Lee a écrit :Okay a écrit :Je rejoue le même programme le 25 juin, avec d'autres PMistes, et cette fois c'est portes ouvertes. Les détails ne vont pas tarder dans "Evenements".
Ils ne vont pas tarder ? Alors pour les impatients qui veulent essayer de s'arranger pour y aller, ça tarde !

Je relance lafontaine, qui gère la logistique de ce concert. C'est à la fac de médecine de Bobigny mercredi 25/6 à partir de 16h.
sylvie piano a écrit :J'ai hâte d'avoir des nouvelles de Okay après sa prestation de ce soir. Ses pistes sont toujours intéressantes ! Alors bonne soirée ! J'espère que le dépassement de soi vous permettra de jouir de l'instant au maximum ! Au fait quel programme ? Faire de la musique sans aucun doute ! Mais encore ?
Et voilà ça y est, de retour.
Le concert a été enregistré (4 micros placés), et je vais récupérer le CD la semaine prochaine. Cependant, on m'a dit que c'était pour usage personnel donc je ne sais pas encore si j'aurai la possibilité d'en diffuser le contenu sur le net.
L'auditorium était bien rempli (je dirais 150 personnes) et les conditions étaient quasi idéales. La bonne surprise a été le piano : un Steinway D274 préparé juste avant le concert. J'ai pu le jouer pendant 20 minutes environ 1h30 avant mon passage et j'ai eu d'assez bonnes sensations. La mauvaise surprise, je l'ai découverte sur scène. Dans l'éclairage, il y avait au plafond des projecteurs dont 2 avec des filtres mauves. En m'asseyant au piano j'ai découvert une bande de lumière mauve sur le clavier qui le parcourait du grave à l’aigu, et qui avait pour hauteur la moitié des touches. Sans me cacher derrière ça pour justifier ce que j’ai raté, ça m’a réellement dérouté.
Je ne le saurai jamais, mais lumière mauve ou pas, je pense que j’aurais pu très bien jouer si je n’avais pas eu à attendre 1h30 sans toucher au piano. Après avoir répété en fin de matinée, ça me démangeait d’aller sur scène tout de suite partager ma musique, je me sentais bien. Entretemps j’ai un peu perdu mes sensations et me suis remis un peu à douter. Ca m’a rappelé les examens au conservatoire : on rentrait sur scène pour aller vers le piano en lâchant un autre piano (un droit dans une loge). Ca facilitait quand même infiniment les choses.
J'ai joué la 4e sonate de Scriabine et la 3e sonate de Prokofiev. C’est un programme exigeant pour la pianiste et le public (trop, en fait), mais j’ai terriblement besoin de le roder. J'adore ces 2 sonates, mais idéalement, je préférerais ne pas avoir à les jouer l'une après l'autre. Le public a quand même bien réagi, et par pudeur, je ne répèterai évidemment pas ici les mots touchants et parfois avertis que j’ai reçu de quelques uns à la fin.
En bref, c’est pour moi un bilan en demi-teinte car d’une part je sais que je peux mieux jouer (j’ai sérieusement raté 3-4 choses que je ne rate pas d’habitude) mais d’autre part, je n’avais jamais joué sur scène de manière aussi habitée. Enfin, peut-être que je serai totalement mécontent ou bien ravi quand j’écouterai. Oui, j’ai eu le trac, mais un trac clairement minimisé par rapport à récemment. Pas de mains froides (une première), ni de tremblements (à peine au début), battements de cœur moins forts, et une relativement bonne lucidité.
Cette approche, en me concentrant vraiment sur le sens de la musique m’a imposé contre toute attente de jouer avec une énorme prise de risque du début à la fin. Je l’ai parfois (souvent ?) payé sur la précision, mais je peux dire que j’étais littéralement « possédé » sur scène. Des collègues que je vois tous les jours m’ont dit ne jamais avoir vu ce faciès. J’ai communiqué ma musique avec une intensité que je ne soupçonnais pas, et j’ai mis du temps à redescendre après (suis-je vraiment redescendu ?).
L’Andante du Scriabine s’est bien passé, je suis heureux car je l’ai coloré comme j’ai voulu (ce piano permet de faire tant de choses). J'ai tout de suite planté le décor que j'avais en tête, onirique et irisé (j'espère que ce n'était pas mon imagination, j'attends fébrilement le CD). Depuis 3 jours bizarrement, je n’arrive plus bien à passer la première page du Prestissimo (ça prouve que je ne le possédais pas vraiment). Pourtant, ça allait mieux en répétant ce matin. Mais ça n’a pas raté : sur scène avec l’adrénaline je n’ai quasiment pas correctement passé une seule de ces grappes d’accords. La grosse différence avec avant, c’est qu’avant j’aurais auto-saboté tout le reste de la sonate, submergé par l’énervement de ce que j’ai raté. J‘aurais perdu moyens et concentration, je me serais trouvé en mode « il va falloir subir mon jeu en mode automatique jusqu’à la fin ». Aujourd’hui, j’ai réussi à immédiatement cesser de mortellement m’en vouloir, et je me suis reconcentré de suite sur la beauté de cette musique, sur le moment présent, à ce que je pouvais offrir au public en cachant le pianiste derrière l'oeuvre. Ca m’a littéralement sauvé de la débâcle. Je pense que ça s’est à peu près correctement passé jusqu’à la coda, où par contre, beaucoup de basses n’étaient pas très nettes (j’ai senti un problème de tension avant les toutes dernières, que j’ai du coup bien réussies en détendant le bras).
Remonté par les applaudissements que je n’attendais pas entre mes 2 sonates, je me rassois au piano pour attaquer Prokofiev. Je pense l’avoir mieux jouée que Scriabine, j’étais plus chaud et surtout je sentais l’attention et la bienveillance du public. Ca m’a porté. J’ai quasiment fait tout ce que j’ai voulu dedans, à part 2 mesures un peu savonnées à la dernière page et quelques fausses notes j’espère un peu plus discrètes ailleurs. En répétant le matin, j’ai décidé de soigner différemment le départ (j’ai ralenti les petites notes de la 1ère mesure, ça m’a permis de lancer la toccata initiale avec beaucoup plus de sécurité), et ai repensé à ne pas partir sur les chapeaux de roues. Du coup je n’ai jamais été dépassé par les événements. Malgré les quelques ratés, je crois que c’était plutôt bien construit et senti.
A tous les coups je vais peut-être me sentir obligé d’éditer tout ce message quand j’aurai le CD. On verra bien.
PS : il y avait une personne du forum dans le public. On a découvert cette semaine qu'on travaillait au même endroit. Elle s'exprimera si elle le souhaite.