worov a écrit :
1) Il raconte que, quand il était élève, ce qui l'intéressait, ce n'était pas les œuvres musicales, c'était les exercices techniques. Moi qui avais toujours cru que le piano était un instrument de musique, je me suis peut-être trompé.
Néanmoins, quand il dit cela, il parle au passé (il emploie l'imparfait), donc je suppose qu'il a du changé d'avis depuis. J'espère pour lui. On peut penser que oui, car il dit que les exercices sont utiles pour acquérir "une réserve de puissance très efficace" pour attaquer ensuite les morceaux de musique. Donc, les exercices sont faits pour nous faire gagner du temps, pour rendre l'étude du répertoire plus simple. De plus, il a enregistré Chopin et Liszt, donc il s'intéresse aux œuvres musicales, pas seulement aux exercices.
Par contre, apparemment il prend toujours autant de plaisir à jouer ces exercices.
2) Je pense comme elle que la technique est dans les morceaux. Chaque morceau présente ses difficultés et des difficultés qui lui sont propres. Duchâble parle de travailler les gammes. Il parle de gamme mitraillette. Il parle de Hanon, Czerny, Pischna et autres. C'est bien, d'accord, mais c'est pas parce qu'on maitrise ces exercices qu'on saura jouer toutes les gammes des morceaux. Dans une sonate de Mozart parfois on rencontre des choses que l'exercice n'avait pas prévu. Comme par exemple dans les mesures 5-10 de ce morceau :
Mozart K545, Allegro :
http://www.youtube.com/watch?v=meop0rG3tLc
Donc, quand bien même, j'ai bien appris mes gammes avec les doigtés donnés par Hanon (exercice 39), ça marchera pas. Pour ce passage, ça sert à rien de travailler Hanon. Pourquoi ? Parce que, dans sa gamme descendante, Mozart ne s'arrête pas à l'octave, il descend à chaque fois une note plus bas. Donc, il va falloir que je travaille la gamme avec un doigté entièrement différent. Et j'aurais perdu des heures à travailler le doigté de Hanon pour rien.
Mais les exercices étaient censés me faire gagner du temps ? Ben, pour le coup, c'est rapé !
3) Duchâble regrette que des pianistes qui maîtrisent des pièces difficiles soient incapable de jouer une gamme claire et précise, ce qu'il appelle la "gamme mitraillette". Je suis un peu surpris. Je vois pas comment une personne qui a maîtrisé les ballades de Chopin et la sonate de Liszt pour reprendre ses exemples, serait incapable de jouer une gamme. Ça me paraît impossible. Ce sont des morceaux dans lesquels on rencontre des gammes, donc pour les jouer correctement, il faut maîtriser les gammes. Si quelqu'un joue mal la gamme comme il le montre, je ne peux pas croire qu'il n'ait pu maîtrisé les ballades et la sonate de Liszt.
Mais bon passons, admettons. Il y a un truc que je ne comprends pas bien. Si le pianiste sait jouer une musique sublime comme les ballades des Chopin et qu'il "joue bien les morceaux, qu'il exprime bien les sentiments", qu'est-ce qu'on en a à cirer qu'il sache jouer correctement une gamme de do majeur ? Quand le concert se finit, on va lui demander de faire un bis avec une gamme de do majeur. Je doute que cela intéresse beaucoup de gens, à part peut-être Duchâble.
4) On peut aussi bien enregistrer en CD tous les exercices de Czerny, Hanon et Pischna. Ca doit être passionant à écouter, je suis sûr. Duchâble devrait nous faire un CD là-dessus. Et enregistrer toutes les gammes majeures et mineures aussi. Je suis sûr ce disque ferait un carton, ça obtiendrait au moins un diapason d'or.
5) Bref, y a pas besoin d'aller s'embêter avec Hanon et Czerny. Sauf bien sûr si on y prend du plaisir comme Duchâble. Chacun son truc. L'essentiel, c'est d'avoir trouvé son truc. Le mien, c'est sûrement pas les exercices.
1) Il n'a jamais dit qu'il négligeait le côté musical. Moi je le ressens plutôt comme la technique a un but claire et précis (qui n'est pas uniquement le doigté), de ce fait, c'est "facile" à travailler. Du moins c'est clair.
Un morceau non. Un morceau il faut chercher les intentions de l'auteur, le sens du texte, les p'tits détails. Donc d'office c'est un peu moins clair.
2) travaillez les gammes n'a pas pour unique but d'avoir un doigté. ça a aussi pour but de travailler l'égalité, les passages du pouce etc. Quelqu'un qui connait toutes ses gammes sur le bout des doigts, il en change le doigté facilement dans un morceau.
C'est clair que quand on fait une gamme de Do majeur descendante à la main droite, on ne fera pas 54321321421321 mais 543214321432143214321 par exemple. Mais quand on sait faire le premier, on peine pas pour le deuxième.
De plus, qui a dit qu'il s'arrêtait à l'octave? Quand on travaille une gamme...
On le fait sur les rythmes différents déjà, ça permet de combler quelques lacunes de ce côté là si on en a. (savoir jongler entre double croches, triolets, triple croches, croche sextolets, noire, blanche c'est pas toujours aussi simple qu'il n'y parait).
On fait des mouvements contraires, d'office pour le cerveau, ça fume.
On fait sur plusieurs octave, mais on le fait aussi à la tierce, à la sixte, à la dixième. Et si on est motivé, pourrait même le faire à la quart, à la sixte, à la quinte, etc.
Plus on travaille la cadence (harmonie, youpie, on en retrouve plein chez mozart justement), l'arpège, l'arpège 7ième de dominante (ça aussi ça revient souvent), l'arpège septième diminué.
Sans compter les gammes mélodiques.
les exercices n'ont pas forcément pour but les doigtés. Mais l'indépendance des doigts (et surtout de la tête) dans diverses situations, leur égalité, etc.
3) Parce qu'en musique romantique, on peut se permettre de mettre de la pédale à tout va sans que personne ne se plaigne?
Certes, si le pianiste joue bien, on zappera ses défauts techniques. mais n'est ce pas le but d'un pianiste de recherchez la perfection? Si un trait est améliorable au niveau technique, qui entrainera une amélioration du côté musical, car plus grand respect de la partition, plus grande précision, il doit être amélioré.
4) Mauvaise fois quand tu nous tiens.
Mais peut être est-ce une bonne idée. ça rappellerait peut être à quelques prétentieux a quel point ils ont des carences, même des les choses les plus basiques, en crois tu pas?
5) Certes. Mais lui est musicien. Il tourne, et pas uniquement grâce à sa technique, mais parce qu'il l'a mise au profit de la musique. Il va même jusqu'à jouer en rue pour amener la musique là où elle doit être, près des gens.
Et toi?
Je suis pas un giga fan des exercices techniques. Quoique les gammes je sais qu'elles sont très utiles (Gilels le disait aussi parait il).
Mais par contre, quand je fais un morceau, j'essaye de trouver des p'tits exercices purement techniques en rapport. Comme beaucoup de pianistes l'ont recommandé d'ailleurs (je crois que Neuhaus disait de travailler certains exercices de Czerny, en même temps qu'un étude de Chopin par exemple. En étant très rigoureux sur la précision/égalité dans l'exercice technique, ou alors c'était un autre grand pédagogue).
Là le Mozart que j'apprends, j'ai des tierces à un endroit. Je fais donc des tierces un peu comme Hanon le propose (mais je suis plus sur), mais au lieu de le faire en Do, je le fais en Fa. Pas longtemps certes, mais petit à petit, elles deviennent quand même plus claire.
Mon étude, à la fin, je sais que je devrais dévaler une gamme de La Majeur, et bien je l'apprends déjà. Et les doigtés changent presque pas. Sauf au tout début, et tout à la fin, mais ce sont des changements mineurs. bref, c'est bien pratique.