Comme certains d'entre vous, je trouve que les « anciens » interprètes, du moins ceux dont il nous reste des enregistrements, ne me semblent pas meilleurs que les plus jeunes, le fameux jeu perlé peut avoir son intérêt pour certaines œuvres mais pas forcément pour toutes, loin de là.
Je pense que le virtuose en herbe a justement tout intérêt de pouvoir disposer d'une large palette de techniques et de phrasés, qui sera acquise par le contact de différents professeurs et donc de visions/compréhensions différentes.
L'interprète doit absolument s'adapter aux œuvres, et non l'inverse : triturer les œuvres pour les faire entrer dans SON univers et SA vision du piano me paraît être une démarche réductrice, et on l'observe trop souvent chez des pianistes à l'esthétique très marquée personnellement, qu'ils soient anciens ou modernes, d'ailleurs !
Faut-il chercher une authenticité, réelle ou hypothétique, ou transcender les œuvres et les intentions du compositeur ? Vaste débat !
Exemple avec le jeu de Sokolov cité : cela peut plaire, mais au bout d'un moment il me lasse également, ce staccato perpétuel, bon...
Je me demande si Schiff n'utilise pas un jeu perlé pour le CBT, finalement ? Il articule, je trouve.
Entre sécheresse et guimauve, je pense que le
juste milieu (qui n'est jamais
juste, OK
) est justement tout un art !
Il ne faut pas, à mon avis, être tyrannique dans un sens ou dans l'autre avec les morceaux, il faut les laisser s'exprimer : si on est trop sec, trop guimauve, trop lent, trop rapide, on les étouffe. L'interprète doit être derrière l'œuvre, et non devant. Ma vision est que c'est l'œuvre qui doit s'exprimer, et non l'interprète, l'orgueil doit être banni de la musique.
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Mais ceci étant dit, ça n'explique en rien les
méthodes pour progresser techniquement, ce qui est carrément un autre sujet !
Puisque le sujet a été abordé :
Hanon, Czerny, Brahms, Liszt, gammes, arpèges, articulation, etc..., plus méthodes modernes puisées ci ou là, si vous parvenez à démêler ce qui est bon ou superfétatoire, ou illusoire, ou même contre-productif, alors je dis chapeau !
Je pense, à nouveau très modestement , que tout PEUT être utile selon les besoins et la personnalité de l'élève.
J'ai eu des élèves que le Hanon a « débloqués », ravis eux-même du résultat, pour d'autres j'y ai vite renoncé, faute, justement, de résultats.
Les gammes, quant à elles, me paraissent très utiles pour le débutant 1ère et 2ème année, en ce qui concerne les positions des doigts et des mains, et simplement pour la connaissance et la mémorisation des tonalités quand on sort du do majeur, et aussi pour la régularité entre les touches blanches et noires, la confiance en soi, etc...
Au début je n'attachais pas trop d'importance aux gammes, mais rapidement je suis revenu en arrière, constatant les lacunes !
Mais là aussi, pas d'acharnement à les faire jouer des heures !!
L'essentiel du temps de répétition doit être consacré aux morceaux !
La
régularité est aussi un domaine essentiel à mon avis : régularité microscopique : à l'échelles des notes, des mesures, et macroscopique, à l'échelle des passages et du morceau dans son ensemble, tout comme la
précision dans les rythmes.
Le métronome, utile ? Oui, assurément, mais non pas n'importe quand, ni tout le temps !
Le souci du professeur, à mon avis, n'est pas de choisir LA bonne méthode universelle, mais la méthode idoine au coup par coup, selon les élèves, selon le niveau, quelques fois l'âge, et les ambitions : il tient un cap général, certes, mais il s'agit aussi de personnaliser les cours !
Le souci est différent pour l'autodidacte : si certains s'accommodent de leur propre méthode, souvent empirique, ou se servent de leurs souvenirs de premières années d'apprentissage dans leur jeunesse, d'autres se fourvoient ou bien perdent du temps à chercher et comprendre pourquoi ils n'avancent pas comme ils imaginent pouvoir avancer, là aussi les cas sont très différents d'une personne à l'autre...