Le danger qui se profile, c'est que la musique, et la culture en général deviennent progressivement ce qu'elles sont largement devenues aux USA : du divertissement. Cela ne prendra peut-être pas cette direction, mais si rien ne prend le relais, si on ne prête pas attention à tout un tas de choses comme l'exception culturelle ou une certaine politique culturelle (malgré tous leurs défauts), on pourrait bien se retrouver assez vite avec une logique "d'entertainement" et le débat ne se fera alors plus autour du "beau", mais du "fun" qu'on peut retirer de ces entreprises divertissantes.
A cet égard, j'avais lu Quincy Jones qui écrivait que le jazz ne se serait peut-être jamais développé sans l'Europe, parce que les jazzeux n'arrivaient pas en vivre aux USA. Beaucoup de types qui ont fait la musique de la deuxième partie du 20° ne jouaient en réalité bien souvent que devant une petite cinquantaine de personnes dans des endroits où il pouvait être compliqué de faire tenir une batterie et un piano sur la "scène"...
Je rejoins Krisprolls dans son constat sur l'industrie du disque, même si je suis un peu moins pessimiste, car en Classique ou en Jazz, il y a encore une partie importante des gens écoutant ces musiques qui achètent des cd. Mais je suis d'accord pour dire qu'il n'y en a plus pour longtemps. Le problème, c'est qu'on est dans une mauvaise spirale : les "disquaires" vendent moins de disques, donc il y a de moins en moins de "disquaires", les rayons de ceux qui restent se réduisent, donc leurs rayons sont de moins en moins attractifs, donc les clients vont de moins en moins acheter des disques, donc ils réduisent le nombre de rayons, etc.
Je ne sais pas si c'est déjà comme ça à Paris, mais autour de Lille, le nombre de rayons alloués au Classique ou au Jazz ont partout baissé ces dernières années, si bien qu'on passe devant à l'occasion, mais on ne se déplace plus exprès pour aller voir les disques. Je connais une ville éloignée de la métropole, d'environ 50 000 habitants où il n'y a plus aucun lieu pour acheter des disques sauf... L'hypermarché.
On verra vers quoi cela nous mènera. Ca passera plus par internet, c'est sûr, mais ça reste inquiétant.
Je me souviens aussi, il y a encore quelques années, un des grands cadeaux idéal pour un ado, c'était la chaîne hifi. De ce que je constate chez les gens que je connais, les ados ayant un équipement pour le son sont très minoritaires. Ils seront tous équipés d'ordinateur (avec généralement de tous petits haut-parleurs de rien du tout), de téléphone, télé, console de jeux, etc, mais rien de terrible pour écouter la musique, qu'ils écoutent surtout sur leur portable ou sur l'ordi.
Je ne suis pas certain que cela soit favorable aux musiques fines et subtiles...
Cela dit, pour être moins pessimiste, on pourrait aussi dire que si l'industrie du disque vole en éclat (je parle des gros, qui au passage s'étaient bien goinfrés lorsqu'on est passé du vinyl au cd), on en finira aussi peut-être avec les têtes de gondoles qui occupent tout l'espace médiatique. Enfin, on peut toujours rêver...
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.