Le poète et le barbare
Le poète et le barbare
L'autre jour, dans une salle d'attente, où le praticien a l'habitude de diffuser de la musique classique, j'entends l'un des morceaux que je travaille en ce moment. J'ai brusquement pris conscience à quel point je le saccageais. Mais en fait, ça fait longtemps que je réfléchis à ce problème. Je vais seulement parler pour moi : je crois qu'il y a une pente redoutable, lorsqu'on joue de la musique, et peut-être tout particulièrement au piano, qui est de jouer "sauvagement" en tapant comme un sourd sur le clavier, sans aucune subtilité. Or, s'il est assez facile de cogner brutalement, il est bien plus difficile de "toucher" le clavier tout en douceur, et d'entrer dans le monde des subtilités sonores. Le "piano" ne porte d'ailleurs peut-être pas pour rien ce nom, pianoforte, l'instrument par excellence permettant de doser les différents registres, dont l'éventail peut être infini pour les plus experts. C'est peut-être là qu'est tout l'art du pianiste. Nous avons d'un côté une tache purement d'adresse qui consiste à jouer les notes : ici, c'est l'art du funambule, du jongleur, de l'acrobate. Mais une fois ce travail d'agilité est maîtrisé, nous attend un second ouvrage où tout est peut-être à reprendre à zéro : celui du pianiste, que je comparerais volontiers au poète des sons. Il me semble que des séances entières peuvent être consacrées à l'étude de l'interprétation de nos morceaux, pour arriver à les jouer véritablement musicalement, et transmettre ainsi quelque chose. Et même, en ressentir pour soi-même un plaisir personnel, lorsqu'on s'est éloigné du jeu purement mécanique.
- axolotl
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Re: Le poète et le barbare
C'est une bonne description, un bon résumé...
Entre parenthèses il faut aussi dire que pour parvenir à ce stade que tu décris il faut connaitre parfaitement le morceau, être capable de le jouer sans faute pour que cette acmé, cette osmose particulière entre le pianiste, le compositeur et le piano puisse se produire.
Trois nécessités... Pour commencer se libérer de l'hésitation (je sais de quoi je parle haha )
On peut comparer cela à un état de grâce : ce que recherchent les peintres les danseurs les comédiens sur scène etc. Mais c'est bien résumé en tout cas!
Se donner comme objectif de restituer tout ce que le compositeur a voulu y mettre dans l'écriture: enfin plus exactement ce qu'on pense qu'il a voulu y mettre... Nuance!
Entre parenthèses il faut aussi dire que pour parvenir à ce stade que tu décris il faut connaitre parfaitement le morceau, être capable de le jouer sans faute pour que cette acmé, cette osmose particulière entre le pianiste, le compositeur et le piano puisse se produire.
Trois nécessités... Pour commencer se libérer de l'hésitation (je sais de quoi je parle haha )
On peut comparer cela à un état de grâce : ce que recherchent les peintres les danseurs les comédiens sur scène etc. Mais c'est bien résumé en tout cas!
Se donner comme objectif de restituer tout ce que le compositeur a voulu y mettre dans l'écriture: enfin plus exactement ce qu'on pense qu'il a voulu y mettre... Nuance!
Re: Le poète et le barbare
La quête du son est la quête d'une vie pour un pianiste. Pour les hésitations je suis d'accord, mais elles reviennent tellement vite... c'en est presque décourageant
Chopin - Rachmaninoff. Répéter.