Moderato Cantabile a écrit : ↑dim. 22 juil., 2018 15:04
Chère Virgule ,
j'ai lu ton post avec intérêt et une certaine stupéfaction , je dois dire .
En effet la lecture du premier exemple m'a fait bondir : j'y vois un parfait contre sens !!
[...]
Je crois qu'il convient d'abord de bien lire la toute première phrase qui précise que "ces deux mots ne peuvent
pas toujours être employés l'un pour l'autre", ce qui signifie clairement qu
'ils peuvent l'être la plupart du temps .
Bonjour Moderato !
Merci de ton commentaire, fort intéressant. La lecture du premier exemple du Larousse m’avait fait bondir autant que toi. De plus, j’avais parfaitement compris que
car et
parce que peuvent être employés l’un pour l’autre la plupart du temps. Ce qui me fait tiquer, c’est quand
car est employé lorsqu’il ne devrait pas l’être.
Moderato Cantabile a écrit : ↑dim. 22 juil., 2018 15:04
Dans la pratique du français moderne il n'y a pas de différence entre
car et
parce que.
Il semble en effet que pour la très grande majorité des Français (et peut-être des Québécois),
car et
parce que soient interchangeables [lire par ex.
https://www.francaisauthentique.com/car ... u-puisque/]. Pourtant, voici une discussion sur un site français qui montre qu’on perçoit clairement une différence entre
car et
parce que, même en France - du moins dans les milieux littéraires.
https://www.etudes-litteraires.com/foru ... use-de.htm
Moderato Cantabile a écrit : ↑dim. 22 juil., 2018 15:04
Nous ne sommes plus au temps de Racine et Victor Hugo , notre langue évolue sans pour autant se renier et je trouve heureux que l'on utilise encore parfois ce malheureux
car menacé d'extinction !
[...]
Je crains par contre que ton intuition ne te joue parfois des tours ...
Méprise sans doute bien compréhensible chez quelqu'un qui vit dans un pays où sa langue semble quotidiennement menacée par un grand frère envahissant mais tout à fait sans fondement dans notre (plus si) douce France où elle se porte encore très bien !
Mon intuition me jouerait des tours ? En fait, au vu de l’extrême difficulté qu’ont même les sites fiables à expliquer objectivement la différence entre
car et
parce que, je dirais au contraire que
l’intuition est tout ce dont nous disposons pour apprendre à employer le bon mot selon le contexte ! C’est l’usage qui dicte l’usage, si j’ose écrire… et c’est à l’usage qu’on apprend la différence. Mais si tu lis ma réponse à Lee ci-dessus, tu verras que mon intuition ne m'induisait pas tant en erreur, puisque j'ai trouvé des explications 'officielles' qui concordent tout à fait avec ma supposée intuition.
Pour le reste, Racine, Hugo, l'évolution et la langue menacée par l'anglais qui expliqueraient ma 'méprise'... Je ne pense pas que telle ait été ton intention, mais vu de loin comme ça et à l’écrit, on pourrait trouver cette remarque un rien condescendante. Non ? Les Français connaissent mieux la langue française que les Québécois francophones, ça va de soi, c’est ça ? Et pourtant, c’est souvent exactement le contraire, du moins côté orthographe et grammaire, ce que reconnaissent d’ailleurs bien des Français.
Non, Moderato, mon français n’est pas moins bon ni moins français que celui d’un Français ou d’une Française. J’ai fait de longues études classiques et 6 ans de latin et je t’assure que mes résultats étaient excellents, même les années où la prof était une ‘vraie Française de France’. Et quand je dis que j’ai appris intuitivement le sens des mots
car et
parce que en lisant la grande littérature, je ne parle pas que de Victor Hugo mais aussi, et surtout, de littérature du XXe siècle. Je suis vieille, c’est vrai, on n’enseigne plus les classiques comme ‘dans mon temps’… mais Jouishy n’a que 30 ans, elle, et a fait biologie à l’université, pas littérature française. Je te suggère de la lire, tu verras qu’on sait encore enseigner le français au collège au Québec aujourd’hui.
La grammaire enseignée chez nous est exactement la même qu’en France. Le fait que notre belle langue y subisse les assauts de l’anglais explique une chose, souvent soulignée par les Français: on est plus pointilleux sur la langue au Québec et on insiste davantage sur le respect des règles, du moins à l’école et dans les milieux de l’édition. Par contre, les différences bien réelles entre la langue parlée ici (qui n’est ni jargon ni patois) et la langue parlée en France (à niveau socio-économique équivalent) sont dues, d’abord et avant tout, au fait que la langue a moins changé ici qu’en France depuis l’époque de la colonisation - simple question d’isolement géographique, nous étions une île - et bien peu à l’environnement anglophone, qui même aujourd’hui n’est vraiment significatif qu’à Montréal et dans l’Outaouais (et à la télé, hélas...). Bref, nous parlons encore la langue de nos ancêtres (accent inclus !
) et utilisons couramment des mots que les dictionnaires français signalent comme ‘vieillis’. C’est vrai aussi de certaines tournures et expressions encore en usage, qui pourront choquer l’oreille française mais qu’on trouve dans Victor Hugo, par exemple.
Comme tu le soulignes, en France la langue évolue et se transforme sans cesse, beaucoup plus vite qu’ici (du moins avant l’ère internet). Question principalement de taille de la population. Ainsi, le mot ‘car’ y a semble-t-il complètement remplacé la locution ‘parce que’, à tel point que la nuance de sens pourtant réelle semble s’être perdue pour beaucoup de Français d'après ce que je lis. On peut voir ça comme un appauvrissement de la langue, ce que tu sembles croire aussi quand tu écris
je trouve heureux que l'on utilise encore parfois ce malheureux car menacé d'extinction !. Mais il y a une autre face à la médaille: votre langue s'enrichit aussi d'apports externes sans qu'elle s'en trouve menacée !
Nous sommes exposés à l’anglais ? La France a aussi des voisins qui parlent une autre langue - mais elle a historiquement été protégée de l’hybridation linguistique par des frontières géographiques naturelles sur la quasi totalité de son pourtour, un avantage que nous n’avons pas. Néanmoins, la France absorbe et intègre depuis toujours à sa langue des mots étrangers (allemands, arabes, espagnols, italiens, maintenant aussi anglais sans doute) -
mais elle les francise, au contraire de ce que font les Québécois avec l’anglais. En cela vous avez un réel avantage pour garder votre langue vivante, avantage qui s’ajoute évidemment à celui, très important, du nombre de Français (ce qui vous permet d'avoir une multiplicité de média francophones, radio, télé, cinéma, journaux, et d'être ainsi moins exposés aux médias étrangers) - et vous avez l’autonomie politique !
Avec internet, les cellulaires, les réseaux sociaux, il n’y en a plus, de frontières. L’effet s’en fait déjà sentir, autant sinon plus en France qu’ici… Mais nous, nous sommes les Gaulois isolés qui résistent, depuis longtemps, et qui résisteront encore et toujours à l’envahisseur !