Bonjour,
hier soir j'ai joué le morceau de Mendelssohn en audition dans une jolie salle, assez pleine (élèves + parents et familles). Ça c'est honorablement passé, les flûtistes ont très bien joué, moi j'ai savonné plusieurs passages mais je n'ai pas perdu le fil et je crois avoir donné correctement le soutien des basses, c'est déjà ça. Mais bon ce n'était pas vraiment satisfaisant. Deux choses m'ont manqué, un minimum de confort physique (j'étais trop stressée) et une vraie assise harmonique, et c'est surtout ça qui m'a fait réfléchir dans la voiture en rentrant, parce que ces deux éléments je les ai vraiment eus et savourés lors des dernières répétitions et j'ai ressenti ce plaisir comme étant encore plus fort du fait de jouer avec d'autres. Donc c'est dommage de les avoir perdus hier!
Le confort physique est difficile sur une pièce aussi rapide parce que je ne suis pas habituée, donc ça je pense que c'est une question d'expérience. Mais l'assise harmonique je suis frappée de constater à quel point ça a "disparu" lorsque j'ai joué à l'audition. Je me dis que je dois l'installer beaucoup plus tôt dans le travail, c'est peut-être même la première chose à installer, il faudrait presque ne travailler que comme ça, en ayant dès le début conscience des harmonies et de leur enchaînement (je le fais de manière assez désorganisée, j'approfondis surtout lorsque j'ai la sensation de ne pas comprendre un passage, pour le reste je me fie à mon "instinct" mais visiblement ce n'est pas suffisant!)
On ne cesse d'apprendre et de se mettre en question... mais je trouve intéressant de pouvoir quand même repérer ce qui manque, c'est une auto-critique plus utile que de simplement penser "je suis trop nerveuse" ou "j'ai le trac", en tout cas ça me donne l'espoir que quelque chose peut s'améliorer!
Je vais tenter cette méthode "analyse avant tout" dans un Intermezzo de Brahms que je commence tout juste, on verra si ça change quelque chose ensuite (dans quelques mois!) dans le jeu.
(ça mérite peut-être un fil ad hoc; il me semble me rappeler qu'Abbegg avait suggéré d'analyser très tôt, voire de commencer par là.)
Sinon cette expérience a été incroyable; c'est la première fois que je suis confrontée à des questions d'équilibre sonore avec d'autres, et je pense qu'on aurait pu aller beaucoup plus loin, mais ce sera pour une prochaine fois et avec une pianiste plus aguerrie! Par exemple, je pense qu'un crescendo à trois ne se joue pas de la même manière qu'un crescendo toute seule, mais il faudrait avoir le temps d'essayer plusieurs choses. Les profs sont héroïques, ils ouvrent ou entr'ouvrent pour nous plein de portes en très peu de temps (sans parler du temps offert de quelques répétitions hors emploi du temps). Le temps est une donnée fondamentale, et aussi apprendre à répéter à plusieurs. (le filage réitéré ne suffit pas, il faudrait dialoguer beaucoup plus mais pour ça il faut peut-être un peu mieux se connaître et surtout avoir plus d'assurance sur son propre instrument, ce qui n'était pas encore mon cas sur ce morceau!)