Tu n'aimes donc pas Steve Reich et la musique répétitive ? N'est-ce pas le but de la méditation que de déconnecter le mental ?
Non je n'aime pas Steve Reich.
Le but de la méditation. C'est un vaste sujet. Est-ce que la méditation est une déconnection qui permet d'entrer dans une vague rêverie ou dans un état de transe ? Non ce n'est pas ça. L'état méditatif provient d'une absorption totale dans ce qu'on fait et ceci passe par une concentration "intense" (mais sans effort de crispation) qui nous coupe de notre environnement. Ainsi, on peut être pleinement présent dans ce qu'on fait. Ce n'est pas aller vers des endroits illusoires du mental, mais bien rester ancrer en soi.
Si ça t'intéresse plus, je te conseille de lire Patanjali.
Quand je parlais d'entrer en transe en faisant du Czerny, je n'ai jamais dit qu'il faut lire le journal, bien au contraire.
Mais je ne te visais pas dans ce que je disais plus haut. Je faisais référence à certains pianistes que j'ai connu qui procédaient de la sorte.
Simplement on peut, comme tu dis, être pleinement attentif à ce que l'on fait, tout en faisant qqch de répétitif. On échange le temps linéaire de la vie courante, par un temps cyclique où tout se répète indéfiniment, en cherchant à chaque fois de "faire mieux". C'est comme un mantra.
Naturellement on peut être pleinement attentif par rapport à des choses répétitives. Mais ce n'est pas la répétition qui induit cet état d'attention, mais bien une attitude mentale. Maintenant je ne suis pas sûr que cet état d'attention s'embête de "faire mieux" à chaque fois, car je ne pense pas qu'il y ait une jugement de valeur qui s'instaure, du moins pas sur l'instant. Après c'est le mental dans sa phase d'analyse qui reprend le dessus.
Le pb, c'est que les Études de Chopin c'est aussi de la musique, et même de la très belle musique, et donc on est ne face d'une sacrée responsabilité en les jouant. On "met son costume de dimanche". Alors que Czerny, c'est de la musique utilitaire, on peut se concentrer sur la technique sans avoir de remords. On peut facilement massacrer Chopin, on ne peut pas massacrer Czerny.
Pourquoi ne pourrait-on pas massacrer Czerny ? Pourquoi mettre une telle hiérarchie en place ? Il me semble qu'on peut tout à fait faire un très bon rendu musical dans Czerny.
Pourquoi mettre Chopin au rang de dieu ? N'est-ce pas entrer dans une sacralisation douteuse et dans un dogmatisme paralysant ?
J'ai travaillé des études de Chopin en utilisant différentes formules rythmiques, en plaçant les accents de différentes façons. Pourquoi ne pourrais-je pas le faire ?
Bien sûr les études de Chopin sont d'une grande musicalité et c'est justement aussi leur intérêt. Travailler un aspect technique avec un rendu poétique. C'est bien ce qui est demandé dans les oeuvres musicales non ? Jouer musicalement avec un bon support technique.
Moi, je trouve que c'est un peu du gachis de travailler sa technique sur ces oeuvres.
Quel chatiment, quand on voit que nous sommes réduits à faire des exercices sur un bout de mesure d'une grande oeuvre, en rythme... je m'en veux à mort, et j'en demanderais pardon au compositeur.
C'est justement ce genre de raisonnement qui met une barrière infranchissable lorsqu'on veut jouer des oeuvres. A force de sacraliser les compositeurs, on en fait des dieux et on les rend inaccessible. Alors oui, c'est important de respecter les compositeurs et leurs oeuvres, mais pas au point d'en faire des reliques. C'est tuer la musique, réduire à néant le côté vivant des pièces.
Selon elle, la technique vient en étudiant les morceaux et pas ces exercices répétitifs qui ne ressemblent presqu'à rien ( SELON MOI).
Tout à fait d'accord.