaient rendu célèbre.

Au milieu des années 1920, Ornstein quitte New York pour occuper un poste d'enseignant à la Philadelphia Musical Academy. Durant cette période, il écrit certaines de ses œuvres les plus importantes, notamment le Concerto pour piano, commandé par l'Orchestre de Philadelphie en 1925. Deux ans plus tard, il produit son Quintette pour piano. Œuvre tonale épique marquée par une utilisation aventureuse de la dissonance et d'arrangements rythmiques complexes, ce quintette est reconnue comme un chef-d'œuvre du genre.

Au début des années 1930, Ornstein donne son dernier récital. Puis il fonde à Philadelphie, avec son épouse Pauline Cosio Mallet-Prévost (1892-1985), également pianiste, l'Ornstein School of Music. Parmi les étudiants, John Coltrane et Jimmy Smith poursuivront des carrières majeures dans le jazz. Les Ornstein ont dirigé cette école et y ont enseigné jusqu'à leur retraite en 1953. Cependant, Ornstein avait continué à composer et continuera à le faire, encouragé par une redécouverte progressive dont il bénéficia à partir des années soixante-dix.

En 1988, Ornstein écrit sa septième sonate pour piano et, en 1990, à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, il achève sa dernière œuvre, la Huitième Sonate pour piano dont les mouvements portent des intitulés reflétant bien le sens de l'humour du compositeur : I. La tourmente de la vie et quelques éclats de satire / II. Un voyage au grenier - une déchirure ou deux pour une enfance toujours perdue (a. Le clairon / b. Une lamentation pour un jouet perdu / c. Un berceau à moitié mutilé - Berceuse / d. Premier tour en carrousel et sons d'une vielle à roue / III. Disciplines et Improvisations. Le critique musical Anthony Tommasini rend compte de la création publique de l’œuvre à New York : « Entre la folie hurlante des premier et troisième mouvements, celui du milieu est une suite de quatre courtes réflexions musicales sur des souvenirs d'enfance découverts dans un grenier. Bien que totalement incongru, le ton est audacieux et la musique désarmante. Le public a écouté avec enthousiasme, puis a éclaté en applaudissements."

Voilà, après cette petite bio d'un homme qui a vécu jusqu'à l'âge de 108 ans (merci Wikipedia), je vous propose une petite Doumka, extrait de sa Suite Russe, composée en 1914, d'un style totalement romantique avec un sens aigü de la mélodie, on pense à Tchaikovski.

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Re: Fil de Spianissimo (Leo Ornstein - Doumka de la Suite Russe SO58)

Message par Ninoff »

Merci Spianissimo,
Incroyable histoire et quelle longévité…🙏🙏🙏
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Re: Fil de Spianissimo (Leo Ornstein - Doumka de la Suite Russe SO58)

Message par Spianissimo »

Ninoff a écrit : mer. 24 avr., 2024 20:03 Merci Spianissimo,
Incroyable histoire et quelle longévité…🙏🙏🙏
Oui, une sacrée vie et une oeuvre incroyable, tant il a donné dans tous les styles, un compositeur qui s'est un peu sacrifié et qui s'est mis volontairement en marge pour créer en toute liberté la musique qui lui faisait réellement plaisir. J'admire cette démarche et j'ai pas mal écouté ses oeuvres, un bon nombre d'entre elles sont tout simplement sublimes.
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Re: Fil de Spianissimo (Leo Ornstein - Barcarole de la Suite Russe SO58)

Message par Spianissimo »

...et la Barcarole (avec un seul l)

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mh_piano
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Re: Fil de Spianissimo (Leo Ornstein - Barcarole de la Suite Russe SO58)

Message par mh_piano »

Ce serait dommage de passer à côté de ce compositeur ! Merci de nous le faire découvrir avec ces 2 morceaux faciles à écouter. J'ai pioché aussi sur YT pour découvrir d'autres de ses compositions c'est vraiment intéressant. J'aurais aimé en savoir plus sur son cheminement musical et de compositeur, les raisons qui l'ont guidé sur son long chemin.
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