Je préfère mille fois déchiffrer une paraphrase de Liszt qu'une des dernières sonates de Beethoven.
Par exemple sur ce passage de l'op.111, rien de monstrueux sur la partition, mais je sais d'emblée qu'il va me falloir plancher un peu pour trouver le bon doigté, et déjà un gros boulot pour le jouer de manière fluide même à tempo moyen.
Absolument, c'est d'ailleurs un morceau très peu "lisztien"' je trouve. Un bon contre-exemple, en effet
Alors pour le coup, je suis moins d'accord. Ces fantaisies produisent toujours un effet monumental sur le public, on a vraiment l'impression que le pianiste va au bout des possibilités techniques de l'instrument je trouve. Or les partitions ne comportent pour moi aucun passage vraiment monstrueux, dont on se dit "je n'en viendrai jamais à bout". On prend d'ailleurs assez vite plaisir à la jouer à tempo lent, car les mains "trouvent leurs marques".
Dans la Don Giovanni, mention spéciale quand même au fugato dans la dernière variation de "La ci darem la mano", que je trouve pour le coup vraiment pénible, ainsi que le "pont" en tierces qui amène au thème de la chanson à boire.
Bon, faut être un as des gammes chromatiques avant de commencer quoi... Ces oeuvres sont bien sûre extrêmement difficiles, mais plutôt moins que ce qu'on peut craindre quand on les voit jouer. Idem pour la "Dante" d'ailleurs.
Pour reprendre tes mots : dans ces grosses oeuvres de Liszt, le déchiffrage redonne de l'espoir, alors que dans les dernières grandes sonates de Beethoven c'est l'inverse. Souvent rien que le déchiffrage me décourage.
Dans cette catégorie, je trouve par exemple le 2ème concerto de Brahms beaucoup plus ingrat.