L'intelligence des oiseaux

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Midas
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L'intelligence des oiseaux

Message par Midas »

Comme promis et pour ne pas encombrer la rubrique "piano", où mieux vaut se limiter aux questions ayant trait à la pratique du piano et à la musique en général, j'ouvre un nouveau sujet dans la rubrique "divers" pour ceux qui ont envie de parler de nos amis à plumes, et en particulier de leur intelligence extraordinaire. En fait, elle n'a strictement rien à envier à celle des mammifères, à une exception près: l'homme.
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Midas
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Midas »

Je commence avec l'histoire de mon pigeon hors du commun. C'est un peu long mais chaque détail a son importance.

L'été de mes douze ans, j'ai récupéré un jeune pigeon d'ornement de chez un copain, qui était censé être la femelle d'un jeune couple (le pigeon, pas le copain :mrgreen: ). L'autre membre de ce couple avait pris la fuite, car ce copain et moi avions eu l'imprudence de le sortir avant qu'il ne soit accoutumé à son environnement et le considère comme son refuge, ce qui prend environ 3 semaines pour un jeune pigeon. En réalité, ils étaient encore jeunes pour être sexés (par la suite, je fus capable de les sexer rien qu'en les observant, même à cet âge). Les éventuels colombophiles reconnaîtront le fait que chez les jeunes pigeons, jusqu'à l'âge d'environ 3 mois, le bec est encore rose et mou, et le cri est un sifflement plaintif avant de devenir une sorte de grognement.

Or donc, ce pigeon isolé censé être une femelle fut baptisé Hildegarde par mes soins (d'après l'une des femmes de Charlemagne). Il était déjà capable de voler, et je l'enfermai donc dans un cagibi sur notre terrasse. Par hasard, ma grand-tante voulut me faire plaisir et m'offrit 4 poussins. En réalité, j'en fus embarrassé, car j'avais déjà eu des poussins précédemment qui étaient devenus de gros poulets générant des problèmes de voisinage, et tout s'était fini tragiquement, pour parler pudiquement. Je me dis tout de même qu'ils feraient une bonne compagnie pour mon pigeon isolé et je les mis avec lui. Je savais déjà que les colombes (= les pigeons) sont loin de coller de près à leur image de symbole de paix, et je redoutai des coups de bec intempestifs envers les poussins, mais il n'en fut rien Hildegarde les adopta instantanément. Je pris très vite (le lendemain, je pense) le risque de laisser tout ce monde sortir se balader sur la terrase. Bingo: au lieu de fuir comme son compagnon, Hildegarde resta à côté de ses petits protégés, et se mit à se promener sur la terrasse suivi par ses 4 "enfants" comme une poule avec ses poussins. Parfois, il s'envolait pour se poser sur un parapet situé en hauteur, mais invariablement, il s'apercevait que ses protégés ne le suivaient pas, et il retournait auprès d'eux. J'étais tranquille, il ne partirait plus!

C'est là qu'était la première surprise, quand on sait à quel point le comportement parental d'un pigeon diffère de celui d'une poule: chez le premier, les petits sont nidicoles, naissent avec les yeux fermés et réclament de la nourriture en piaillant (comme chez une majorité d'espèces d'oiseaux). Chez la poule, les petits sont nidifuges c.-à-d. qu'ils quittent le nid immédiatement pour suivre leur mère, qui ne les nourrit pas directement, ils se débrouillent pour picorer tout seuls, guidés par elle. D'autre part, les pigeons n'ont que deux petits (parfois un seul), tandis que les gallinacés en ont beaucoup plus. Ceci n'empêcha pas Hildegarde d'accepter les 4 petits poussins. Très vite, mon pigeon se mit à chercher à les nourrir au bec. Il faut savoir que les pigeons font partie de ces oiseaux qui régurgitent de la nourriture à leurs petits, ce qui va même plus loin, vu qu'il ne s'agit pas de nourriture régurgitée, mais d'une sécrétion du jabot qu'on appelle le "lait de pigeon". Hildegarde tenta à plusieurs reprises de trouver le bec de "ses" petits, mais sans succès, ceux-ci ne comprenaient pas! J'ignore si, à son âge, il y avait réellement eu formation du lait de pigeon dans son jabot, ce qui est certainement sous la dépendance d'hormones, comme pour la lactation, mais en tous les cas, il essayait clairement de nourrir les petits.

A ce stade, je décidai tout de même d'aller acheter un autre pigeon avec mon maigre argent de poche pour que Hildegarde ne reste pas seul de son espèce. Je trouvai un colombophile des environs qui ne voulut me vendre qu'un couple complet et adulte. Mis en présence, les trois pigeons ne se battirent pas, contrairement à mes craintes. A vrai dire, le propriétaire en place à ce stade était Hildegarde, et le nouveau mâle, bien qu'adulte et plus robuste, respecta cette préséance et ne chercha pas à le supplanter. Comme je croyais encore qu'Hildegarde était une femelle, je n'en fus pas étonné plus que ça.

Les choses changèrent rapidement lorsque le nouveau mâle se mit à tabasser les poussins à coups de bec. Oubliant qu'il était lui-même encore un enfant pigeon, Hildegarde se rua sur lui et lui flanqua une volée de coups d'ailes et de bec digne d'un mâle adulte défendant son territoire! Clairement, non seulement il défendait sa progéniture, mais en plus, je le trouvai bien agressif pour une femelle et je commençai à réaliser que j'aurais mieux fait de l'appeler Charlemagne, mais je ne le débaptisai pas. Il défendit pendant les jours qui suivirent à plusieurs reprises les poussins contre le nouveau mâle, qui finit par comprendre et ne plus les attaquer. La nouvelle femelle restait tranquille de son côté.

Sachant que je me retrouvais avec un mâle en trop, je pris le risque de sortir le nouveau mâle. Ni une, ni deux, après quelques tournoiements autour de la maison pour s'orienter, il fila directement vers son pigeonnier d'origine. Je me retrouvai donc avec un couple non appareillé, dont le mâle était bien trop jeune pour une femelle "cougar", qui ne s'intéressait du reste pas à lui, mais le respectait, ainsi que les poussins. Au bout d'un bon mois, alors que seul Hildegarde avait le droit de sortir se dégourdir les ailes, je décidai de laisser sa chance à la femelle. Celle-ci prit instantanément la poudre d'escampette.

Beaucoup plus tard, lorsque Hildegarde eut largement passé la maturité sexuelle, il continuait à me revenir fidèlement, alors que chaque fois que je le lâchais, je le voyais se mêler à des groupes de pigeons de la région. Il aurait dû partir pour de bon se chercher une compagne, mais il me revenait invariablement. J'avais déjà eu d'autres pigeons précédemment, aucun n'avait été aussi fidèle. Je retentai le coup de lui acheter une femelle, que j'appelai tout logiquement Liutgarde (Liutgarde, ou Luitgarde, est une des femmes qu'eut Charlemagne après Hildegarde...). Cette fois-ci, ils furent assortis. Ils se firent la cour sur mes épaules, exactement ce que vous pouvez voir dans les parcs lorsqu'un pigeon suit une femelle en roucoulant, gonflant le jabot et traînant la queue pour l'impressionner, mais collé à mes oreilles. De temps en temps, je prenais un coup de bec énervé, mais c'était pour moi une caresse, j'étais enchanté. Je leur fournis une boîte en guise de nichoir, dans laquelle ils commencèrent à élaborer un nid. Malheureusement, quelques jours après, Hildegarde mourait en l'espace d'une journée, probablement par empoisonnement. J'étais évidemment très triste, mais je n'ai jamais oublié la personnalité et l'adaptabilité de ce si étonnant pigeon.
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fugue
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par fugue »

Génial! Magnifique histoire Midas, et tellement bien racontée. Merci :D =D>
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Oupsi
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Oupsi »

Oui, beau récit, merci Midas!
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jean-séb
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par jean-séb »

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Midas
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Midas »

Content que ça vous ait plu malgré la longueur. En encore, je l'ai faite courte, en réalité, il s'est passé bien des choses entre le moment où Hildegarde s'est retrouvé seul et celui où il a pris femelle (et après sa disparition). Il trônait au milieu d'une arche de Noé d'oiseaux divers dont il était le roi. Son trône était le support de ma balançoire de bébé, où il se perchait en surplombant les autres. Je n'avais pas le droit de l'y approcher, il me flanquait des coups de bec et d'ailes en roucoulant, mais redevenait familier en dehors de cet emplacement. Je pourrais faire plusieurs chapitres de mes mémoires rien qu'avec cette période, et je vous prie de croire que tout est rigoureusement exact, j'avais une mémoire d'éléphant (pas seulement la mémoire, d'ailleurs, paraît-il :mrgreen: ) à la limite de l'hypermnésie.

Je rajouterai toutefois un détail essentiel se rapportant au thème de ce fil: après que les 4 poussins furent devenus de gros poulets dont il ne s'occupait plus, il continuait à les accepter avec bienveillance. Je fis même l'expérience d'en prendre un pour le présenter devant le "trône de fer" (mon support de balançoire) où moi-même étais indésirable. J'avançais une main pour me prendre une volée de coups de bec (qui me marquaient la peau), et l'instant d'après, je présentais l'un des poulets sur le dos, totalement vulnérable. Hildegarde interrompait instantanément son mouvement de marteau-piqueur et tirait le cou en arrière pour éviter de toucher à "son petit", que je poussais pourtant devant lui!

Les 4 poulets sont morts peu après d'une maladie non identifiée, mais j'en fus presque soulagé, ça m'a évité de voir revenir le boucher. :cry:
mieuvotar

Re: L'intelligence des oiseaux

Message par mieuvotar »

Histoire très chouette (heu... pardon, très pigeonne) en effet. Merci de nous l'avoir racontée ! :)
Je me souviens avoir vu il y a quelques années un documentaire sur Arte à propos de l’intelligence des oiseaux justement, J'avais été absolument fasciné. On trouve d'ailleurs sur YT des trucs assez extraordinaires

Midas a écrit : sam. 07 avr., 2018 18:51Les éventuels colombophiles reconnaîtront le fait que chez les jeunes pigeons, jusqu'à l'âge d'environ 3 mois, le bec est encore rose et mou, et le cri est un sifflement plaintif avant de devenir une sorte de grognement
Je suis Colombophile, mais ça, je ne le savais pas. En revanche je sais plein d'autres trucs : la n° de la plaque d'immatriculation de sa 403, son plat préféré, où sa femme est partie en villégiature. Mais le truc du bec des jeunes pigeons, non, ça j'ignorais... C'est dans quel épisode ? :mrgreen:
Bon,... :arrow:

Midas a écrit : sam. 07 avr., 2018 21:09j'avais une mémoire d'éléphant (pas seulement la mémoire, d'ailleurs, paraît-il :mrgreen: )
Heu... :-k Qu'entends-tu par là exactement ?
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Midas
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Midas »

Boah... Disons que j'avais des manières assez brusques (l'imparfait est même inadapté, selon mon entourage actuel :mrgreen: ), et mon père, qui était très taquin lui aussi, aimait à me comparer à un éléphant dans un magasin de porcelaine.
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Lee
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Lee »

Très belle histoire, oui... :)

...qui me changerait peut-être mes idées pas douces envers des pigeons de ville que je vois comme les cafards. Tes pigéons étaient les "pigeons de ville" Midas ? Suis-je juste raciste entre contre ces espèces qui me semblent différents en allure et en comportement que des pigéons de campagne ? Ceux de la ville je vois comme les parasites, j'ai l'impression qu'ils ne vivent que par ce que les humains laissent. Et ils ont défoncé la goutière à côté de notre fenêtre en faisant un nid et chaque nuit il y avait la pluie, j'entendais une cascade forte qui tombait d'en haut sur le sol, le copro a mis un temps très long avant de le réparer. (Les piques qu'ils avaient mis autour n'étaient pas efficaces, mais on m'écoutait pas.)
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Erin

Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Erin »

Très beau récit, très bien conté, merci Midas ! 8)
(dommage la fin si triste, moi qui aime les histoires qui finissent bien)
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Midas
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Midas »

Hélas Jazz, toutes les histoires avec mes animaux de compagnie de l'enfance finissaient tristement, on ne les gardait pas bien longtemps pour tout un tas de raisons... Mais depuis que j'ai des perroquets, ça dure bien, bien plus longtemps. L'actuel est là depuis 14 ans. Avec certaines espèces, mieux vaut vous assurer que vos descendants aiment les "becs-crochus". :)

Mais je vois que tu es Belge. De mémoire, la Belgique (comme le Nord) a une forte tradition colombophile, la vraie, pas celle de Mieuvotar, intoxiqué aux séries américaines, et qui s'entendrait bien avec ma femme (et avec moi aussi, en fait).
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Midas
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Midas »

Lee a écrit : dim. 08 avr., 2018 9:14 Très belle histoire, oui... :)

...qui me changerait peut-être mes idées pas douces envers des pigeons de ville que je vois comme les cafards. Tes pigéons étaient les "pigeons de ville" Midas ? Suis-je juste raciste entre contre ces espèces qui me semblent différents en allure et en comportement que des pigéons de campagne ? Ceux de la ville je vois comme les parasites, j'ai l'impression qu'ils ne vivent que par ce que les humains laissent. Et ils ont défoncé la goutière à côté de notre fenêtre en faisant un nid et chaque nuit il y avait la pluie, j'entendais une cascade forte qui tombait d'en haut sur le sol, le copro a mis un temps très long avant de le réparer. (Les piques qu'ils avaient mis autour n'étaient pas efficaces, mais on m'écoutait pas.)
Le terme "racisme" est un peu trop mis à toutes les sauces. Tu n'aimes pas les pigeons parce que ce sont des espèces envahissantes, comme sont toutes celles qui tirent profit de l'expansion hégémonique de l'homme, qui en fait le pire "cafard" moderne...

Comme mentionné dans mon récit, mes pigeons n'étaient pas des "pigeons de ville", mais des pigeons d'ornement acquis auprès d'autres amateurs. Ceci dit, comme avec le chat domestique, la différence est marginale. Les pigeons "de ville" sont justes des pigeons domestiques retournés à l'état sauvage et plus ou moins croisés avec des formes sauvages. Ils ont exactement le même comportement, seul le plumage varie un peu, avec les résidus de la sélection des couleurs. Les individus les moins proches de la forme sauvage (style pigeons boulants, pigeons-paons, capucins...) sont ceux qui survivent le moins bien.

La particularité du pigeon domestique revenu à l'état sauvage, c'est le fait qu'il craint peu l'homme. Les pigeons sont des animaux plutôt confiants, c'est ce qui les fait percevoir comme idiots, mais en fait, c'est au contraire un gros avantage en milieu urbain. Comme ils ne fuient presque pas, il ne sont pas constamment dérangés par les innombrables humains qui pullulent autour d'eux, donc ils peuvent vivre et se nourrir en toute tranquillité. Les corbeaux et pies, qui sont plus malins qu'eux et encore plus polyvalents et omnivores souffrent d'une crainte séculaire de l'homme. Dans les champs, ils fuient à 500 m s'ils voient un humain avec un bâton (des fois que ce serait un fusil). En ville, cette distance de fuite tend à se réduire, et on peut à présent leur passer tout près, à condition de ne pas regarder dans leur direction, auquel cas, ils s'envolent instantanément. Mais dans un siècle à ce rythme, ils auront perdu leur crainte de l'homme, supplanté les pigeons, et peut-être même qu'il faudra craindre pour les bébés sans surveillance, comme avec les rats.
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Lee
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Lee »

Midas a écrit : dim. 08 avr., 2018 10:22 Ceci dit, comme avec le chat domestique, la différence est marginale. Les pigeons "de ville" sont justes des pigeons domestiques retournés à l'état sauvage et plus ou moins croisés avec des formes sauvages. Ils ont exactement le même comportement, seul le plumage varie un peu, avec les résidus de la sélection des couleurs. Les individus les moins proches de la forme sauvage (style pigeons boulants, pigeons-paons, capucins...) sont ceux qui survivent le moins bien.

La particularité du pigeon domestique revenu à l'état sauvage, c'est le fait qu'il craint peu l'homme.
Tu veux dire que les pigeons de ville vivent des autres choses dans la nature ? J'ai toujours imaginé qu'ils ne vivaient que par ce que les humains laissaient, et que c'était pourquoi ils étaient aussi agressives pour reclamer les miettes quand on est en train de faire un pique-nique.
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leLama
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par leLama »

Midas a écrit : sam. 07 avr., 2018 17:59 leur intelligence extraordinaire. En fait, elle n'a strictement rien à envier à celle des mammifères, à une exception près: l'homme.
Merci pour ce joli recit Midas.

Je rebondis sur ta phrase introductive qui me laisse perplexe, même au dela des mammiferes. Les arbres s'envoient du contenu informationnel. Que se disent-ils ? Les fourmis s'envoient du contenu informationnel correspondant des dosages de produit, non formulable en langage humain. Un chant d'oiseau est il plus riche ou moins riche qu'une sonate de compositeur ?

Je pense que c'est toujours la vielle meme idee. L'homme s'est cru au centre du monde, puis croyait que les habitants d'ailleurs etaient des barbares, puis les hommes croyaient que les femmes etaient moins bien pourvues en intelligence, etc, etc...

Je surréagis un peu :wink: parce que je pense que cette vision des choses est à la source de la destruction de notre environnement. Sorry si ma reaction est excessive, c'est un sujet qui me touche.
Modifié en dernier par leLama le dim. 08 avr., 2018 18:16, modifié 1 fois.
Erin

Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Erin »

Midas a écrit : dim. 08 avr., 2018 10:13 Hélas Jazz, toutes les histoires avec mes animaux de compagnie de l'enfance finissaient tristement, on ne les gardait pas bien longtemps pour tout un tas de raisons... Mais depuis que j'ai des perroquets, ça dure bien, bien plus longtemps. L'actuel est là depuis 14 ans. Avec certaines espèces, mieux vaut vous assurer que vos descendants aiment les "becs-crochus". :)

Mais je vois que tu es Belge. De mémoire, la Belgique (comme le Nord) a une forte tradition colombophile, la vraie, pas celle de Mieuvotar, intoxiqué aux séries américaines, et qui s'entendrait bien avec ma femme (et avec moi aussi, en fait).
Oui c'est si triste, on s'attache tellement à nos petite bêtes ! En effet les perroquets vivent assez longtemps, je l'avais déjà entendu dire. :) Ils sont chouettes aussi !

Alors oui en Belgique, la colombophilie est une vraie passion qui fait de plus en plus d'adeptes, jusqu'à devenir une vraie profession ! Ils adorent organiser des concours, pas uniquement régionaux mais aussi internationaux, les pigeons *pigeons voyageurs* sont entrainés "à la sportive" et doivent parcourir d'importantes distances (par ex. Bruxelles- Barcelone) en un temps record..(parfois je me demande ce qu'il en est vraiment du bien-être de l'animal, mais la plupart adorent leurs animaux et ces derniers semblent adorer "voyager" ...)
Lazur84
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Lazur84 »

Oui, très beau conte ! Merci de nous faire découvrir ta passion.
Pour réparer le coeur des PMistes un peu chiffonnés par la triste fin d'Hildegarde, je copie-colle cette fable de La Fontaine qui se finit bien :D :

Les deux Pigeons

Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux s'ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
L'autre lui dit : Qu'allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre frère ?
L'absence est le plus grand des maux :
Non pas pour vous, cruel. Au moins, que les travaux,
Les dangers, les soins du voyage,
Changent un peu votre courage.
Encor si la saison s'avançait davantage !
Attendez les zéphyrs. Qui vous presse ? Un corbeau
Tout à l'heure annonçait malheur à quelque oiseau.
Je ne songerai plus que rencontre funeste,
Que Faucons, que réseaux. Hélas, dirai-je, il pleut :
Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut,
Bon soupé, bon gîte, et le reste ?
Ce discours ébranla le cœur
De notre imprudent voyageur ;
Mais le désir de voir et l'humeur inquiète
L'emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point :
Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ;
Je reviendrai dans peu conter de point en point
Mes aventures à mon frère.
Je le désennuierai : quiconque ne voit guère
N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint
Vous sera d'un plaisir extrême.
Je dirai : J'étais là ; telle chose m'avint ;
Vous y croirez être vous-même.
À ces mots en pleurant ils se dirent adieu.
Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuage
L'oblige de chercher retraite en quelque lieu.
Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage
Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage.
L'air devenu serein, il part tout morfondu,
Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie,
Dans un champ à l'écart voit du blé répandu,
Voit un pigeon auprès ; cela lui donne envie :
Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las,
Les menteurs et traîtres appas.
Le las était usé ! si bien que de son aile,
De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin.
Quelque plume y périt ; et le pis du destin
Fut qu'un certain Vautour à la serre cruelle
Vit notre malheureux, qui, traînant la ficelle
Et les morceaux du las qui l'avait attrapé,
Semblait un forçat échappé.
Le vautour s'en allait le lier, quand des nues
Fond à son tour un Aigle aux ailes étendues.
Le Pigeon profita du conflit des voleurs,
S'envola, s'abattit auprès d'une masure,
Crut, pour ce coup, que ses malheurs
Finiraient par cette aventure ;
Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié,
Prit sa fronde et, du coup, tua plus d'à moitié
La volatile malheureuse,
Qui, maudissant sa curiosité,
Traînant l'aile et tirant le pié,
Demi-morte et demi-boiteuse,
Droit au logis s'en retourna.
Que bien, que mal, elle arriva
Sans autre aventure fâcheuse.
Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger
De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.
Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste ;
J'ai quelquefois aimé ! je n'aurais pas alors
Contre le Louvre et ses trésors,
Contre le firmament et sa voûte céleste,
Changé les bois, changé les lieux
Honorés par les pas, éclairés par les yeux
De l'aimable et jeune Bergère
Pour qui, sous le fils de Cythère,
Je servis, engagé par mes premiers serments.
Hélas ! quand reviendront de semblables moments ?
Faut-il que tant d'objets si doux et si charmants
Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ?
Ah ! si mon cœur osait encor se renflammer !
Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ?
Ai-je passé le temps d'aimer ?
Florestan
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Florestan »

Merci pour les lectures !
Si on peut dire que la fable se finit (presque) bien pour les volatiles, je n'en dirais pas autant pour l'auteur dont la mélancolie finale peut surprendre, et toucher !
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quazart
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par quazart »

mieuvotar a écrit : sam. 07 avr., 2018 22:22
Midas a écrit : sam. 07 avr., 2018 21:09j'avais une mémoire d'éléphant (pas seulement la mémoire, d'ailleurs, paraît-il :mrgreen: )
Heu... :-k Qu'entends-tu par là exactement ?
Ben... par là, on n'entend pas grand chose :lol:
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quazart
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Re: L'intelligence des oiseaux

Message par quazart »

Merci Midas pour cette belle histoire !
J'aime assez les oiseaux, mais moins que mes chats... (la phrase a deux sens, tous deux valables...)

C'est vraiment surprenant. L'expression "crâne de piaf" (ou cervelle d'oiseau pour les pudibonds) prend sa source dans la croyance que le volume du cerveau est déterminant pour l'intelligence, mais ce n'est pas tout.
Il me semble que des chercheurs ont découvert que si les oiseaux ont moins de neurones que les mammifères supérieurs, ils ont en revanche bien plus de connexions inter-neuronales.
Tout le monde a dû voir à la TV ce cacatoès serrurier capable de résoudre un problème complexe pour ouvrir une cage.

Tiens, ça me rappelle l'histoire de Coco le perroquet très intelligent enfermé dans sa cage et qui se rend compte à l l'odeur qu'il y a le feu dans la maison.
Il arrive dant bien que mal à ouvrir sa cage, la clé étant restée sur la serrure. Mais la porte de la pièce où il se trouve est aussi fermée à clé, alors il se démène, cherche partout, dégote un cure-pipe qu'il retaille tant bien que mal pour en faire un passe, l'introduit dans la serrure, le tourne de toutes ses forces avec ses pattes , réussit à ouvrir et arrive enfin dans le salon.
Il fonce sur le téléphone, décroche, compose le 18......
-"Caserne des pompiers, j'écoute ?"
et là, Coco, triomphant.......
'"Il est beau Coco, il est beau Coco !!!"

J'en ai une autre avec un perroquet, mais pas sortable ici...
Erin

Re: L'intelligence des oiseaux

Message par Erin »

Lazur84 a écrit : dim. 08 avr., 2018 16:45 Oui, très beau conte ! Merci de nous faire découvrir ta passion.
Pour réparer le coeur des PMistes un peu chiffonnés par la triste fin d'Hildegarde, je copie-colle cette fable de La Fontaine qui se finit bien :D :

Les deux Pigeons

Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux s'ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
L'autre lui dit : Qu'allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre frère ?
L'absence est le plus grand des maux :
Non pas pour vous, cruel. Au moins, que les travaux,
Les dangers, les soins du voyage,
Changent un peu votre courage.
Encor si la saison s'avançait davantage !
Attendez les zéphyrs. Qui vous presse ? Un corbeau
Tout à l'heure annonçait malheur à quelque oiseau.
Je ne songerai plus que rencontre funeste,
Que Faucons, que réseaux. Hélas, dirai-je, il pleut :
Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut,
Bon soupé, bon gîte, et le reste ?
Ce discours ébranla le cœur
De notre imprudent voyageur ;
Mais le désir de voir et l'humeur inquiète
L'emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point :
Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ;
Je reviendrai dans peu conter de point en point
Mes aventures à mon frère.
Je le désennuierai : quiconque ne voit guère
N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint
Vous sera d'un plaisir extrême.
Je dirai : J'étais là ; telle chose m'avint ;
Vous y croirez être vous-même.
À ces mots en pleurant ils se dirent adieu.
Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuage
L'oblige de chercher retraite en quelque lieu.
Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage
Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage.
L'air devenu serein, il part tout morfondu,
Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie,
Dans un champ à l'écart voit du blé répandu,
Voit un pigeon auprès ; cela lui donne envie :
Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las,
Les menteurs et traîtres appas.
Le las était usé ! si bien que de son aile,
De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin.
Quelque plume y périt ; et le pis du destin
Fut qu'un certain Vautour à la serre cruelle
Vit notre malheureux, qui, traînant la ficelle
Et les morceaux du las qui l'avait attrapé,
Semblait un forçat échappé.
Le vautour s'en allait le lier, quand des nues
Fond à son tour un Aigle aux ailes étendues.
Le Pigeon profita du conflit des voleurs,
S'envola, s'abattit auprès d'une masure,
Crut, pour ce coup, que ses malheurs
Finiraient par cette aventure ;
Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié,
Prit sa fronde et, du coup, tua plus d'à moitié
La volatile malheureuse,
Qui, maudissant sa curiosité,
Traînant l'aile et tirant le pié,
Demi-morte et demi-boiteuse,
Droit au logis s'en retourna.
Que bien, que mal, elle arriva
Sans autre aventure fâcheuse.
Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger
De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.
Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste ;
J'ai quelquefois aimé ! je n'aurais pas alors
Contre le Louvre et ses trésors,
Contre le firmament et sa voûte céleste,
Changé les bois, changé les lieux
Honorés par les pas, éclairés par les yeux
De l'aimable et jeune Bergère
Pour qui, sous le fils de Cythère,
Je servis, engagé par mes premiers serments.
Hélas ! quand reviendront de semblables moments ?
Faut-il que tant d'objets si doux et si charmants
Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ?
Ah ! si mon cœur osait encor se renflammer !
Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ?
Ai-je passé le temps d'aimer ?
Merci Lazur pour le rappel de cette si jolie fable 8)
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