quazart a écrit : dim. 26 déc., 2021 12:54
Jacques Béziat a écrit : dim. 26 déc., 2021 12:35
Ce
qui a conduit à certains excès également, comme le détaché systématique (Gould

), ou la cadence systématique (croche pointée/double à la place de deux croches),
qui ne correspondent pas du tout au style de l'époque, mais
qui fait de l'esbroufe en faisant
style baroque, ou encore certains autres dogmatismes dans le phrasé conduisant à des hérésies (autre sujet)

.
La représentation croche pointée/double est peut-être excessive, mais l'inégalité de fait des notes égales est bien exposée dans
les traités de l'époque, du moins
les traités français. Il en allait peut-être (ou sans doute ?) différemment en Italie ou en Allemagne. Ca concerne uniquement
les mouvements lents et modérés.
C'est à la base une question d'accentuation plus que de rythme. Et ce n'est pas sans raison qu'il arrive à Rameau de demander de jouer en notes égales... ce qu'il écrit en notes égales. Idem pour le respect de la mesure !
Je m'introduis dans cette conversation, puisque j'ai un peu "travaillé" le sujet de l'accentuation/inégalité, en particulier concernant l'Allemagne. Il n'y a pas de doutes que cette pratique était toujours présente dans
les États allemands dans la deuxième moitié du XVIIIè mais aussi début XIXè. De nombreuses sources en attestent : la méthode de clavicorde de DG Türk (1789), la méthode de flûte de Quantz (années 1750), le dictionnaire musical de Koch (1806),
les annotations de Beethoven sur
les études de Cramer, la préface des études op. 70 de Moscheles, et dans une moindre mesures, le méthode de clavicorde de CPE Bach et la méthode de violon de Leopold Mozart (années 1750 si je ne m'abuse). Toutes ces sources définissent l'accentuation, non seulement de manière dynamique (on joue la note plus fort) mais également de manière agogique (on allonge la note accentuée, et on raccourcit la suivante).
Deux types d'accentuation sont décrites dans ces sources : l'accentuation grammaticale, tout d'abord,
qui consiste à accentuer
les temps forts ou
les divisions de temps (c'est-à-dire toutes
les deux doubles croches), et l'accentuation rhétorique d'autre part (notes syncopées, notes particulièrement hautes ou basses, notes longues, première note sous un arc de liaison etc.),
qui prend le pas sur l'accentuation grammaticale.
Quant à savoir dans quelle mesure accentuer, cela dépend du contexte,
les notes
les plus importantes seront accentuées le plus longuement (Türk dit qu'on peut allonger au maximum une note de la moitié de sa durée).