quazart a écrit : ↑sam. 20 janv., 2024 0:12
C'est de fait une sicilienne... d"où cet air de famille prononcé.
Je connaissais l'existence de cette pièce mais je ne l'avais jamais entendue ni cherché à découvrir, faisant partie de tous ces morceaux non publiés que Chopin souhaitait qu'on détruise après sa mort.
Je viens de découvrir qu'en plus on n'est même pas certain que ce soit de Chopin !
C'est joli, je ne vois pas quoi dire d'autre...
Peut-être un élève de Chopin...
Impossible de savoir avec certitude la provenance: la volonté de détruire des œuvres après sa mort, on retrouve cela fréquemment. Kafka avait demandé qu'on brûle ses œuvres littéraires à son ami et éditeur Max Brod. Heureusement il ne l'a pas fait.
Ils sont enterrés côte à côte dans le cimetière juif de Prague, enfin plutôt ce qu'il en reste: ce sont les 2 seules tombes en état dans ce cimetière et qui sont elles entretenues.Toutes les autres tombes sont en ruine et la végétation pousse de façon anarchique au milieu. C'est à cela qu'on réalise qu'il ne reste guère plus de communautés juives dans l'Europe de l'Est.
Lorsque des gens viennent visiter sa tombe, ils posent une pierre dessus suivant la coutume hébraïque: ce que j'ai fait également avec mon guide...
Lacan avait complètement liquidé l'Ecole freudienne qu'il avait lui-même fondé, juste avant sa mort aussi.
Peut-être que les anciens du forum se souviennent de ce fil, initié par Line-Marie, ou nous avions été plusieurs à interpréter les miniatures du cahier Fleurs de France. Un recueil charmant.
Je joue aujourd'hui cette "valse lente", composée en 1928 par la seule femme ayant fait partie du groupe des six. Sa vie de femme et de musicienne ayant traversé le XXème siècle est assez incroyable et riche, je vous invite à lire sa biographie ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Germaine_Tailleferre dont voici quelques extraits :
« Je n'ai pas grand-respect pour la tradition. Je fais de la musique parce que ça m'amuse, ce n'est pas de la grande musique, je le sais. C'est de la musique gaie, légère, qui fait que, quelquefois, on me compare aux petits maîtres du XVIIIe siècle, ce dont je suis très fière. »
Germaine Tailleferre
« C'est une délicieuse musicienne, qui travaille lentement et sûrement. Sa musique a l'immense mérite d'être sans prétention, cela à cause d'une sincérité des plus attachantes. C'est vraiment de la musique de jeune fille, au sens le plus exquis de ce mot, d'une fraîcheur telle qu'on peut dire que c'est de la musique qui sent bon. »
Darius Milhaud
G.Tailleferre s'inscrit dans la lignée des impressionnistes, en particulier de Gabriel Fauré et Maurice Ravel, avec « une netteté néo-classique qui trahit l’influence de Stravinsky », comme on peut l'entendre dans son ballet Le Marchand d'oiseaux. Elle est aussi admirative de la musique de Couperin, Bach ou Mozart ; on peut entendre des couleurs baroques dans son premier Concerto pour piano et orchestre. En 1954, sa Sonate pour clarinette comporte des éléments de sérialisme ; en 1957, elle expérimente le dodécaphonisme avec entre autres son opéra La Petite Sirène, avant de revenir à un style proche de celui d’avant-guerre.
G.Tailleferre a douté toute sa vie de ses qualités de compositrice ; ce à quoi s'ajoute une grande modestie qui l'empêcha de défendre ses œuvres autant qu'elles le méritaient.
Beaucoup des œuvres de G.Tailleferre sont perdues ou peu disponibles. Certaines de ses pièces n'ont jamais été représentées, nombreux considérant pendant la première moitié du xxe siècle que les femmes étaient illégitimes à composer de la musique.
Outre de petites pièces pour piano, elle composa des œuvres de musique de chambre, des mélodies, deux concertos pour piano, trois études pour piano et orchestre, un concerto pour violon, un imposant Concerto grosso pour deux pianos, huit voix solistes, quatuor de saxophones et orchestre, quatre ballets, quatre opéras, deux opérettes, sans compter de nombreuses autres œuvres pour petits ensembles ou grand orchestre, la plupart écrites entre 1945 et sa mort en 1983. Jusqu'à un passé récent toutefois, une énorme partie de son œuvre restait inédite, tel le Concerto pour deux guitares et orchestre, retrouvé et enregistré en 2004 par Chris Bilobram et Christina Altmann en Allemagne.
J'ai vraiment eu un coup de coeur absolu pour cette valse lente que je vous propose de découvrir ici :
J’aime beaucoup les compositions de G.Taillefer.
Un sacré bout de femme capable de rentrer au sein du groupe des 6, surtout à l’époque…!!!
Belle interprétation
Pos a écrit : ↑sam. 20 janv., 2024 21:12
Merci d’avoir mis à l’honneur cette dame dont le nom aux sonorités si dures fait contraste avec une composition si tendre. C’est très élégant !
Merci Pos, il faut dire que son vrai nom était Taillefesse, c'est plus doux mais un peu plus difficile à porter
wincher01 a écrit : ↑sam. 20 janv., 2024 16:02
Bravo Spiani cette valse m'a transporté Je ne soulignerai pas une millième fois ta rapidité de publication, toujours aussi bluffante
Ninoff a écrit : ↑sam. 20 janv., 2024 21:59
J’aime beaucoup les compositions de G.Taillefer.
Un sacré bout de femme capable de rentrer au sein du groupe des 6, surtout à l’époque…!!!
Belle interprétation
Merci Ninoff, oui, il y a bien d'autres compositions d'elle qui valent le coup, mais celle-ci à un charme particulier, tellement révélateur de la subtilité de la musique française...
Un joyau cette composition de Germaine Taillefer!
Merci Spiani de nous (me) l’avoir fait découvrir.
Une femme d’une trop grande modestie ! Ce morceau est pour moi d’une pureté sans égale.
Il y a dans celle-ci un petit côté à la « Very Early » et « Waltz for Debby » de Bill Evans.
Salut. J’aime beaucoup Spianissimo. Cette période d’entre deux guerres fut d’une créativité fantastique. Très jolie sélection de photos. Elle était aussi jolie femme.
Bien d'accord avec toi Christof, pureté sans égale dans cette musique, dont les accords sonnent à la fois impressionnistes et il est vrai un peu jazzy. D'ailleurs, cette valse lente est beaucoup plus compliquée à interpréter qu'elle n'en à l'air, puisque les accords reprennent jusqu'à 9 notes ensemble aux deux mains et sont tous différents...et ils doivent juste venir tendrement titiller l'oreille de l'auditeur...
Spianissimo a écrit : ↑dim. 21 janv., 2024 14:01
D'ailleurs, cette valse lente est beaucoup plus compliquée à interpréter qu'elle n'en à l'air, puisque les accords reprennent jusqu'à 9 notes ensemble aux deux mains et sont tous différents...et ils doivent juste venir tendrement titiller l'oreille de l'auditeur...
Je ne connaissais pas ces 2 dernière valses, pas du tout le même univers, celle de Chopin est un peu anecdotique dans son corpus, faut dire que ce n'est pas facile d'exister entouré de tant de chefs d'œuvre ! La valse lente précédente est superbe
fritz a écrit : ↑lun. 22 janv., 2024 11:04
Je ne connaissais pas ces 2 dernière valses, pas du tout le même univers, celle de Chopin est un peu anecdotique dans son corpus, faut dire que ce n'est pas facile d'exister entouré de tant de chefs d'œuvre ! La valse lente précédente est superbe
Content de te les avoir fait découvrir, oui, la valse de Chopin est une toute petite valse, la partition tient sur 1 page et il n'y a pas de difficultés, mais je trouve qu'elle est charmante tout de même et on reconnaît immédiatement l'inspiration mélodique de Chopin.
Spianissimo a écrit : ↑mar. 16 janv., 2024 16:06
J'avis déjà partagé ici la valse n°3 opus 3, voici l'opus complet composé de 3 valses et un postludium. Ceux qui sont insensibles à ce type de musique ignoreront à bon escient, d'autant que je vous sollicite beaucoup trop en ce moment....bref, simple partage, je n'attends pas forcément de retour, mais si ça vous inspire quelque chose (de positif comme de négatif), ne pas hésiter, merci.
Ce sont des valses quelques peu déstructurées, hypnotisantes, mentales et minimalistes.
J'aime beaucoup, mais....inutile de sortir votre tenue bal musette de la guinguette au bord de l'eau.... ni celle des valses viennoises
J'ai beaucoup aimé, il y a quelque chose qui s'étire à l'infini, on décroche, on se laisse aller, et après ces longues pauses avant chaque reprise/suite du thème on se surprend à se dire, encore... quand ça s'arrête. Réellement hypnotisant, d'une douceur rêveuse lointaine. Tu es vraiment dans l'interprétation, la musique respire et j'envie le fait que tu ne sembles avoir aucune "barrière" entre ton jeu et ton intériorité, je veux dire, que le fait de t'enregistrer, ce trac ou cette sensation de ne pas jouer pareil que quand on ne s'enregistre pas, ne vienne pas altérer ce fil qui te relie en profondeur à la musique. Merci pour cette très belle et délicate valse lente.
Bientôt la Valse oubliée de Liszt ?