Les centres de formation des musiciens - inte

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Christof
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Les centres de formation des musiciens - inte

Message par Christof »

A signaler : l'IGAENR a publié très récemment le rapport Les centres de formation des musiciens - intervenants
– CFMI

J'imagine que cela peut intéresser les PMistes.

Ci-dessous, la synthèse et l'essentiel des recommandations :

Les centres de formation des musiciens-intervenants (CFMI) ont été créés dans la deuxième moitié des années 80 à l’initiative des ministres chargés de la culture et de l’éducation nationale afin de compenser la faiblesse de l’éducation musicale à l’école élémentaire. L’objectif était de former des musiciens professionnels à la pédagogie de l’éducation musicale, dans un contexte où les conservatoires de musique avaient pour seule mission de former des instrumentistes et ne pouvaient constituer ici les partenaires des écoles. Entre 4 000 et 5 000 musiciens - intervenants ont ainsi été formés par neuf CFMI au cours des trente années qui ont suivi leur création.

La création des CFMI a été encadrée par une circulaire interministérielle datée du 25 juin 1984. Leur statut devait être fixé l’année suivante, alors qu’il était fait appel au volontariat des universités pour les héberger. Un diplôme d’université (le diplôme universitaire de musicien - intervenant) a été créé pour sanctionner la formation d’une durée de 1 500 heures étalées sur deux ans. L’éducation nationale devait financer les emplois permanents et les heures de cours complémentaires ainsi que l'attribution de subventions d'équipement et de fonctionnement, le ministère de la culture attribuant des subventions de fonctionnement et d’équipement. Les postes d’enseignants permanents pouvaient être gagés sur des fonds de concours des collectivités territoriales, celles-ci devant bénéficier pour ce faire d’un soutien financier du ministère de la culture. Les stagiaires1 devaient être sélectionnés sur des critères de culture et de pratique musicales et avoir suivi des études pendant au moins deux années après avoir obtenu le baccalauréat.

L’état des lieux

Aujourd’hui, les neuf CFMI ont des statuts divers, certains d’entre eux étant particulièrement fragiles. Un nombre important d’enseignants permanents exercent leur mission dans le cadre d’emplois contractuels à durée déterminée financés par les directions régionales des affaires culturelles. Il en est également ainsi de la plupart des postes administratifs. Quant aux heures complémentaires d’enseignement, elles sont très majoritairement financées par les universités.
Dans leur grande majorité, les étudiants accueillis dans les CFMI ont le statut d’étudiant en formation initiale. Un seul CFMI a mis en place un cursus spécifique pour les salariés désireux de suivre la formation. D’une façon générale, peu nombreux sont les stagiaires de la formation professionnelle à suivre des enseignements en CFMI.

Le coût annuel de la formation par étudiant (entre 7 800 € et 31 000 € avec une moyenne autour de 17 000 €) et par diplômé (entre 22 786 € et 84 759 €) est sensiblement plus élevé que celui des formations préparatoires à l’obtention du diplôme d’État (DE) de professeur de musique et, plus généralement, des formations dispensées par les établissements d’enseignement supérieur « culture » et par les universités. Il est comparable à celui des classes préparatoires aux grandes écoles.

L’intégration des CFMI dans les universités leur a permis de bénéficier du concours des services administratifs et des services communs mais n’a eu pendant longtemps que peu d’effets sur les coopérations pédagogiques avec les autres composantes. Très récemment et dans quelques universités seulement, des relations ont commencé à s’établir avec les départements de musique et musicologie afin de créer des cursus (diplôme universitaire de musicien - intervenant) DUMI (diplôme universitaire de musicien - intervenant) / licence. Le nombre d’étudiants concernés par ces parcours est faible. En outre, quelques projets de cursus DUMI / master sont en cours d’élaboration, ouverts aux étudiants titulaires d’une licence. Les coopérations avec les ESPE et les départements de sciences de l’éducation sont rares. Enfin, aucun lien ne s’est établi entre les CFMI et les laboratoires de recherche universitaire, l’activité des CFMI en matière de recherche dans son acception universitaire étant quasi inexistante.

Quelques CFMI avaient engagé avec les centres de formation des enseignants de la danse et de la musique (CEFEDEM) des actions de coopération visant à mutualiser certains contenus de formation ou, plus fréquemment, à permettre aux titulaires de l’un des deux diplômes d’obtenir le deuxième à l’issue d’une année supplémentaire de formation. Ces coopérations n’ont pas toujours été confirmées lors de l’intégration des CEFEDEM aux pôles d’enseignement supérieur de la musique. Peu d’étudiants se sont engagés dans ces doubles cursus.

Chacun des CFMI forme chaque année en moyenne une quinzaine de diplômés. Si ce chiffre a en général peu varié au fil des ans, le nombre de candidats à l’entrée en première année a baissé significativement depuis le début des années 2000. Parmi les facteurs qui pourraient expliquer cette baisse, mentionnons les contraintes qui pèsent sur la formation. Elle exige des étudiants une mobilisation personnelle incompatible avec une activité salariée et n’est accessible qu’après une année (dans deux CFMI) voire deux années (dans les sept autres) après avoir obtenu le baccalauréat. Elle n’est en outre sanctionnée que par un diplôme inscrit au niveau 3 du répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), soit bac + 2, alors que les professeurs des écoles, principaux partenaires des musiciens - intervenants, appartiennent à un corps de catégorie A de la fonction publique. Enfin, les conditions d’exercice du métier de musicien - intervenant sont souvent précaires, éclatées auprès de plusieurs employeurs et mal rémunérées. Peu de titulaires du diplôme exercent leur métier en collectivité locale sur des emplois d’assistant territorial d’enseignement artistique dont les concours de recrutement ne sont ouverts que très irrégulièrement (le dernier date de 2011) et pour un nombre de postes très faible.

Les activités exercées par les musiciens - intervenants

Le champ d’activités des musiciens-intervenants s’est élargi à de nombreux secteurs : petite enfance, milieu hospitalier, enfants handicapés, maisons de retraite... ainsi qu’au temps périscolaire. Les musiciens - intervenants sont également désormais recrutés par les conservatoires de musique pour exercer des tâches d’enseignement (éveil musical, formation musicale, musique d’ensemble, chant choral) et pour être les vecteurs de l’ouverture des conservatoires au partenariat avec les écoles et à la diversification des pratiques et des parcours pédagogiques. Certains musiciens - intervenants sont désormais appelés à coordonner des projets territoriaux d’éducation artistique et culturelle. Ces évolutions fondent pour partie les projets de parcours DUMI - master.

L’école reste cependant le champ principal d’activité des musiciens - intervenants

En dépit du principe fondateur du métier de musicien - intervenant selon lequel l’action dans la classe, au-delà de l’intervention directe auprès des enfants, vise à fournir aux enseignants les outils pour leur permettre d’assurer l’enseignement obligatoire de l’éducation musicale, les situations sur le terrain sont contrastées. Lorsque les enseignants ont bénéficié d’une formation à l’éducation musicale, le partenariat est davantage une réalité, l’enseignement de l’éducation musicale ne se limitant pas aux interventions du musicien expert, mais se prolongeant par des initiatives de l’enseignant. Lorsque ce n’est pas le cas, la situation de délégation est dominante, fragilisant la position des musiciens - intervenants. En effet, la
multiplicité croissante des intervenants de toute nature a contribué à masquer la spécificité de l’action des musiciens - intervenants dans les classes. Ces réalités ont pu conduire les inspecteurs de circonscription ou les DASEN à décider de limiter le nombre d’heures d’intervention des musiciens -intervenants, voire à les supprimer. Le transfert vers les nouvelles activités périscolaires organisées dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires est quant à lui marginal.

Les recommandations

Au cours de la période qui a suivi la création des CFMI et alors que les orientations fixées par la circulaire de 1984 n’ont fait l’objet d’aucune actualisation, l’environnement dans lequel les musiciens - intervenants ont exercé leur mission s’est transformé, avec notamment pour conséquence de faire émerger le besoin d’améliorer leur visibilité et leur reconnaissance parmi l’ensemble des acteurs de l’éducation artistique et culturelle.

- Les cahiers des charges des conservatoires de musique à rayonnement régional et départemental devraient intégrer l’obligation de présenter aux élèves des cycles d’orientation professionnelle, la diversité des métiers exercés par les musiciens professionnels et des formations y préparant. Les CFMI doivent être les premiers acteurs de la valorisation du métier de musicien - intervenant auprès de ces élèves (organisation de journées portes ouvertes, présentation de la formation devant les élèves des conservatoires).
- L’extension du champ d’activité des musiciens - intervenants doit être mieux reconnue par les collectivités locales pour lesquelles les musiciens - intervenants constituent des acteurs majeurs de l’élaboration et parfois du pilotage des volets artistiques et culturels des projets éducatifs territoriaux.
- Elle doit aussi se traduire par une meilleure reconnaissance et une meilleure intégration des musiciens - intervenants dans les établissements d’enseignement spécialisé de la musique.
- Elle doit enfin conduire à mieux adapter les contenus de la formation continue des musiciens -intervenants à la diversité des milieux d’exercice de leur métier.

Les observations relatives au positionnement des musiciens - intervenants dans les classes conduisent la mission à centrer ses recommandations sur la nécessité :

- de redéfinir le périmètre et les contenus des fonctions exercées par les musiciens - intervenants qui doivent, tout en continuant à intervenir dans les classes, être identifiés comme personnes ressources en éducation musicale à l’échelle des écoles ;
- d’adapter les contenus de formation des enseignants à l’objectif d’une meilleure articulation entre leur action d’éducation musicale et l’intervention des musiciens - intervenants dans le cadre de leurs classes comme des projets de cycle et d’école ;
- d’intégrer dans la formation des musiciens - intervenants l’objectif d’un transfert de compétences en vue d’une plus grande autonomie des enseignants dans l’éducation musicale.

La question de la reconnaissance du diplôme

La question du positionnement du diplôme dans l’architecture européenne des diplômes et des grades universitaires a été posée avec insistance. Elle a notamment conduit le conseil national des CFMI, antérieurement à la mission, à revendiquer la reconnaissance du DUMI au grade de master.
La mission considère comme indispensable d’améliorer la visibilité du diplôme dans l’architecture des diplômes telle qu’elle est définie par l’espace européen de l’enseignement supérieur.
Elle a examiné à cet égard quatre scénarios.
Le premier conduirait à la création d’un diplôme national de l’enseignement supérieur reconnu au grade licence ou au grade de master.

La mission ne propose pas de retenir cette proposition.

Pour ce qui concerne la création d’une licence de musicien - intervenant, les conditions d’accès à la formation sont incompatibles avec le principe de l’absence de sélection à l’entrée dans un cursus conduisant à la délivrance d’une licence.

Pour ce qui concerne la reconnaissance au grade de master, plusieurs raisons conduisent à ne pas la retenir :
– L’absence d’implication des CFMI dans la recherche au sens universitaire du terme :
– la distorsion par rapport au niveau de classement du DE (aujourd’hui au niveau 3, demain au niveau 2) qu’entraînerait l’attribution du grade de master aux titulaires du DUMI,
– l’impossibilité juridique de reconnaître un diplôme d’université au grade de master (sauf exceptions encadrées par décret et qui jusqu’alors n’ont concerné qu’un nombre très limité de diplômes),
– l’attachement des CFMI à la possibilité d’accueillir des étudiants n’ayant aucun parcours universitaire préalable,
– le nombre encore faible d’étudiants à l’entrée en première année titulaires d’une licence en rapport avec la formation dispensée par les CFMI.

Le deuxième scénario consisterait en la création d’un diplôme national du ministère de la culture et de la communication délivré par les pôles d’enseignement supérieur de la musique et qui serait reconnu au même niveau que le DE de professeur de musique. La mission, très attachée au caractère interministériel de la formation des musiciens - intervenants, a écarté ce scénario.

Le troisième scénario viserait à engager un processus visant à fusionner les CFMI et les pôles d’enseignement supérieur de la musique et à associer ces pôles aux universités au sens de l’article 718 - 6 du code de l’éducation. Ce scénario permettrait tout à la fois :

– de préserver le caractère interministériel de la formation,
– de renforcer les synergies entre les formations des professeurs de musique et celles des musiciens - intervenants et entre les formations relevant du ministère de la culture et de la
communication et celles dispensées par les départements de musique et de musicologie des universités,
– de conforter les principes qui encadrent le recrutement des candidats à la formation.

La mission a constaté que les écarts entre les cultures professionnelles diffusées par les CFMI, les pôles d’enseignement supérieur de la musique et les départements universitaires de musique et de musicologie sont encore aujourd’hui trop importants pour rendre possible la réalisation d’un tel scénario. De plus, compte tenu de la faiblesse des effectifs des CFMI par rapport à ceux des autres organismes de formation, la qualité de la formation dispensée dans les CFMI pourrait être mise en cause.

La mission a retenu un quatrième scénario : soutenir les initiatives déjà prises par les CFMI pour nouer des liens avec les départements universitaires de musique et de musicologie et les pôles d’enseignement supérieur de la musique. Ce scénario ne conduit pas à modifier le statut du DUMI. En revanche, la mission juge nécessaire la réévaluation du DUMI au niveau 2 du RNCP auquel le DE de professeur de musique est sur le point d’être classé.

Ce scénario s’accompagne d’un processus de réflexion et de recherche communes sur la construction des référentiels des métiers, des compétences et des formations des musiciens - intervenants et des professeurs de musique des conservatoires. Il doit pouvoir s’engager dans les CFMI et les pôles d’enseignement supérieur de la musique. Tout en respectant les identités professionnelles de chacun, l’enjeu est de mutualiser certains contenus de formation, de faciliter les passerelles entre les deux cursus et ainsi de garantir l’avenir de la formation des musiciens - intervenants.

Récapitulatif des recommandations

Redéfinir le périmètre et les contenus des fonctions exercées par les musiciens - intervenants.


- Tout en continuant à intervenir dans les classes, le musicien - intervenant doit être identifié comme une personne ressource en éducation musicale pour les équipes à l’échelle de l’école et non plus seulement à celle de la classe.
- Engager les autorités de l’éducation nationale en collaboration avec leurs partenaires à élaborer un plan de développement progressif de l’irrigation par les musiciens - intervenants de leur territoire de responsabilité.
- En complément de leur mission au service de l’enseignement de l’éducation musicale, reconnaître les musiciens - intervenants comme des acteurs majeurs de l’élaboration et du pilotage des volets artistiques et culturels des projets éducatifs territoriaux.

Intégrer pleinement les musiciens - intervenants dans les conservatoires comme des acteurs majeurs de la construction des liens avec les écoles et de diversification des pratiques et des parcours pédagogiques.

Adapter les contenus de formation des personnels du ministère en charge de l’éducation nationale à cette redéfinition des fonctions exercées par les musiciens - intervenants

- Renforcer la coopération entre CFMI et ESPE
- Développer la formation initiale et la formation continue des enseignants du premier degré à l’éducation musicale et les formations croisées enseignants / musiciens - intervenants.
- Élaborer des parcours M@gistère2 sur le rôle du musicien - intervenant et la nature du partenariat enseignant / musicien - intervenant.
- Permettre aux conseillers pédagogiques en éducation musicale de mieux assurer l’accompagnement à l’enseignement de l’éducation musicale et sur cette base en augmenter le nombre.
- Réfléchir à une meilleure prise en compte de l’éducation musicale dans les épreuves d’admission du concours de recrutement des professeurs des écoles.

Intégrer dans la formation des musiciens - intervenants l’objectif d’un transfert de compétences afin de permettre aux enseignants de dispenser leur enseignement de l’éducation musicale de façon plus autonome.

Adapter les contenus de la formation continue des musiciens - intervenants à la diversité des milieux d’exercice de leur métier

- Renforcer les options et formations post-diplômes.
- Former à l’exercice des fonctions de pilotage des volets « éducation artistique et culturelle » des projets éducatifs territoriaux.

Faire évoluer le statut du diplôme dès maintenant

- Réévaluer le DUMI au niveau 2 du RNCP.
- Soutenir les initiatives prises par les CFMI pour nouer des liens avec les départements de musique et musicologie des universités et les pôles d’enseignement supérieur de la musique (parcours DUMI / DE, DUMI / licence, DUMI / master).
- Engager une réflexion commune entre les CFMI et les pôles d’enseignement supérieur de la musique sur la construction des référentiels des formations des musiciens - intervenants et des professeurs de musique dans le cadre de la Commission professionnelle consultative du spectacle vivant.
- Reconnaître et développer la recherche spécifique menée par les CFMI.

Conforter les moyens de la formation des musiciens - intervenants et en particulier asseoir les fonctions permanentes (personnels enseignants et administratifs) sur des emplois permanents

Ce scénario s’accompagne d’un processus de réflexion et de recherche communes sur la construction des référentiels des métiers, des compétences et des formations des musiciens - intervenants et des professeurs de musique des conservatoires. Il doit pouvoir s’engager dans les CFMI et les pôles d’enseignement supérieur de la musique. Tout en respectant les identités professionnelles de chacun, l’enjeu est de mutualiser certains contenus de formation, de faciliter les passerelles entre les deux cursus et ainsi de garantir l’avenir de la formation des musiciens - intervenants.
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