Concerto no 1. Tchaikovsky

[sylvie piano]

En suivant le concours Tchaikovsky, en lisant les commentaires sur ce concerto ,j'ai une fois encore mesuré comme notre ressenti d'une oeuvre pouvait être subjectif.
Je ne peux absolument pas donné un avis objectif de ce concerto, pour moi il est et demeurera " LE " concerto !!!
Élevée dans une famille non - musicienne ,non - mélomane, j'ai fait du piano par hasard avant d'en faire par passion.
Mes premiers disques, je me les suis offerts à la faveur de cette édition qu'on trouvait à 5F . .. .
Quand ce concerto a résonné pour la première fois dans ma chambre , mon coeur de jeune fille a soudain cru qu'enfin il était compris.. . J'ai pleuré, et des années durant j'ai continué de pleurer en l'écoutant .. .
Est-ce un concerto pour adolescente ? Est-ce qu'il parle davantage aux jeunes d'une époque ? Aux jeunes filles ? Peu m'importe d'ailleurs !
Je ne sais pas si on mesure combien lorsqu'on était issu d'un milieu peu " culturel ", avant internet, il était difficile d'avoir accès à la musique classique.
Pas de concerts à la télévision, pas de you tube ... Uniquement le concert et les disques .Et du temps pour chercher tout cela et de l'argent.. . .
J'allais au concert en mobylette . .. J'habitais loin de la ville , ( 10 km) rentrer dans la nuit noire à 15 ans, la pluie l'hiver ... Je l'ai fait quelques fois .. .
Alors ce concerto ! J'aime tout ,tous les mouvements !
Chaque note me parle, je n'ai pas honte . De même que je n'ai pas honte de vibrer sur Verdi ou Puccini. .
Je sais chaque passage à écouter en fonction de mon chagrin, je sens mon coeur qui enfle, la flamme qui monte , les passages plus légers permettent à mes sanglots de s'apaiser pour mieux se préparer à revenir au prochain crescendo .. ..Rien ne peut me faire changer d'avis, il est inscrit en moi. Et pourtant je joue Bach avant tout , j'aime les jeux purs et objectifs qui cherchent le timbre parfait.
Mon piano ,ma construction, ma vie entière n'aurait pu s'articuler aussi bien sans ce concerto . Une oeuvre essentielle pour moi .Un monument qui suit mon coeur de son ombre écrasante et qui me rassure.
http://youtu.be/g80VU33jr8Q

[jean-séb]

Mes premiers disques, je me les suis offerts à la faveur de cette édition qu'on trouvait à 5F . .. .

Idem, avec les collections Musidisc, Trianon, Vox qu'on trouvait à ce prix-là dans les prisunics !
Je ne sais pas si c'est mon cœur de jeune fille qui a parlé, mais j'avoue aussi que je l'aime bien, ce concerto, quoique je l'écoute très rarement aujourd'hui. Il reste le délicieux souvenir de mes premières fréquentations classiques.

[Spianissimo]

Chaque note me parle, je n'ai pas honte . De même que je n'ai pas honte de vibrer sur Verdi ou Puccini. .
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Manquerait plus qu'on ait honte d'écouter une oeuvre maintenant On peut aimer la musique baroque, romantique ou contemporaine...sans se sentir "infidèle" je pense...
C'est en tout cas une belle déclaration enflammée à une oeuvre, j'ai vécu un peu la même chose avec le second concerto de Rachmaninov (pas très original...mais je n'ai pas honte non plus ) et je viens également d'un milieu populaire, mais avec une grande soeur qui jouait déjà du piano et une tante organiste de l'église du village, j'ai toujours entendu de la musique à la maison, ce qui a du provoquer en partie le déclic qui m'a remis au piano par un jour miraculeux...
Merci pour ce beau récit de "ta" rencontre avec ce concerto, je pense qu'on a tous aussi quelques oeuvres "références" qui nous accompagnent tout au long de notre vie car elles déclenchent des émotions particulières, c'est vrai que Tchaïkovsky a laissé derrière lui des oeuvres d'un romantisme inouï, comme son concerto pour violon ou son Trio dont le final est une de ces grandes envolées lyriques extraordinaires. En revanche, je dois avouer que j'ai toujours eu un peu de mal avec le début grandiloquent de ce concerto, même si c'est bien entendu une merveille. En tout cas, tu m'as donné envie de m'y replonger un peu car c'est tellement un classique des classiques qu'on ne va plus l'écouter...

[Florestan]

Moi qui suis entré dans la musique classique dans la raideur intransigeante et bornée de mes 20 ans, mes premiers contacts avec Tchaikovski (et le concerto fait partie des premières oeuvres évidemment) ont été du même ordre qu'avec Rachmaninov: j'ai détesté. Avec le temps, la (trop lente) érosion des préjugés, la fréquentation épisodique de son répertoire (Laurent Martin n'hésite pas à défendre sa musique, notamment les lieder que j'ai découverts grâce à lui et qui recèlent des surprises), j'ai fini par bien nuancer mon jugement.
Il y a plusieurs veines chez Tchaikovski, et c'est une musique qui peut-être plus que d'autres est à la merci des "intentions" qu'on y met, mais elle recèle aussi d'authentiques beautés. Dans le concerto, si je continue à trouver le premier mouvement un peu "too much" (surtout la reprise du premier thême qui je trouve tombe comme un cheveu sur la soupe, et cette orgie d'octaves...), j'ai fini par vraiment apprécier les deux autres, la candeur du thème du mouvement lent coupé en deux par cette épisode fantasque (et quand même d'une écriture assez originale!), l'énergie du rondo final, avec ces thèmes qui se répondent avec brio.
Pour l'anecdote, la plus petite de mes deux filles, qui a toujours associé de manière comique des mots improbables à ses émotions, s'est mis à dire à un moment "Tchakofski" quand elle était d'humeur à se faire câliner. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi, mais la voir se blottir contre moi, son lapin crasseux collé au nez, en disant simplement "Tchakosfki", a peut-être contribué à ma réconciliation avec ce brave Piotr Illitch!

[Okay]

J'avoue également sans honte avoir été adolescent très fan de ce concerto. J'avais une VHS où Pletnev était le soliste et je ne peux pas dire le nombre de fois où je l'ai visionnée. Je me souviens avoir succombé à la fois à la séduction immédiate, au charme de ses thèmes, et à son irrésistible brio pianistique. Il a aussi eu un jour une importance décisive dans mon parcours, car il a œuvré directement à me faire rencontrer mon prof au conservatoire.

Maintenant, avec les années en plus, je peux comprendre pourquoi on pourrait ne pas du tout adhérer à une telle oeuvre, y trouver un côté beaucoup trop facile, voire carrément vulgaire. Ca me rappelle la charge de Guy Sacre contre la partie centrale du fameux prélude opus 23 n°5 (sol mineur) de Rachma. Je ne me souviens pas des termes exacts mais c'est assez violent. Pourtant, ces pages exercent une séduction immédiate, et en même temps dégoulinent de sentimentalisme, et quelque part on a presque l'impression de se faire piéger par un chant des sirènes tout à fait grossier en y cédant.
Pour ma part, j'ai envie d'adopter une image culinaire. On se sent un peu comme le gourmet capable d'apprécier les plus subtiles saveurs, et qui se surprend à apprécier un hamburger. Mais il n'y a pas forcément à culpabiliser pour ça, il y a de très bons hamburgers !

Pour revenir sur le concerto, il y a quand même de nombreuses sections qui sont très raffinées, et il innove pas mal sur le plan formel. On ne peut pas non plus lui retirer la qualité d'avoir des thèmes mémorables.

[Julien84]

Un livre que j'ai dévoré ce Guy Sacre. Je viens de relire la notice de l'opus 23 n° 5 de Rachmaninov:

«Un morceau peut revendiquer la palme de la laideur chez Rachmaninov, c'est le cinquième et popularissime prélude de cet opus 23 (en sol mineur, alla marcia). Servez-vous de cette pierre de touche pour mettre vos amis à l'épreuve; s'ils aiment sérieusement cette marche de pacotille à l'espagnolade (on a envie de crier ollé!), ces harmonies éculées, ce creux remue-ménage, s'ils se pâment au lyrisme de l'intermède, tout dégoulinant d'arpèges, eh bien, abandonnez-les à leur sort, et courez à la recherche des amoureux d'un prélude Liadov, d'une chanson de Mompou.»

Ça parait bête mais, je pense ne je ne travailler cette page, de peur que mes amis, pour le coup, l'apprécient
Quant au concerto de Tchaikovsky, j'avoue l'écouter comme je regarde un bon film d'action classique: en me revisionnant les scènes de combat, les courses poursuites… Ici, c'est les arpèges de 7ème diminuée, les octaves, le départ du finale. Et quant le soliste répond présent techniquement, comme Kharitonov au concours Tchaikovsky, alors c'est assez électrisant!

[mieuvotar]

On se sent un peu comme le gourmet capable d'apprécier les plus subtiles saveurs, et qui se surprend à apprécier un hamburger. Mais il n'y a pas forcément à culpabiliser pour ça, il y a de très bons hamburgers !

C'est vrai. Même chez Bach

[sylvie piano]

Difficile de lui succéder....

http://youtu.be/g80VU33jr8Q

[Okay]

On se sent un peu comme le gourmet capable d'apprécier les plus subtiles saveurs, et qui se surprend à apprécier un hamburger. Mais il n'y a pas forcément à culpabiliser pour ça, il y a de très bons hamburgers !

C'est vrai. Même chez Bach

Excellent !

[Lee]

Je découvre aux Etats-Unis dans la voiture de location les chaînes de satellite. Pas de pubs et les chaînes hyper specialisées jusqu'au décennies et style (plein de chansons de mauvais goût de ma jeunesse mais elles me chantent !). Bref, juste deux ou trois fois je suis restée sur la chaîne classique. Et je découvre ce pianiste jouant le premier de Tchaikovsky comme un dieu comme si j'avais jamais entendu ce concerto ! Puissance, précision, poésie...enfin il annonce son nom, Denis Matsuev.

[Athos]

Denis, vraiment ?
Je croyais que c'était Omar...

Tchaikovski, concerto numéro 1, pourquoi pas, c'est un peu comme un bonbon sucré.

Moi, j'aimais bien Kim Wilde, pourtant c'était loin du rock que j'écoutais à l'époque.
Juste je le disais pas trop...

[Guzelya]

https://www.youtube.com/watch?v=z8CXhW_6OMI

il était dans le jury du dernier concours de Tchaïkovski...

[Arabesque44]

Denis, vraiment ? Je croyais que c'était Omar...

Ouch!

Pour Guzelya, explication:

[jean-séb]

Denis, vraiment ? Je croyais que c'était Omar...

Ouch!

La chaleur m'a tuer, j'étais aussi passé à côté. Merci d'avoir donné la clé.

[pianojar]

j'étais aussi passé à côté. Merci d'avoir donné la clé.

Etonnant pour un pince-sans-rire comme toi !

[Guzelya]

J'étais sûre qu'il y avait un truc ici...