Lucas Debargue

[pianojar]

A propos quelle est la barcarolle de Fauré qu'il a joué au concert Vuitton ?

edit Sur le compte rendu ils parlent de la 4 mais apparemment c'est la 1ère barcarolle qu'il a joué en bis

[pochette]

Pourquoi faire, les fans ne s'entendent pas entre eux ?

ça arrive, n'est-ce pas? la gloire suffit pour nourrir ces deux groupes... et plus que deux peut être

Et puis tiens, il y a là une photo prise à la Fondation Louis Vuitton (séance de signature) où je devine reconnaître notre Marina... non ?

une photo? laquelle?

[pianojar]

Bon si jamais quelqu'un avait les capacités et l'envie de faire une transcription du bis .........

[Virgule]

À lire: une superbe interview de 'notre Lucas' par Stéphane Friédérich, dans le nouveau numéro du magazine Pianiste (mai/juin 2016), avec des explications passionnantes de sa vision des oeuvres.

PS: Pochette, oublie mon commentaire, j'ai confondu.

[Virgule]

Bon si jamais quelqu'un avait les capacités et l'envie de faire une transcription du bis .........

Une transcription ? Pianojar, si c'est une partition que tu cherches, tu peux la trouver ici: http://www.free-scores.com/partitions_t ... tion=57118#
Je suis justement en train de l'écouter par Delphine Bardin, c'est très beau (disque Alpha, diapason d'or en 2010). Mais pour ma part il est hors de question que j'essaie même juste de la déchiffrer...

[pianojar]

Non je parlais du dernier bis pas de Fauré.

[pianojar]

http://www.francemusique.fr/emission/la ... s-debargue

Signalé par jean-séb dans le fil Scarlatti, Lucas invité de France musique ce matin joue Scarlatti K24 et Fauré ( après àpp 1h20 d'émission) et à la fin une impro sur Summertime .

La vidéo de Svarlatti
http://www.francemusique.fr/videos/scar ... ale-158449

[Virgule]

De retour ce soir de Toronto. Juste une très brève visite ici pour signaler qu'on peut encore écouter (j'ignore pour combien de temps) une interview fort intéressante de Lucas, lors de son passage à la radio francophone de Radio-Canada à 'L'heure de pointe Toronto' le vendredi 29 avril, soit la veille de son concert avec Lukas Geniusas. C'est ici: http://ici.radio-canada.ca/emissions/L_ ... /index.asp

(La photo sur le site est affreuse, autant pour la journaliste que pour le pianiste. Le lendemain, Lucas était frais rasé--complètement).

Je reviendrai demain (ou mardi…) vous faire un compte-rendu du concert passionnant auquel j'ai eu l'immense bonheur d'assister. Un teaser : 'notre Lucas' était en superbe forme.

PS: Un article un peu banal (en anglais) couvrant l'événement: http://www.thestar.com/entertainment/20 ... eview.html

[pianojar]

Merci pour le lien de l'interview et le petit article qui met l'eau à la bouche

[pochette]

Je reviendrai demain (ou mardi…) vous faire un compte-rendu du concert passionnant auquel j'ai eu l'immense bonheur d'assister. Un teaser : 'notre Lucas' était en superbe forme.

Chère Virgule, votre teaser est très intriguant! attendons avec impatience
et on dit que le public était 99% russophone, qu'en diriez-vous?

[Virgule]

Bon, j'ai relu ce matin à tête reposée l'article de Michael Vincent et ma conclusion, c'est qu'il n'était pas au concert et qu'il a écrit sur la base de ce que quelqu'un d'autre lui a rapporté. En effet, dans sa description de la prestation de Lucas Debargue, il discute de l'interprétation des Scarlatti, puis de la sonate de Scriabine, et termine avec le Gaspard, qu'il introduit par la phrase "Hunched over the keys, and looking down at his fingers, Debargue closed with Ravel’s “Gaspard de la nuit”. Closed… c'est-à-dire 'conclut' avec le Ravel.

Mais justement, Lucas n'a pas conclu avec le Gaspard ! Le programme annonçait l'ordre tel que présenté par Vincent dans son article, mais en réalité, Lucas a inversé l'ordre et a joué le Gaspard immédiatement après les Scarlatti. Il a conclu avec Scriabine. C'est un changement qui aurait mérité d'être discuté.

Tout ça explique peut-être pourquoi cet article me semble davantage une (médiocre) démonstration littéraire qu'un compte-rendu musical. Il écrit aussi que les deux pianistes ont un parcours similaire !!! Choquant tout ça, de la part de quelqu'un qui est non seulement critique musical mais aussi compositeur (https://en.wikipedia.org/wiki/Michael_V ... (composer)).

et on dit que le public était 99% russophone, qu'en diriez-vous?

Pochette, je ne saurais dire si le public était à 99% russophone (c'est peut-être un peu exagéré), mais je peux confirmer qu'autour de moi ça parlait beaucoup russe. Aucun doute qu'ils étaient très nombreux (et plutôt âgés). Par contre, il y avait aussi beaucoup d'étudiants du conservatoire. J'ai d'ailleurs reconnu Tony Yike Yang, le jeune Canadien qui a remporté en octobre dernier le 4e prix au concours Chopin de Varsovie--et qui a eu le privilège d'être admis en arrière-scène après le concert, alors que d'autres jeunes attendaient plein d'espoir…

Et Pochette, moi qui ai toujours été intriguée par ton pseudo, j'ai compris vendredi dernier d'où il vient. J'ai visité le conservatoire et dans une superbe vitrine qui expose de très beaux instruments anciens, j'ai vu… une pochette !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pochette_%28instrument%29

Bien trouvé ce pseudo !

Pour la suite, j'ai jeté des notes sur un bout de papier au retour du concert samedi, je dois encore les retranscrire et les mettre en forme. À bientôt donc.

[pianojar]

Un petit "round midnight" dans la lignée de ses bis "jazz"
https://www.youtube.com/watch?v=htrbAbkx3Ys
Le reste du concert est sur you tube vous le trouverez facilement

Le dernier bis devrait t'intéresser Okay...
https://www.youtube.com/watch?v=UhYdCTuf8Ik

[Christof]

Un petit "round midnight" dans la lignée de ses bis "jazz"
https://www.youtube.com/watch?v=htrbAbkx3Ys
Le reste du concert est sur you tube vous le trouverez facilement

Le dernier bis devrait t'intéresser Okay...
https://www.youtube.com/watch?v=UhYdCTuf8Ik

Ouh la la, j'ai l'impression d'être largué, il faudra que l'on m'explique...
Où est sa grandeur ici ? (et je parle aussi du classique [le dernier bis]) ??
Mais je suis peut-être hors-sujet ? Je me sens tout bête et ignare

Et cela, vous aimez ?
https://www.youtube.com/watch?v=xC68NtEmAcc
Et version de Richard Beirach (ici dans un style plus "piano classique" enfin pour le début... :
https://www.youtube.com/watch?v=fUA1tyQUpwY

[pochette]

Et Pochette, moi qui ai toujours été intriguée par ton pseudo, j'ai compris vendredi dernier d'où il vient. J'ai visité le conservatoire et dans une superbe vitrine qui expose de très beaux instruments anciens, j'ai vu… une pochette !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pochette_%28instrument%29

Bien trouvé ce pseudo !

merci Virgule, ça me plait que tu l'aimes
pour moi c'était toujours un violon de poche, et ici seulement j'ai appris que ça peut avoir quelque chose à faire avec des disques )

[Virgule]

Ouh la la, j'ai l'impression d'être largué, il faudra que l'on m'explique...
Où est sa grandeur ici ? (et je parle aussi du classique [le dernier bis]) ??

Ne jamais juger quelqu'un sur la base d'une vidéo pirate prise avec un cellulaire. C'est toujours horrible.

[Virgule]

Voici enfin mon (très long, j'assume) compte-rendu du concert du 30 avril 2016 au Koerner Hall de Toronto, où Lucas Debargue a donné un concert remarquable en tout point. Je vous raconte mon expérience, rien de plus. N'attendez pas de moi un compte-rendu critique à la Okay ou à la Jean-Seb et compagnie (compte-rendus que j'admire sincèrement), ce n'est pas à ma portée.

Le Koerner Hall est la salle de concert du Conservatoire royal de Toronto, une salle magnifique, récente, toute de bois, dont l'acoustique très claire est plutôt réverbérée (trop, au goût de mon conjoint) et où on entend tout. Le piano est un Steinway qui semble en bon état, mais nous aurons vite l'impression qu'il est étouffé, surtout dans les aigus, qui ne sonnent pas très bien. Par contre les basses sont riches et Geniušas saura bien les faire sonner.

Les pianistes entrent en scène ensemble, Geniušas devant avec une (très) grande assurance, Lucas modeste et un peu intimidé. Il a complètement rasé sa moustache, j'aime bien car on lit mieux son visage. Nos deux compères s'assoient et jouent d'emblée, avec partition, deux Danses norvégiennes op.35 de Grieg que je crois reconnaître comme celles que Lucas a jouées avec Berezovsky à Beauvais l'automne dernier. Lucas joue à droite et de ma très bonne place (5e rangée) je vois bien ses mains. Les aigus sonnent très bien et dansent sous ses doigts, mais Geniušas me semble parfois jouer un peu fort. Mais visiblement ils s'amusent. Saluts, on les applaudit, ils sont souriants et contents. Mais ce n'est qu'une mise en bouche.

Suit la prestation solo de Lukas Geniušas. J'ai déjà écrit que ce pianiste ne me touche pas, qu'il joue avec trop de détachement. Dans les 7 mazurkas de Chopin avec lesquelles il débute, il me fait très exactement cette impression. En plus, trop de pédale à mon goût sur ce piano étouffé. Technique impeccable, mais pour moi (et pour mon conjoint) ça ne chante pas et ça ne danse pas du tout. Je décroche plusieurs fois. Salut, puis sans hésiter il se lance ensuite dans la Sonate no.7 de Prokofiev, une sonate que j'aime passionnément. C'est mieux: j'y ai senti qu'il s'impliquait, pas en continu mais dans deux passages et pas très longuement (ce qui est 100% mieux qu'au Tchaikovsky). Il s'est lâché, on a entrevu son âme, dans la seconde moitié du premier mouvement puis surtout à la fin du dernier, où je dirais qu'il est même allé jusqu'à prendre certains risques. Mais avant d'en venir là, il se retient, se retient… combien j'aurais voulu le pousser, lui crier de souffrir, de hurler, que c'est la guerre cette sonate ! Ce n'est qu'à la toute fin que les cris et hurlements sont venus, mais alors quand il se lâche, là il me touche vraiment !! Là il me fait vivre cette musique. Si seulement il pouvait jouer comme ça tout le temps ! Par ailleurs, il ne soigne pas le son et ses aigus ne sont pas beaux, même s'il porte parfois une attention marquée aux basses (et alors c'est très beau). Et il joue parfois vraiment très (trop) fort, aucun doute qu'il sache passer par-dessus un grand orchestre en concerto !! La sonate m'a quand même plu dans l'ensemble mais surtout à la fin, quand il a enfin plongé. Applaudissements nourris.

Intermission: on pousse le Steinway vers la gauche (je voyais bien les mains de Lukas, je ne verrai plus celles de Lucas, zut! mais je verrai mieux son visage) et on installe un second piano devant, tête-bêche et le couvercle retiré. C'est un Yamaha, apparemment un disklavier dont la boîte sous le clavier a été enlevée (on voit le filage et le dispositif électronique dessous). C'est curieux… et je me demande si les cordes du Yamaha ouvert ne risquent pas de vibrer pendant que Lucas joue sur le Steinway.

Lucas revient ensuite sur scène, sans l'assurance de Geniušas, un peu timidement mais en toute simplicité; il s'assoit et se concentre, change deux ou trois fois de position et se recueille; aucun signe d'impatience dans la salle. Les Scarlatti arrivent, magnifiques (il est dedans tout de suite), la K.208 tout en délicatesse, chantante, poétique, avec de superbes piano (quel contraste après les fff que vient de nous servir Geniušas! ); la K.24 dansante et pleine de verve mais sans aucune dureté dans les passages en fusée--si en général j'ai un peu de mal avec les forte intempestifs qu'il met dans cette sonate, ce soir ils ne me dérangent pas. Moins intempestifs ? Ou bien je m'habitue ? Ou bien ça sonne différemment en direct ? Mon conjoint par contre aime moins ces contrastes dynamiques très marqués.

Lucas fait visiblement un effort pour se lever et saluer très brièvement--il reste, veut rester dans la musique. Il replonge aussitôt sans hésiter, et alors qu'on attend Scriabine, je me laisse totalement surprendre par une musique merveilleusement douce, perlée, magique qui vient me serrer le coeur sans avertissement, et je fonds, avant même d'avoir eu le temps de reconnaître… Ondine et de comprendre qu'il vient de changer le programme. Et magie encore: sous ses doigts, les aigus du Steinway ne sont plus étouffés. Ce n'est pas le cristal du Yamaha, mais c'est bien la magie de Lucas, cette légèreté du toucher, cette clarté, ce chant, ces couleurs. Et tout le Gaspard sera comme ça, quasi irréel, onirique, visuel, avec Lucas complètement investi dans la musique, moins débridé qu'à Moscou mais tout de même totalement impliqué, sans retenue, intense et presque sauvage à la fin de Scarbo. On n'écoute pas Lucas jouer Ravel, on vit la musique avec lui ! Et commentaire spécifiquement à l'intention de Katy: hélas le glas du Gibet n'était pas aussi pianissimo qu'à Moscou (difficile sur ce lourd Steinway ?) et ressemblait davantage à ce qu'il a joué à Cortot ou Louis Vuitton, mais je n'ai entendu aucun forte intempestif du genre qui t'avait irritée, aucune dureté. Du grand Ravel, du grand Debargue, la très grande forme.

Court salut, les gens se lèvent mais Lucas se rassoit aussitôt--ce qui interrompt les bravos et prive les spectateurs de la possibilité de l'applaudir à tout rompre (ça viendra)--et se lance sans attendre dans une 4e sonate de Scriabine échevelée, ensorcelante. Je ne suis pas très fan de ce compositeur, mais mon conjoint l'a trouvée excellente, lisible et structurée, et pour ma part j'ai été subjuguée par l'élan et l'émotion. Grand contrôle de ce piano, grande palette de couleurs, le tout joué avec un tel engagement que lorsqu'il se lève pour saluer, on voit très bien qu'il est encore fortement ému--il sort de scène comme une balle, sans sourire, très visiblement bouleversé, encore prisonnier de Scriabine. Il revient sous les nombreux bravos et les applaudissements très nourris ('standing ovation') et là, il se détend, sourit enfin.

Plusieurs allers-retours pour saluer et remercier, puis il revient avec Lukas Geniušas pour jouer la Valse de Ravel à deux pianos, avec partitions et tourneuses de pages. Lucas joue à droite sur le Yamaha, je ne vois plus que son visage. Ici encore, je n'aime pas tellement cette oeuvre, mais en tout cas c'était très dansant, ils s'accordaient très bien et semblaient bien s'amuser. Geniušas tend décidément à jouer très fort, ce qui force Lucas à faire de même et j'avoue avoir parfois eu du mal à l'entendre dans cette oeuvre. Amusant: ici Lukas s'implique vraiment, danse presque sur son banc !

Grand succès public, on les rappelle et ils se remettent au piano, à 4 mains sur le Steinway, Lucas à droite, pour jouer quelque chose que je n'ai pas pu identifier mais qui m'était vaguement familier - ça sonnait nordique, comme du Grieg en fait, et pour ce que j'en connais, ça pourrait tout aussi bien avoir été une reprise de l'une des danses jouées au début… mais je ne pense pas. C'était encore une fois très réussi. Ils saluent à deux, Lukas paraît pressé de sortir mais notre Lucas, souriant et visiblement heureux, prend le temps de 'sentir' son public--et c'est lui qui finalement prendra Lukas par la main pour faire un grand salut à deux comme on en voit à l'opéra. Bravo !

Avant le concert, un homme, assis derrière nous, a longuement présenté Lucas à son voisin--il connaissait bien sa formation et son histoire. C'était visiblement un journaliste, apparemment à la télévision canadienne selon ses commentaires, qui parlait russe à sa compagne et avait un léger accent slave en anglais. Il avait entendu le second tour de Lucas sur place au Tchaikovski en juin, et en parlait très sobrement comme ayant été une expérience exceptionnelle dans une atmosphère unique. Il avait aussi assisté à la répétition des deux Lucs l'après-midi et parlé avec Lucas, dont il disait beaucoup de bien, répétant plusieurs fois 'he's very charming'. Devant l'étonnement de son voisin de voir deux 'compétiteurs' jouer ensemble, le journaliste répond qu'ils se sont connus au concours à Moscou et s'entendent très bien.

[jean-séb]

Merci pour ce beau compte rendu, Virgule.

[pianojar]

+1 cela a du être un beau moment en tout cas

[pianojar]

Où est sa grandeur ici ? (et je parle aussi du classique [le dernier bis]) ??

Essaies d'écouter les divers liens dans les posts et je suis persuadé que tu trouveras la grandeur
Pour le jazz son impro au concert des laureats et son bis au concert Vuitton.... pour la classique le choix est large ..........

C'est vrai que là avec le son médiocre, c'est plus pour les quelques inconditionnels (dont je SUIS) de Lucas qui le suivent depuis le début

[pochette]

Merci Virgule, je l'ai avalé à pleine gorge, on a l'illusion d'être là