Franchement, je ne sais pas comment les lycées privés arrivent à proposer autant de voyages scolaires que tu le dis parce que pour ce que j’en sais, les profs du privé (sous contrat) ont la même charge de travail que dans le public et sont payés « autant », voire un peu moins. Mon petit doigt me dit que si tous ces voyages se font, c’est simplement parce que les parents peuvent les payer ; dans le collège de mes enfants (public) la prof d’anglais a dû annuler le voyage qu’elle prévoyait en Ecosse, proposé à 400 euros : trop peu de familles étaient prêtes à débourser cette somme et il faut savoir que moins le nombre d’élèves est grand, plus le prix du voyage par élève augmente.Galadrielle a écrit : ↑lun. 26 nov., 2018 9:26 Moi aussi je comprends bien que ce soit compliqué pour les profs d'organiser cela...! c'est sans doute la raison pour laquelle ça n'arrive pas si souvent. Je soulignais simplement que bizarrement, dans les écoles privées bien chères, ça a lieu...! l'éducation n'est plus du tout la même pour tous. Quand j'étais moi même ado, les établissements privés c'était plutôt pour les élèves à problème; mais on pouvait faire de très bonnes études en faisant toute sa scolarité dans le public (ma soeur, qui est passée par les mêmes établissements que moi, à savoir des collèges/lycées assez bas de gamme de campagne profonde, est rentrée à l'X.) Mais j'ai l'impression qu'aujourd'hui c'est beaucoup plus compliqué... bon, j'espère ne pas déclencher une grosse polémique en disant cela. C'est un sentiment que j'ai, il est peut être en partie faux. je me garderais bien d'être affirmative sur le sujet, car je n'ai que des cas particuliers pour étayer mon "raisonnement"...
Pour ma part, je ne suis pas du tout choquée par ce que tu supputes, à savoir qu’il est plus facile de réussir ses études quand on vient d’un bon établissement privé que d’un modeste lycée de campagne ou de banlieue ; j’en suis même convaincue. Cela a toujours été un peu vrai, de toute façon, mais c’est certain que les choses ne vont pas dans le bon sens et que les inégalités s’aggravent. Je ne dispose d’aucune étude sur le sujet alors je vais supposer moi aussi… Ce qu’on constate, c’est une fuite importante des classes moyennes / favorisées vers le privé (les classes ultra favorisées ne se sont de toute façon jamais mélangées) pour des tas de raisons que chacun légitimera ou rejettera en fonction de ses convictions personnelles : un marché du travail devenu difficile, avec l’idée entretenue que « seuls les meilleurs s’en sortent », qui alimente les angoisses des parents prêts à de nombreux sacrifices, une obsession de la performance dans une école qui, à l’image de la société, trie, évalue et sélectionne, des discours politiques ou médiatiques largement fantasmés mais érigés comme des dogmes, sur l’inertie du « mammouth », son incapacité à relever « le défi de la modernité », ses profs absents quand ils ne sont pas en vacances, ses élèves qui ne savent plus ni lire ni compter… et puis, au-delà de l’inégalité public / privé, il faudrait aborder la question de l’inégalité des territoires : les programmes scolaires ont beau être nationaux, il est évident que mon collègue d’Henri IV (lycée public) ne les aborde pas de la même façon avec ses filles et fils de diplomates, chefs d’entreprise, prestigieux intellectuels que moi dans mon modeste lycée de province avec mes filles et fils de commerçants, agriculteurs, chômeurs (et encore un peu de médecins, cadres supérieurs, etc. mais ceux-là sont des résistants que la mixité sociale n’effraie pas).
Réussir dans le public (si on parle de réussite = grandes écoles), cela reste possible, bien sûr, j’ai pas mal d’anciens élèves qui pourraient en témoigner, mais c’est sûr que c’étaient d’excellents élèves…