Ouh la la, le débat est passé sur Onfray le temps que je tape mon message qui va arriver comme un cheveu sur la soupe. Bon tant pis.
C’est étonnant quand même, sur cette histoire de téléphone, ces explications un peu légères, visant à montrer que le seul problème, c’est que l’institution se prend trop au sérieux, au détriment de l’analyse des faits.
Bon d’abord, je précise que je ne parle pas du cas de Galadrielle (tout le monde y va de ses sympathiques intuitions mais personne ne connaît l’affaire dans ses détails, il me semble)
Bien sûr, il n’est pas question de dire que les ados d’aujourd’hui sont plus pervers, moins bien éduqués ou que sais-je que les générations passées ; mais il n’est pas question non plus, il me semble, d’évacuer le problème du téléphone en disant que bof, on faisait bien des caricatures de profs quand on avait trois poils au menton et qu’il n’y avait pas mort d’homme. D’abord, je pense qu’il faut évacuer la question du prof (c’est fou mais ça détourne complètement le débat !) et commencer par imaginer que la personne filmée est simplement… une personne. Ensuite, il faut avoir l’honnêteté de faire la différence entre une caricature sur papier, qui ne circulera pas au-delà d’un périmètre restreint, et un format numérique qui, dès lors qu’il est diffusé sur une liste (Snapchat, par exemple) échappe totalement au contrôle de celui qui l’a diffusé : n’importe qui peut ensuite le répandre sur des réseaux sociaux de grande audience, à sa grand-mère, à son correspondant allemand, accompagné d’une légende de son choix , et pourquoi pas des noms et prénoms de la personne filmée. Enfin, il faut être conscient que le téléphone est un outil « banalisant » : il est facile de le sortir, de le filmer, de diffuser, au point que l’on ne prend plus conscience de ce qu’on fait. A mon époque, pour filmer un prof en classe, il aurait fallu apporter le caméscope de papy, être vraiment très habile pour le sortir sans se faire remarquer, et je ne parle même pas de la question de la diffusion (contacter les cinémas Pathé, peut-être) : bref, on aurait eu largement le temps de réfléchir à notre acte et les complications d’exécution auraient tué l’intention, c’est sûr.
Les nouvelles technologies changent la donne, on ne peut plus réfléchir uniquement en se rappelant notre enfance. Un autre problème, c’est aussi la triche avec beaucoup de cas au bac, en classe également. Je ne suis pas sûre que penser « pfff moi aussi j’ai fait des anti-sèche» ni au contraire de s’alarmer sur une jeunesse qui ne respecte plus rien soient des réponses très intéressantes. En fait, c’est si facile de sortir un téléphone que le geste de tricher devient une chose banale et répandue, tellement accessible qu’elle ne peut être vraiment grave (quand j’étais enfant, j’avais très exactement le même sentiment d’impunité quand je passais devant un étal de bonbons, c’était facile d’en chiper un en passant inaperçue, ça ne pouvait donc pas être très sérieux ; j’imagine que les hommes politiques pris dans des conflits d’intérêts ou autres ont ce même sentiment de facilité).
J’ai assisté l’année dernière avec mes élèves à une information sur les réseaux sociaux, leur usage, leur fonctionnement. C’était animé par l’infirmière du lycée et des acteurs de terrain. Il y avait un petit film, qui mettait en scène différentes situations problématiques. A chaque fois, il s’agissait d’identifier les victimes, les responsabilités de chacun, les mécanismes. Je n’ai pas trouvé que quiconque se prenait trop au sérieux, mais qu’on prenait au sérieux la question.
Sans doute pas assez. Encore un des nombreux manques de l’école (j’ai des bouffées d’angoisse quand je lis sur le forum toutes ces exigences et ces remarques sur ses failles réelles ou supposées)
BM607 a écrit : ↑mer. 28 nov., 2018 20:46
et bonne réflexion.
BM
Merci. Je n'ai guère avancé sur le sujet, comme tu le constates et je n'ai pu m'empêcher ce nouveau message au contenu hautement subversif