Lee a écrit :Okay a écrit :Je précise que dans mon cas il s'agit d'une auto-conversion (il est vrai un peu aidée par mon prof il y a une quinzaine d'années, mais qui s'est surtout faite après), et qui n'est d'ailleurs pas vraiment totale. J'ai toujours beaucoup de problèmes avec Bach. C'est compliqué... très, même.
Je vais faire l'anti-Bachiste, alors. Je ne comprends pas pourquoi tu ne peux pas laisser ta manque d'amour pour Bach telquel. La vie est courte. Pourquoi travailler à convertir quand il y a tellement de la belle musique et si PEU de temps ?
Je ne me force pas à en travailler, et ça reste l'un des compositeurs que je joue le moins. Mon répertoire est absolument déséquilibré, ce qui montre bien que je suis avant tout mes préférences ! Peu de Bach, pas une seule note de Scarlatti ou de Haydn, mais je me suis beaucoup intéressé à des compositeurs comme Medtner (pourquoi est-il si peu joué ?) ou Albeniz, ou suis familier avec l'essentiel de la production de Scriabine. Des génies, mais des compositeurs de 2 ou 3e rang par rapport à Bach.
Mon goût pour la musique de Bach s'est développé tout seul surtout en déchiffrant, et en comprenant que la vision de
Gould, aussi puissante qu'elle soit, n'était qu'une option parmi d'autres, et surement une des plus radicales. Je ne me force pas à aimer de la musique parce que tout le monde dit que c'est génial. Je mets les mains dedans, et je me fais mon propre avis. Finalement c'est un peu ce qui est le plus difficile : Bach laisse tellement peu d'indications que par la force des choses, tout le monde est conduit à le jouer assez personnellement. Du coup il y a toutes les chances que ce qu'on n'écoute ne nous convienne pas réellement. Je n'écoute presque plus de Bach au piano, j'ai été déjà bien trop marqué par l'écoute répétée de personnalités énormes comme
Gould et Richter, alors j'essaie comme je peux de petit à petit trouver le "mien", et je m'en porte mieux depuis ...
Lee a écrit :Tu n'as pas répondu à ma remarque concernant la manque de passion en Bach...alors tu es d'accord, non ?
Tu nous parlais d'absence d'émotion, et maintenant c'est le manque de passion. C'est sûr que Bach n'est pas Schumann, si on parle de musique passionnée. On n'a pas non plus les élans pré-romantiques de Beethoven ou Mozart. On est encore bien ancré dans le style baroque. Pas d'envolées lyriques, de grands arpèges, de basses profondes. Les émotions s'expriment dans un idiome plus concis, plus concentré, voire plus intellectualisé. Bach n'utilise pratiquement pas l'écriture qui est pour nous si courante, l'idée d'un chant et d'un accompagnement très distincts, apanage du discours romantique, de la dualité. Le tissu musical est plus dense, il parle une autre langue, mais traduit-elle intrinsèquement un spectre réduit d'émotions qui exclurait la passion ? J'en doute ...
Je pourrais presque écrire "appassionato" sur certains passages des 2 préludes que j'ai proposés.