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[Envrac]

A noter qu'on pourra l'entendre encore dans un autre registre en septembre dans son propre concerto pour piano et orchestre
https://jazzalavillette.com/fr/concert/ ... ad-mehldau

Oui, j’ai vu ça mais ça ne m’intéresse pas trop.
Par contre, je vais l’entendre avec Ian Bostridge l’année prochaine.
Sinon, un pote m’a dit que les deux bis étaient Tenderly et Darn That Dream.

[jean-séb]

Notre PMiste « Lafontaine » organise depuis plusieurs années, sous l’égide de l’Association qu’il a créée Tout en Mesure des concerts qui ont la double particularité d’être joués par des pianistes et des chanteurs souvent liés aux professions judiciaires et de se dérouler dans des lieux de justice prestigieux, moins habitués à la musique qu’à la chicane. Le niveau des exécutants va des amateurs de divers niveaux à celui des quasi-professionnels, notamment quand Okay ou JPS sont conviés, ce qui n’était pas le cas lors du concert du 24 mai, mais celui-ci se déroulait à la Cour administrative d'appel de Paris, sise dans le magnifique Hôtel de Beauvais, et il y avait en avant-concert une visite guidée sous la direction aimable et très éclairée de rien de moins que le Président de la Cour lui-même. Rien que cela valait le déplacement.
La cour d’honneur a été complètement restaurée dans le style classique magnifique de Lepautre et une plaque rappelle que Mozart enfant a séjourné 6 mois ici, du temps où l’Hôtel était le siège de la représentation bavaroise à Paris (Salzbourg était dans la dépendance de la Bavière à l’époque de Mozart).

L’intérieur, lui, en dehors des magnifiques caves médiévales avec leurs voûtes d'ogives et leurs chapiteaux, et de deux escaliers d’honneur classiques,




a été entièrement modernisé et accueille une belle salle de conférence parfaitement adaptée pour un concert, quoique ce ne soit pas sa vocation, malheureusement.

Le très bon piano fourni par Christophe Nebout pour l’occasion sonnait très bien.
Le concert, assez copieux, comportait la sonate op.2 n°3 de Beethoven, que je connaissais à peine, à ma grande honte. Elle est très exigeante (qualifiée de virtuose dans les ouvrages de référence) et le pianiste a paru plusieurs fois à la peine, mais il m’a au moins donné envie de réentendre cette sonate de jeunesse, notamment son très beau mouvement lent.

Ensuite, la sonatine de Ravel a paru passer plus facilement sous les doigts bien échauffés du pianiste. Changement d’exécutants pour quelques airs chantés par un couple amateur d’un certain âge et une bonne accompagnatrice ; cela rappelait l’heureux temps où la musique était pratiquée en salon comme un art vivant, avec ses qualités … et ses défauts. Défauts de justesse, assurément, surtout pour la voix féminine, mais j’étais content de découvrir ou réentendre certaines œuvres moins couramment données en concert, comme deux belles mélodies de Reynaldo Hahn (pas les plus connues) ou comme l’excellente élégie de Jacques Ibert, la Mort de Don Quichotte, que je ne connaissais pas :

Retour au piano, à quatre mains cette fois, et c’était un plaisir d’entendre sous cette forme la Rhapsody in Blue, vaillamment interprétée. En guise de bis, « Lafontaine » nous a donné une petite improvisation de genre aquatique, très réussie, dans une inspiration assez ravélienne.
Ces concerts sont gratuits. Il y a beaucoup de mérite à organiser de tels concerts dans Paris, où l’offre est déjà abondante et de qualité. Il faut reconnaître que l’enthousiasme des organisateurs et des exécutants, la beauté des lieux choisis, le choix souvent original des programmes, compensent les quelques faiblesses techniques qu’on peut parfois entendre.

[jean-séb]

J'avais déjà dit l'année dernière
viewtopic.php?p=313967#p313967
tout le bien que je pensais du festival de musique romantique française organisé chaque année à cette période par le Palazzetto Bru Zane au théâtre des Bouffes du Nord, ce lieu magique, sorte de ruine debout qui prend parfois sous les éclairages des allures d'Alhambra.

L'acoustique y est excellente, notamment pour les quatuors à cordes, et c'était hier la Nuit du Quatuor, avec quatre formations dans quatre programmes différents. J'avais choisi le quatuor Ardéo, un quatuor entièrement féminin, pour des œuvres de Reicha (le professeur de Berlioz et de Gounod, entre autres) et d'Onslow (le Beethoven français, comme on l'appelait à l'époque), puis le quatuor Cambini-Paris pour des œuvres de Gounod et de Gouvy. Le quatuor Cambini vient de sortir un double CD avec l'intégrale des quatuors de Gounod, œuvres très peu connues et d'ailleurs seulement récemment redécouvertes, et dont certaines pages méritent vraiment d'être entendues. Le quatuor est un genre un peu austère, et la salle n'était pas pleine, contrairement à la prestation récente que j'y avais vue du quatuor Ébène, plus populaire ; il faut dire que les compositeurs et les œuvres choisies, par leur rareté, ne sont pas de ceux qui drainent un large public, mais ce public était pleinement concentré et enthousiasmé des deux concerts, lesquels ont été filmés et se retrouveront surement un de ces jours sur Mezzo ou une autre chaîne.

[pianojar]

Le quatuor Cambini vient de sortir un double CD avec l'intégrale des quatuors de Gounod, œuvres très peu connues et d'ailleurs seulement récemment redécouvertes, et dont certaines pages méritent vraiment d'être entendues. Le quatuor est un genre un peu austère, et la salle n'était pas pleine, contrairement à la prestation récente que j'y avais vue du quatuor Ébène, plus populaire ; il faut dire que les compositeurs et les œuvres choisies, par leur rareté, ne sont pas de ceux qui drainent un large public, mais ce public était pleinement concentré et enthousiasmé des deux concerts, lesquels ont été filmés et se retrouveront surement un de ces jours sur Mezzo ou une autre chaîne.

J'ai entendu un extrait d'un quatuor de Gounod hier soir dans l'émission d'Esparza sur France Musique et je voulais justement signaler ce CD qui permet d'apprécier le compositeur dans un répertoire qu'on lui connaît moins

[jean-séb]

Avant-hier, j'avais choisi d'aller entendre le concert des professeurs, aveugles pour la plupart, de l'INJA, dans la salle André Marchal de l'Institut.
http://www.inja.fr/Default/doc/AGENDA/4 ... 2018-a-20h
Programme très riche et varié, entre orgue, piano, chant individuel et choral, guitare, marimba, percussions, saxo, etc, et des styles très éclectiques, alliant le classique au jazz et à la variété. Dans cette grande salle tout en bois où le moindre mouvement engendre des craquements, l'assistance de nombreux jeunes de l'école, pas toujours très attentifs, rendait difficile la concentration dans les passages les plus classiques et surtout les moins sonores (la guitare classique sans micro s'est évidemment trouvée désavantagée). Par contre, je retiens la belle prestation pianistique du professeur de piano Muriel Ledoux, dont c'était la dernière apparition parce qu'elle part en retraite. Quelle bonne idée d'avoir donné des pièces de Déodat de Séverac, toujours si plaisantes à entendre. Chose inhabituelle, c'est dans le jazz que j'ai trouvé le plus de bonheur, avec les belles voix d'Aliénor de Castelbajac (qui s'accompagne elle-même au piano) et de Nadia Id Amar. Et puis, aussi, le chorale, très émouvante, notamment dans la fameuse Nuit de Rameau qui m'a tiré des larmes. Encore un très bon moment passé à l'INJA.

[Schneider]

11 juin 2018 -- Récital de Radu Lupu à la Philarmonie de Paris.
Au programme, 100% Schubert :
- Moments musicaux op. 94 (D 780);
- Sonate en La mineur, op. 143 (D 784);
- Sonate en La majeur, op. 20 (D 959);
- [Bis : Impromptu en sol bémol maj. op. 90, (D. 899), No. 3.]
Un double première pour moi qui n'étais jamais entré à la Philharmonie, ni jamais vu R. Lupu en concert (pou être honnête, je ne me suis jamais vraiment intéressé à lui).
Voire triple : au troisième rang, je dois être à 5/6 m du piano (aucun souvenir d'une telle proximité dans une salle prestigieuse).
Voire quadruple (!) : grand amateur de Schubert (mais pas encore pianiste), je ne connaissais pas les deux sonates...
Je vous donne mes impressions, en vrac...
J'arrive H-10 min, je suis trempé (une méchante rincée, et pas mal de monde qui bloque(nt) l'entrée, et point de parapluie) et je n'ai pas encore mangé. À cinq sièges de moi, je reconnais (enfin je crois) Jérôme Ducros (rendu célèbre par YT avec sa conférence au Collège de France « L’atonalisme. Et après ? »). Content de le voir, je l'aime bien.
Le concert commence quasiment à l'heure.
Entrée de Radu Lupu; il a du mal à marcher (j'ai peur de le voir tomber; je me demande s'il va tenir jusqu'au bout ?)
Il commence vite, sans cérémonie, sans même prendre un temps de concentration (des spectateurs s'assoient encore).
Sa posture est spéciale (j'ai lu depuis que c'est son habitude) : vautré sur une chaise (ça n'a rien de péjoratif, c'est vraiment l'impression qu'il dégage), très haut sur le clavier, yeux clos.
Dès les premières notes, on sait de suite qu'on ne va pas assister à une démonstration de virtuosité. Il est là pour faire de la musique, pas pour les J.O. (et ça me va parfaitement). On est dans l'intensité, la profondeur, la sensibilité.
Je ne vois pas passer les 2h30 : il vit, il est, il transmet de tout son être la musique qu'il nous joue; yeux toujours clos, je l'entends clairement fredonner sa musique, et je le vois froncer les sourcils lorsque (deux ou trois fois max) un accord est faux, mais on s'en fiche ! Ce type est un des plus grands interprètes qu'il m'ait jamais été donné d'entendre. Une première et je suis déjà fan.
Le bis est un régal. Il salue, se fâche sur quelqu'un qui le prend en photo, sourit, c'est fini.
Je rentre sous une pluie battante, la musique plein la tête...
... et je pense me mettre sérieusement au piano.

PS. Un grand -- très grand -- merci à Dom (Doubidoudom) pour m'avoir offert ce très joli moment.

[jean-séb]

Joli compte rendu. Merci.

[Envrac]

Pour ma part, je pensais qu’il a joué comme un somnambule. Assis au 9ème rang du parterre, j’avais vraiment du mal à entendre ce qu’il faisait. Il n’a pas joué plus fort que mf toute la soirée. Je ne serai pas à ses prochains concerts parisien.

[Schneider]

Tu es dur...
En plus, l'acoustique très particulière du lieu (on entends tout, même un reniflement à l'autre bout de la salle) permet justement ce genre de prestation intimiste.
Mais c'est vrai qu'il avait l'air très fatigué.

[Envrac]

Je connais très bien l’acoustique de cette salle, j’y vais souvent (j’y serai ce soir d’ailleurs) mais j’ai jamais eu autant de difficultés à entendre un pianiste. C’est dommage parce que c’est un grand artiste et j’aime beaucoup les sonates de Schubert qu’il a gravées chez Decca.

[pianojar]

Je ne suis pas persuadé que sa manière de jouer soit dûe à la fatigue mais un choix délibéré
Il est vrai que les tempis étaient aussi retenus que les forte
Lorsqu'on a dans l'oreille la même sonate (D784) jouée par Debargue dans la même salle, il est difficile d'adhérer à cette autre vision (enfin pour ma part). Il manque les fulgurances. Autant Lucas paraissait totalement immergé dans l'oeuvre, autant Radu Lupu apparait plutôt détaché et voulant proposer un Schubert beaucoup plus serein. Je serais curiuex de connaître les minutages entre la version de Debargue et celle de Lupu. Celle de Lupu m'a paru beaucoup plus longue et pourtant je ne suis pas persuadé que celà soit le cas en termes de temps.
L'impromptu donné en bis était vraiment très beau.
Quant à l'acoustique de la salle dans ce cadre intimiste, elle a permis d'entendre parfaitement la clique habituelle de tousseurs indéracinables ....

[Envrac]

Les minutages des deux versions de D784 étaient 19 minutes pour Debargue, 25 minutes pour Lupu.

[pianojar]

Je pensais 2/3 mn àpp mais 6 minutes effectivement....

[Moonlight85]

Est-ce que quelqu'un était au concert de Yuja Wang hier?

Il y a eu 7 bis (à la fin du 7ème, les lumières ont été rallumées, comme pour dire "Madame, vous ne pouvez pas rester là, il faut y aller maintenant quand même!" ) :
1) Mendelssohn - Chanson sans parole Op.67 n°2
2) Bizet-Horowitz - Carmen Variations
3) Schubert-Liszt - Gretchen am Spinnrade
4) Prokofiev - Sonate n°7, 3ème mouvement
5) Chopin - Valse Op.64 n°2
6) Prokofiev - Toccata
7) Mozart-Say-Volodos-Wang - Variations sur la marche turque (encore plus de variations par rapport à la dernière fois que je l'ai entendue, je dirais)

Je ne trouve pas les noms des 1er et 3ème bis... Et pas sure du 2nd.

Edit : liste mise a jour

[jean-séb]

Wow, impressionnant !

[nox]

Le second, j'imagine qu'on parle des variations d'Horowitz ?

Le dernier c'est un assemblage bizarre.
Mozart-Say-Volodos-Wang ?

Je connaissais la version de concert de Volodos (je n'oserais déjà plus dire "Mozart-Volodos"...), je connais la jolie petite version jazz de Fazil Say, mais je n'ai jamais entendu de version unifiant les deux ? C'est le travail qu'a réalisé Yuja Wang ? "Allez pour le même prix je vous mets aussi la version de Say, cadeau de la maison".............Ou elle a elle même rajouté des choses en plus ?
Ca devient un peu risible je trouve...Mais bon on parle d'un 7ème bis

[Envrac]

Le premier bis était Mendelssohn chanson sans parole op 67 no 2. Le deuxième était effectivement les variations sur un thème de Carmen de Vladimir Horowitz, un peu raccourci par la pianiste. Le troisième était Schubert-Liszt Gretchen am Spinnrade. Par contre, le sixième n’était pas du Ligeti mais la toccata de Prokofiev.

[minet]

Merci pour les compte-rendus sur le concert de Lupu, cela m'a permis de revivre ces instants magiques à la philharmonie, oui, moi aussi j'y étais !
C'est la première fois que j'ai entendu ce pianiste. Le son était si beaux, jamais entendue d'une pareil sonorité et cela allait très bien avec Schubert, c'est ce que j'ai ressentie. je l'ai beaucoup aimé.
J'étais au 5ème, je ne voyais pas bien le pianiste, la scène était très loin, mais j'entendais très bien, peut être le son remonte vers le haut (la voûte) ?
Assise donc au siège au balcon si haut, je voyais les plafond et des appareils d'éclairage je n'avais pas d'obstacle (genre tête de voisin )pour y planer.
(Mais, il y avait (a toujours) beaucoup d'obstacle genre bruits..... de toute sorte, je ne comprends pas....) c'était comme si je voyais les poissons nageant dans un aquarium tranquillement, tellement la sonorité de son piano était toute douce, aérienne illuminée et dorée, hydratante qui nous fait du bien.
Toutes les notes sont sonnées très rondes et elles sont toutes liées joliment par légato, même si il y a un effet de pédale, elles ne se mélangent jamais, toutes étaient claires... j'en suis impressionnée.

J'y étais également hier, au concert de Yuja wang.
Je me demandais ce que c'étaient les bis, mais je trouve difficilement...

[minet]

Ah merci Envrac, pour élucider les bis !

[pianojar]

En tout cas bien que m'y attendant car l'ayant déjà entendue l'année dernière dans la même salle, je suis assez époustouflé par la générosité et surtout l'intensité qu'impulse Yuja Wang dans un programme des plus exigeants. C'est vraiment phénoménal. En plus cette fois avec Scriabine (ce n'est pas ce que j'ai préféré mais sans doute aussi par méconnaissance de l'oeuvre que je n'avais dû entendre qu'une seule fois ou deux jusque là) mais surtout Ligetti elle a abordé un répertoire dans lequel on la connaît moins.