[Apprentissage Pos] Pos, le retour (sur terre)

[Pos]

Disons que ce n'est pas vraiment l'idéal pour se lancer (ou se relancer) en public si on est un peu stressé, après, je t'admire franchement, c'est courageux....et je ne voudrais pas que ce message te fasse renoncer...si tu sens que c'est sur ce morceau que tu es le plus à ton aise, (et parfois les morceaux difficiles sont plus faciles à jouer par coeur et en public que les autres...)...il faut foncer...!!

Ah non, c’est pas ton message le problème. Le problème, c’est que je te rejoins complètement dessus. Et qu’on m’a déjà dit la même chose.
Je l’ai déjà joué mais c’était en visio. Le par cœur commence à être solide mais le risque est la perte de musicalité dans la précipitation liée au stress. Ce qu’avait relevé avec justesse Blyssou d’ailleurs. C’est typiquement le genre d’œuvre qui passe du sublime au cacophonique si le discours musical se perd. Et punaise, c’est facile de le perdre ! Avec ce climax construit sur 22 mesures, j’ai beau me mettre des relais, il faut réussir a pas partir trop vite trop fort mais pas trop mou non plus. Bref c’est exigeant techniquement mais surtout musicalement et je ne suis pas certaine d’être en capacité mentale de le mener. D’autant que techniquement je suis un peu limite aussi.
En gros la préparation du Liszt est bonne mais la pianiste moyen
Et pour les autres morceaux, la pianiste est à niveau mais la préparation est moyenne.
Il va falloir choisir entre peste et choléra. Sauf si d’ici 15 jours, il y a un super mood ! Ça compte aussi !

[Pos]

sauf que chez certains comme moi, un canard peut déclencher un effet boule de neige, et alors là ça devient la cata

Je me permets de rebondir parceque j’avais (j’ai toujours d’ailleurs) cette tendance à laisser tout se détricoter au premier accroc et en fait c’est surtout un défaut de préparation.
J’ai enfin saisi cette histoire de points de repère multipliés à l’infini. Plus tu en construis dans ton morceau, plus tu te retrouves en capacité de rebondir.
On m’a donné l’image de la traversée d’une large rivière. Avec deux points de repère, c’est s’aventurer à traverser en sautant sur deux pierres. Forcément ça fait peur, tu paniques plus,et la moindre glissade est fatale. La préparation idéale ce serait tellement de points de repère, que les pierres sont jointes et tu traverses sur un pont. Tu peux te rater sur un pas, pas de souci, tu te rattrapes au pas suivant. Et comme ça fait moins peur tu peux même profiter de la traversée pour admirer le paysage. C’est mon leitmotiv en ce moment : construire des ponts.

[Chtilli]

C’est mon leitmotiv en ce moment : construire des ponts.

Intéressant, dans ce cas cela signifie qu'un pianiste souvent amené à jouer en public doit passer davantage de temps à construire des ponts qu'un pianiste qui joue exclusivement pour lui-même, non ?

[Pos]

C’est mon leitmotiv en ce moment : construire des ponts.

Intéressant, dans ce cas cela signifie qu'un pianiste souvent amené à jouer en public doit passer davantage de temps à construire des ponts qu'un pianiste qui joue exclusivement pour lui-même, non ?

Dans ma tête, quand tu joues pour toi même, tu traverses une rivière quasi asséchée alors, avec deux pierres, tu peux te sentir confort et prendre ton pied. Mais lorsque tu joues devant un auditoire, ta rivière est rapide et infestée de bêtes dangereuses, pour profiter de la traversée tu es mieux sur un pont.

[Chtilli]

Voilà une image fort parlante !

[Martipilami]

J’aime beaucoup cette image de la traversée d’une large rivière. C’est très parlant en effet et j’essaie de plus en plus d’avoir des points de repère car c’est pour moi encore inenvisageable de jouer en public, j’en suis encore à « traquer » devant la caméra.

[lullablue]

alors j'utilise aussi des points repères pour pouvoir continuer en situation de ratage, pour cela, j'apprend mon morceau par différentes parties (passé la phase de dechiffrage biensur) et je les joue dans le désordre.
je fais aussi très attention aux parties qui sont fragiles et ce sont elles que je bosse en premier.
si je sais que je fais souvent une erreur à tel passage, je le note en gros sur la partition.

[Nick Borderline]

Nouvelle du front. C’est le cas de le dire, je me suis engagée à jouer publiquement dans 15 jours, moi qui il y a à peine 2 ans, pouvait mimer les effets du trac en me mettant simplement en tête que je jouais devant quelqu’un alors que j’étais seule chez moi.

Superbe @Pos. Je trouve très bien de jouer un air connu car tu emballeras le public plus facilement. Et puis ça aide d'avoir un chant dans ta tête.
Pour la préparation à résister au trac, j'ai le même challenge Je me repose trop sur mon oreille et ma mémoire viseuelle donc j'essaie d'intégrer une connaissance plus intellectuelle des notes, à des endroits clés, et en effet des points de reprise pour le cas où il y ait un accroc.
Et pour l'aspect mental, bien respirer avant, se concentrer sur le contact des doigts sur le clavier et des pieds sur les pédales.
A suivre pour le résultat de nos performances respectives

[elenajalan]

Je trouve très bien de jouer un air connu car tu emballeras le public plus facilement.

Tout à fait d'accord. En tant qu'auditrice, je vois le programme, je repère ce morceau que j'adore, et je sais que je vais aimer, et que je vais "pardonner" les petites erreurs que je pourrais entendre. Bref je serais déjà conquise d'avance. Or tu sais ce que je pense de cette version que j'ai pu écouter plus tôt, elle est fabuleuse. Et même si tu la jouais un peu moins bien, aies confiance dans le fait que tu l'as menée à ce niveau-là. Bravo pour ta recherche musicale car tu ne l'as pas laissé de côté durant ces derniers mois.
C'est un concert d'amateurs, donc déjà, le public sera à la fois ravi et clément, comprendra qu'en plus de vos métiers à tous, de vos journées remplies, vous consacrez votre temps libre au piano, aux répétitions, pour pouvoir leur offrir de la musique.
Mais je serais incapable de me jeter à l'eau. Chacun a ses petits challenges. Les miens ont été de me jeter à l'eau sur des pianos de gare, et bientôt de participer à une rencontre d'un week-end entre pianistes (je compte sur l'esprit de bienveillance pour dépasser la crainte de jouer devant tant d'oreilles mélomanes et averties). Après tout, l'enjeu, c'est celui que l'on se met soi-même. Essayer de jouer le mieux possible en délivrant l'âme du morceau est le mien et entrer dans sa bulle en oubliant les petites voix de diablotins négatifs qui me feraient sortir de cette bulle, me dédoubler et me faire croire qu'on me juge, car en fait non, les gens ne jugent pas, ils veulent juste avoir du plaisir.

[rzn]

Un petit mot d'encouragement dans ta préparation et ta construction du pont de petites pierres ! Souvent je me dis que j'aimerais vraiment être de ceux qui semblent totalement insensibles au trac ou en tout cas dont ça n'impacte pas du tout le jeu. Mais le truc avec le piano, et d'ailleurs c'est ça qui est chouette, c'est qu'il faut faire avec ce qu'on est. Et toi gros coup de chance, tu es à 100% musicienne. Donc quoi qu'il arrive et même si à un moment tu mets un peu le pied dans l'eau, ça ne t'empêchera pas d'arriver de l'autre côté et d'avoir fait passer un beau moment à tes auditeurs. Et je trouve que c'est le bon morceau pour t'appuyer sur la beauté de la musique.

[Barcarolle]

Salut Pos,
Je reprends ton fil à partir de ta vidéo du Liebestraum.
Déjà bravo pour te lancer dans le jeu en public !
Franchement j'ai beaucoup aimé ton enregistrement, tu joues bien ce morceau et je suis sur que le public appréciera, surtout que c'est un morceau connu qui a toujours du succès.
A mon avis il faut maintenant éviter de vouloir faire des modifications qui pourraient venir te perturber le jour J. Essaye de te mettre en condition, avec une caméra par exemple, et de jouer le morceau comme si tu avais un public, c'est à dire sans recommencer à la première erreur. Et répéter jusqu'à ce que ça passe bien à tous les coups. Si tu peux répéter un peu sur le piano avant fait le pour éviter de t'adapter à un nouvel instrument en direct ce qui n'est pas simple.
Si la préparation est solide et que tu es en forme ce n'est qu'une question de stress à gérer après, et ça s'améliorera au fur et à mesure des occasions.
A bientôt

[Christof]

Sophie, c'est magnifique ! Une telle sensibilité, un son qui prend au plus profond, quelque chose de magique, essentiel. Cela chante magnifiquement.
Crois en toi, tu n'as rien à craindre. Quel magnifique moment cela va être ! Ce que tu as à donner est si beau !

PS : à 2'05 au début du passage du chant en octave, essaie de partir plus feutré, sans te presser, sois juste dans l'écoute et dose progressivement, en étant dans encore plus en avance dans ta pensée, le son que tu veux faire venir, et dans la courbe de cette phrase.

[Aurele27]

Nouvelle du front. C’est le cas de le dire, je me suis engagée à jouer publiquement dans 15 jours, moi qui il y a à peine 2 ans, pouvait mimer les effets du trac en me mettant simplement en tête que je jouais devant quelqu’un alors que j’étais seule chez moi.
Bref, je ne suis pas vaillante mais j’ai enfin une méthode de travail pour essayer d’assurer au maximum le morceau. On verra si ça paie. En tous cas, depuis l’installation du Silent il y a 10 jours, je peux à nouveau travailler réellement, chose qui m’était devenue impossible depuis un bout de temps entre voisins excédés et doigt manquant.

Pour l’instant j’ai prévu le Liebestraum 3. Mais bon il y a 7 jours, j’ai fait la grande scène du 2 à prof à base de « ce morceau est impossible, je n’ai pas le niveau, je n’ai pas eu la bonne formation pour m’attaquer à ce répertoire, mes doigts sont nuls, je devrais jouer une gnosienne ». Bref, à J-15 c’est en phase up que je vous présente cette dernière version avec laquelle je commence à ressentir du plaisir à jouer. Il serait temps. C’est un morceau qui revient plus ou moins régulièrement en travail depuis deux ans. Mais bon, il s’améliore petit à petit alors je garde.

Bravo Sophie, c’est vraiment superbe. Le public va juste se régaler.
Pour essayer de me rassurer quand je joue une pièce par cœur en public, j’essaye absolument de savoir reprendre à n’importe quel moment, en gros à chaque début de phrase. Cela permet vraiment de gagner en assurance car tu sais que tu sauras te rattraper aux branches.
Mais nul doute que ça va être superbe

Ps : moi, j’ai toujours, dit les Pétoches

[Angelique]

C’est mon leitmotiv en ce moment : construire des ponts.

Intéressant, dans ce cas cela signifie qu'un pianiste souvent amené à jouer en public doit passer davantage de temps à construire des ponts qu'un pianiste qui joue exclusivement pour lui-même, non ?

En fait quand on donne des concerts souvent, si on échoue et qu'on est obligé de reprendre, on change généralement d'orientation (d'autant plus si les échecs sont trop nombreux, personne ne paie pour entendre les gens se planter et recommencer à un pont). Mais j'aimais bien le post de Mathys: travailler par bouts de 2 ou 4 mesures jusqu'à ce que ce soit parfaitement su.

[Angelique]

Intéressant, dans ce cas cela signifie qu'un pianiste souvent amené à jouer en public doit passer davantage de temps à construire des ponts qu'un pianiste qui joue exclusivement pour lui-même, non ?

En fait quand on donne des concerts souvent, si on échoue et qu'on est obligé de reprendre, on change généralement d'orientation (d'autant plus si les échecs sont trop nombreux, personne ne paie pour entendre les gens se planter et recommencer à un "pont"). Mais j'aimais bien le post de Mathys: travailler par bouts de 2 ou 4 mesures jusqu'à ce que ce soit parfaitement su. À la fin, au moins même quand le coeur n'y est pas, c'est automatique, du coup on peut continuer même malgré les erreurs sans accrocher ou avoir à reprendre. Le pire, me disais mon prof, c'est de s'arrêter; ce ne sont pas les fausses notes ou autres erreurs).

P.S. désolée pour la double réponse, je voulais éditer mon message et ça a fait ça!

[Chtilli]

on peut continuer même malgré les erreurs sans accrocher ou avoir à reprendre. Le pire, me disais mon prof, c'est de s'arrêter; ce ne sont pas les fausses notes ou autres erreurs).

Je me souviendrai toujours du pianiste que je suis allé voir jouer l'intégrale des nocturnes. Je l'attendais au tournant sur un trait chopinien bien particulier dans celui que j'étais en train d'essayer d'apprendre (le 27-2,le trait le plus difficile que j'ai jamais essayé de jouer).

Et il l'a tout simplement zappé. Soit il avait décidé en amont de ne pas le jouer, ce qui me semble quand même peu probable, soit il a compris en un fragment de seconde qu'il allait se planter et il a repris deux mesures plus loin sans que l'erreur soit perceptible. Quelqu'un qui ne connaissait pas le nocturne n'y aurait entendu que du feu.

[Pleyel14]

Nouvelle du front. C’est le cas de le dire, je me suis engagée à jouer publiquement dans 15 jours, moi qui il y a à peine 2 ans, pouvait mimer les effets du trac en me mettant simplement en tête que je jouais devant quelqu’un alors que j’étais seule chez moi.
Bref, je ne suis pas vaillante mais j’ai enfin une méthode de travail pour essayer d’assurer au maximum le morceau. On verra si ça paie. En tous cas, depuis l’installation du Silent il y a 10 jours, je peux à nouveau travailler réellement, chose qui m’était devenue impossible depuis un bout de temps entre voisins excédés et doigt manquant.

Pour l’instant j’ai prévu le Liebestraum 3. Mais bon il y a 7 jours, j’ai fait la grande scène du 2 à prof à base de « ce morceau est impossible, je n’ai pas le niveau, je n’ai pas eu la bonne formation pour m’attaquer à ce répertoire, mes doigts sont nuls, je devrais jouer une gnosienne ». Bref, à J-15 c’est en phase up que je vous présente cette dernière version avec laquelle je commence à ressentir du plaisir à jouer. Il serait temps. C’est un morceau qui revient plus ou moins régulièrement en travail depuis deux ans. Mais bon, il s’améliore petit à petit alors je garde.

Salut ton liebestraum est magnifique et c'est de bonne augure . c'est vrai que le silent aide bien pour travailler sereinement quel est le modèle ?

[elenajalan]

désolée pour la double réponse, je voulais éditer mon message et ça a fait ça!

Je me souviendrai toujours du pianiste que je suis allé voir jouer l'intégrale des nocturnes. Je l'attendais au tournant sur un trait chopinien bien particulier dans celui que j'étais en train d'essayer d'apprendre (le 27-2,le trait le plus difficile que j'ai jamais essayé de jouer).

Et il l'a tout simplement zappé. Soit il avait décidé en amont de ne pas le jouer, ce qui me semble quand même peu probable, soit il a compris en un fragment de seconde qu'il allait se planter et il a repris deux mesures plus loin sans que l'erreur soit perceptible. Quelqu'un qui ne connaissait pas le nocturne n'y aurait entendu que du feu.

C'est fou !!!
Sur le coup tu as dû faire un AVC ! Mais tout cela montre que même chez les pros, la gestion du jeu en public est délicate... J'ai vu Alberto Nosé que j'adore, et qui est très sympathique, répéter avant une prestation publique, et justement il jouait le Nocturne op.15 n°2, et après avoir joué le morceau en entier, il n'a répété quasiment que ce trait, c'était à la fois fascinant, magique et formateur de voir qqn de sa trempe répéter sans relâche cet ornement. J'ai enregistré ce jour-là quelques (précieuses) minutes de sa répétition mais je préfère poster une vidéo publiée par ses soins (droit à l'image) :

[Chtilli]

il n'a répété quasiment que ce trait, c'était à la fois fascinant, magique et formateur de voir qqn de sa trempe répéter sans relâche cet ornement.

Nos deux anecdotes montrent que même pour eux c'est pas du tout cuit. C'est rassurant dans un sens

[Pos]

Merci à tous pour vos encouragements !
Bonne nouvelle, la date est repoussée de 2 semaines. J’ai l’impression d’un grand soulagement. J’ai donc 3 semaines pour juste travailler le plaisir du jeu et de me détacher du coté technique.
Le par cœur est plutôt solide et les points de reprises commencent à être assez nombreux pour normalement ne pas avoir de gros blancs.
Je continue à travailler la partie d’octaves car je me crispe encore. Et plus on est crispé moins il y a de musique. Je voudrais juste parvenir à mettre en tête, je ne suis pas en défaut technique, je peux jouer ce morceau.
Bref, deux semaines pour quitter le syndrome de l’imposteur et me mettre en tête que je suis parfaitement à ma place sur ce piano. Pour me mettre en tête qu’on on s’en fout du tempo tant qu’il y a de la musique. Pour accepter de lâcher un peu la bride et offrir ce qui m’a plu et me plait toujours dans ce morceau.
Bonne nouvelle, je pourrais sans doute essayer le piano au préalable, ça aussi c’est rassurant. Enfin sauf si les essais se passent mal évidemment.