Bonjour Samu19,Samu19 a écrit :Vous jugez souvent les voisins mécontents, mais à aucun moment j'ai pu lire un message mesuré qui osait se mettre à la place de ceux qui subissent.
Je dis bien subir, dans le sens où je ne le choisis pas et que cela arrive à n'importe quel moment. Vous vous retrouvez ainsi dans une situation de stresse anormale et forcément votre seuil de tolérance s'amenuise très très vite. Tout ça influence aussi votre quotidien.
Tu n'as probablement pas eu le temps de lire les très nombreux fils qui ont été écrits sur les problèmes de voisinage, car je me rappelle avoir dit, à plusieurs reprises, que personnellement, je ne supporterais pas un voisin immédiat pianiste en appartement ! Oui, le piano imposé est une nuisance, il m'empêche de lire, de me concentrer, d'écouter MA musique, etc. Je bénis donc tous les voisins que j'ai eus depuis plus d'un demi-siècle et qui, dans la très grande majorité, non seulement se sont montrés tolérants et sympathiques, mais me disent souvent qu'ils aiment m'entendre jouer (d'ailleurs je n'aime pas trop même quand ils me disent ça, car ça me montre bien qu'on m'entend et que, potentiellement, je peux gêner).
Cela dit, moi aussi, je me suis adapté : toujours des horaires de piano très "légers", jamais le matin, jamais le soir, jamais longtemps ! Un répertoire plutôt sympathique, jamais de gammes, jamais de rabâchage, jamais de morceaux tonitruants, plutôt des valses et des bluettes ! Ça ne peut pas convenir à tous les pianistes !
Enfin, il y a 15 ans, j'ai déménagé pour un duplex au dernier étage : le piano est en haut, les chambres sont en dessous, exprès pour éviter d'avoir des voisins immédiats qui entendraient le piano. Cela dit, et malgré la norme isophonique 2000, certains voisins non immédiats m'entendent (très faiblement) quand même, ce qui suffit à me gêner. J'ai aussi choisi un piano avec système Silent (que j'utilise peu à vrai dire) et mis des coupelles en caoutchouc sous les pieds !
Donc dis-toi bien, Samu19, que des pianistes qui sont conscients de la gêne éventuelle qu'ils causent, il y en a aussi.
Il est vrai que la plupart des appartements sont mal adaptés au piano, comme à d'autres nuisances sonores, d'ailleurs, car j'ai hélas beaucoup d'exemples de gens qui souffrent de leur voisinage, des bricoleurs intempestifs, des voisins qui font la java, des voisins avec tripotée d'enfants qui courent et sautent toute la journée, des chaines hifi mises à fond la caisse, du voisin fou qui joue à la pétanque dans son couloir, du jeune couple dont les ébats amoureux témoignent de la vigueur mais manquent de discrétion, etc. J'ai la chance de vivre dans un environnement très calme et pour rien au monde, je ne voudrais contribuer à briser ce consensus silencieux : je fais donc très attention moi-même.
Cela dit, il faut croire que le monde a changé. Dans les immeubles parisiens jusqu'à la seconde guerre, en dehors peut-être des quartiers exclusivement ouvriers, pauvres ou insalubres, il y avait toujours plusieurs pianistes simultanément dans un immeuble. La tolérance au piano devait être plus grande qu'aujourd'hui, probablement parce que c'était le seul "bruit", qu'il ne venait pas en concurrence avec la télévision ou les disques, et que beaucoup plus de gens étaient amenés à en jouer. Par ailleurs, je crois que le répertoire général des pianistes était plus éclectique qu'aujourd'hui et ne dédaignait pas de nombreuses œuvres faciles à jouer et à écouter, des romances et des chansons populaires transcrites, des airs de danse, des extraits d'opéras, de la musique de salon guillerette ; certes, il y avait bien des gammes, du Hanon et du Czerny, et les œuvres sérieuses travaillées étaient quelques Mozart, quelques Beethoven, des pièces faciles de Schubert et surtout Chopin, beaucoup de Chopin, qui plaisait à tout le monde. Pas ou peu de répétition de sonates de Prokofiev ! Ce temps est révolu. Il faut donc s'adapter pour survivre !