Les beaux textes.

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Rubato
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Re: Les beaux textes.

Message par Rubato »

Voici un texte assez long sur Chopin issu d'une nouvelle de Thomas Mann qui s'appelle Tristan, dont j'avais parlé il y a quelque temps.
La nouvelle parle du dilemne de Gabrielle Bokhof : vivre en étouffant ses dons d'artiste ou "mourir de musique"

Elle se leva, rangea son ouvrage et alla vers le piano. elle s'assit sur le tabouret, sur lequel étaient posés quelques cahiers de musique reliés, disposa les candélabres et feuilleta le cahier. M. Spinell avança sa chaise à côté d'elle comme un professeur.
Elle joua le Nocturne en mi bémol majeur, opus 9, n° 2. Si vraiment elle avait désappris, elle avait du posséder une admirable technique. Le piano était médiocre. Mais dès les premiers sons, elle usa de l'instrument avec un goût très sûr. Elle faisait valoir les nuances avec art. son toucher était à la fois fferme et doux. Sous ses doigts, la mélodie chantait avec sa suprême suavité...
Lorsqu'elle eut fini de jouer, elle posa ses mains sur ses genoux et continua de regarder le cahier qu'elle avait devant elle. M. Spinell étatit resté assis, muet et immobile.
Elle joua encore un Nocturne, puis un deuxième, puis un troisième. A la fin, elle se leva, mais pour chercher, sur le dessus du piano, d'autres cahiers.
A ce moment, M. Spinell eut l'idée d'examnier les deux cahiers recouverts de carton noir qui se trouvaient sur le tabouret. Soudain, un son indistinct s'éloigna de sa poitrine, tandis que ses grandes et belles mains palpaient l'une des partitions abandonnées :
"Ce n'est pas possible !...Ce n'est pas vrai ! ...s'écriait-il...Et cependant, me tromperais-je ?...Savez-vous ce que c'est ?...Savez-vous ce qui se trouve ici ? ...Ce que je tiens dans mes mains ?...


Quel suspense !! Suite et fin demain (après je prends une semaine de vacances (sans piano !!)
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
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Sanctamaria
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Re: Les beaux textes.

Message par Sanctamaria »

Rubato a écrit :Quel suspense !! Suite et fin demain (après je prends une semaine de vacances (sans piano !!)
Oooooooh non! je veux savoir la suite! :twisted:
L'humilité n'est souvent qu'une feinte soumission dont on se sert pour soumettre les autres.
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MAC
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Re: Les beaux textes.

Message par MAC »

Sanctamaria a écrit :
Rubato a écrit :Quel suspense !! Suite et fin demain (après je prends une semaine de vacances (sans piano !!)
Oooooooh non! je veux savoir la suite! :twisted:
+1 :twisted: :twisted: :twisted:

MAC
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Pico
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Re: Les beaux textes.

Message par Pico »

Ouai franchement ce sont de basses méthodes marketing que tu emploies là Rubato !
C'est juste pour accroitre l'audimat ! :wink:
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Rubato
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Re: Les beaux textes.

Message par Rubato »

Et pour accroitre encore l'audimat, je vous dis que ça va être torride !! :wink:
(Bon, c'est Thomas Mann quand même :^o : ne révez pas ! :oops: )
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
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Rubato
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Re: Les beaux textes.

Message par Rubato »

"Quoi donc ?" fit-elle
Il lui montra le titre sans prononcer un mot. Il était blême il fit choir la partition et regarda la jeune femme, les lèvres tremblantes et murmura :
"Vraiment ? Comment se fait-il ?"...
"Eh bien, passez-le moi, dit-elle simplement.
Elle plaça la partition sur le pupitre, s'assit et, après un moment de silence, joua la première page.
M. spinelle était assis à côté d'elle, le corps penché en avant, les mains entreles genoux pliés, la tête baissée. elle joua le prélude avec une infinie et obsédante lenteur, entrecoupant les traits de très longues pauses.
Mais voici que le motif du Désir, voix solitaire et errante, dans la nuit élève alors sa plainte. Le silence, puis l'attente. On lui répond : c'est la même voix hésitante, mais plus claire et plus douce. Un nouveau silence. Ici, l'admirale sforzato en sourdine qui dévoile les délicieuses exigence de la passion. le motif d'amour s'élève alors, pâmé d'extase, jusqu'au tendre enlacement, s'évanouit doucement, tandis que, avec leurs chants graves d'un enivrement douloureux,, les violoncelles font leur entrée et dirigent la mélodie.
L'éxécutante s'efforçait, non sans succès, d'exprimer toutes les nuances de l'orchestre sur l'instrument pitoyable. On reconnaissait les vilons qui dans leur lent crescendo, chantent avec une précision éclatante. elle jouait avec la piété d'un prêtre au moment de l'élévation, humble et prosternée.
Voci que le mystère s'accomplit...
Deux forces, deux êtres ravis en extase cherchent à se rapprocher dans la souffrance et la fidélité. Ils s'enlacent avec le désir frénétique de l'éternité et de l'infini.
Le prélude jeta ses dernières étincelles, puis s'éteignit. elle cessa de jouer au moment où, sur la scène, le rideau s'écarta, et continua de regarder la partition sans une parole.


Fin du suspense insoutenable :mrgreen:
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MAC
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Re: Les beaux textes.

Message par MAC »

C'est fini ?

MAC
:)
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Rubato
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Re: Les beaux textes.

Message par Rubato »

Ben oui... :wink:
Qu"est-ce que tu en penses ? 8-[
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MAC
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Re: Les beaux textes.

Message par MAC »

Je suis désolé, je n'ai aucun goût littéraire.
Je peux juste te dire que je l'ai tout lu d'un coup, alors j'imagine que ça m'a accroché. :wink:

MAC
:)
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Stereden
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Re: Les beaux textes.

Message par Stereden »

Ca faisait un moment que je pensais à retrouver cette lecture de ma jeunesse avec l'intention d'en mettre un extrait ici. Merci de l'avoir fait.
N'y avait-il pas Tod in Venedig dans le même livre ? Le thème en est voisin : le pouvoir de la beauté dans l'art. Mais, contrairement à l'adaptation qu'en a faite Visconti, l'art n'y est plus représenté par la musique mais par la littérature.
On ne vend pas la musique. On la partage. Leonard Bernstein
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Rubato
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Re: Les beaux textes.

Message par Rubato »

Personnellement, j'ai effectivement ça à la suite de "Mort à Venise".
Je crois que dans "La Montagne Magique", il y a quelque chose d'intéressant, mais il faut le trouver : c'est un pavé ! 8)
Un autre roman que j'aime bien : "Un soir au Club" de Richard Gailly (prix du livre Inter), qui raconte l'histoire d'un pianiste de Jazz qui avait arrêté (problème d'alcool...) et qui reprend . Mais je ne vous raconte pas tout... :-$
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
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louna
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Re: Les beaux textes.

Message par louna »

Ne m'en voulez pas, je continue avec Schubert... :oops:

Une poésie sous forme de prière de Schubert, presque autobiographique !

Ma Prière


Profondes aspirations vers l'inconnu divin,
Vous serez satisfaites dans un monde meilleur.
Ne puis-je donc, par la toute-puissance du rêve,
Franchir l'espace sombre qui nous en sépare ?


Père suprême ! Comble ton fils
De maux sans mesure, pour, un jour,
En signe de délivrance,
L'entourer des rayons de ton divin amour !


Vois, Ô Dieu ! Anéanti dans la poussière,
Torturé de peines qui n'ont point été consolées,
Ce long martyre qui fut ma vie,
Et qui va bientôt cesser pour toujours.


Que ta main frappe de mort et cette vie et moi-même,
Que tout ce passé soit précipité dans le Léthé,
Et permets, ô Seigneur ! qu'un être puissant et pur
Sorte radieux et vivant de ces ruines !


8 mai 1823.

C'est fou comme il peu y avoir de grandes différences entre les traductions ! :shock: Entre certaines, c'est le jour et la nuit !

Louna.
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Re: Les beaux textes.

Message par louna »

ROMAIN ROLLAND, La vie de Beethoven.


L'air est lourd autour de nous. La vieille Europe s'engourdit dans une atmosphère pesante et viciée. Un matérialisme sans grandeur pèse sur la pensée, et entrave l'action des gouvernements et des individus. Le monde meurt d'asphyxie dans son égoïsme prudent et vil. Le monde étouffe. — Rouvrons les fenêtres. Faisons rentrer l'air libre. Respirons le souffle des héros.

La vie est dure. Elle est un combat de chaque jour pour ceux qui ne se résignent pas à la médiocrité de l'âme, et un triste combat le plus souvent, sans grandeur, sans bonheur, livré dans la solitude et le silence. Oppressés par la pauvreté, par les âpres soucis domestiques, par les tâches écrasantes et stupides, où les forces se perdent inutilement, sans espoir, sans un rayon de joie, la plupart sont séparés les uns des autres, et n'ont même pas la consolation de pouvoir donner la main à leurs frères dans le malheur, qui les ignorent, et qu'ils ignorent. Ils ne doivent compter que sur eux-mêmes; et il y a des moments où les plus forts fléchissent sous leur peine. Ils appellent un secours, un ami.

C'est pour leur venir en aide, que j'entreprends de grouper autour d'eux les Amis héroïques, les grandes âmes qui souffrirent pour le bien. Ces Vies des Hommes illustres n e s'adressent pas à l'orgueil des ambitieux; elles sont dédiées aux malheureux. Et qui ne l'est, au fond? A ceux qui souffrent, offrons le baume de la souffrance sacrée. Nous ne sommes pas seuls dans le combat. La nuit du monde est éclairée de lumières divines. Même aujourd'hui, près de nous, nous venons de voir briller deux les plus pures flammes, la flamme de la Justice et celle de la Liberté : le colonel Picquart, et le peuple des Boers. S'ils n'ont pas réussi à brûler les ténèbres épaisses, ils nous ont montré la route, dans un éclair. Marchons-y à leur suite, à la suite de tous ceux qui luttèrent comme eux, isolés, disséminés dans tous les pays et dans tous les siècles. Supprimons les barrières du temps. Ressuscitons le peuple des héros.

Je n'appelle pas héros ceux qui ont triomphé par la pensée ou par la force. J'appelle héros, seuls ceux qui furent grands par le coeur. Comme l'a ditun des plus grands d'entre eux, celui dont nous racontons ici même la vie : « Je ne reconnais pas d'autre signe de supériorité que la bonté. » Où le caractère n'est pas grand, il n'y a pas de grand homme, il n'y a méme pas de grand artiste, ni de grand homme d'action; il n'y a que des idoles creuses pour la vile multitude : le temps les détruit ensemble. Peu nous importe le succès. Il s'agit d'être grand, et non de le paraître.

La vie de ceux dont nous essayons de faire ici l'histoire, presque toujours fut un long martyre. Soit qu'un tragique destin ait voulu forger leur âme sur l'enclume de la douleur physique et morale, de la misère et de la maladie; soit que leur vie ait été ravagée, et leur coeur déchiré par la vue des souffrances et des hontes sans nom dont leurs frères étaient torturés, ils ont mangé le pain quotidien de l'épreuve; et s'ils furent grands par l'énergie, c'est qu'ils le furent aussi par le malheur. Qu'ils ne se plaignent donc pas trop, ceux qui sont malheureux : les meilleurs de l'humanité sent avec eux. Nourrissons-nous de leur vaillance; et, si nous sommes trop faibles, reposons un instant notre tête sur leurs genoux. Ils nous consoleront. Il ruisselle de ces âmes sacrées un torrent de force sereine et de bonté puissante. Sans même qu'il soit besoin d'interroger leurs oeuvres, et d'écouter leur voix, nous lirons dans leurs yeux, dans l'histoire de leur vie, que jamais la vie n'est plus grande, plus féconde, — et plus heureuse, — que dans la peine.



En tête de cette légion héroïque, donnons la première place au fort et pur Beethoven. Lui-même souhaitait, au milieu de ses souffrances, que son exemple pût être un soutien pour les autres misérables, « et que le malheureux se consolât en trouvant un malheureux comme lui, qui, malgré tous les obstacles de la nature, avait fait tout ce qui était en son pouvoir, pour devenir un homme digne de ce nom ». Parvenu par des années de luttes et d'efforts surhumains à vaincre sa peine et à accomplir sa tâche, qui était, comme il disait, de souffler un peu de courage à la pauvre humanité, ce Prométhée vainqueur répondait à un ami qui invoquait Dieu : « 0 homme, aide-toi toi-même ! »

Inspirons-nous de sa fière parole. Ranimons à son exemple la foi de l'homme dans la vie et dans l'homme.
ROMAIN ROLLAND,

Janvier 1903.
arnault
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Re: Les beaux textes.

Message par arnault »

CIORAN, Le livre des leurres

EXTASE MUSICALE.
Je sens que je perds de la matière, que mes résistances physiques tombent et que je me dissous dans l'harmonie et la montée des mélodies intérieures. Une sensation diffuse, un sentiment ineffable me réduisent à une somme indéterminée de vibrations, de résonnances intimes et de sonorités envoutantes.
Tout ce que j'ai cru singulier en moi, isolé dans la solitude matérielle, fixé dans une consistance physique et déterminé par une structure rigide, semble s'être résolu dans un rythme d'une fascination séduisante et d'une fluidité insaisissable. Comment pourrais-je décrire avec des mots la façon dont les mélodies se déploient, et celle qu'à mon corps de vibrer, intégré à la vibration universelle, évoluant des le sinuosités fascinantes dont l'irréalité aérienne me transporte ? Dans les moments de musicalisation intérieure je perdais le goût des matérialités pesantes, je perdais ma substance minérale, cette pétrification qui me reliait à une fatalité cosmique, et je m'élançais dans l'espace, bercé de mirages, oublieux de leur illusion, et de rêves indifférent à leur réalité. Nul ne comprendra le sortilège irrésistible des mélodies intérieures, nul ne ressentira l'exaltation et la béatitude s'il ne se réjouit pas de cette irréalité et n'aime le rêve plus que l'évidence. L'état musical n'est pas une illusion parce qu'aucune illusion ne peut donner ni certitude d'une telle ampleur, ni sensation organique d'absolu, de vécu incomparable, signifiactive par elle-même et expressive dans son essence.


Je ne peux que vous conseiller de lire le reste de ce 1er chapitre..
louna
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Re: Les beaux textes.

Message par louna »

Merci Arnault, tu me permets de découvrir une personnalité que je ne connaissais que très peu.

J'ai été lire un peu en quoi consistaient ses travaux, et je suis tombée sur ce texte, extrait du même ouvrage que tu nous proposes :

Ce n’est que dans la musique et dans l’amour qu’on éprouve une joie à mourir, ce spasme de volupté à sentir qu’on meurt de ne plus pouvoir supporter nos vibrations intérieurs. Et l’on se réjouit à l’idée d’une mort subtile qui nous dispenserait de survivre à ces instants. La joie de mourir, sans rapport avec l’idée et la conscience obsédante de la mort, naît dans les grandes expériences de l’unicité, où l’on sent très bien que cet état de reviendra plus. In n’y a de sensations uniques que dans la musique et dans l’amour ; de tout son être, on se rend compte qu’elles ne pourront plus revenir et l’on déplore de tout son cœur la vie quotidienne à laquelle on retournera. Quelle volupté admirable, à l’idée de pouvoir mourir dans de tels instants, et que, par là, on n’a pas perdu l’instant. Car revenir à notre existence habituelle après cela est une perte infiniment plus grande que l’extinction définitive. Le regret de ne pas mourir aux sommets de l’état musical et érotique nous apprend combien nous avons à perdre en vivant. Au moment où nous concevons la réversibilité de l’état musical et érotique, quand nous nous pénétrons organiquement de l’idée d’un possibilité de renaissance, quand l’unicité nous apparaît une simple illusion, nous ne pouvons plus parler de la joie de mourir et nous revenons au sentiment de la mort immanente à la vie, qui ne fait d’elle qu’un chemin vers la mort. Il faudrait cultiver les états uniques, ces états inconcevables comme réversibles, pour sombrer dans des voluptés mortelles.

La musique et l’amour ne peuvent vaincre la mort, car il est dans leur essence de s’en rapprocher au fur et à mesure qu’ils gagnent en intensité. Ils ne peuvent constituer des armes contre la mort que dans leurs phases premières. Seuls une musique calme et un amour paisible peuvent la combattre. Il n’y a pas de parenté entre l’amour et la mort pas plus qu’il n’y en a entre la musique et la mort, car leur relation s’établit pas un saut ; un saut qui peut n’être qu’une impression, mais qui, intérieurement n’en est pas moins significatif. Le saut érotique et le saut musical dans la mort ! Le premier nous élance par son insupportable plénitude, le second brise les résistances de l’individualité par une vibration totale. Qu’il se soit trouvé des hommes pour se suicider par incapacité de supporter encore les folies de l’amour, réhabilite le geste humain ; de même, les folies que l’homme éprouve dans l’expérience musicale. Il est criminel de ne pas comprendre et de ne pas ressentir la musique. Ca l’est aussi de ne pas sentir qu’on pourrait commettre un crime en de tels instants.

Les états n’ont de valeur et n’expriment une profondeur exceptionnelle que s’ils amènent au regret de ne pas mourir. Celui qui, à chaque seconde, sentirait qu’il meurt à cause d’eux atteindrait le sentiment de la vie le plus profond. Bien que la mort commence pour nous tous avec la vie, peu d’entre nous ont l’impression de mourir à chaque instant.

Réaliser sans cesse le saut musical et érotique dans la mort ! Ou le faire dériver de sa solitude, qu’il soit la solitude de l’être, la solitude ultime. Comment peut il encore y avoir d’autres solitudes après elle, comment peut il encore y avoir d’autres tristesses ? Que seraient mes joies sans mes tristesses, et que seraient mes larmes sans mes tristesses et sans mes joies ? Que serait mon chant sans mes précipices et ma mission sans mon désespoir ?




Maudit soit l’instant où la vie a commencé à prendre forme et à s’individualiser ; car alors, est née la solitude de l’être et la souffrance d’être seulement soi, d’être abandonné. La vie a voulu s’affirmer par individualisation ; quand elle y est parvenue, elle a fait preuve d’impérialisme. Mais lorsqu’elle a échoué, c’est la solitude qui est advenue, bien que, pour une vision plus profonde, l’impérialisme ne soit qu’un forme par laquelle l’être fuit la solitude. On accumule, on triomphe, on gagne et l’on combat pour échapper à soi-même, pour vaincre la souffrance de n’être au fond que soi-même. Car si la solitude prouve bien la réalité de son être, elle ne garantit aucunement celle de la vie en général. Le sentiment de solitude croit à mesure que grandit le sentiment d’irréalité de la vie. Depuis le jour où la vie a voulu être plus qu’un simple potentialité et s’est actualisée dans les individus, la crainte de l’unicité et la peur d’être seul sont nées ; et ce désir qu’a l’être individuel de dépasser ce processus maudit n’exprime que la tentative de fuir la solitude, cette solitude métaphysique où l’on se sent abandonné, essentiellement dans sa nature. Voilà pourquoi la solitude cesse de constituer un attribut de l’être seulement quand il cesse d’exister.



Moi, avec les vacances, j'ai un peu moins le temps (ou l'envie ?) de lire, je suis un peu paresseuse.
Je suis tout de même en ce moment dans le livre de Jolivet sur Beethoven. Et ce qui m'a achevé, c'est la lecture du Faust de Goethe. J'ai voulu aller lire ce Faust qui inspira tant les romantiques... Je suis un peu déçue, je m'attendais à beaucoup mieux. :(
Pico
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Re: Les beaux textes.

Message par Pico »

Merci bien Arnault pour ta contribution !
Et Louna aussi of course :wink:

C'est amusant car je viens justement de commencer à lire De l'inconvénient d'être né de ce cher Cioran.

C'est quelqu'un à la philosophie très pessimiste mais je trouve ça très enrichissant à lire et ça permet de remettre encause beaucoup de chose et principalement la vie bien sur et sa futilité intrinsèque.

En tout cas je me demandais justement comment il pouvait bien concevoir à la lecture de mon livre et vous y avez très bien répondu, merci bien !
arnault
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Re: Les beaux textes.

Message par arnault »

Le Faust de Goethe, pour rien te cacher, j'ai oublié de le terminer... C'est plutôt lui qui m'a achevé (malgré sa faible épaisseur..) :oops:

Par contre j'ai fait une "rencontre romantique" ces derniers jours avec Rainer Maria Rilke et ses "Lettres pour un jeune poète", ci dessous un extrait d'une autre de ses correspondances (avec Lou Andreas Salomé, une ex de Nietzche) où il aborde art, sculpture, rodin et musique (de façon moins flatteuse ça change !).

Il s'agit, pour créer une oeuvre d'art, d'insérer cet objet dans l'étendue, d'une manière plus intime, plus stricte mille fois, au point qu'il ne bouge plus quand on essaie de l'ébranler. Dans le monde, la chose est déterminée, dans l'art elle doit l'être davantage encore : soustraite à tout accident, dégagée de toute pénombre, ravie au temps et livrée à l'espace, elle devient permanence, elle attend l'éternité. L'une apparait ; l'autre, est ; elle dépasse indiciblement son modèle, elle constitue la lente et progressive réalisation du vouloir être, qui se dégage de la nature toute entière. L'art n'est donc plus, comme on le pense, la plus vaine et la plus capricieuse des industries, mais un humble ministère, régi par des lois rigoureuses. Tous les arts et tous les créateurs portent pourtant la marque de cette erreur. Il fallait un homme puissant pour s'insurger contre elle, une force active, taciturne, crétrice obstinée de choses. L'art de Rodin, de tout temps, a créé du réel (il est aux antipodes de la musique, dans la mesure ou elle dépouille les phénomènes de ce qu'il leur reste de pesanteur, pour les transformer en ombres légères et glissantes. C'est pourquoi ce monde opposé à l'art, cette atmosphère sans épaisseur,cet appel vers le mouvant, groupe tant d'oreilles amies, tant de sujets, d'esclaves echaînés au plaisir, qui, ne sachant pas s'élever hors d'eux-mêmes, se livrent aux ivresses qui les emportent...) Rodin, né dans une obscure pauvreté, a compris mieux que personne, que toute beauté, celle d'un être ou celle d'une chose, est sans cesse menacée par les circonstances et le temps, qu'elle est une étincelle, une sorte de jeunesse de tous els âges, qui fleurit et passe et ne dure jamais.

Oups désolé Pico j'etais en train de taper studieusement mon texte, j'navais pas vu ton message intercalé.. Bah si tu t'interesses à Cioran essaie de rendre visite à son papi Schopenhauer..
louna
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Re: Les beaux textes.

Message par louna »

Aujourd'hui, une pensée pour Dominique pour qui les vacances s'achèveront bien un jour... (Tout a une fin !) :mrgreen:

Beethoven aurait écrit ces lettres à son immortelle bien-aimée en l'été 1812. (c'est donc de saison, il fait beau aujourd'hui).

Vous le connaissez certainement, mais ça fait tant plaisir de le relire...

Le 6 juillet au matin

Mon ange, mon tout, mon moi. Quelques mots seulement aujourd'hui, et au crayon (le tien). Ce n'est pas avant demain que je saurai définitivement où j'habiterai. Quelle misérable perte de temps pour de telles choses. Pourquoi ce profond chagrin alors que la nécessité parle? Notre amour peut-il exister autrement que par des sacrifices, par l'obligation de ne pas tout demander ? Peux-tu faire autrement que tu ne soit pas toute à moi et moi à toi? Ah! Dieu, contemple la belle nature et accepte d'un cœur paisible ce qui doit être. L'amour exige tout, et de pleins droits, ainsi en est-il de moi avec toi, de toi avec moi. Mais tu oublies si facilement que je dois vivre pour moi et pour toi : si nous étions complètement réunis, tu éprouverais aussi peu que moi cette souffrance. Mon voyage a été terrible, je ne suis arrivé qu'hier à quatre heures du matin; comme on manquait de chevaux, la poste a pris un autre itinéraire, mais quelle route épouvantable ! A l'avant-dernier relais, on m'a conseillé de ne pas voyager de nuit. On m'a parle d'une forêt épouvantable, mais cela n'a fait que m'exciter, et j'ai eu tort, la voiture aurait dû se briser dans ce terrible chemin, simple chemin de terre défoncé. Avec d'autres postillons que ceux que j'avais, je serais resté en route. Esterhazy, par l'autre chemin, le chemin habituel, a subi le même sort, avec huit chevaux, que moi avec quatre. Pourtant, j'ai éprouvé un certain plaisir, comme toujours quand j'ai heureusement surmonté un obstacle. A présent passons vite de choses extérieures à des choses intérieures ! Nous nous reverrons sans doute bientôt ; de plus, aujourd'hui, je ne peux te faire part des considérations que j'ai faites sur ma vie pendant ces quelques jours. Si nos cœurs étaient toujours serrés l'un contre l'autre, je n'en ferais pas de semblables. Le cœur est plein de tant de choses à te dire. Ah! il y a des moments où je trouve que la parole n'est encore rien du tout. Courage ! Reste mon fidèle. mon unique trésor, mon tout, comme moi pour toi. Quant au reste, les dieux décideront de ce qui doit être et de ce qu'il adviendra de nous.


Ton fidèle Ludwig.


Lundi soir, 6 juillet.


Tu souffres. toi, mon être le plus cher. A l'instant j'apprends que les lettres doivent être postées très tôt le matin. Lundi, jeudi, les seuls jours où la poste part d'ici pour K.[arlsbad]. Tu soufres. Ah ! la ou je suis, tu es aussi avec moi, je parle avec moi et toi. Je ferai en sorte que je puisse vivre avec toi, quelle vie ! ! ! ainsi ! ! ! sans toi. Poursuivi ici et la par la bonté des hommes que je ne désire pas plus mériter que je ne la mérite, humilité de l'homme devant l'homme, elle me peine, et quand je me considère en relation avec l'univers, que suis-je et qu'est-il, lui qu'on appelle le plus Grand? Et pourtant, là encore est la divinité de l'homme. Je pleure, quand je pense que tu ne recevras vraisemblablement que samedi la première nouvelle de moi. Quel que soit ton amour pour moi, je t'aime encore plus fort, mais ne te cache jamais de moi. Bonne nuit. En bon curiste, il faut que j'aille dormir. Ah ! Dieu. si près! si loin! Notre amour n'est-il pas un véritable édifice céleste et aussi solide que la voûte du ciel ?


Bon matin, le 7 juillet


Encore au lit mes pensées se pressent vers toi, mon Immortelle bien-aimée, parfois joyeuses, puis de nouveau tristes. Le Destin nous exaucera-t-il ? Vivre, je ne le peux entièrement qu'avec toi ou pas du tout, j'ai même décidé d'errer au loin jusqu'au jour ou je pourrai voler dans tes bras, ou je pourrai me dire pleinement dans ma patrie auprès de toi. Puisque, tout entouré par toi, je pourrai plonger mon âme dans le royaume des esprits. Oui, hélas ! il le faut. Tu te maîtriseras d'autant mieux que tu connais ma fidélité envers toi, jamais aucune autre ne peut posséder mon cœur, jamais, jamais. O Dieu, pourquoi faut-il s'éloigner de ce qu'on aime ainsi, et pourtant ma vie à Vienne telle qu'elle est maintenant est une vie misérable. Ton amour a fait de moi à la fois le plus heureux et le plus malheureux des hommes. A mon âge j'aurais besoin d'une existence en quelque sorte uniforme, égale. Peut-il en être ainsi étant donné nos relations ? Mon ange, je viens d'apprendre que la poste part tous les jours, et il faut donc que je m'arrête afin que tu reçoives cette lettre tout de suite. Sois calme, ce n'est que par une contemplation détendue de notre existence que nous pouvons atteindre notre but, qui est de vivre ensemble. Sois calme. Aime-moi. Aujourd'hui, hier, quelle aspiration baignée de larmes vers toi, toi, toi, ma vie, mon tout! Adieu. Oh ! continue à m'aimer. Ne méconnais jamais le cœur très fidèle de ton aimé L.

Éternellement à toi,

éternellement à moi.

éternellement à nous.
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Rubato
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Re: Les beaux textes.

Message par Rubato »

Voici le texte de la lettre adressée à Frédéric Chopin par sa fiancée Maria Wodzinska après le départ de Chopin de Dresde à Paris (ils ne se reverront pas) et qui fait mention de la 9ème valse (valse de l'Adieu) :

Samedi, après votre départ, nous errâmes tristes, les yeux pleins de larmes , à travers le salon dans lequel quelques minutes auparavant vous étiez encore parmi nous. Mon père arriva peu après., désolé de n'avoir pu vous faire ses adieux : ma mère pleurait et parlait sans cesse de son fils Frédéric (ainsi qu'elle vous appelait) . Et mes frères ! Félix était complètement abattu : quant à Casimir, il s'efforçait de plaisanter pour nous distraire, mais cela ne lui réussissait pas , car lui-même ressemblait à un Pierrot débitant ses farces, la gorge serrée par les sanglots. Mon père se moquait de nous, voulant paraître gai, mais c'était seulement pour ne pas pleurer. a onze heures, notre professeur de chant arriva ; la leçon n'avait pas d'entrain, aucun de nous ne pouvait chanter. Nous nous sommes mis à parler de vous. Félix me pria de jouer votre valse (la dernière oeuvre que vous nous avez laissée) Nous étions tous heureux : mes frères de l'écouter et moi de la jouer, car cela nous rappelait le cher absent. J'ai porté cette valse chez le relieur ; il a ouvert de grand yeux à la vue d'un simple feuillet, mais il ne pouvait en deviner l'auteur . A table, personne ne mangea ; tous les yeux se portaient constamment sur votre place, restée vide et ensuite sur le "coin de Fritz". Votre chaise est toujours à la même place ; elle y restera, très probablement aussi longtemps que nous habiterons ici.
Le soir, on nous conduisit chez notre tante, pour échapper à la tristesse de la première soirée passée sans vous. Papa nous rejoignit bientôt, disant qu'il lui était impossible, de rester ce jour-là à la maison. C'était pour nous un véritable soulagement de fuir le lieu qui nous rappelait sans cesse l'ami qui était parti loin de nous.
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
Franz Liszt.
louna
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Re: Les beaux textes.

Message par louna »

Extraits de la Préface du livre Robert Schumann, par sa fille, Eugénie.

Au lecteur.

J’ai longtemps hésité à publier cet ouvrage.
Plus d’une fois, j’ai pris la plume, pour la déposer aussitôt. Je me demandais si j’étais qualifiée pour émettre des considérations que n’importe qui formulerait aussi bien que moi sur la personnalité de Robert Schumann ? Que dire qui n’ait déjà été dit ?
Je n’ai ni formation ni connaissances musicales particulières. En outre, - l’avouerai-je ? – je ne suis arrivée qu’il y a bien peu d’années à me faire en toute indépendance une opinion sur mon père.
Pour moi, il était celui que je n’avais jamais connu, mon père, à qui sa musique céleste avait attiré l’amour et l’admiration des hommes ; celui que ma mère avait chéri par-dessus tout, mort depuis longtemps, longtemps ; celui à qui elle pensait constamment mais dont on ne parlait qu’à voix basse, avec précaution, à cause de l’indicible tristesse de sa fin…
C’est ainsi que je le considérais, en quelque sorte comme un fragment d’histoire, avec amour, certes, mais de confiance, sans l’approfondir. Docilement, j’acceptais les chaînes que diverses traditions ont forgées autour de lui et qui s’opposent à la libre compréhension de son tempérament.
[…]
« Ecrire une biographie de ton Robert, ce devrait être une ivresse pour toi ! » Ainsi s’exprime Brahms dans une lettre à ma mère. Une ivresse, en effet, pour qui en serait capable. Mais quelle force extraordinaire cette entreprise ne suppose-t-elle pas, pour pénétrer non seulement l’artiste, mais l’essence intime de l’homme ? Tous deux sont si étroitement confondus, enchevêtrés, qu’ils demeurent inséparables.
On peut je crois, affirmer à juste titre que de tous les créateurs de sons, Robert Schumann est celui qu’il est le plus difficile de considérer sous ses multiples aspects à la fois. Quand je m’absorbe en lui, j’ai l’impression de contempler un mécanisme très savant délicatement agencé et pourvu d’innombrables ressorts, grands ou petits ; les uns tournent à droite les autres à gauche, ceux-ci vite ceux-là lentement… Partout, des mouvements qui tout en s’opposant, par un côté, s’ajustent étroitement à leurs voisins et concourent à la marche en avant.
Ce n’est pas à tort que mon père s’intitulait « l’homme au double ». N’y eût-il pas pensé, que d’instinct, j’aurais trouvé cette définition. Plus d’une fois, tandis que j’étais perdue en lui, un léger frisson me secouait, j’éprouvais la sensation fantastique, troublante, que ce n’était pas une seule voix qui venait jusqu’à moi mais celle de deux êtres confondus.
[…]
L’image de mon père, tel qu’il m’apparaît aujourd’hui, diffère un peu du portrait qu’a laissé Wasielevski et qu’ont plus ou moins retenu ceux qui sont venus après lui. Tous ont considéré sa vie du point de vue de sa dernière maladie. Dans ses originalités, - et chacun de nous n’a-t-il pas les siennes, les artistes en particulier ? – ils ont voulu voir l’indice d’un cerveau malade.
Je le vois bien portant. Sa vie, ses actes et ses œuvres attestent un esprit sain dans toute sa plénitude. Je voudrais donc motiver mon opinion, raconter comment sont nées mes certitudes et comment elles ont concouru à composer l’effigie qui vit à présent en moi.
[…]

Sans doute me taxera-t-on de présomption et je m’attends à ce reproche, ayant la pleine conscience de mon incapacité ; mon excuse, c’est que je suis SON enfant, le sang de son sang, élevée selon son esprit, pénétrée de ses créations depuis ma plus tendre enfance et, à présent, entrée dans son intimité familière. Je me crois, par la vertu de mon amour, plus proche de lui que quiconque : et pour la pleine compréhension de sa nature, c’est l’amour qui est requis.
Et maintenant, que ce tribut de ma dévotion s’en aille vers le monde : c’est l’image de mon père tel que je le vois.


Ce livre est bouleversant.
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