Bravo Mona, il y a bien quelques petites différences entre l'édition sous le nom de Beethoven et celle sous le nom de Schubert.
La valse originale est bien de Schubert et date de 1816 ; c'est la valse D 365 (op.9), no 2 de Franz Schubert parue en 1821 sous le nom Trauer ou Sehnsuchts Walzer, valse triste ou du Désir, titre que Schubert n'approuvait pas ; IMSLP en a une édition de Diabelli qui date de 1822.
En 1826, un éditeur de Mayence, Schott (la
maison d'édition existe encore) a sorti un recueil de six valses censées être de Beethoven et en 1828, juste après la mort de Beethoven, il a sorti un recueil intitulé Souvenir, à Louis Van Beethoven, Six Valses et une Marche Funèbre. Il s'agit des six mêmes valses. En fait, c'est un coup d'éditeur. La Marche Funèbre est bien de Beethoven, le troisième mouvement de la sonate 12 en la bémol majeur,
Maestoso andante, marcia funebre sulla morte d'un eroe, mais elle est transposée de son armature originale à 7 bémols vers une tonalité plus simple à lire ! Et les valses ne sont pas du tout de Beethoven, enfin, c'est ce qu'on pense. On en est sûr pour l'une d'elle, celle qui nous occupe, qui repompe sans vergogne notre valse D 365 no 2 de Schubert et la combine avec quelques bouts de la Valse favorite de F.H. Himmel ou d'une autre valse de Schubert (D972, n°2) (je n'ai pas eu le temps de vérifier dans le détail). Et voilà comment ce pauvre Beethoven se retrouve avec une valse qu'il n'a pas composée. Les cinq autres valses du recueil ne sont probablement pas de Beethoven non plus, mais on n'a pas pu identifier leur source.
Toujours est-il que ce couplage de Marche Funèbre et de Six Valses a eu beaucoup de succès et que tous les éditeurs, notamment en France, l'ont repris aux XIXe siècle. J'en ai plusieurs exemplaires aussi, avec parfois deux versions pour la Marche funèbre, l'originale et la transposée. Et en France, on a tendance à plus connaître l’œuvre apocryphe de Beethoven que l'original de Schubert.



