Orientation difficile...

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pianiste des Alpes
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Re: Orientation difficile...

Message par pianiste des Alpes »

Super ! C'est probablement le meilleur choix.

Dans un autre domaine, mais toujours en "métier-passion" de crève-la-faim, j'ai connu beaucoup de personnes qui ont hésité entre guide de haute montagne et poursuivre les études. 20-25 ans plus tard, ceux qui ont poursuivi leurs études ne l'ont pas regretté, jamais. Certains ont fini par passer quand même le diplôme de guide, mais n'exercent que de temps en temps, avec un métier "filet de protection financier" à côté. D'autres (la plupart), ne l'ont jamais passé, mais ont passé des diplômes et formations pour améliorer leur technique ou encadrer en club (on peut comparer à un pianiste amateur qui accompagnerait une chorale ou un organiste amateur la messe le dimanche). Ils ont un métier bien payé -ingé le plus souvent, médecins, mais aussi prof de sport ou maths, et un infirmier mal payé mais mieux que guide- du temps libre avec leur famille, leurs enfants, de quoi s'acheter le matériel qui coûte cher, ne sont pas obligés d'aller en montagne promener des clients pas toujours sympas (=élèves pas motivés et contraints par leurs parents à faire du piano), ne sont pas obligés de sortir gagner leur vie même quand le temps est pourri. Bref, ils vivent leur passion sans contrainte !
Ceux qui ont fait le choix de guide c'est partagé : certains le regrettent car ils n'ont plus le temps d'aller en montagne avec leurs amis et leur famille, ils sont très limite financièrement donc doivent accepter des contrats qui ne leur plaisent pas, et pire : certains n'éprouvent plus de passion (le pire étant celui m'avoir dit "je dois me reconvertir car je fais métro-boulot-dodo à la montagne"). Très peu sont heureux vraiment 20-25 ans plus tard (mais ça existe quand même, une faible minorité). Sans compter les problèmes physiques liés à l'âge. Et se reconvertir quand on a que le niveau bac, à 45-50 ans, ce n'est pas si évident.

Je suis convaincue que lorsqu'on a les capacités, c'est mieux d'assurer ses arrières avec un diplôme d'ingénieur ou autre. Quitte à changer plus tard, mais au moins, on a un filet de sécurité. Que ce soit pour la musique, la montagne, ou tout autre passion.
Idem, je connais un ancien prof de tennis qui a fini par faire des études de comptable, car une fois marié et 2 enfants, il s'est rendu compte qu'il ne voyait pas ses enfants grandir (les cours et compétitions étant le soir, mercredi et week-end...). Il fait du sport avec ses enfants maintenant.
A 18-20 ans, on ne pense pas à tout ça. Et on s'imagine vivre d'amour et d'eau fraîche toute sa vie...
Angelique
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Re: Orientation difficile...

Message par Angelique »

Bonjour Tétracorde!

Effectivement, comme on te l'a dit plus haut, si tu hésites, c'est que tu penses peut-être que te consacrer au piano n'est pas le meilleur plan. J'avais fait le conservatoire (piano interprétation, donc pour devenir pianiste) plus jeune et je savais que je voulais absolument faire du piano. Ensuite, il y a eu la réalité du terrain; d'abord les concerts mensuels à donner pendant ma formation (rêver d'être sur scène c'est une chose; l'être en pratique, c'en est une autre; la plupart de mes camarades étaient également stressés), solo, concertos, musique de chambre, accompagnement...

J'ai commencé à donner des cours en école de musique et privés pendant mes études de niveau ""bachelor" en interprétation pour financer mes études, et... j'ai vu la pauvreté dans laquelle vivaient mes collègues de l'école de musique -non diplômés ou diplômés d'université, donc niveau plus bas que le conservatoire (car pour être prof au conservatoire, il faut absolument au moins une maîtrise du conservatoire, sinon un doctorat, donc encore 2 ans minimum après les 3 ans de bachelor; plus une activité de concertiste ou des concours gagnés). Du coup j'ai abandonné ma formation (j'étais éligible aux bourses d'études mais on ne finançait qu'un certain nombre d'années d'études de niveau bost-bac, je me suis réorientée avant qu'il ne soit trop tard). C'est grâce à la formation que j'ai faite par après que j'ai pu m'acheter un piano, sinon je n'aurais jamais eu ces moyens-là. Et je suis passée du rêve "je veux être concertiste" au rêve "je veux être capable de me payer un vrai piano", et j'en suis satisfaite pour l'instant. Mon meilleur ami, qui lui a fait sa maîtrise, prof au conservatoire, gagné des concours, a tout abandonné il y a plusieurs années pour faire... bibliothécaire, qu'il trouve beaucoup moins stressant.
A chacun son expérience. J'appuie Blyssou sur une chose, partir à l'étranger, c'est enrichissant (par contre bonjour pour l'équivalence des diplômes par après si tu as l'intention de revenir travailler en France).

Donc, la musique, oui, mais pour en vivre... très peu sont les élus. Je n'ai pas voulu prendre ce risque-là, surtout que j'assistais aux concours et honnêtement, des jeunes professionnels talentueux de 20 ans et moins, j'en ai vu plein. Et ces temps-ci... les jeunes commencent même à donner des concerts entre 7 et 13 ans, donc tu aurais un travail énorme à accomplir pour rattraper ton retard.

En tous cas, quelle que soit ta décision... je te souhaite de joyeuses Pâques!
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Oukee
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Re: Orientation difficile...

Message par Oukee »

pianiste des Alpes a écrit : lun. 01 avr., 2024 12:32 Je suis convaincue que lorsqu'on a les capacités, c'est mieux d'assurer ses arrières avec un diplôme d'ingénieur ou autre. Quitte à changer plus tard, mais au moins, on a un filet de sécurité. Que ce soit pour la musique, la montagne, ou tout autre passion.
A 18-20 ans, on ne pense pas à tout ça. Et on s'imagine vivre d'amour et d'eau fraîche toute sa vie...
Pas tout à fait d'accord. Je crois que se poser la question de l'orientation, c'est déjà un peu renoncer à la carrière musicale.

Dans mon cas, le choix m'est apparu évident car ayant commencé à un âge déjà plus très jeune (12 ans), je savais à 18 ans qu'il ne fallait rien espérer côté carrière dans le piano.
Mais un de mes camarades qui étaient arrivé aussi en préparatoire supérieur a décidé après le Bac de tenter l'aventure : après un an de préparation, il passe le concours d'entrée au CNSMP, et le rate. Mais il choisit de persévérer en se réorientant (avec succès) vers le chant, pour finalement se retrouver pianiste accompagnateur. Il a trouvé sa voie en fin de compte, même s'il ne vit pas dans le luxe. Il avait vraiment "la flamme".
Et puis, il y a les trajectoires météoriques qui font que d'évidence, la personne fera carrière dans la musique (pas forcément comme concertiste, c'est une erreur de n'avoir que cette référence en ligne de mire). J'en ai connu un comme cela.
Nous faisons tous des choix, et se demander "...et si j'avais fait autrement" ne mène à rien car précisément, ce futur ne pouvait pas exister.
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Re: Orientation difficile...

Message par pianiste des Alpes »

Je reviens un peu sur ma position en relisant cette phrase de Oukee : "Je crois que se poser la question de l'orientation, c'est déjà un peu renoncer à la carrière musicale."

Effectivement, je ne citais que des personnes qui se sont posées la question à un moment dans leur vie. Et à part de très rares exceptions qui ont percé (parce que particulièrement douées, ou ne sachant rien faire d'autre), ceux qui ont persévéré dans leur passion ont fini par être déçus (concernant guide de haute montagne).

Et cela me fait penser qu'en musique, je connais 2 musiciens professionnels qui ont su assez jeunes que c'était ce qu'ils voulaient faire, dès le collège. Les deux ont commencé la musique vers 13-14 ans (tardivement, donc). Coup de foudre immédiat, ils savaient qu'ils allaient en faire leur métier. L'un est compositeur et prof au CNSMDP, avec une thèse de musicologie. L'autre est compositeur également, mais pour des films, jeux vidéos, séries netflix, etc.
Les deux ont un talent vraiment exceptionnel. Beaucoup d'appelés peu d'élus.

A moins d'avoir un talent exceptionnel, je n'encouragerais pas à poursuivre dans un métier passion si bouché en termes d'offres d'emploi.
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elenajalan
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Re: Orientation difficile...

Message par elenajalan »

Je suis d'accord avec toi et ai trouvé ce parallèle avec les guides de haute montagne très intéressant. Ce sont des métiers ultra physiques qui de plus, nécessitent une très bonne santé à long terme. La reconversion est parfois subie justement, suite à ces contraintes, ou nécessaire quand on veut passer du temps avec sa famille (par ex dans la marine marchande, j'ai l'ex de mon frère qui a fait une reconversion-passion après 20 ans en mer en passant de chef mécanicien sur gaziers et responsable de projet de construction de gazier en Corée du Sud à éleveur de brebis-producteur de fromages bio. Enfin, le temps passé avec sa famille certes, mais lever à 5h00, coucher à 23h sans parler des nuits courtes lors des agnelages.)
Je suis surprise cependant que tu inclues le métier de prof de maths et EPS dans la liste des métiers bien payés :mrgreen: et qui garantiraient un certain bien-être. :mrgreen: :mrgreen: Etant prof certifiée en collège, je peux te dire que comme pour tes amis guides, la plupart des élèves ne sont pas un public conquis d'avance, et quand bien même ils nous apprécient isolément, dès la classe de 30 réunie, l'effet de groupe aidant, les hormones et l'adolescence les transforment en petits gremlins pénibles pour les plus jeunes, polémiquants pour les plus grands. Pas tous bien sûr, nous avons de très mignons élèves, mais il suffit de qqs uns pour user l'énergie à recadrer. A faire cours... Et nous avons de plus en plus affaire à des parents de plus en plus intrusifs (mails hallucinants) et pénibles voire virulents ; c'est un métier particulièrement usant, le soir j'ai rarement l'énergie de faire mon piano, partie de 7h30, revenue à 18h30 (1h30 de route/jour, temps le plus court que j'aie eu en 20 ans), ayant passé la journée dans les salles de classes successives, à midi à corriger les copies sans bureau tranquille, avec le bruit permanent autour et la police à faire à l'intérieur... il y a des moments très durs aussi où je me dis que je serais mieux à m'occuper de plantes vertes dans le calme et la tranquillité, dehors (j'adore les plantes), au moins, il n'y a pas d'agressivité et finalement celle des ronces ne vaut pas les mots destructeurs de certains parents. Heureusement mon équipe et mon chef sont top. Mais ce n'a pas été partout comme ça. J'en ai vu des trucs pas cool en 20 ans. Mais bon, avec une maîtrise de lettres, et mes lombaires et genoux mal en point, étant aussi maman solo, je n'ai pas le choix, comme toujours, je me dis que je dois "tenir". Après le Bac (C, mdr) j'avais visité une école d'arts graphiques privée renommée sur Paris. Débouchés plutôt garantis. Illustrer des livres pour enfants faisait partie de mes nombreux rêves (j'ai tjs eu un profil trop éclectique, ce n'est pas un atout dans notre société où mieux vaut être ultra bon dans un domaine que bon dans plusieurs). Cette école étant très chère, nous avons pris avec mes parents un RV avec un banquier et l'idée d'un prêt étudiant, vu le secteur visé, s'est avéré une mauvaise idée selon lui. Fin de l'histoire artistique...Je ne sais pas si je me serais lassée. Mais je pense qu'il faut essayer de faire un métier qu'on va aimer faire (même si pas facile). Le mien connaît qqs moments de bonheur, c'est ce qui fait tenir, mais j'apprends plus que jamais à me préserver. Si la reconversion était possible, et pas d'impératifs financiers à la maison, je le ferais peut-être. Je vois déjà à quel point l'on ne trouve plus de collègues en maths, physique etc. Mes actuelles collègues non titulaires (en musique, maths) sont motivées, passent les concours mais ceux-ci restent incroyablement ardus et fermés, de quoi décourager les derniers candidats. Drôle de monde, drôle d'époque.... Pour tenir dans ce métier, il faut prendre ce qui est bon à prendre et essayer de se préserver (je rebondis tjs avec les élèves, on se doit d'être solides, et beaucoup, la plupart, méritent notre investissement pourtant si peu reconnu par la société, mais c'est pas évident) et avec les attaques de certains parents-consommateurs-agressifs, cela ne m'étonne pas que tant de gens craquent et abandonnent. J'en connais. Des élèves sérieux et travailleurs disent eux-mêmes qu'ils avaient pensé vouloir devenir prof, mais voyant combien les jeunes ne respectent pas les adultes, ils préfèrent se diriger vers d'autres horizons). Alors le choix de la raison, oui et non. A chacun de voir selon sa philosophie de vie, du bien-être. Et c'est vrai qu'à 18 ans on n'imagine pas l'avenir lointain, ce qui est tout à fait humain.
J'espère ne pas avoir pollué ce fil avec un monologue trop long, mais personne n'est obligé de me lire... :wink:
pianiste des Alpes a écrit : lun. 01 avr., 2024 12:32 Ils ont un métier bien payé -ingé le plus souvent, médecins, mais aussi prof de sport ou maths, et un infirmier mal payé mais mieux que guide- du temps libre avec leur famille, leurs enfants, de quoi s'acheter le matériel qui coûte cher, ne sont pas obligés d'aller en montagne promener des clients pas toujours sympas (=élèves pas motivés et contraints par leurs parents à faire du piano), ne sont pas obligés de sortir gagner leur vie même quand le temps est pourri. Bref, ils vivent leur passion sans contrainte
Je suis convaincue que lorsqu'on a les capacités, c'est mieux d'assurer ses arrières avec un diplôme d'ingénieur ou autre. Quitte à changer plus tard, mais au moins, on a un filet de sécurité. Que ce soit pour la musique, la montagne, ou tout autre passion.
Idem, je connais un ancien prof de tennis qui a fini par faire des études de comptable, car une fois marié et 2 enfants, il s'est rendu compte qu'il ne voyait pas ses enfants grandir (les cours et compétitions étant le soir, mercredi et week-end...). Il fait du sport avec ses enfants maintenant.
A 18-20 ans, on ne pense pas à tout ça. Et on s'imagine vivre d'amour et d'eau fraîche toute sa vie...
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Re: Orientation difficile...

Message par pianiste des Alpes »

Heu... j'ai énormément de respect pour les profs, vraiment ! Je te présente mes excuses si je t'ai heurtée.

Je classais prof dans les métiers "bien payés"... par rapport à guide de haute montagne ou prof de piano à la demande ! Donc au-dessus du smic !
Même si le pouvoir d'achat des profs s'est fortement érodé ces 20 dernières années, pour l'instant je n'en connais pas réduit à dormir chez des copains, manger des pâtes tout le mois ou louer un 20 m2 (en dehors de Paris). Alors que des guides qui ne se dégagent qu'un smic... à moins d'avoir un autre métier en plus... bien sûr on trouvera des exceptions, mais autour de moi, ceux qui ne vivent que de ça survivent plus qu'ils ne vivent. Ou alors ils ont une femme qui gagne très bien sa vie et le foyer peut vivre, mais pas grâce à eux !
De même, je vois combien je paye ma femme de ménage, ce qu'il lui reste, et ce que coûte un prof particulier de piano qui se déplace à domicile, ce qu'il lui reste en net, et je me dis que la différence ne reflète pas le niveau d'études !

Evidemment la plupart des ingé gagnent plus qu'un prof avec le CAPES. Mais ces derniers gagnent plus qu'un smic (pour combien de temps encore ???? c'est une autre histoire !).

Je parle beaucoup d'argent, mais c'est parce qu'à 18 ans je me disais peu importe le métier que je ferai, l'important c'est la passion... Et puis en fait un jour on réalise qu'on a quand même besoin de payer l'électricité, d'acheter des vêtements, à manger, etc. Et là il faut faire des choix de vie.
Quitte à en changer plus tard, rien n'est figé (j'ai changé plusieurs fois de métier dans ma vie !).
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Re: Orientation difficile...

Message par elenajalan »

Ah non ne t'inquiète pas, je ne me suis absolument pas sentie heurtée ! Ca fait du bien au contraire de parler de choses concrètes et de difficultés de temps en temps. Pour info, je bosse dans le privé donc on gagne à concours équivalent moins que nos collègues du public. Les 3 premières années avec mon Bac +4, étant non titulaire, je gagnais 1100 euros / mois à temps plein ! Ensuite il m'a fallu 15 ans pour atteindre les 2000. Et là je suis preneuse des heures sup durant les vacances avec les Pactes, des heures de soutien le midi même si c'est fatiguant une pause dej de 40 mn avec heures de cours après, mais au moins ça ne compte pas dans les impôts. On bosse plus pour gagner plus. Etant prof principale je gagne 80 euros par mois (la blague), mais je ne fais pas ça pour cela seulement, mais pour le collège, les élèves, même si de moins en moins de collègues souhaitent occuper cette fonction énergivore et tentaculaire. En fait tout dépend de la personne avec qui on vit, si elle a un salaire ou pas, et tout simplement, si on est célibataire ou pas : de là on est à l'aise ou l'on doit emprunter dès qu'il y a un souci (facture de chauffage, pb de santé...). Je suis consciente qu'il y a bien pire, mais je trouve qu'on devrait pouvoir vivre normalement si la vie fait que l'on se trouve sans conjoint par ex. Et surtout, qu'après des années d'études réussies avec mention, commencer à 1100 et plafonner à 1500, c'est vraiment se moquer du boulot effectué durant les études...
Avec mon Bechstein, c'est la première fois que je pars pour un emprunt plaisir (et non factures et Cie) au bout de 23 ans de carrière, je commence à sortir la tête de l'eau (bon en ce moment dans ma région, tout est inondé, donc c'est mal venu cette expression!), et je ne culpabilise même pas ! Mais ça fait bizarre oui, de voir quand prendra fin l'emprunt... Ca m'est cependant égal parce que ce piano, il résume l'essentiel, la passion, ce pour quoi on vit (entre autres)... Comme pour toi. Et toi qui as connu des soucis de santé majeurs à ce que j'ai pu comprendre, tu vois très bien ce que je veux dire avec ton Schimmel. :D :D :D

J'étais comme toi (ta réflexion des dernières lignes), mais ma fille nous voyant galérer depuis toujours veut absolument mieux gagner sa vie, et je la comprends.
Ce que tu me dis des guides est par ailleurs bien triste.... :cry:
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Re: Orientation difficile...

Message par Oukee »

elenajalan a écrit : lun. 01 avr., 2024 21:12 Je suis surprise cependant que tu inclues le métier de prof de maths et EPS dans la liste des métiers bien payés :mrgreen: et qui garantiraient un certain bien-être. :mrgreen: :mrgreen: Etant prof certifiée en collège, je peux te dire que comme pour tes amis guides, la plupart des élèves ne sont pas un public conquis d'avance, et quand bien même ils nous apprécient isolément, dès la classe de 30 réunie, l'effet de groupe aidant, les hormones et l'adolescence les transforment en petits gremlins pénibles pour les plus jeunes, polémiquants pour les plus grands. Pas tous bien sûr, nous avons de très mignons élèves, mais il suffit de qqs uns pour user l'énergie à recadrer. A faire cours... Et nous avons de plus en plus affaire à des parents de plus en plus intrusifs (mails hallucinants) et pénibles voire virulents ; c'est un métier particulièrement usant, le soir j'ai rarement l'énergie de faire mon piano, partie de 7h30, revenue à 18h30 (1h30 de route/jour, temps le plus court que j'aie eu en 20 ans), ayant passé la journée dans les salles de classes successives, à midi à corriger les copies sans bureau tranquille, avec le bruit permanent autour et la police à faire à l'intérieur... il y a des moments très durs aussi où je me dis que je serais mieux à m'occuper de plantes vertes dans le calme et la tranquillité, dehors (j'adore les plantes), au moins, il n'y a pas d'agressivité et finalement celle des ronces ne vaut pas les mots destructeurs de certains parents.
Ayant eu des parents enseignants, je compatis à 100% : le métier d'enseignant n'est plus ce qu'il a été, le pire étant le mépris généralisé auquel les enseignants doivent faire face de la part des "élites" en tout genre. L'époque où l'enseignant faisait partie des "notables", avec le médecin généraliste (autre profession dévalorisée au passage) semble très loin.
Je m'écarte du sujet pour y revenir : qu'en est-il des prof de musique (en conservatoire ou ailleurs). Sont ils soumis à la même pente (public plus hétérogène, difficultés de concentration, parents plus compliqués à gérer), ou bien sont-ils encore épargnés puisque la musique reste une option ? L'attractivité du métier (un gros débouché des pianistes diplômés ) en dépend.
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fritz
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Re: Orientation difficile...

Message par fritz »

Le mépris des élites touchant les profs est directement dérivé du peu d'intérêt des français pour l'éducation, dans les sondages ça arrive vers la 10eme place des sujets de préoccupation des français, derrière pouvoir d'achat, santé, sécurité, retraite, immigration, ... Enfin c'est mon interprétation, peut-être que le peu d'intérêt des français est le fruit du travail de sape de nos politiques. En tout cas je sais que j'aurais sérieusement pensé à me réorienter comme prof de maths si les profs n'étaient pas payés au lance-pierre et je ne dois pas être le seul que ça dissuade vues les difficultés à recruter dans le domaine.
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Re: Orientation difficile...

Message par blyssou »

En Suisse les profs sont beaucoup mieux considérés. Premier salaire a 8000 pour 24h de cours par semaine. Les enfants respectent le prof. Mais cela commence a partir en sucette. Trop de dérive pédagogique. La politique de l’enfant roi a aussi ete adoptée ici il y a une dizaine d’année et les choses se degradent. J’avais beaucoup heaité cette année a me reconvertir pr cela. Mais bon pas sur que cela vaille l peine encore longtemps
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fritz
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Re: Orientation difficile...

Message par fritz »

Il faudrait trouver un autre terme que "enfant roi", déjà parce que c'est un peu fourre-tout et en plus ça fait peser le poids du problème, si problème il y a, sur l'enfant qui n'y est pour rien concernant l'éducation qu'il reçoit
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Re: Orientation difficile...

Message par lullablue »

quand j'étais jeune, j'aurai pu faire infirmière, j'avais débuté l'école (sur concours) mais une accident de la vie m'a fait renoncé.
25 ans plus tard, je ne regrette rien quand je vois comment sont considérés les métiers médicaux. evidemment, je n'ai pas la paye d'une infirmière et j'aimerai gagner plus mais à mon âge, reconversion impossible. si je devais changer de métier (je suis assmat: nounou chez moi pour ceux qui ne connaissent pas), je perdrai les avantages et mon salaire baisserait car je n'ai qu'un niveau bac.

il reste 15 ans à tenir et j'avoue qu'en ce moment c'est dur.
effectivement les enfants sont élevés différemment (et encore j'ai de la chance, aucun des enfants que j'accueille n'ont de téléphone loll ils ont 2 ans) mais j'ai peur pour mes petites filles qui vont avoir un téléphone un jour, avec toute cette masse d'internet et de reseaux socieux à "gérer".

pour en revenir à la musique,choisir d'en faire son métier, c'est accepter de le faire par passion et par pour devenir riche.
perso je n'aurai jamais pris ce risque.
de plus, en faire son métier, c'est risqué de se lasser et ce serait dommage.
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Re: Orientation difficile...

Message par Angelique »

Ahah bienvenue au club des reconvertis :D

J'avais fait une reconversion en prof (diplôme national, donc fonctionnaire) au Québec après mes études en piano. Dans ma zone on n'embauchait pas, il y avait une liste d'attente pour la titularisation, il fallait faire du remplacement pendant une durée estimée entre 5 et 15 ans, du coup j'avais déménagé dans l'équivalent d'une zone d'éducation prioritaire. J'avais été embauchée tout de suite.

Enfants-rois: comme dit Fritz, c'est vrai, l'enfant n'est pas responsable de l'éducation qu'il reçoit. Mais, pour justifier l'attitude des parents (il faut bien un peu de compassion dans la vie hein) au Québec, il y a énormément de familles recomposées (plus de la moitié de mes anciens élèves en moyenne; j'en avais environ 500 par an toutes classes comprises) et du coup quand on quitte son conjoint... ça doit pas être facile de faire le suivi du comportement de l'enfant, en particulier après une séparation.

Par ailleurs, de plus en plus de parents travaillent trop et n'ont plus le temps de s'en occuper (il y a le rêve d'avoir un enfant et la réalité)... ce sont les profs qui en font les frais, et qui doivent se justifier auprès des parents du comportement inadéquat (ou des notes) de leurs enfants. Du coup, au Québec, il fallait tout noter et "enrober" nos réponses: "elle se laisse facilement distraire par ses camarades" = "elle fout le bor*** pendant le cours et elle réplique". J'avoue secrètement que pendant le confinement, mes ex-collègues et moi, on avait trouvé ça très drôle, des enfants mal éduqués qui restent à la maison :lol: ...

Pour les trucs biens dans le métier de prof au primaire au Québec (en tous cas ma perception): le concept des classes spécialisées (de 5 à 7 élèves maximum), c'est là où j'ai gardé mes meilleurs souvenirs, mais c'est réservé aux élèves ayant des problèmes graves de comportement, autistes ou ayant une déficience intellectuelle. Par contre les diplômes de fonctionnaire/enseignants ne sont pas nécessairement reconvertibles car spécifiques à un pays, donc il faut bien faire son calcul si on part à l'étranger (par exemple, mon master en enseignement de 4 ans n'est pas reconnu en France, j'ai par équivalence une "licence en arts").
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Re: Orientation difficile...

Message par PianoLuxembourg »

@ Tetracorde, pour revenir au sujet,

(je suis prof depuis 35 ans, j'ai été prof en prépa en France 15 ans avant de m'expatrier en école internationale, je suis piètre pianiste re-débutant et heureux et je progresse tous les jours, dont celui-ci)

ton choix actuel c'est ou bien intégrer l'école de fin de seconde année ou bien refaire un an de prépa pour intégrer éventuellement une "meilleure" école et devenir ingénieure. Je n'entre pas dans la spécificité des carrières agro etc.

Le choix à plus long terme c'est ou bien tenter de devenir musicienne professionnelle (professeur ou interprète ou compositeur ou tout celà)
ou bien ingénieure et s'accorder avec sa passion pour le piano. Il y a sur ce forum de très bons pianistes ingénieurs, des pianistes profs de piano, des pianistes techniciens du piano et des pianistes qui font tout autre chose que ces métiers. Il y a des profs qui peinent et des profs qui peinent moins dans un contexte complexe pour tous et partout.

Tu peux voir d'abord ce qui est en toi et quels sont tes voeux, au-delà de l'indécision, et ce qui va te donner plaisir sur le long terme et t'épanouir.
Personne ne peut choisir à ta place et d'une part on ne joue pas sa vie à pile ou face, mais il faut aussi s'engager parfois. A ne pas vouloir choisir trop longtemps on s'empêche. Les années prépa, il faut mettre un coup parfois dans les concours et mettre en veille ses passions (moi j'ai la musique et la photo, j'ai été et suis encore photographe pro, bon mais c'est aussi un métier éprouvant et peu valorisé et ubérisé). Un temps pour chaque chose donc. Ou bien tu vas à fond dans la musique en acceptant la difficulté du secteur, ou bien tu mets la musique en pause et tu te remets à fond dans les concours. Attention il y aussi des polytechniciens insatisfaits (tout est possible). Enfin il faut s'ouvrir à l'Europe (où les prépas sont quasi inconnues).

Pour le reste, j'ai eu la chance de ne pas avoir à choisir entre la musique et les études, j'ai choisi avec bonheur les études les concours, la thèse etc.
Et mon métier me permet de jouer et d'apprendre au piano.
Comme professeur, je me suis toujours épanoui, j'ai donné cours à l'Université, en prépas (toutes Lettres sciences, éco, Bio, veto) je suis très bien dans le secondaire international, je parle plusieurs langues, j'aime beaucoup le référentiel européen, je suis bien à être expatrié pas loin de la France. Tout correspond bien à mon profil atypique et pourtant assez classique.

Ce ne sont pas des conseils, simplement un avis.
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