Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

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Chtilli
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Chtilli »

Merci Christof pour ce cours =D> J'espère trouver le temps de lire tout ça, c'est (et ce sera) une mine d'or
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Coyotte
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Coyotte »

Merci Christof pour ces explications simples (mais pas simplistes) qui permettent à un débutant de comprendre et de s'y retrouver.
=D>

Coyotte
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Jacques Béziat
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Jacques Béziat »

Chtilli a écrit : jeu. 21 nov., 2019 9:27
Jacques Béziat a écrit : jeu. 21 nov., 2019 2:29
Un exemple avec un C7/13 : il va parfaitement sonner, dans le médium toujours, en l'exécutant simplement avec 4 notes : do-sib MG et mi-la MD.
Tu n'as pas expliqué pourquoi tu n'as pas joué de sol dans ton accord, ça vaut le coup de dire que la quinte peut facilement être omise dans les accords très enrichis tant elle est évidente et déjà présente dans les harmoniques de la fondamentale
Tout à fait, tu as raison de le préciser, j'en parle bien sur le terrain, mais ici j'ai oublié de le faire. :wink:
La quinte est à éviter dans ce genre d'accords, évidente dans les harmoniques comme tu le dis, et même venant les alourdir inutilement.
On recherche une couleur, une attaque efficace, trop de notes différentes détruit l'effet recherché.
On peut aller jusqu'à supprimer la fondamentale selon les circonstances.
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Jacques Béziat
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Jacques Béziat »

Très bien expliqué par Christof, il faut en effet se faire une grille bien écrite au-dessus de sa mélodie, ou sans mélodie écrite si on la connaît parfaitement.
Les septièmes sont la première étape (si accords simples de base assimilés), indispensables, mineures et majeures.

La philosophie des septièmes mineures et majeures est différente : le plus souvent une septième mineure est le signal d'un accord de transition, très souvent un accord de dominante, dominante du ton du morceau comme d'une modulation.
Alors que l'accord de 7ème majeure est surtout là pour donner une couleur à un accord de base stable, ce qui est complètement différent à l'oreille, et pour la note de la mélodie concernée.

Il ne faut pas brûler les étapes avec des accords trop riches tout de suite, surtout pour ces ballades dont il faut comprendre l'origine.
C'est avec le temps qu'on avancera éventuellement vers plus de complexité, ou de modernité.
Mieux vaut infiniment un morceau bien construit, bien rythmé, avec des accords simples et clairs, à la mélodie bien distincte et bien énoncée, que le même avec des accords 9, 11, 13, sans rythme, sans feeling, sans construction, avec une mélodie noyée dans les accords ! 8)
Les accords servent à donner une couleur à la mélodie, à lui donner un sens, une direction, et non pas l'inverse, avec mes élèves je me bats quotidiennement avec cette notion, y compris en classique (je m'éloigne du piano, et je gueule -gentiment- J'ENTENDS PAS LA MÉLODIE !! :mrgreen: ).
Modifié en dernier par Jacques Béziat le jeu. 21 nov., 2019 14:01, modifié 2 fois.
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Jacques Béziat
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Jacques Béziat »

Kurt a écrit : jeu. 21 nov., 2019 13:47...
Profites-en pour comprendre la logique d'enchaînement des accords donnés par Christof, et notamment les fameuses dominantes (7èmes mineures) agissant comme des aiguillages, comme j'en parle dans mon commentaire précédent, très nombreuses à cause des marches harmoniques et autres modulations, ça aide à comprendre la structure et à se souvenir du déroulement des accords et finalement de tout le morceau.. :wink:
Hop, je m'éclipse. 8)
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Christof
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Jacques Béziat a écrit : jeu. 21 nov., 2019 13:52
Kurt a écrit : jeu. 21 nov., 2019 13:47...
Profites-en pour comprendre la logique d'enchaînement des accords donnés par Christof, et notamment les fameuses dominantes (7èmes mineures) agissant comme des aiguillages, comme j'en parle dans mon commentaire précédent, très nombreuses à cause des marches harmoniques et autres modulations, ça aide à comprendre la structure et à se souvenir du déroulement des accords et finalement de tout le morceau.. :wink:
Hop, je m'éclipse. 8)
Oui, on parlera de tout cela, un peu plus tard...
Si tout va bien, je posterai la suite du cours en fin d'après-midi (j'ai enregistré hier-soir en audio certaines explications... piano à l'appui, parce que cela sera aussi plus parlant).
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Jouer Misty, à partir d'une "grille" jazz (troisième épisode) : commencer à répartir dans les deux mains

En guise de préambule :
J’avoue que je ne sais pas à quelle vitesse il faut poster la progression de ces «épisodes», ne sachant pas vraiment si certains de vous ont commencé à travailler là-dessus (à part Kurt, mais qui connaît déjà la nomenclature jazz). Je ne sais si vous rencontrez des difficultés ou si vous avez des questions parce que certaines choses que j’ai pu écrire ne seraient pas des plus claires. Si c’est le cas, n’hésitez pas à le signaler.

Avec toutes les explications précédentes, et que vous êtes donc maintenant capables de nommer (du tac au tac ?), et pour n’importe quel accord demandé dans Misty, la fondamentale, la tierce, la quinte, la septième (que l’accord soit mineur, majeur, majeur7, 7, 7 5b), on peut maintenant commencer à parler de la répartition mélodie-accords dans les deux mains).

Mais avant de vous donner des règles à appliquer en ce sens, il faut savoir que celles-ci ne sont pas immuables (qui dit règle,dit toujours exception qui la confirme). Elles seront simplement une bonne aide. Par ailleurs, il faut bien avoir à l’esprit que même en appliquant ces règles, chaque standard est différent, comporte des spécificités différentes, des difficultés différentes. Et c’est en étudiant beaucoup d'entre-eux, des écritures différentes, que l’on peut commencer à faire un peu le tour de la question.

Pour l’instant, je ne vais parler que de règles de répartition, en considérant un pianiste qui joue en solo (donc sans être accompagné d’un contrebassiste par exemple). L'objectif est ici de savoir jouer en même temps mélodie et accompagnement, en faisant en sorte que cela sonne. Se donner de bonnes chances pour la suite.
On parlera plus tard des enrichissements possibles des accords (ajouts de notes de colorations, Jacques avait commencé un peu à en parler), avec exemples, toujours sur Misty. On parlera aussi de substitutions d’accords, et des marches harmoniques. Mais avant cela, l’objectif est de savoir juste comment s'y prendre devant une grille telle que Misty, et que cela ne sonne pas trop mal.

Dans un autre fil, j’ai parlé du fait que le jazz s’était de plus en plus « professionnalisé », avec (peut-être peut-on dater cela à partir des années 80 ?) l’apparition d’écoles de musique jazz (les plus anciennes en France ayant été le CIM et l’IACP, apparues en 1975). L’enseignement n’était alors pas "standardisé". Il faut dire que le jazz a été une musique "orale" : on apprenait beaucoup simplement en écoutant les autres, la radio, les disques, les concerts, où en parlant entre musicien, regardant comment les autres faisaient. On cherchait aussi énormément par soi-même. Beaucoup de choses se faisaient d’oreille. Tout ce que je sais, vient de rencontres, de questions que je me suis posées, de cours aussi que j’ai pu donner, qui obligent alors à réfléchir, savoir comment on présenterait les choses si on devait les faire passer au mieux qu'on peut, comment les rendre un peu claires, comment aussi s’adapter à chaque personne puisque chacune est très différente, trouver le truc qui lui donne envie, qui conforte et donne l'énergie d'aller plus loin.

Aujourd’hui, tous les conservatoires ou presque proposent une classe de jazz. Le CNSM s’est doté petit à petit de la discipline "Jazz et musiques improvisées - 1er, 2Eet 3 E cycle supérieurs" (il existe par exemple aussi un DEM Jazz - Je ne sais si un CA purement jazz existe ?). Tout cela est très bien, et montre que cette musique a désormais ses lettres de noblesse. Mais il me semble - c’est mon avis, seulement mon avis - que ce qui s’apprenait un peu "sur le tas", et pas mal dans les jazz sessions, s’est un peu perdu. La plupart des jeunes musiciens pros en jazz ont maintenant une très solide formation mais sans forcément connaître parfaitement l’histoire du jazz, les apports que l’on doit à tel ou tel ou musicien qui l’a marquée au cours du temps. Ces musiciens en herbe n’ont d’ailleurs pas forcément étudié beaucoup de styles de pianistes différents (un peu comme si on refusait d'apprendre à étudier du Bach ou du Mozart, sous prétexte que c'est "trop ancien"). L'apprentissage - mais ce n’est encore que mon avis - me semble s’être un peu trop standardisé. Alors que pour moi, la vie du jazz, et son apprentissage, ne peut venir que de vrais rencontres et échanges. D'une création.

Je ne cesserai de le crier haut et fort : «Amateur» est un de mes mots préférés.
Et je le répète en le savourant. Je ne plaisante pas. Si la plupart des gens se bornent à lui associer l’image du débutant, ce qui n’est pas faux, je veux bien, mais à condition de considérer le débutant comme celui que la nouveauté enflamme. Un être assez aventureux pour s’accrocher de toutes ses forces à cette nouveauté, soit parce qu’il adore cela, soit que de cette nouveauté, il pourra aussi finalement en faire ensuite sa profession s’il le souhaite. En ne cessant d'ailleurs de considérer chaque jour que tout est nouveau. L’amateur, c’est l’enthousiaste, l’enthousiaste passionné. Il suffit de revenir à l’étymologie : l’amateur, c’est celui qui aime.
Et pour moi, le véritable amateur, c’est aussi celui qui travaille énormément à son art.

Passons maintenant au « cours » proprement dit

Image

Lorsque l’on voit une grille telle que Misty, le réflexe pour nombre de débutants est bien sûr d’apprendre de quoi se compose un accord, mais ensuite, d’un peu penser : mélodie à la MD et accords à la MG. (Or c’est ce que j’expliquai à Kurt dans un précédent message, la musique, c’est l’ensemble des voix qui chantent, les interrelations entre les phrases, penser que l’on joue de plusieurs instruments en même temps. Il faut donc très vite donc savoir penser "horizontal", plutôt que "vertical" (en fait il faut savoir penser les deux dans un tout).

Cet extrait audio montre bien pourquoi il faut savoir répartir dans les deux mains, sinon on a mélodie d’un côté et « gros pâté » de l’autre (je joue ici la mélodie de Misty à la MD, et chaque accord demandé avec les notes 1, 3, 5, 7 à la MG) :



NB : A garder aussi dans un coin de sa tête pour plus tard :
Par ailleurs, ce qui est piégeant, c’est qu’en jazz, au moment d’improviser sur la grille, on fait tout pour libérer le plus possible la MD (du coup, il existe des techniques pour ça – par exemple les accords sans basses dans la MG, souvent utilisés lorsqu’on joue avec un contrebassiste), mais c’est alors un peu passer dans le schéma "un truc à la MG, un truc à la MD", alors que là aussi, tout devrait être interelié dans la tête. Et puis si on pense trop "découplé", au moment d’improviser sur la grille, on risque de penser "un accord, une gamme", alors qu’il faut bien plus penser "mélodie" et le tout interelié avec ce qu’on est en train de faire dans ses accords d’accompagnement, qui doivent véritablement s'adapter au discours, à la musique.
Et puis, quand on a compris la technique, cela peut aller très vite de s’avaler un standard, risquant alors d’utiliser toujours un peu le même schéma, se contenter de peu. Ne pas aller au fond du fond. Si on passe six mois sur un morceau de "classique", pourquoi ne pas faire la même chose avec un thème de jazz ? De mon côté, je travaille encore des choses que je jouais déjà il y a plus de trente ans. On n’a jamais fini. Je suis toujours en découverte.


Les règles à appliquer pour bien répartir mélodie et accords
Ici, on va partir du principe que la note de mélodie sera toujours la note du haut, l’accord sera disposé (dans les deux mains) en dessous de cette note du haut. On pourrait penser que ce que je dis là est est une lapalissade, mais en fait non. On pourrait très bien imaginer une mélodie jouée dans le médium, alors que d’autres notes font l’accompagnement au-dessus, et qu’il y a aussi un discours en plus dans le grave (Il suffit d’écouter des fugues de Bach).

Je vous joue ici deux exemples d’une telle mélodie dont les notes ne sont pas les notes supérieures que l’on entend :
Morceau classique : L’adieu : Jacques Ibert


Standard Jazz : You’d be so nice to come home to (Cole Porter) où je me suis amusé à mettre la mélodie au milieu d’autres notes plus aigües et plus graves.




Les règles qui vous aideront, que ce soit pour jouer Misty mais aussi tout autre thème
  • 1) Si, au moment où est demandé l’accord, la mélodie (note la plus haute, jouée donc à la MD vu ce qu’on vient d’écrire avant) fait la tierce, il faut redoubler cette note à l’octave inférieur (et cet octave est joué à la MD).
    (nb : il faut donc prendre l’habitude de savoir ce que représente la note de mélodie par rapport à l’accord demandé, c’est-à-dire sa fonction par rapport à l’accord. Par exemple, au moment de faire le premier accord de Misty, le Ebmaj7, la note de mélodie est un ré. Le ré est la 7ème majeure de cet accord).
  • 2) Cette nouvelle note de tierce, ajoutée un octave en dessous de la mélodie, est le repère pour savoir où placer la basse (la fondamentale) dans le registre du clavier : cette basse sera à une dixième en dessous de cette note (dixième veut dire que la fondamentale n’est pas juste en dessous ce cette note, mais encore à l’octave en dessous).
    Nb : cette règle n’est pas immuable. Elle permet d’étendre l’accord, mais si la mélodie qui fait la tierce est vraiment jouée dans le très grave du piano, on ne la redoublera pas. Et donc la basse sera alors à une dixième en dessous de la note de mélodie que l’on voit écrite sur la portée (on va d'ailleurs adopter cette exception au moment de faire le deuxième accord de Misty (écouter ci-dessous dans le dernier extrait audio)
  • 3) La MG pourra jouer la fondamentale et la quinte (et dans ce cas, la MD jouera la tierce (redoublée ou pas) et la 7ème), ou la MG jouera la fondamentale et la septième (et dans ce cas, la MD jouera la tierce, redoublée ou pas, et la quinte).
  • 4) Si on joue la basse vraiment dans le grave grave du piano, il vaut jouer à la MG la fondamentale et la quinte (on reparlera plus tard de la quinte b). On reparlera aussi de la quinte, qui n’est vraiment pas obligatoire (car elle sonne déjà en harmonique de la basse)

Je résume tout cela dans ces trois extraits audio.
Le dernier de ces extraits traite de la répartition des deux premiers accords.







J’espère que vous serez très nombreu(se)x à suivre tout cela. N’hésitez pas à poser des questions.

A suivre... où l'on verra dans le prochain épisode accords par accord la répartition. Puis, dans d'autres épisodes les enrichissements que l'on peut apporter (si l'on veut) aux accords.
Modifié en dernier par Christof le sam. 23 nov., 2019 1:10, modifié 3 fois.
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Chtilli
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Chtilli »

Je n'ai pas encore lu ni écouté (toujours pas le temps), mais je sens que ce post peut potentiellement aller très loin et répondre à des questions que je me pose depuis très longtemps (et à d'autres que je ne me posais pas)
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Kurt a écrit : ven. 22 nov., 2019 18:09...
Merci Kurt.
Pour ce qui est des doigtés, tu vois déjà que la MG utilisera le plus souvent fondamentale et septième (donc 5 et pouce) où fondamentale et quinte (donc 5 et 2), Pour la MD, c'est au coup par coup, mais cela vient naturellement. Par ailleurs, au fur et à mesure qu'on va rajouter ensuite d'autres notes dans les accords (notes de coloration dans la MD), les doigtés risquent encore d'évoluer... Cela apprend aussi dès le départ à avoir une certaine souplesse d'esprit en la matière, une très forte adaptation.
Ce que je peux conseiller aussi, c'est à la fois de réfléchir, de répartir, juste au départ en s'aidant juste de la grille, cela fait travailler la mémoire, la mémoire visuelle, la mémoire auditive et la mémoire tactile. Mais rien n'empêche, une fois que tu as trouvé la solution, d'écrire cela sur une "vraie partoche" avec les deux mains.

Pour ce qui est du son, tu fais bien de me le dire. Mais là, je ne peux rien faire (sinon recommencer) . Je vais m'y prendre autrement pour le prochain épisode. Mais c'est pas évident d'avoir le son équilibré, assis au piano, enregistrant en parlant et jouant en même temps.
Mais je vais te mettre la transcription par écrit. du passage inaudible dans un prochain message. Sûrement demain, par ce que là, je vais à un concert.
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Kurt, voilà ce que je dis sur le dernier fichier audio, entre 6'21 et 6'39 :

6'21 : "je ne peux pas mettre le fa (la quinte), au dessus du réb (réb qui est la note de mélodie), parce que sinon, le fa deviendrait la mélodie" (là on est à 6'25).

6'26 : "Et donc cela devient" (et entre 6'29 et 6'33 on entend le début du morceau, avec les deux premiers accords bien répartis) - nb : ce qu'on entend après (à partir de 6'34) n'a pas d'importance : je joue juste les notes avant le 3ème accord qu'on aura à faire, donc ce qui fait partie de ce qu'on verra dans la prochaine leçon).
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Kurt a écrit : sam. 23 nov., 2019 11:49...
Je ne comprends pas bien pour le premier enregistrement audio. Sur mon ordi (mais j'ai des petites enceintes en plus),j'entends bien la voix, peut-être moins quand je parle en même temps que je joue au piano, mais c'est audible.

Oui, par Audacity tu peux faire un traitement : au moment où il y a la voix, tu surlignes le passage, tu vas dans "Effet -> amplification et tu augmente le volume de l'enregistrement.

Sinon, pour tous les pmistes : rien n'empêche maintenant, avec les explications que j'ai données, de voir la répartition des accords qui suivent. Comme cela, vous pourrez vérifier ensuite en comparant avec le fichier audio que je donnerai dans le prochain épisode.
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par mh_piano »

Merci beaucoup Christophe pour ces "épisodes" !
J'essaie de suivre, mais j'ai imprimé les textes pour en profiter tranquillement. Quand on part de zéro ou de "faux débutant" , ça ne s'assimile pas en 1 semaine !
Enfin cela me stimule pour explorer de temps en temps dans cette direction.
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

mh_piano a écrit : dim. 24 nov., 2019 20:58 Merci beaucoup Christophe pour ces "épisodes" !
J'essaie de suivre, mais j'ai imprimé les textes pour en profiter tranquillement. Quand on part de zéro ou de "faux débutant" , ça ne s'assimile pas en 1 semaine !
Enfin cela me stimule pour explorer de temps en temps dans cette direction.
Merci pour ton message MH. Oui, cela ne s'assimile pas en une semaine. Il faut y revenir souvent. Au départ, cela semble un peu "costaud" et puis petit petit, on se sent en terrain familier. Et un jour, on peut lire à vue, jouer à vue avec ce type de mécanique... (alors que je suis vraiment très mauvais lecteur sur des partitions de "musique classique"). Il s'agit de deux approches différentes qui se complètent énormément.

Comme je l'avais expliqué dans un fil, au tout début où je suis arrivé sur PM, avoir de bonnes connaissances en passant par la démarche "jazz" (accords, grilles), fait qu'on comprend dix fois plus vite la structure et l'harmonie dans une partition classique. Par exemple, on peut chiffrer très facilement en accords (avec ce chiffrage américain) le premier prélude du 1er livre du CBT. Du coup, on connaît la partition par coeur en moins de deux.

Je remets ci-dessous un paragraphe que j'avais écrit à l'époque de mon arrivée sur PM :
"Sur le fil de l'improvisation, j'ai commencé à parler de l'harmonie jazz, et au départ, je ne savais pas vraiment dire de façon précise pourquoi cela me semblait essentiel pour l'improvisation. Ce qui me semble essentiel, c'est de connaître la logique qui fait qu'on peut lire une partition jazz (celles utilisées par les musiciens jazz contiennent juste un conducteur, avec la mélodie écrite en clé de sol (pour un pianiste) et puis au dessus, des lettres, des tirets, des chiffres... (qui donnent les accords). Et c'est au pianiste de réaliser les accords, et donc de faire toute une gymnastique, sans finalement avoir peur de l'harmonie (qui là va devenir implicite). Et cela entraîne dès le départ un processus créatif.
En touchant à cela, on est capable de comprendre beaucoup mieux une partition "classique", comprendre où sont les pivots, les notes très importantes, le rythme... (enfin, il y en aurait pour des heures et des heures à expliquer). Et cela fortifie le côté musicien(ne) qui est en vous."
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Jacques Béziat »

Christof a écrit : lun. 25 nov., 2019 17:07 Par exemple, on peut chiffrer très facilement en accords (avec ce chiffrage américain) le premier prélude du 1er livre du CBT. Du coup, on connaît la partition par coeur en moins de deux.
Un bon exercice de chiffrage que ce Prélude, que bien souvent je fais d'abord exécuter avec les accords plaqués, s'ancrer sur les positions est important.

Je suis d'ailleurs incapable de jouer un morceau quelconque de classique ou autre sans immédiatement savoir sur quel accord je suis à l'instant T, c'est devenu un réflexe, et en effet cela aide assurément à mieux mémoriser un morceau quel qu'il soit, c'est un atout indéniable dans la manche du musicien.
(alors que je suis vraiment très mauvais lecteur sur des partitions de "musique classique")
Là aussi c'est une question de pratique à 90%.
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Jouer Misty, à partir d'une "grille" jazz (quatrième épisode) : commencer à répartir dans les deux mains

Nous avions vu dans l'épisode précédent les règles à appliquer pour bien répartir les accords dans les deux mains à partir de la mélodie et grille de Misty (on avait vu cela pour les deux premiers accords Ebmaj7 et Bb-7)

On continue aujourd'hui avec les deux accords suivants (et on sera capable alors de jouer toute la première ligne avec une bonne répartition des notes dans la MD et la MG).

Image

Maintenant que vous avez compris les règles, voici donc ci-dessous le cheminement à adopter (que finalement vous connaissez déjà) :

1) Commençons au Eb7, qui apparaît au troisième temps de la deuxième mesure :
On doit plaquer cet accord de Eb7 en même temps que la mélodie :
  • 1 - Quel est le note de mélodie à ce moment-là ? : un do
  • 2 - Est-ce que cette note est la tierce de l'accord ? Réponse : non, car la tierce d'un accord de Eb (accord majeur puisqu'il n'y a pas écrit de tiret (-) ou de "m", ou "min" après la lettre) est un sol. On place cette tierce à la MD, juste en dessous du do de mélodie (joué lui aussi bien sûr à la MD).
  • 3 - Une fois qu'on a la position de la tierce, on en déduit la position de la basse qui doit être jouée à cet instant sur le clavier à la MG : cette basse (mib) se trouvera à la dixième inférieure à cette tierce.
  • 4 - Il reste à compléter l'accord avec la 7e mineure (le réb) et accessoirement la quinte (le sib), que l'on mettra à la MG. (nb : on ne va pas mettre cette quinte sib à la MD juste sous le do parce que cela "brouillerait" un peu la note de mélodie do [et d'autant plus qu'on doit jouer ce sib à la mélodie juste après le do]. Petite finasserie : on s'aperçoit que la mélodie, à partir du moment où l'on a posé l'accord de Eb7 dans les deux mains, va faire les notes : do, sib, sol, mib. Donc, cette mélodie va jouer la sixte (le do), puis la quinte (le sib), puis la tierce (le sol), puis la fondamentale (le mib). Du coup, ce n'est pas du tout obligatoire de faire entendre la quinte dans la MG, puisque de toute façon, on l'entendra au moment où on joue la mélodie.

2) On arrive ensuite au Abmaj7 de la troisième mesure. De nouveau, voici les questions à se poser :
  • 1 - Quel est la note de mélodie à ce moment-là ? : un do
  • 2 - Est-ce que cette note est la tierce de l'accord ? Réponse oui (la tierce d'un accord de Ab [accord majeur puis qu'il n'y a pas écrit de tiret (-) ou pas écrit "m" ou "min")]. Comme je l'avais expliqué dans les règles à la leçon précédente , si la mélodie fait la tierce, on va doubler cette tierce à l'octave inférieur (l'octave étant joué à la MD) et cette nouvelle tierce inférieur nous donnera le repère pour la position de la basse.
  • 3 - Une fois qu'on a la position de la tierce (tierce inférieure), on en déduit la position de la basse à la MG : cette basse (un lab) se trouvera à la dixième inférieure à cette tierce.
  • 4 - Il reste à compléter l'accord avec la 7e maj (le sol) et la quinte (le mib) : comme je l'avais expliqué, lorsqu'on doit jouer une basse dans le très grave du piano, on mettra plutôt la quinte (le mib) à la MG, et le sol (la 7ème majeure) à la MD.
    Mais comme je l'avais aussi expliqué, la règle de doubler la tierce à l'octave inférieur quand la mélodie fait la tierce n'est pas immuable : cela dépend si cela emmène l'ensemble trop dans le grave. Après, c'est une question de goût : à mon avis, cela sonne effectivement ici trop grave. Du coup, dans ce cas, je ne double pas la tierce. Et donc, et la basse sera à une dixième inférieure à tierce. Du coup, on aura à la MG : basse de lab + quinte ; MD : sol (7ème maj) + do (tierce, qui fait la mélodie).

Tout est résumé en audio ici (ce qui sera bien plus parlant) :


A suivre... Mais rien n'empêche que maintenant que vous avez certainement tout compris, de voir la suite vous-mêmes...
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Christof
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Kurt a écrit : ven. 29 nov., 2019 16:10 ...
Bienvenue dans le monde du jazz ! Une mélodie n'est pas coulée dans le marbre... Et puis souvent, le morceau est transposé pour la bonne tessiture du chanteur ou de la chanteuse pour qu'elle ou il soit le plus à l'aise possible. Par ailleurs, chacun(e) a son propre phrasé, son propre côté artistique,n sa propre façon de "groover", ce qui fait que l'interprétation joue ici un rôle énorme et donc, autant d'artistes, autant de choses différentes. Le jazz, c'est la musique de la liberté... Et puis, à quoi cela servirait que tout le monde joue ou chante tout pareil ?
Kurt a écrit : ven. 29 nov., 2019 16:10 ...
Il s'agit ici d'un arrangement fait par Guillaume de Chassy, justement pour que ce soit "facile".
C'est un truc sur lequel je viendrai peut-être sur PM, montrer que finalement, n'importe quel accord peut s'adapter à un thème (mais cela nécessite un certain nombre de connaissances, et entre autre de connaître tous les modes dans tous les tons). En fait, à part de toutes petites exceptions, n'importe quel accord peut aller sur n'importe quel note. Mais là, il faut en connaître un rayon.
Par exemple, tu pourrais décider que le premier accord sur Misty, serait do C sus 4, et s'amuser à chaque accord suivant que son nom soit un ton sous l'accord qui le précède : par exemple, le deuxième accord de Misty, après le Csus4, pourrait être un Bb -7, le 3ème un Ab maj 7.. le quatrième un Gb quelque chose 5b (mais bon, je ne commence pas à rentrer là-dedans parce que là, cela devient très compliqué)

On verra d'ailleurs dans Misty, qu'on peut rajouter certains accords, en modifier ....
Kurt a écrit : ven. 29 nov., 2019 16:10 Plus globalement, comment s'y retrouve-t-on avec le Real Book, ou plutôt "les" Real Books ? J'ai parcouru les marchands en ligne, et il y a des dizaines de versions. On évoque même des tonalités différentes. Il y a même des versions par instrument alors que je croyais le recueil "commun". On trouve même une numérotation des volumes, alors que je croyais qu'il n'y en avait qu'un. Je suis un peu perdu.
Oui, il existe différents Real Books, dans différentes tonalités. Il faut savoir que certains instruments sont des instruments transpositeurs. Un sax ténor, une trompette, une clarinette en sib, auront besoin de partitions écrites un ton au-dessus de celle du piano. Un sax alto, lui, aura besoin de grilles écrites une sixte au-dessus de ce qui est écrit pour la mélodie au piano...

Sinon, pour les "standards ancien temps", il existe 3 Real Books (ceux de l'école Berklee - j'en avais parlé dans un message sur ce fil).
Mais il existe des "New Real books" (pour les standards récents (3 tomes). Et puis il existe des Real Book uniquement consacré à un artiste (par exemple celui sur Charlie Parker... et lui aussi pour les différentes instruments), etc, etc.

De toutes façons, le jazz, c'est prendre un thème, se l'harmoniser à sa convenance, et savoir improviser dessus. Finalement, jouer du jazz, c'est être aussi compositeur.

NB : peut-être as-tu raison et devrais-je refaire un fil à part, consacré juste à Misty et la façon d'appréhender sa grille pour que ceux qui voudraient s'y consacrer s'y retrouvent plus facilement ?
Modifié en dernier par Christof le ven. 29 nov., 2019 19:25, modifié 3 fois.
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Christof
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Kurt, ce nouveau message (même s'il s'éloigne finalement un peu du titre de ce fil) pour compléter un peu mon précédent, et répondre un peu mieux à ta question, en l'envisageant sous l'angle du pianiste "jazz" : "Pourquoi je ne fais pas le lien entre la mélodie sur la grille (ou la partition), et le morceau chanté par Ella Fitzgerald et Louis Armstrong ou encore Frank Sinatra ? Au-delà de mon manque de culture. :wink: J'écoute le morceau, les versions, partition sous les yeux, rien ne m'est évident. Je sens l'énormité de ma question"
(mais peut-être ce message mériterait plus d'aller dans le fil "l'improvisation vu par les PMistes ?)

Il y a au moins deux sortes de pianistes. Depuis le XXe siècle surtout. Ceux qui interprètent une partition, apprise dans les moindres détails, et ceux qui essaient d'inventer leur texte. Ceux qui ont l'ambition de devenir pianistes de jazz se heurtent théoriquement à une double difficulté. Difficulté que ne soupçonnent peut-être pas ceux qui n'ont jamais essayé d'inventer leur partition et qui se consacrent à l'interprétation immuable de musiques écrites par d'autres. S'il veut parvenir au plus haut niveau, le pianiste improvisateur doit avoir à la fois le talent de ceux qui reproduisent et de ceux qui inventent. Ou presque. Certes, l'utilisation de l'instrument n'est pas la même dans les deux cas. On n'a encore jamais entendu un improvisateur de jazz monter ou descendre tout le clavier en octaves des deux mains à grande vitesse (quoique). On en voit peu qui soient capables de jouer suffisamment fort au sein d'un orchestre pour être entendus au fond d'une salle sans être sonorisés. Pour simplifier, on pourrait dire que le pianiste improvisateur de jazz aborde rarement les plus grandes difficultés de l'instrument (mais bon, on en trouve... Il suffit d'écouter deux minutes Oscar Peterson, et bien d'autres).

S'il est vrai que l'improvisateur n'a pas forcément à exécuter de triples sauts périlleux arrière, il doit avoir des qualités que l'on n'exige pas du musicien "classique", qui a l'avantage d'avoir résolu en répétant toutes les difficultés d'une oeuvre, de les avoir analysées, disséquées, doigtées et écoutées jouées et enregistrées par d'autres. Le véritable improvisateur, pianiste ou pas, doit être capable de penser très vite et se jeter à l'eau constamment. Il doit, en un temps record réfléchir, refuser, censurer, préférer et adopter. Autant de verbes qui'l doit savoir conjuguer, si possible sans faute de grammaire.

Les deux sortes de pianistes ont toutefois beaucoup en commun. La maîtrise instrumentale d'abord, même si elle n'est pas obligatoirement de même niveau (les premiers improvisateurs s'en souciaient d'ailleurs beaucoup moins que ceux d'aujourd'hui). Maîtriser l'instrument est devenu une nécessité mais demande toujours autant de travail. Quand à ceux qui interprètent, ils doivent avant tout posséder et comprendre parfaitement leur texte : on n'imagine pas un comédien qui ne comprendrait pas le sens de ce qu'il dit. Il faut être fidèles aux intentions de l'auteur, le suivre dans ses méandres harmoniques, savoir pourquoi telle nuance ou tel ralenti a de l'importance, deviner ce qu'il faut mettre en relief, pouvoir dans un accord faire davantage entendre la (ou les) notes importantes. En bref, ils doivent approuver l'auteur et lui obéir sur toute la ligne. C'est le travail de toute une vie.

Mais beaucoup de ces qualités sont aussi nécessaires à ceux qui inventent. Il leur faut décider du texte et l'exécuter dans l'instant avec la même autorité que s'il était prévu d'avance. Et là commencent les problèmes. Bien entendu, l'improvisateur peut se contenter de proposer un texte facile, un texte médiocre ou un texte répétitif. L'improvisateur, contrairement au musicien jouant une partition classique, peut être un génie aussi bien qu'un musicien très modeste. Improviser, n'est-ce qu'exécuter dans un ordre aléatoire des phrases déjà jouées et entendues mille fois ? Dans ce dernier cas, improviser ne demanderait qu'un peu de mémoire, qu'un petit talent, qu'une technique moyenne. On pourrait alors dire qu'il y a une quantité d'improvisateurs. Mais si improviser, c'est inventer un discours qui refuse les répétitions, les redites et les facilités, alors l'improvisation devient un art difficile.

Et alors l'originalité, c'est arriver à se démarquer de ceux qui ont marqué, tout en ayant quelque chose à dire. Se libérer des influences, tout en les connaissant. Se trouver une direction. S'inscrire dans une tradition, tout en apportant ses différences. Les standards ne sont en fait qu'un prétexte à cela, même s'ils ont été écrits par d'autres musiciens. C'est un langage commun, sans arrêt en évolution.

Voilà pourquoi, tu entends tellement de choses différentes chez les artistes, qui pourtant, jouent ou chantent en partant d'un "même" thème.
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Christof
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Kurt a écrit : ven. 29 nov., 2019 23:58 ...
Le mieux alors, c'est encore d'écrire la partition (ce que je viens juste de faire) :

Image

Rien ne t'empêche après d'écrire la suite. Le problème est que, si on écrit la partition, on ne va pas développer les automatismes propres aux grilles. Normalement, avec tout ce que j'ai expliqué, tu dois savoir toi-même quelles notes doivent être dans l'accord. Et la recherche de la répartition est aussi "une mémoire" qui s'installe. Au bout d'un moment, on n'a pas besoin d'écrire. Tout est dans la tête (et dans les positions, dans les doigts, parce qu'on a beaucoup cherché.

J'ai mis des doigtés, mais c'est très personnel les doigtés. C'est pareil, ce n'est pas parce que tu es "débutant" que tu ne dois pas réfléchir, essayer de les trouver ces doigtés, ceux qui te conviennent.
Et puis, le problème, c'est aussi que l'on n'en est est qu'au début là : on va voir que l'on peut rajouter certaines notes de coloration selon les accords, et cela va encore modifier les choses, et donc les doigtés. Donc, bien sûr, c'est une sécurité de savoir avec quels doigts on pose les choses, sauf qu'il faut être très "plastique" et "malléable". En jazz, on ne cesse de modifier... Une espèce "d'adaptation immédiate".

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NB : pour ce qui est de Foggy day, tu m'avais posé la question de savoir s'il fallait avoir recours à la pédale, parce que le morceau te paraissait "sec" lorsque joué sans pédale. En fait, il faut essayer de jouer le plus possible sans, faire en sorte de lier le plus possible les choses sans l'aide de rien, juste de la façon dont tu poses les notes. C'est possible. Cela dépend aussi bien sûr de la longueur des mains et alors, en fonction, il faut minimiser le plus possible le recours à la pédale, ne s'en servir que si à cet endroit, on ne peux faire autrement. Être le plus musical possible. Souvent, on utilise la pédale pour masquer... Et ensuite, cela devient un tic et on s'en sert beaucoup trop. Peut-être, dans un premier temps, choisis un son de piano électrique sur ton numérique et tu verras que ce n'est pas "sec", même sans pédale. Ensuite, essaie de faire de même en choisissant un son de "piano acoustique".

Je viens d'enregistrer ci-dessous la MG pour que cela te parle mieux. Je ne mets ici aucune pédale. J'essaie de maintenir un certain legato. En fait, c'est du travail. Cette MG, c'est toute l'assise du morceau. Il faut donc la travailler méchamment. Mais cela vaut le coup. Déjà, la jouer toute seule, c'est entendre le morceau. Et c'est super beau.



(à 1'11, je joue la fin au deux mains, comme elle est écrite sur la partition).
Ensuite, petite improvisation, juste que pour que tu vois ce que cela peut donner si on improvise sur cette MG. Imagine ce que cela donnerait si j'avais sans arrêt recours à la pédale !!! Cela ne fonctionnerait pas.
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Christof
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Pour A Foggy Day, je vais donc ne pas mettre la pédale. :wink: Ton enregistrement m'aide beaucoup, merci, et l'impro est vraiment cool. Par contre, je ne suis pas à ton tempo, j'ai intérêt à bien lier tout ça.[/quote]
Merci !
Oui, faire très très lent au départ, en faisant bien attention à lier, faire cela dans la détente totale, avec une économie de geste.
Kurt a écrit : sam. 30 nov., 2019 17:07...
Oui, du coup essaie d'avancer sur toute la deuxième ligne (je pense publier cela bientôt).
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Christof
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Re: Piano-bar, style lounge, cool, jazz : par où commencer ?

Message par Christof »

Jouer Misty, à partir d'une "grille" jazz (cinquième épisode) : commencer à répartir dans les deux mains

A la fin de l'épisode précédent, nous avions vus la répartition des accords pour les trois premières mesures de Misty (jusqu'au Abmaj7 inclus).

Entamons la suite.
Voici la partie que nous allons examiner aujourd'hui (jusqu'au Sib7 inclus, c'est-à-dire 5 mesures de plus):

Image
Image

A la fin de cet épisode, vous serez donc capables de jouer les 8 premières mesures de ce thème, c'est-à-dire "la partie A".

Maintenant que vous êtes aguerris aux règles de répartition déjà expliquées, je n'écris plus rien.
Toutes les explications sont dans l'audio ci-dessous :




Important : dans l'enregistrement audio, pour la partie des accords G-7, C7, Fa-7, Bb7, pour être pédagogique, je rejoue à chaque fois la note de mélodie, le sol, avec chaque accord. Mais en fait, c'est une note tenue. On la joue sur le G-7 et on doit la tenir pour les trois accords suivants, ce qui fait qu'il faut vraiment jouer ces accords piano, pour qu'on entende toujours ce ré et qu'il ne soit pas "bouffé" au moment des changements d'accords.
.
Il faut jouer comme cela :



Bon travail.
Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser sur le fil.

A suivre...
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