Okay, ne soit pas trop dur avec toi!! Il ne s'agit pas de "pas assez fort" ou quoi que soit! Le choix de ce métier, comme tu dis, ce sont les 10mn de ce concours grand amateur: ça passe ou ça casse. Tu as 16 ans, le(a) bon(ne) prof(e) au bon moment, tu es dans le bon milieux, tu as des revers aux lycée par exemples, qui te font te réfugier dans la musique; au contraire, tu as du succès, tu délaisses l'instrument au profit d'investissements plus "rentables", au moins devant la famille... Mais ça ne veut rien dire: être pianiste, c'est 100 métiers différents: du concertistes international, au répétiteur d'opéra, à l'accompagnateur de Lieder, au quintettes, aux prof dans une maison de quartier... Qu'aurais-je choisi si on me l'avait expliqué, tout embrigadé d'excellence scolaire que je l'ai été?
Non ce n'est pas le piano qui nous choisit, c'est nous qui sommes responsables de nos choix. Si tu ressens une frustration par rapport à ça, c'est avant sur ton activité principale que tu dois t'interroger, pas sur le piano. J'ai l'occasion de fréquenter des jeunes pianistes, je ne les décourage jamais. C'est à eux de choisir. Le but dans la vie, c'est d'arriver à une situation où on ne regrette rien, non?
Je suis à 200% d'accord avec ce que tu dis: la vie d'un pianiste, à de très rare exception près, c'est intermittence, ou planque, ou galère. En même temps pourquoi pas? Mon frère a choisit ce genre de voie plus intermittente mais vécue à 200 à l'heure, il ne s'en plaint pas du tout au contraire!
Et l'art dans tout ça? Est-ce une couardise de choisir une voie plus confortable si l'occasion se présente? Est-ce une trahison que de ne pas faire 6h (j'étais à 8 dans un ancien post, je baisse le niveau

) par jour? Est-ce un mal d'avoir plusieurs vies?
Un de mes parents artistiques, me disait: "tu es fort en classe, fais polytechnique, deviens général, et va jouer du piano devant tes soldats, tu oeuvreras pour la paix dans le monde...." Si sa prophétie ne fut pas réalisée (hélas pour la paix dans le monde), d'autres rencontres m'ont aussi convaincu de la noblesse de l'amateurisme, de l'évidence de l'art dans la vie de tous les jours. Il n'y a aucun échec a être amateur, c'est l'amour de la musique, l'exigence, la progression. Voilà ce qu'est l'art, ce qu'est le piano! C'est juste sans fin. Et la vie est longue... surtout pour les musiciens...