L'école française et la confiance en soi

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Lee
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L'école française et la confiance en soi

Message par Lee »

Bonjour,

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Je suis tombée sur cet extrait (apparemment de La confiance en soi, une philosophie de Charles Pepin) qui m'a toute de suite fait penser au jour que les classements du collège étaient annoncés il y a quelques semaines, et comment mon fils en 6ème avait un air abattu, ses deux meilleurs copains très contents d'être premier et deuxième de la classe "mais je ne suis pas troisième" il m'a dit. J'ai appris par deux lycéens (après) que ces classements de collège sont relativement nouveaux, ils n'existaient pas quand ils y étaient. Je suis dépassée qu'on considère important de classer les collegiens et effectivement je crains que ces classements n'aient des mauvaises effets sur la confiance en soi de mon fils, je me demande comment faire contre cela.

J'ai remarqué que sur notre forum il y a des discussions sur l'Education Nationale. Même ayant deux beaux parents qui étaient dans le système ainsi qu'une belle soeur depuis 20 ans (mais ne veut pas terminer sa carrière là dedans) je n'ai jamais eu des sentiments forts comme ce jour de déception de mon fils, c'était viscérale. Beaucoup entre nous avons eu nos propres expériences à l'école ou nous sommes impliqués étant parents des enfants dans l'education public, c'est normal que le sujet nous soit vécu et sensible. Même si je ne peux pas dire que des débats n'ont pas leur place dans ce fil, je propose que dans la mesure possible, qu'on se concentre sur la constructive et faisable...

Concrêtement je me demande s'il y a un moyen d'agir pour que son collège ne fasse plus ses classements ou que les cours ne soient pas ainsi classés, je crois que ça se passe toujours comme ça... Mais encore plus concrètement, je me demande comment soigner l'esprit des enfants qui ont ainsi pris des coups.

Merci.
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panwork
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par panwork »

Quel horreur... c'est moche et à mon sens, ces classements néfastes nous revelent la dimension hautement inégalitaire du liberalisme comme un fondement de la vie qu'il faut contester mais qui ne se laissera pas ainsi remettre en place car le capitalisme est basée essentiellement sur la compétition, la mise en avant d'une élite de classe , la mise en concurrence de tous contre tous, avec ces classements de tout et n'importe quoi aussi pour mieux préparer nos enfants à survivre dans la jungle capitaliste, l'école les prépare par ces classements qui sont source de souffrance terrible pour nombre de gamins vu que le podium n'a que 3 places et que les classes sont de 30 à 40 ...
Line-Marie

Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Line-Marie »

Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale N°3 du 21 janvier 2016 :
En application des dispositions de la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République, le décret vise à faire évoluer et à diversifier les modalités de notation et d'évaluation des élèves de l'école primaire et du collège pour éviter une « notation-sanction » à faible valeur pédagogique et privilégier une évaluation positive, simple et lisible, valorisant les progrès, encourageant les initiatives et compréhensible par les familles. L'évaluation doit aussi permettre de mesurer le degré d'acquisition des connaissances et des compétences ainsi que la progression de l'élève.
Le décret définit le livret scolaire de la scolarité obligatoire, qui permet un suivi des acquis scolaires des élèves tout au long de la scolarité obligatoire et qui remplace le livret personnel de compétences.

...
Article 8 - L'article D. 321-10 du même code est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. D. 321-10.- Les modalités d'évaluation des apprentissages des élèves au regard des objectifs des programmes sont définies par les enseignants en conseil de cycle. L'évaluation des acquis de l'élève est réalisée par l'enseignant. Elle a pour fonction d'aider l'élève à progresser et de rendre compte de ses acquis. Les élèves ainsi que les parents ou le responsable légal sont informés des objectifs, des modalités et des résultats de cette évaluation.

....
Article 10 - L'article D. 331-25 du même code est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. D. 331-25.- L'évaluation des acquis de l'élève, menée en référence au socle commun de connaissances, de compétences et de culture pour le collège, est réalisée par les enseignants, avec, le cas échéant, la collaboration de l'équipe éducative. Elle a pour fonction d'aider l'élève à progresser et de rendre compte de ses acquis. Les élèves ainsi que les parents ou le responsable légal sont informés des objectifs, des modalités et des résultats de cette évaluation.

« Le bilan des acquis est régulièrement communiqué à l'élève et à ses représentants légaux par le chef d'établissement ou, en son nom, par le professeur principal, ou par un membre de l'équipe pédagogique. En fonction de ce bilan, les enseignants proposent des modalités d'accompagnement afin de permettre à l'élève d'atteindre les objectifs du cycle.

« Au collège, ces éléments sont consignés dans le livret scolaire, conformément à l'article D. 311-7.

« Au lycée, les synthèses du suivi et les bilans des évaluations sont conservés dans le dossier scolaire de l'élève. »


A ma connaissance , dans les établissements publics(collèges , lycée) de ma région il n'y a plus de classement des élèves depuis plus de 20 ans.
Pour ma part, j'informe mes élèves dès le début de l'année du sens des évaluations et j'explique qu'il y a deux sortes d'évaluation : formative et sommative. L'évaluation formative l'est bien sûr avec une note chiffrée mais qui n'est pas sur 20, mais sur 3 ou sur 8 ou sur 13 ... peu importe. Cette note , et surtout le contenu de cette évaluation indique aux élèves et moi ce qui est acquis, en cours d'acquisition ou pas du tout. Évidement le résultat chiffrée (la note) n'est pas dit à voix haute. Je dispose les copies corrigées à la place de chaque élèves et libre à eux de communiquer ou non leur note. Beaucoup de collèges et lycée , en France, utilisent un logiciel de vie-scolaire PRONOTE sur lequel le professeur reporte les notes chiffrée de l'élève, les parents d'élèves comme l'élève ayant un code d'accès à ces informations privées. Dans ma façon de travailler , j'utilise beaucoup l'évaluation par contrat de confiance , comme beaucoup de mes collègues, c'est à dire que les élèves savent exactement sur quoi porte l'évaluation formative. Je ne fais jamais d'interro surprises (je trouve ce concept parfaitement ridicule et qui ne vise qu'à mettre les élèves en défaut). Si à la suite de ce type d'évaluation , j'observe avec les élèves qu'une notion est encore vraiment fragile, nous en discutons ensemble et je les informe que nous reviendrons sur cette notion dans quelques semaines avec une autre approche.
Les évaluations sommatives consistent en Devoirs Communs avec les autres classes de même niveau (les Secondes, les premières, les terminales) dans ce cas chaque prof indique la moyenne et l'écart-type de sa classe et nous pouvons ainsi faire une comparaison des niveaux de classe (mais en général cette information reste entre profs et n'est pas divulgué aux élèves).
Même le jour des résultats du bac, il n'y a pas de classement ! Les listes données sont alphabétiques et il est indiqué si l'élève à une mention AB , B ou TB. Il n'y a pas de liste affichée des recalés !
Serge
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Serge »

Bonjour, de toute façon on ne peut éternellement maintenir ses enfants dans une bulle protectrice. En revanche on peut remettre les choses en perspective, prendre du recul, considérer ce classement pour ce qu’il est, et surtout mettre en valeur les progrès et les mérites de son enfant.
Doodie L'alpaga
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Doodie L'alpaga »

Ma sœur ayant 10 ans de moins que moi, j'ai été surpris de voir la nouvelle façon de noter dans les écoles : Plus de notes, plus de classements, mais des évaluations qui jugent si l'élève a acquit ou non la notion enseignée. Les évaluations ne sont plus comparatives (tu as moins compris que les autres), mais propres à l'élève (tu as bien compris telle notion, tu n'as pas compris celle-ci). Les notes ont été remplacées par des smileys !

Là où je suis d'accord avec Serge, c'est qu'on ne peut pas protéger les enfants éternellement. J'ai fait une classe préparatoire, aboutissant sur des concours particulièrement difficiles et punitifs. Il y a un réel choc entre le lycée, où tout est fait pour nous chercher des points même si on a faux, et la classe prépa où tout est fait pour nous trier. Pour autant, je n'ai pas vécu la classe prépa comme une chose mauvaise, néfaste, bien au contraire. Il y régnait une réelle ambiance d'entraide où chacun explique à l'autre ce qu'il n'a pas compris, pourquoi il a faux, ... Alors qu'on était clairement tous concurrents. La compétition n'est pas forcément incompatible avec l'entraide !
Comme je l'ai déjà dit sur un autre fil, je pense qu'un des gros problèmes de l'éducation nationale aujourd'hui, c'est les parents qui sur-protègent leurs enfants pour tout et n'importe quoi. (au vu des expériences de certains de mes proches dans l'éducation nationale)

Qu'on le veuille ou non, un jour ou l'autre on est mis en compétition avec les autres : concours d'entrée en écoles, médecine, entretien d'embauche, ... La question est de trouver le juste milieu entre soutenir l'enfant pour ne pas qu'il soit réfractaire à l'éducation, et ne pas sur-protéger l'enfant. Des grands progrès ont été faits ces dernières années, comme le dit bien Strumpf, et je trouve ça très encourageant !
panwork
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par panwork »

Doodie L'alpaga a écrit : lun. 28 janv., 2019 11:41 la compétition n'est pas forcément incompatible avec l'entraide !
C'est vrai, parfois deux moins bon s'associent et coopérent pour éliminer le dangereux compétiteur meilleurs qu'eux... le jeu le maillon faible montrait ca à chaque fois c'était abject mais c'est vrai que la compétition n'exclut pas des logiques de coopération tant qu'elles vont dans le sens du bénéfice individuel mais tot ou tard, l'autre devient une gene, un objet à battre ou pire a détruire. Rien n'est moins nécessaire et rien n'oblige une société à véhiculer des valeurs de violence et d'inégalité car au fond il ne s'agit que de ça - utliser l'autre comme objet d'assouvissement.
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Doodie L'alpaga »

panwork a écrit : lun. 28 janv., 2019 12:15
Doodie L'alpaga a écrit : lun. 28 janv., 2019 11:41 la compétition n'est pas forcément incompatible avec l'entraide !
C'est vrai, parfois deux moins bon s'associent et coopérent pour éliminer le dangereux compétiteur meilleurs qu'eux... le jeu le maillon faible montrait ca à chaque fois c'était abject mais c'est vrai que la compétition n'exclut pas des logiques de coopération tant qu'elles vont dans le sens du bénéfice individuel mais tot ou tard, l'autre devient une gene, un objet à battre ou pire a détruire. Rien n'est moins nécessaire et rien n'oblige une société à véhiculer des valeurs de violence et d'inégalité car au fond il ne s'agit que de ça - utliser l'autre comme objet d'assouvissement.
Bizarrement, ce n'était pas du tout cet état d'esprit qui régnait en prépa. On participait tous aux mêmes concours, mais quand on aidait les autres, c'était dans l'unique but que celui qu'on aidait réussisse mieux, on n'en tirait aucun bénéfice personnel. On ne se posait même pas la question de savoir si celui qu'on aidait pouvait être un concurrent, on voulait juste l'aider à réussir du mieux possible. C'était véritablement un esprit de fraternité.

Après, c'est sûr que la vie en prépa est un microcosme pas du tout représentatif de la société. Et sans aller jusqu'au maillon faible, la quantité impressionnante d'émissions qui plante la graine de la compétition bête et méchante dans absolument tous les domaines me donne la nausée ... (la cuisine, les chambres d’hôtes, les hôtels, l'immobilier, la mode, et même les mariages)
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Arabesque44
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Arabesque44 »

Ce collège (public?) est pour le moins atypique car cela fait belle lurette que les classements n'existent plus dans l'EN . J'ai connu les classements avant 1968, et les Prix d'Excellence, tabeaux d'honneur etc...mais mes propres enfants ( trentenaires..)jamais! Du moins pas de façon officielle et organisée.
J'ai tiqué en lisant ce texte d'un philosophe, encore plus en constatant qu'il avait été publié en 2018 ( j'aurais dit: début du XXème siècle! :twisted: )
D'où sort-il cette fausse information? En tous ca on ne peut vraiment faire de la manie des classements une spécificité française, beaucoup pensent au contraire que l'appétit égalitariste français en fait un peu trop, et que ça risque de "niveller par le bas"
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coignet
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par coignet »

Arabesque44 a écrit : lun. 28 janv., 2019 14:28 J'ai connu les classements avant 1968, et les Prix d'Excellence, tabeaux d'honneur etc...
C'était encore en vigueur après 68. Entré au collège en 73, j'y ai eu droit.
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Lee
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Lee »

@ Arabesque, ce n'est pas une fausse information et c'est actuel, mon fils est dans un collège public, et une amie m'a confirmé que ça se passe comme ça dans le collège public de ses fils aussi d'une autre ville.
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Lee
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Lee »

Merci beaucoup Strumpf pour toutes ces informations. Penses-tu que ça vaut le coup de soulever le sujet avec le collège?

Merci pour les réponses, concernant protéger l'enfant, pour moi ce n'est pas le but, c'est plutôt que les classements veulent rien dire et n'ont rien comme la vraie vie, donc ça abaisse (ou élève) l'idée de soi faussement. :mrgreen: Je suis moi-même la preuve que ça donne des impressions a l'ouest, j'étais au lycée un grand poisson dans une petit mare.
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Line-Marie

Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Line-Marie »

:D bien sûr que tu dois en parler dans le collège de ton fils. Ce n'est pas normal qu'en 2019, dans un établissement public français , et surtout en 6ème, les enfants soient classés !
Lazur84
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Lazur84 »

Effectivement, ce n'est pas du tout normal ! Même en tant qu'élève (dans les années 80/90), je n'ai jamais connu ça.

En fait, cela m’étonne vraiment : de quoi s’agit-il précisément ? d’un classement dans toutes les matières et présenté officiellement aux élèves ?
Je te demande ça parce que souvent, ce sont les élèves qui se classent eux-mêmes, en comparant leurs moyennes (mes enfants ont eu leur conseil de classe il n’y a pas longtemps et j’ai bien vu qu’avec les copains, ils comparaient leur « classement »).

S’il y a bien volonté « officielle » de rendre compte d’un classement scolaire aux élèves et qu’il s’agit d’une (étrange) politique d’établissement, c'est tout à fait hors des clous. Tu peux commencer par prendre rendez-vous avec le Principal pour qu'il t'explique clairement de quoi il s'agit. Ensuite, si c'est avéré, le chemin à suivre serait de prendre contact avec une association de parents d’élèves et de leur parler du problème ; ils sont élus, participent et votent au conseil d’administration de l’établissement (CA), auprès duquel ils peuvent porter la question.

Plus généralement, je voulais te dire que je comprends ta colère « viscérale » parce que j’ai été confrontée la semaine dernière à une expérience assez proche et que j’ai moi-même eu une première réaction, disons, très… maternelle… genre louve qui voudrait protéger ses petits des horreurs du monde :mrgreen: J’ai hésité à ajouter ce témoignage, parce que je ne voudrais pas que ça dégénère en lynchage de l’Education Nationale, de la prof concernée, de la mauvaise mère que je suis ou encore d’autres choses que je n’imagine pas. Je précise donc d’emblée qu’il s’agit d’un cas isolé, d’une approche « pédagogique »à ma connaissance inédite et non référencée de la part d’une seule enseignante, qu’il n’y a pas lieu à mon avis de dénoncer un système…

Donc… leur prof d’italien a mis au point une note de participation au principe simple et désolant. A chaque fois qu’un élève est interrogé et qu’il donne une bonne réponse, il a un point. Le concours s’arrête dès que l’élève en tête obtient 20 points. Le classement final est affiché dans la classe, avec la note de chacun.
On pourra apprécier toute la perversion du dispositif :
- La note de tous s’arrête quand le premier a 20 donc de fait, un seul élève peut avoir 20. Les élèves, pas si bêtes, ont soumis le problème à la prof qui a répondu : « C’est normal, c’est pour vous mettre en concurrence et vous motiver ». Je suppose que cette « philosophie » idiote va avec l’affichage du classement dans la classe : c’est bien simple, on se croirait chez Darty où le manager félicite et met en avant les meilleurs vendeurs de la semaine.
- Ce sont les élèves eux-mêmes qui tiennent le compte de leurs points, au moyen d’une scheda punti, une carte de points qu’ils tiennent devant eux à chaque cours. On voit tout de suite l’aspect pratique pour la prof, ça fait moins de boulot. Mes enfants me disent surtout que c’est stressant et que l’ambiance de classe est pesante, parce que selon eux (je dis bien selon eux parce que je ne suis pas là pour le voir), il faut se faire remarquer pour être interrogé, c’est-à-dire que lever la main ne suffit pas, il faut faire un petit bruit ou dire « moi ! moi ! » pour être l’heureux élu qui aura le droit de tenter d’avoir un point en étant interrogé parce qu’il aura réussi à se montrer.
Mais le pire du pire, c’est que j’ai vraiment de la peine en voyant les conséquences de ce machin : l’un de mes fils, plutôt réservé, en tout cas pas du genre à se mettre en avant, m’a avoué piteusement qu’il avait triché et qu’il s’était copieusement rajouté des points sur sa carte car il n’avait pas la moyenne au moment où le concours s’est arrêté. Il n’est pas content de lui et se sent un peu nul d’avoir fait ça. Lui et mon autre fils sont tristes pour une copine de classe, qui a des difficultés, est très discrète mais trop honnête pour tricher : elle est en bas du tableau, elle en a pleuré. Un de leur meilleur copain a dit qu’il renonçait à participer à ce truc : il ne lève plus la main et dort tranquillement en attendant que ça sonne, il se moque de sa note. Comme je disais à mes enfants « Il a raison au fond, c’est courageux de faire ça », l’un d’eux m’a rétorqué « Ah bon ! Tu trouves que c’est la bonne solution, se nuire à soi-même ? ». Il m’a coupé la chique, comme on dit.

J’ai voulu aller voir la prof mais ils m’ont suppliée de ne pas le faire (c’est la seule prof d’italien du collège donc ils l’auront encore l’année prochaine). La première colère passée, je n’ai pas insisté parce que je me suis demandé ce que ça apporterait à part une conversation désagréable. Et puis, même si je suis convaincue de la nullité complète de ce dispositif, je crois que la prof est sincère dans sa démarche, au sens où elle ne cherche pas à brimer les élèves mais pense bien faire (enfin, je l’espère, c’est en tout cas la dernière chose que je veux bien lui accorder). Comment et pourquoi on arrive à réfléchir si mal, cela restera un mystère.
Terpsichore
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Terpsichore »

Qu'en pensent les autres parents?
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BM607
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par BM607 »

J'aimais bien les classements moi.
Si j'en avais encore eu en 3ème comme j'en avais eu en primaire ça m'aurait évité de redoubler, je ne m'étais pas rendu compte du tout avec mes notes (ben oui quoi c'est des notes, il y en a dans tous les sens, ça veut dire quoi ? La moyenne, idem) que j'étais aussi bas et allais être dans cette position, ça m'a complètement pris au dépourvu, et bien sûr trop tard pour réagir.
L'avantage c'est qu'ensuite j'ai été plus attentif, mais bon dommage.

Enfin, je ne sais plus si on redouble encore de toute façon maintenant.

Évidement ensuite (en prépa ou en école d'ingé) ça n'aurait eu aucun sens.

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jean-séb
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par jean-séb »

Toute ma scolarité, depuis la maternelle jusqu'aux études supérieures, a été accompagnée de classements, de notes (y compris des notes négatives en prépa ! ), et de récompenses diverses (en maternelle et primaire, des bons points, des images, des billets d'excellence, des billets d'honneur, des prix divers, des bouquins en fin d'année. ..), sans compter les punitions (des plus bêtes comme le piquet ou les phrases à copier 100 fois aux fameuses heures de colle). Ça m'a toujours paru parfaitement normal, et je ne me suis pas rendu compte des traumatismes, probablement parce que ce système me convenait assez bien. En tout cas, il m'a permis de ne pas être surpris ni gêné quand j'ai dû dans le cadre de ma vie professionnelle passer à nouveau des examens et des concours à l'échelon français ou européen. Sans doute est-ce une question de génération.
Tiens, puisqu'on est toujours classé finalement, je constate qu'en dépit de nos différences d'éducation, les résultats de la France et des États-Unis sont très proches dans l'évaluation PSA.
https://www.linternaute.com/actualite/e ... la-france/
clemckiz
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par clemckiz »

J'ai parfois eu des classements et parfois non ...
J'ai aussi eu les rendus notes où le prof les classent et/ou donnent les notes voir même lis les commentaires à vois haute !
J'ai connu deux collèges et les deux faisaient des classements ! Mais pas au primaire, ni au lycée par contre :)
Dans mon premier collège j'étais ni très bonne élève ni mauvais j'étais dans les 10 premières il me semble et dans mon autre collège j'étais entre 3 et 5 environ ... Alors mon ressenti ... je n'aimais pas ça pourtant j'étais dans les 'mauvais' élèves mais ça m'a toujours mis mal à l'aise :o J'ai horreur de ça car d'un côté ça rabaisse ceux qui se sont loupés et ça met en position 'd'intello' ceux qui ont réussi ! J'ai toujours trouvé ça débile et inutile. Ça me mettait mal à l'aise de voir mes copains, ou pas d'ailleurs, s'être pris une taule et se la prendre aux yeux de tous ... Je suis toujours partie du principe que chacun est doué dans un domaine quel qu’il soit ! On peut se prendre taule sur taule à l'école mais briller dans un autre domaine ! Etant de nature assez sensible voire empathique, je ne supportait pas (et toujours pas) voir des gens rabaissés et/ou blessés et/ou tristes pour une stupide histoire de note et de classement :)

En plus de ça, c'est totalement contre productif. Bien souvent cela créer des tensions dans les classes ! Et au lieu de s'entre aider, bien souvent des guguerres éclates ... Les moins 'bons' se sentent rabaisser ce qui est totalement contre productif pour l'apprentissage ! Et ces classements peuvent parfois mettre à mal la confiance en eux mêmes des élèves ... Par exemple, il y avait un garçon dans ma classe de cinquième, qui avait énormement de difficulté à lire, vraiment beaucoup ... et du coup plutôt que de se lancer, de participer et de continuer son apprentissage bah il disait rien, ne lisait que sous la contrainte ... ce qui forcement ne l'aider pas ...

Par contre j'ai subit les affres des cours de sport où même avec toute la bonne volonté du monde j'étais toujours dernière niveau performance ! Et du coup, quitte à être dernière, qu'on se foute de moi etc bah j'ai fini par me dire 'pourquoi je me fatiguerais ... je suis nulle c'est comme donc maintenant zéro effort'. J'ai l'impression que c'est décousu ce que je dis ahhaha ... je sais pas si je m'explique bien ^_^

Comment faire ... je sais pas trop :( je pense qu'il faut faire comprendre que le classement n'est pas le plus important. Je pense que c'est pas parce qu'on est premier ou dernier qu'on ne va pas trouver sa voie, qu'on ne va pas réussir dans la voie qui nous plait et finir par être épanoui .
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Arabesque44
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par Arabesque44 »

De toutes façons, même en l'absence de classements officiels, beaucoup d'enfants cherchent à se comparer aux autres, et ce n'est pas forcément une mauvaise chose...
Et s'ils ne le font pas pour les matières scolaires, il le font pour les jeux vidéos ou le sport. L'esprit de compétition a toujours eu une place importante dans la nature humaine. Il y a des enfants que ça "booste" et d'autres non.
A l'inverse beaucoup d'enfants de nos jours seraient très gênés avec une l'encombrante étiquette de "premier de la classe" ( =fayot, =moche, = ch..., =victime toute désignée pour le harcèlement)
C'est triste mais c'est véridique.
PS: pour en revenir au texte ci-dessus c'est tout de même grave cette accusation infondée... :shock:
"l'école française est une école de classements, de rangs"
Ce Charles Pépin ferait bien de citer ses sources ...L'école d'il y a 50 ans sans doute!
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BM607
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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par BM607 »

On n'est pas non plus forcément obligé de les annoncer au monde entier, ces classements.
De mémoire on le faisait pour ce qui me concerne dans les toutes petites classes, pas après (sauf les concours d'entrée en école d'ingé mais ça...).

C'est à usage du classé (et de ses parents).

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Re: L'école française et la confiance en soi

Message par clemckiz »

Et je rajouterais aussi que je pense que la compétition n'est pas 'naturelle' surtout pour des enfants ! Ce sont bien souvent qui cherchent à savoir si leur enfants son les meilleurs et compagnie. Si on regarde dans d'autres systèmes éducatifs, il n'y a pas cette compétition. Les élèves travaillent en petits groupes avec divers en talent (l'un ce sont les maths, l'autre les langues, l'autre travaux manuels ...) et tout le monde s'entraide en fonction de ce qu'il est capable de transmettre ! Non seulement il n'y a pas de compétition, mais cela développe le respect, l'estime de soi et surtout la collaboration. En plus, cela permet de plus facilement apprendre car l'élève qui aide par le fait d'expliquer emmagasine mieux l'apprentissage et l'élève aidé ne se sent pas diminué et comprendre plus facilement avec les mots d'une personne de son âge ...

Je trouve que la compétition comme on l'entrevoit aujourd'hui qui consiste à en gros être premier et écraser les autres et peu importe les dégâts autour est néfaste ... elle n'est bonne ni pour ceux en haut ni pour ceux qui sont en bas du peloton. L'émulation est une bonne chose si on ne pousse pas trop loin de concept de compétition surtout sur des personnes aussi jeunes et à une période où tout est sujet à moquerie ou pire :)
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