Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Re: " SOIF DE MUSIQUE " de ROMEL
Je n'ai pas lu ce livre mais également partage votre aversion des films ou des livres qui font de lamusique un prétexte facile, quitte à avoir un titre ronflant comme "Les Variations Goldbberg" de N Huston.
Mais la rapide présentation du livre que vous avez mis en lien m'a fait penser au roman de Baricco, Novecento même si des doigts du personnage principal n'en sortent pas du Schubert, c'est très poétique et très musical.
Si ça vous plaît, lisez les autres, mais passez votre chemin sur son livre musicologique pur, trop militant et dans l'air du temps où il a été écrit.
Mais la rapide présentation du livre que vous avez mis en lien m'a fait penser au roman de Baricco, Novecento même si des doigts du personnage principal n'en sortent pas du Schubert, c'est très poétique et très musical.
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"Vivi felice" Domenico Scarlatti,
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Re: " SOIF DE MUSIQUE " de ROMEL
J'adore ce livre de barico. Ils ne jouent pas dans la même cour !!!!!
Novecento a beau être une traduction, mon souvenir est merveilleux. Ce qui est amusant c'est que je l'avais lu également après une période difficile pour moi.
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Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Qui range ainsi ? Mes placards cherchent des mains expertes..... !!!!!
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Novecento, j en ai vu une belle adaptation à la scène jouée par André Dussolier, si ça se rejoue ...
- Christof
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
J'en ai vu aussi une belle adaptation, jouée par Jean-François Balmer.
Et puis, pour une fois, le film "La légende du pianiste sur l'océan" est assez réussi.
Ce qui n'est pas le cas de "Soie", un des plus beaux livres de Baricco à mon avis... Le film est vraiment pas terrible.
Et puis, pour une fois, le film "La légende du pianiste sur l'océan" est assez réussi.
Ce qui n'est pas le cas de "Soie", un des plus beaux livres de Baricco à mon avis... Le film est vraiment pas terrible.
Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
pour moi aussiChristof a écrit :"Soie", un des plus beaux livres de Baricco à mon avis...
Mon préféré étant peut-être le très surprenant City, aucun rapport avec la musique cette fois-ci, sauf que le personnage principal s'appelle Gould, ça ne doit pas être un hasard, mais sans rapport non plus avec le pianiste réel.
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Je m'aperçois qu'il y a un autre fil qui se nomme "Littérature". Afin que ça ne fasse pas doublon, ne serait-il pas judicieux de regrouper les deux ?
Ma chaîne youtube: https://www.youtube.com/user/AndreQuesne/videos
Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Je viens de finir "La double vie d'Anna Song"de Minh Tran Huy, qui a déjà été évoqué dans ce fil. Un livre très touchant, qui traite de la puissance de la musique, de l'amour, et aussi du deuil impossible... C'est beau et tragique (et ça fait pleurer dans le train durant le trajet pour Beuvray, même si c'est un point qui n'est pas souvent mentionné dans les critiques qu'on peut lire habituellement sur ce roman )...
- Christof
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Philippe Cassard : "Deux temps trois mouvements" - Un pianiste au cinéma
Ci dessous la 4ème de couverture :
Quelles sont les affinités entre Franz Schubert et Ingmar Bergman ? Louis Beethoven, Jean-Luc Godard et les Rolling Stones ? L’enseignement du piano et Andreï Tarkovski ?
Au cours d’entretiens réalisés par Marc Chevrie et Jean Narboni, le pianiste Philippe Cassard propose une approche inédite des correspondances entre musique et cinéma. Il commente les partitions écrites pour l’écran, le recours à des compositeurs classiques ou les films montrant des musiciens au travail. Il décrit les timbres uniques de Danielle Darrieux, Gérard Depardieu, Arletty ou Claude Piéplu. Il analyse le tempo et l’écoute propres aux oeuvres de Robert Bresson, Federico Fellini, Charlie Chaplin, Joel et Ethan Coen… Enfin, il évoque l’influence de son amour du cinéma sur sa pratique d’interprète. Plus qu’un livre sur la musique de film, Deux temps trois mouvements est un livre dédié à la musique du cinéma, au cinéma de la musique, aux films que celle-ci permet de construire, de reconstruire ou d’imaginer.
Ci dessous la 4ème de couverture :
Quelles sont les affinités entre Franz Schubert et Ingmar Bergman ? Louis Beethoven, Jean-Luc Godard et les Rolling Stones ? L’enseignement du piano et Andreï Tarkovski ?
Au cours d’entretiens réalisés par Marc Chevrie et Jean Narboni, le pianiste Philippe Cassard propose une approche inédite des correspondances entre musique et cinéma. Il commente les partitions écrites pour l’écran, le recours à des compositeurs classiques ou les films montrant des musiciens au travail. Il décrit les timbres uniques de Danielle Darrieux, Gérard Depardieu, Arletty ou Claude Piéplu. Il analyse le tempo et l’écoute propres aux oeuvres de Robert Bresson, Federico Fellini, Charlie Chaplin, Joel et Ethan Coen… Enfin, il évoque l’influence de son amour du cinéma sur sa pratique d’interprète. Plus qu’un livre sur la musique de film, Deux temps trois mouvements est un livre dédié à la musique du cinéma, au cinéma de la musique, aux films que celle-ci permet de construire, de reconstruire ou d’imaginer.
Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
je remonte cette partie du post car je suis tombée par hasard sur une page internet : https://www.livre-piano.com/strumpf a écrit :Un nouvel ouvrage qui vient de paraître aux Editions Héliantia
"Progresser plus vite au piano - Guide complet de l'efficacité du travail pianistique"
Ce livre n'est pas une nouvelle méthode de piano, mais un guide permettant au lecteur de perfectionner sérieusement sa méthode travail. Sous cet angle, tous les aspects de la maîtrise pianistique sont abordés : théorie, interprétation, technique, psychologie, mémorisation, choix du répertoire ; etc...
L'ouvrage constitue également un excellent outil pour identifier et lever les blocages que les pianistes rencontrent sur leur chemin, que ce soit les débutants qui peinent à réaliser correctement un gruppetto, les étudiants qui souhaitent améliorer leur capacité de déchiffrage en étudiant la dynamique inconsciente des mouvements oculaires, ou les musiciens confirmés désirant affiner leur méthodologie dans le domaine de l'écriture.
et cette description racoleuse (pour moi)
Pianiste 1
Méthode non-optimisée + 2 heures de piano par jour : 60 années de travail cumulées
Temps de travail nécessaire pour atteindre un niveau équivalent :
Pianiste 2
Méthode optimale + 2 heures de piano par jour : 30 années de travail Pianiste 3
Méthode non-optimisée + 3 heures de piano par jour : 40 ans Pianiste 4
Méthode optimale + 3 heures par jour : 20 ans
Et tout ceci sans professeur .... je suis vraiment septique !
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Oui difficile de se prononcer sans retours ou avis de personnes ayant lu l'ouvrage. Comme il doit sans doute être impossible d'en lire des extraits avant achat, pas facile de se faire une opinion. Mais peut-être quelqu'un l'aura-t-il utilisé et ce serait fort intéressant d'avoir son opinIon.
https://www.amazon.fr/Progresser-plus-v ... PARMENTIER
Quelques avis sommaires sur le site.
https://www.amazon.fr/Progresser-plus-v ... PARMENTIER
Quelques avis sommaires sur le site.
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Il y a eu un article sur le blog d'Humeur-Piano au sujet de ce livre : http://www.humeur-piano.com/guide-compl ... -puppetto/
Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
ahahahahahahahahpianojar a écrit :Oui difficile de se prononcer sans retours ou avis de personnes ayant lu l'ouvrage. Comme il doit sans doute être impossible d'en lire des extraits avant achat, pas facile de se faire une opinion. Mais peut-être quelqu'un l'aura-t-il utilisé et ce serait fort intéressant d'avoir son opinIon.
https://www.amazon.fr/Progresser-plus-v ... PARMENTIER
Quelques avis sommaires sur le site.
évidement j'ai lu ce livre et j'en avais fait un commentaire page 7 ou 8 , je ne sais plus. Mais depuis , il y a eu ce site . Ce qui est nouveau ce sont ces évaluations de temps pour un apprentissage .... je me demande bien comment c'est calculer !
Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
POur mieux connaître encore le personnage de Ravel et son univers , un livre ancien et non ré-édité mais qu'on trouve d'occasion sur le net
Ravel et Nous de Hélène Jourdan-Morhange. L'écrivain, Née Hélène Morhange, épouse le peintre français Jacques Jean Raoul Jourdan (né le 22 juin 1880 à Paris), mort durant la bataille de Verdun le 25 mars 1916.
Interprète inspirée des œuvres de ses contemporains, elle est remarquée dès 1917 par Maurice Ravel dont elle devient l'amie et l'interprète favorite. Ravel lui dédie en 1927 sa Sonate pour violon et elle assure la création de la Sonate pour violon et violoncelle en 1922.
Elle fut la compagne du peintre et graveur Luc-Albert Moreau, qu'elle présenta à Ravel.
Atteinte d'arthrite des mains, elle doit mettre un terme précoce à sa carrière.
Passionnant à lire !
Ravel et Nous de Hélène Jourdan-Morhange. L'écrivain, Née Hélène Morhange, épouse le peintre français Jacques Jean Raoul Jourdan (né le 22 juin 1880 à Paris), mort durant la bataille de Verdun le 25 mars 1916.
Interprète inspirée des œuvres de ses contemporains, elle est remarquée dès 1917 par Maurice Ravel dont elle devient l'amie et l'interprète favorite. Ravel lui dédie en 1927 sa Sonate pour violon et elle assure la création de la Sonate pour violon et violoncelle en 1922.
Elle fut la compagne du peintre et graveur Luc-Albert Moreau, qu'elle présenta à Ravel.
Atteinte d'arthrite des mains, elle doit mettre un terme précoce à sa carrière.
Passionnant à lire !
- Christof
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Connaissez-vous "A Romance on Three Legs: Glenn Gould's Obsessive Quest for the Perfect Piano" (ce livre n'existe qu'en anglais)
https://books.google.fr/books?id=Dig5pU ... no&f=false
Pour le présenter, disons que c'est un livre très intéressant, passionnant. Le seul truc qui peut laisser "chafouin" c'est qu'on aurait rêvé de voir ce livre écrit plutôt par Simenon... parce qu'ici, c'est un peu comme avoir confié une histoire de Maigret à un journaliste de faits divers. C'est bien foutu, mais au cours du récit on se sent quelquefois orphelin d'un certain chatoiement.
Car l'histoire est magnifique. "A romance on tree legs" en effet, comme la rencontre de trois personnages : un pianiste de génie, un piano insolite et un accordeur extraordinaire. D'une certaine manière, c'est une histoire d'amour.
Gould, on le connaît bien : d'un côté il y a les pianistes, et de l'autre, il y a lui. Il était conforme, jusque dans les moindres détails, à la définition du génie que les dictionnaires donnent, que ces derniers devraient désormais seulement indiquer : "Individu semblable à Glenn Gould (même si celui-ci n'a pas forcément réussi un truc éblouissant dans tous les répertoires pianistiques). En tous cas, il avait une façon bien à lui de comprendre la musique et un ensemble de manies qui étaient un specctacle en soi. Dans ces conditions, nul doute que le choix d'un piano n'ait été une affaire des plus compliquées, à la limite de la quête mystique. Il chercha longtemps l'instrument idéal, et lorsqu'il l'eut trouvé passa une bonne partie de sa vie avec lui. C'était un Steinway, un CD 318. Il pesait cinq cent cinquante kilos et était né le 31 mars 1941.
Pour un piano, naître en 1941 relevait du miracle.
C'était en pleine guerre et même la légendaire Steinway & Sons avait été aimablement priée de produire quelque chose d'un peu plus utile que des instruments servant à jouer du Chopin. Ils ne savaient pas faire de bombes alors on leur fit construire des planeurs à usage militaire. Mais ils volaient si mal qu'assez vite on décida de réorienter la production vers quelque chose de plus simple : des cercueils.
C'est dans ce contexte joyeux que, d'une certaine façon, le CD 318 vit le jour. Il fit une carrière anonyme dans le magasin exposition d'un revendeur de Toronto, puis se retrouva dans une soupente lorsqu'on jugea qu'il avait atteint l'âge de la retraite. C'est là que Gould le dénicha. Il s'assit au piano, trouva ses doigts une chose qu'il cherchait depuis longtemps et ne se leva que de nombreuses années plus tard.
L'histoire d'amour aurait pu se terminer là, mais la musique est plus complexe que les affaires sentimentales (je veux dire, encore plus complexe) et il manque donc le troisième larron, décisif : l'accordeur. Et ce n'est pas qu'un problème de fausses notes : l'accordeur sculpte le son d'un piano. Concrètement, il dessine son âme.
Prenez maintenant le pianiste le plus génial du monde et installez-le devant un piano unique, mais presque injouable : vous verrez que ce qui lui manque, c'est un accordeur hors norme.
Il s’appelait Charles Vern Edquist, il avait un an de plus que Gould, était pratiquement aveugle et avait eu une enfance misérable. Il était devenu accordeur parce qu'on estimait, à juste titre, que les aveugles étaient doués pour ce métier. Il partit d'en bas, travailla dur, se glissa dans le ventre de milliers de pianos et sillonna le Canada dans tous les sens afin d'y accorder les instruments de gentilles petites familles en échange de trois dollars. Puis quelqu'un comprit qu'il n'était pas juste bon : c'était le meilleur.
Au début des années soixante, ce qui devait arriver arriva : Edquist, Gould et le CD 318 se rencontrèrent pour la première fois. Bien sûr, au début, tout ne se déroula pas au mieux, car ils étaient tous trois du genre compliqué. Mais ils avaient une histoire à écrire ensemble, et ils le savaient. Le reste est rentré dans la légende.
Une anecdote : Edquist y voyait très peu, presque pas du tout en fait, mais il était plus ou moins capable de reconnaître les couleurs. Il avait aussi l'oreille absolue. Dans sa tête, les deux choses se mêlaient (en gros, il était synesthète). Lorsqu'il jouait une note, il pouvait deviner que c'était par exemple un fa et si on lui demandait comment il avait fait pour le deviner, il répondait : "elle est bleue". "Le do est d'un vert jaunâtre, le la blanc, le ré couleur sable. Un jour, des années après leur rencontre, il prit son courage à deux mains et exposa à Gould sa curieuse façon de reconnaître les notes. Il dut lui dire que le sol était orange, ou quelque chose comme ça. "Oui, je sais", répondit Gould.
https://books.google.fr/books?id=Dig5pU ... no&f=false
Pour le présenter, disons que c'est un livre très intéressant, passionnant. Le seul truc qui peut laisser "chafouin" c'est qu'on aurait rêvé de voir ce livre écrit plutôt par Simenon... parce qu'ici, c'est un peu comme avoir confié une histoire de Maigret à un journaliste de faits divers. C'est bien foutu, mais au cours du récit on se sent quelquefois orphelin d'un certain chatoiement.
Car l'histoire est magnifique. "A romance on tree legs" en effet, comme la rencontre de trois personnages : un pianiste de génie, un piano insolite et un accordeur extraordinaire. D'une certaine manière, c'est une histoire d'amour.
Gould, on le connaît bien : d'un côté il y a les pianistes, et de l'autre, il y a lui. Il était conforme, jusque dans les moindres détails, à la définition du génie que les dictionnaires donnent, que ces derniers devraient désormais seulement indiquer : "Individu semblable à Glenn Gould (même si celui-ci n'a pas forcément réussi un truc éblouissant dans tous les répertoires pianistiques). En tous cas, il avait une façon bien à lui de comprendre la musique et un ensemble de manies qui étaient un specctacle en soi. Dans ces conditions, nul doute que le choix d'un piano n'ait été une affaire des plus compliquées, à la limite de la quête mystique. Il chercha longtemps l'instrument idéal, et lorsqu'il l'eut trouvé passa une bonne partie de sa vie avec lui. C'était un Steinway, un CD 318. Il pesait cinq cent cinquante kilos et était né le 31 mars 1941.
Pour un piano, naître en 1941 relevait du miracle.
C'était en pleine guerre et même la légendaire Steinway & Sons avait été aimablement priée de produire quelque chose d'un peu plus utile que des instruments servant à jouer du Chopin. Ils ne savaient pas faire de bombes alors on leur fit construire des planeurs à usage militaire. Mais ils volaient si mal qu'assez vite on décida de réorienter la production vers quelque chose de plus simple : des cercueils.
C'est dans ce contexte joyeux que, d'une certaine façon, le CD 318 vit le jour. Il fit une carrière anonyme dans le magasin exposition d'un revendeur de Toronto, puis se retrouva dans une soupente lorsqu'on jugea qu'il avait atteint l'âge de la retraite. C'est là que Gould le dénicha. Il s'assit au piano, trouva ses doigts une chose qu'il cherchait depuis longtemps et ne se leva que de nombreuses années plus tard.
L'histoire d'amour aurait pu se terminer là, mais la musique est plus complexe que les affaires sentimentales (je veux dire, encore plus complexe) et il manque donc le troisième larron, décisif : l'accordeur. Et ce n'est pas qu'un problème de fausses notes : l'accordeur sculpte le son d'un piano. Concrètement, il dessine son âme.
Prenez maintenant le pianiste le plus génial du monde et installez-le devant un piano unique, mais presque injouable : vous verrez que ce qui lui manque, c'est un accordeur hors norme.
Il s’appelait Charles Vern Edquist, il avait un an de plus que Gould, était pratiquement aveugle et avait eu une enfance misérable. Il était devenu accordeur parce qu'on estimait, à juste titre, que les aveugles étaient doués pour ce métier. Il partit d'en bas, travailla dur, se glissa dans le ventre de milliers de pianos et sillonna le Canada dans tous les sens afin d'y accorder les instruments de gentilles petites familles en échange de trois dollars. Puis quelqu'un comprit qu'il n'était pas juste bon : c'était le meilleur.
Au début des années soixante, ce qui devait arriver arriva : Edquist, Gould et le CD 318 se rencontrèrent pour la première fois. Bien sûr, au début, tout ne se déroula pas au mieux, car ils étaient tous trois du genre compliqué. Mais ils avaient une histoire à écrire ensemble, et ils le savaient. Le reste est rentré dans la légende.
Une anecdote : Edquist y voyait très peu, presque pas du tout en fait, mais il était plus ou moins capable de reconnaître les couleurs. Il avait aussi l'oreille absolue. Dans sa tête, les deux choses se mêlaient (en gros, il était synesthète). Lorsqu'il jouait une note, il pouvait deviner que c'était par exemple un fa et si on lui demandait comment il avait fait pour le deviner, il répondait : "elle est bleue". "Le do est d'un vert jaunâtre, le la blanc, le ré couleur sable. Un jour, des années après leur rencontre, il prit son courage à deux mains et exposa à Gould sa curieuse façon de reconnaître les notes. Il dut lui dire que le sol était orange, ou quelque chose comme ça. "Oui, je sais", répondit Gould.
Modifié en dernier par Christof le mer. 29 juin, 2016 14:51, modifié 1 fois.
Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Ah merci Christof, je vais noter ça pour mes lectures estivales (ou hivernales, qui sait).
Je voudrais parler d'un livre dans lequel je suis plongée depuis une petite quinzaine de jours. Je pense que ce livre va m'accompagner longtemps et beaucoup m'aider.
La Partition intérieure, de Jacques Siron. Sous-titre, Jazz, musiques improvisées.
Il faut tout de suite dire que ce n'est pas un livre qui se lit de A à Z (déjà il fait plus de 700 pp format A4 écrit en petit!). Ce n'est pas non plus un manuel, même s'il contient une somme systématique de ce qui serait un excellent manuel du rythme, + manuel d'harmonie, + manuel des styles, + manuel de composition, et plein de choses encore (acoustique, préparation mentale, prise en compte du corps etc.). C'est une sorte de très exhaustive et détaillée Carte de la musique, que l'on peut parcourir par bribes, comme un jeu de marelle, avec des niveaux de précision dans la lecture que l'on choisit soi-même (la typographie, l'organisation des chapitres permettent cette liberté raisonnée). Il propose des itinéraires (table des matières et index absolument excellentissimes, et renvois croisés à l'intérieur du texte pour satisfaire toutes les curiosités et les gourmandises).
La théorie est donnée avec le souci constant de fournir des outils pratiques et concrets et tout est intéressant. (j'en ai vus des livres d'harmonie, sur lesquels je m'assoupis régulièrement! là, non, la curiosité toujours en éveil, c'est incroyable, Bravo monsieur Siron) Le titre est très juste, il s'agit vraiment d'intérioriser les savoirs musicaux pour en faire une partie de soi-même, avec quoi on va jouer, improviser, mieux sentir ce que l'on joue.
C'est donc, à mon sens, un livre tout à fait utile y compris pour les musiciens classiques; il s'agit vraiment de la musique englobant toutes les musiques, le dénominateur commun, c'est l'humain. Ce n'est pas toujours facile, mais c'est toujours clair.
J'aime bien la théorie et les livres, mais je suis toujours émue lorsqu'il émane d'un livre très savant quelque chose comme le souffle de la vie. Là, il me semble que c'est le cas.
(le livre semble un peu cher, mais en fait pas du tout! ce prix là, au regard du travail colossal mis entre nos mains, non seulement de rédaction, mais aussi éditorial (remarquable), vraiment c'est donné.)
Je voudrais parler d'un livre dans lequel je suis plongée depuis une petite quinzaine de jours. Je pense que ce livre va m'accompagner longtemps et beaucoup m'aider.
La Partition intérieure, de Jacques Siron. Sous-titre, Jazz, musiques improvisées.
Il faut tout de suite dire que ce n'est pas un livre qui se lit de A à Z (déjà il fait plus de 700 pp format A4 écrit en petit!). Ce n'est pas non plus un manuel, même s'il contient une somme systématique de ce qui serait un excellent manuel du rythme, + manuel d'harmonie, + manuel des styles, + manuel de composition, et plein de choses encore (acoustique, préparation mentale, prise en compte du corps etc.). C'est une sorte de très exhaustive et détaillée Carte de la musique, que l'on peut parcourir par bribes, comme un jeu de marelle, avec des niveaux de précision dans la lecture que l'on choisit soi-même (la typographie, l'organisation des chapitres permettent cette liberté raisonnée). Il propose des itinéraires (table des matières et index absolument excellentissimes, et renvois croisés à l'intérieur du texte pour satisfaire toutes les curiosités et les gourmandises).
La théorie est donnée avec le souci constant de fournir des outils pratiques et concrets et tout est intéressant. (j'en ai vus des livres d'harmonie, sur lesquels je m'assoupis régulièrement! là, non, la curiosité toujours en éveil, c'est incroyable, Bravo monsieur Siron) Le titre est très juste, il s'agit vraiment d'intérioriser les savoirs musicaux pour en faire une partie de soi-même, avec quoi on va jouer, improviser, mieux sentir ce que l'on joue.
C'est donc, à mon sens, un livre tout à fait utile y compris pour les musiciens classiques; il s'agit vraiment de la musique englobant toutes les musiques, le dénominateur commun, c'est l'humain. Ce n'est pas toujours facile, mais c'est toujours clair.
J'aime bien la théorie et les livres, mais je suis toujours émue lorsqu'il émane d'un livre très savant quelque chose comme le souffle de la vie. Là, il me semble que c'est le cas.
(le livre semble un peu cher, mais en fait pas du tout! ce prix là, au regard du travail colossal mis entre nos mains, non seulement de rédaction, mais aussi éditorial (remarquable), vraiment c'est donné.)
- Christof
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
C'est une de mes bibles favorites. J'y adore la magnificence de cette pensée multiple. Il faut savoir que Siron, outre être musicien classique (contrebassiste, mais il a aussi étudié le piano et le violoncelle) et compositeur, est aussi un grand improvisateur et il montre bien dans son récit d'où elle sort cette improvisation... ce qui explique sûrement ce titre de "partition intérieure".Oupsi a écrit :Merci Oupsi pour ta présentation de la partition intérieure. J'espère qu'elle va donner envie à tous de s'y plonger)
Un autre livre magnifique est celui de Laurent Cugny, "Analyser le jazz", qui, à mon avis complète le livre de Siron par d'autres aspects. Ici, le jazz devient enfin l'objet d'une étude vraiment musicologique qui, finalement, lui avait toujours été refusée car souvent considéreé comme musique "non sérieuse", sachant que la tradition "savante" se base sur "les partitions".
Tout dans ce livre est proposé au lecteur, mais jamais imposé. Le livre peut être, par certains aspects, un peu dur à lire, mais tout le monde peut y trouver des pépites, en tous cas toute personne curieuse du jazz.
Ci dessous voici la 4ème de couverture de ce livre de 576 pages. Pareil : l'ouvrage peut sembler un peu cher, mais cela le mérite. Une vraie bible :
"Analyser le jazz, c'est d'abord savoir ce qu'on analyse. Qu'est qu'une oeuvre de jazz ? L'expression a-t-elle un sens ? Comment faut-il la comprendre, la définir ? C'est ensuite en pénétrer la matière, examiner à la loupe ses composants, l'harmonie, le rythme, la forme, la mélodie, le son. Mais c'est aussi faire l'histoire des façons dont l'a abordée, des théories qui ont vu le jour dans le même temps où la musique se développait. C'est encore s'interroger sur les rapports au milieu, aux mondes dans lesquels le jazz s'est épanoui. À travers ces examens méticuleux, c'est finalement une réflexion d'ensemble qui se dessine, sur un objet plus vivace que jamais, aux formes toujours renouvelées, aux contours plus changeants qu'ils ne le furent jamais. Tel est l'ambitieux pari de cet ouvrage, où l'analyse musicologique la plus rigoureuse succède à des considérations historiques et générales, accessibles aussi bien aux amateurs du jazz, qu à ses praticiens et à ses analystes. Laurent Cugny propose ainsi plusieurs outils pratiques pour les pédagogues du jazz : une grammaire des progressions harmoniques tonales, un système de repérage des polyrythmies, une classification des types d analyse du solo improvisé et un protocole d'analyse de l'oeuvre de jazz, outil synthétique et d'une utilisation très simple, fondé sur un socle théorique lui-même très explicite."
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Le ciel de la chapelle sixtine de Léon Morell.
Très beau roman, oeuvre imaginaire mais qui donne vie à cette épopée extraordinaire de la réalisation de la fresque de la chapelle. On pénétre l'intimité de Michelange avec sensibilité et violence. La description de Rome est d'un réalisme suffocant.
Certes, ce n'est pas un livre musical mais pictural que je vous conseille vivement avec mon amitié estivale !
Très beau roman, oeuvre imaginaire mais qui donne vie à cette épopée extraordinaire de la réalisation de la fresque de la chapelle. On pénétre l'intimité de Michelange avec sensibilité et violence. La description de Rome est d'un réalisme suffocant.
Certes, ce n'est pas un livre musical mais pictural que je vous conseille vivement avec mon amitié estivale !
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Je ne possède malheureusement pas cet ouvrage mais j'ai celui de Jean Echenoz qui retrace les dix dernières années de la vie de Maurice Ravel:strumpf a écrit:
Ravel et Nous de Hélène Jourdan-Morhange.
Ce roman retrace les dix dernières années de la vie de Maurice Ravel (1875-1937). Le voyage aux Etats-Unis où il est acclamé, la rencontre avec Gershwin, les alternances de vie mondaine et de retrait à Monfort-l'Amaury, le dandysme et la maniaquerie, la composition du Boléro, celle du concerto pour la main gauche, l'apparition de la maladie dégénérative...
Un portrait virtuose de l'écrivain Jean Echenoz.
Il s'agit d'un ouvrage qui date seulement d'une dizaine d'années que l'on doit pouvoir retrouver.
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Re: Le coin lecture (technique, biographie,romans, etc)
Commencé ce jour la lecture de cet ouvrage de Julian Barnes "le fracas du temps" et dès les premières lignes on est totalement immergé dans l'ouvrage. Une belle réussite, un témoignage "romancé" sur Chostakovitch et sur toute une époque. Passionnant
http://www.telerama.fr/livres/le-fracas ... 140579.php
J'ai lu précédemment Quatuor d'Anna Enquist et si les sujets abordés sont plus qu'intéressants, je n'ai pas trop aimé le style de l'écriture (peut-être dû à la traduction)
http://www.telerama.fr/livres/quatuor,139335.php
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J'ai lu précédemment Quatuor d'Anna Enquist et si les sujets abordés sont plus qu'intéressants, je n'ai pas trop aimé le style de l'écriture (peut-être dû à la traduction)
http://www.telerama.fr/livres/quatuor,139335.php
Modifié en dernier par pianojar le dim. 21 août, 2016 23:36, modifié 1 fois.